La critique de : Azmaish (★★★★★) #FFAST2019

mercredi 13 février 2019
critique film ffast paris festival Azmaish Hier soir, j’ai eu l’occasion de découvrir Azmaish à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du Festival du Film d'Asie du Sud 2019, et ce en présence de Sabiha Sumar, la réalisatrice, et de Kalki Koechlin, qui a également pris part au projet.

Azmaish vient croiser les regards de deux femmes, l’une indienne et l’autre pakistanaise. Sabiha Sumar et Kalki Koechlin s’interrogent sur les pays dont elles sont originaires et sur le devenir de sociétés prisonnières de la politisation de la religion.

Ce qui fascine avec Azmaish, c’est sa sincérité.

Ce n’est pas une œuvre de fiction, mais pas tout à fait un documentaire non plus. L'intention de Sabiha Sumar va bien au-delà. Il s'agit pour elle de répondre à des questions intérieures, qui touchent viscéralement à son identité et à son histoire personnelle. Un pakistanais doit-il être musulman ? Les indiens sont-ils tous hindous ? Pourquoi la religion prend-t-elle une telle place dans la société ?

Le regard de Kalki est aussi fascinant. Nées de parents français arrivés en Inde durant le mouvement hippie, la jeune femme se sent indienne. Elle est née en Inde et y a toujours vécu. Et son attachement pour son pays est particulièrement palpable. Kalki croit en l'Inde et en sa jeunesse. Elle ne parle pas de politique, ni de gouvernement. Elle a foi dans le peuple et dans sa volonté de faire changer des choses.

C'est sur ce point d'ailleurs que les deux femmes se rejoignent. Elles osent rêver à de meilleurs jours pour leurs terres natales. Dans Azmaish, elles sont sont intéressées à toutes les couches sociales et religieuses de la société : hindoue, musulmane, riche, pauvre, de classe moyenne... La place est faite au peuple dans sa grande richesse et sa profonde complexité. Les deux femmes ne prennent pas partie mais ont le souci de comprendre qui a pu nourrir tant de haine entre ces peuples à l'histoire commune. Puis la réponse se dégage de façon assez évidente : les politiciens en place semblent instrumentaliser les religions pour créer du clivage.

Kalki comme Sabiha ne tentent jamais de porter le costume du juge ou du procureur.

Elles se positionnent en revanche comme deux femmes contemporaines du sous-continent qui essayent de s'y retrouver au sein de ces pays aux fonctionnements politiques complexes, entre des tribunaux tribaux au coeur de la campagne pakistanaise et des partis fondamentaliste hindous qui revendiquent le droit d'imposer une seule religion au sein de l'Etat que doit être l'Inde.

Le documentaire résonne surtout comme un vibrant hommage de Sabiha à son père, auquel elle fait régulièrement référence dans son propos et dans l’idéal auquel celui-ci aspirait pour le Pakistan. Azmaish résonne dans son universalité tant les conflits inter-religieux et la place qu'occupent les mouvements politiques dans ceux-ci peuvent être transposés à échelle mondiale. Que l'on soit indien, pakistanais, français, italien ou américain... On est tous susceptibles de comprendre les conséquences d'un tel antagonisme. Et c'est là que la réalisation de Sabiha Sumar est la plus forte.
LA NOTE: 5/5
★★★★★
mots par
Asmae Benmansour
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"Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même."