La critique de : Race 3 (★☆☆☆☆)

lundi 25 juin 2018
critique film bollywood cinema race 3 Je vous explique : depuis que j’ai vu Judwaa 2 en 2017, ce film constituait mon curseur d’évaluation à la médiocrité. Du genre « ce film est vraiment pas fameux. Mais ça reste bien meilleur que Judwaa 2 ! » J’étais persuadée qu’aucun film, aussi mal écrit et mal interprété puisse-t-il être, ne pourrait être aussi inconsistant et lamentable que Judwaa 2 (désolée pour ceux qui aiment le film, mais j’ai vraiment du mal. Cliquez ici pour lire la critique en question !).

Et puis hier, j’ai eu la lumineuse, que dis-je, la brillante idée d’aller voir Race 3.



Les critiques en Inde sont assassines malgré le succès populaire du métrage. Un peu comme pour Judwaa 2, d’ailleurs… Un sentiment étrange de déjà-vu ? Quelque peu, oui… Il faut dire que j’ai remporté une place lors d’un concours organisé par le Collectif Bollyciné (que je remercie de nouveau au passage). Pourtant, on m’alerte de toutes parts. « Mais pourquoi tu t’infliges ça ? » « Bon courage pour ce visionnage ! »

Et je finis par me dire que ça ne doit pas être si terrible que ça, que je vais au moins passer un moment sympathique et distrayant. Les deux premiers Race étaient déjà des films moyens, sans pour autant qu’on puisse les qualifier de navet. Sans en être fan, j’avais apprécié l’expérience et adoré la musique. Et une fois de plus, la bande-originale de Race 3 est vraiment réussie. Cela fait trois semaines que je chante à tue-tête « Heeriye » sur la route du travail (oui, je suis pas vraiment crédible comme assistante sociale). Du coup, je prends le parti de donner une chance à ce film. Je n’aurais pas dû…

Comment vous expliquer le pitch de Race 3 ? Je n’ai même pas la force de m’y frotter tant rien n’y a de sens. Ma première question, c’était « Mais qui a écrit ce truc ?! » Manifestement, il s’agit d’un dénommé Shiraz Ahmed… S’il ne me dit rien, je me rends compte que ce type a écrit les histoires de Milenge Milenge et Prince. Des films qui sont évidemment restés ancrés dans la mémoire collective !

Avec un budget colossal de 150 crore de roupies (soit près de 19 millions d’euros), le film de Remo D’Souza est visuellement une catastrophe. Les effets spéciaux sont bâclés, la chorégraphie martiale est ridicule et la photographie manque également de souffle et de vivacité. Seule la première scène de bagarre est filmée de façon intéressante avec un faux effet plan séquence. Pour le reste, c’est d’une platitude accablante.

Les précédents films de Remo D’Souza, à défaut d’être géniaux, avaient le mérite d’être des œuvres honnêtes. Même le foireux ABCD2 possédait ses petits instants de grâce. Retrouver Remo à la tête de Race 3 était en soit une surprise. Mais il avait déjà prouvé avec F.A.L.T.U. qu’il savait faire autre chose que des films de danse. Pourtant, Race 3 est un carnage. Son pire film. Et de loin. On sent que le chorégraphe devenu cinéaste n’était pas à l’aise dans l’exercice du film d’action. Si bien qu’on a le sentiment qu’il a foutu au mixeur les deux précédents volets de la franchise et Kick
(sorti en 2014, déjà avec Salman Khan et Jacqueline Fernandez) sans jamais insuffler quoique ce soit de frais à sa narration. Le plus navrant, c’est l’empilement des retournements de situation qui vient révéler l’absence d’un fil conducteur qui tienne vraiment la route. Les personnages enchainent les révélations au point où on ne sait même plus qui est qui. Ou bien c’est peut-être parce qu’au bout d’un moment, on finit par ne plus s’en soucier. Absolument rien ne nous permet de nous attacher aux protagonistes ni à ce qu’ils vivent. Leur écriture tient sur un post-it et donne ainsi à ne voir que des façades, pleines de muscles enduits dans de l’huile (parce que ça rend mieux à l’écran). Bref, à vouloir vainement nous surprendre, Race 3 perd notre attention pour ne plus jamais la retrouver.

On pouvait au moins espérer que le casting sauverait Race 3 du naufrage ? Même pas. Salman Khan récite son texte comme un enfant de 6 ans apprendrait maladroitement sa poésie. Saqib Saleem (d’habitude si fin et talentueux) cabotine comme c’est pas permis dans le rôle du gosse de riche capricieux (« mais t’avais dit qu’on ferait des knacki ? »). Jacqueline Fernandez a l’expressivité d’une huitre dans le coma (si toutefois c’est possible). Bobby Deol est gênant. Mais vraiment. Dans le lot, seuls Anil Kapoor (toujours impérial) et la surprenante Daisy Shah s’en sortent avec l’honneur sauf. Cette dernière impressionne déjà par sa maitrise de la danse et des arts martiaux. Mais surtout, elle livre une prestation honnête en femme ambitieuse et déterminée.

Je ne suis pas du genre à sabrer un film indien sorti en France. Tout en demeurant honnête quant à mon ressenti, j’essaye toujours d’amener les fans à découvrir les métrages distribués, dans une démarche de soutien à ceux qui investissent leur temps, leur argent et leur énergie afin de nous rendre ces œuvres accessibles dans de bonnes conditions. Sauf que là, je ne peux décemment pas vous encourager à voir Race 3. Éthiquement parlant, c’est impossible pour moi.

Mais avant toute chose, je vous invite à vous faire votre propre opinion. Car cet écrit n’engage que mon regard et mon expérience. Peut-être que vous serez davantage réceptifs à ce que Remo D’Souza a tenté de proposer à son public. Et si le film vous plaît, j’attends vos arguments en commentaires pour comprendre le génie caché de Race 3 qui m’a semble-t-il échappé.
LA NOTE: 1/5
★☆☆☆☆
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
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"Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même."