La critique de : Lady Of The Lake (★★★☆☆) #FCIT2018

vendredi 13 avril 2018
critique film festival toulouse Lady Of The Lake Dans le cadre de notre deuxième journée au Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, nous avons découvert le film Lady Of The Lake (Loktak Lairembee), du réalisateur Manipuri Haobam Paban Kumar. Celui-ci a remporté plusieurs prix pour ce dernier projet, dont le National Film Award du Meilleur Film sur la Sauvegarde de l'Environnement.

Sur le lac Loktak, vous pourrez trouver des Phumdis, une masse de végétation construite à la base par les pêcheurs. Flottant sur l'eau, cela fait maintenant des siècles que toute une population s'épanouit dans cette parfaite communion avec le lac. Des habitations sur ces mêmes Phumdis qui aujourd’hui sont menacées. Jusqu’à 100 000 personnes vivent autour et dans cet espace.

L’histoire de Lady Of The Lake commence comme un véritable documentaire, basée sur les faits de 2011. Alors que le gouvernement a détruit une partie de la population du nord du lac, nous suivons un couple. Les femmes se révoltent, les hommes discutent des actions possibles, les jours passent avec la peur viscérale qu’un monstre de fer ne vienne engloutir leurs vies. Le métrage avance en douceur pour nous dévoiler le quotidien d’une population dont nous ne savons rien et qui est menacée. Nous découvrons leurs traditions, la manière dont ils vénères la Déesse du lac, mais aussi la façon dont ce lac est bien plus pour eux qu’une source de victuailles. Sans lui, ils ne sont rien. Et même partir ne semble pas être une option. D’une certaine manière, j’ai été captivée par cette histoire qui peut arriver à tous :

Comment réagir face à la perte de notre demeure, de notre refuge ? Comment survivre ?

Si beaucoup se montrent prêts à se battre, l’histoire se focalise surtout sur Tamo (Ningthoujam Sanatomba) et sa femme Tharoshang (Sagolsam Thambalsang). Elle, elle se plie en quatre dans son rôle d’épouse, lui est en pleine déprime. Ils ont une fille d’ailleurs, dont ils payent l’éducation, mais les temps sont durs.Le pêcheur est effrayé à l'idée de perdre une deuxième fois sa maison. La paranoïa est telle que lorsqu’il trouve une arme cachée sur l’un des Phumdis, il la conserve précieusement. Il dort même avec. Mais surtout, lorsqu’il la trouve, il croise une femme voilée. Cette vieille femme, comme il le dit, elle le hante. L’arme lui donne un pouvoir, celui de se rebeller et peut-être même de faire face aux autorités, mais cette femme sur un bateau lui rappelle ses peurs dévorantes.

Le film peut paraitre très long. Sans musique, c’est la nature du lac même qui accompagne chaque petite action. La caméra très propre de Shehnad Jalal parvient à capter sans effort les paysages de Loktak. Cependant, quand la fiction et le drame prennent le dessus sur le côté documentaire, la patience est mise à rude épreuve. Les blancs entre les mots, les longues séquences d’un bateau flottant, un coup de rame dans la nuit… Il y a beaucoup de non-dits qui peuvent laisser l’imagination des spectateurs s’emballer. Ainsi, je me demande si Lady Of The Lake n’a pas un peu perdu son sens dans ses dernières minutes.

Lady Of The Lake est basé sur la nouvelle Nongmei de Naoroibam. La vie de Tamo est parsemée de problèmes et on se demande si cette arme comme cette dame du lac ne sont pas une distraction face à une vie qui devient de plus en plus insupportable. Sa femme veut le quitter, ils n’ont pas d’argent, on risque de lui arracher son toit... La liste est longue. Encore une fois, j'ai trouvé que le film ne cherchait pas à imposer une vision, mais plutôt à laisser chacun comprendre (et peut-être juger) à sa façon. Malgré ses faiblesses, le métrage de Haobam Paban Kumar n’en est pas moins porteur d’un véritable questionnement.
LA NOTE: 2,5/5
★★★☆☆
mots par
Elodie Hamidovic
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"A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur."