La critique de : Komola Rocket, un bâteau orange (★★☆☆☆) #FFAST2019

jeudi 14 février 2019
critique film ffast paris festival Komola Rocket, un bâteau orange Initiée au cinéma du Bangladesh en 2017 lors de la 5ème édition du Festival du Film d'Asie du Sud avec la réalisation forte de Mostofa Sarwar Farooki, je me suis donc portée volontaire pour le visionnage de Komola Rocket. Dans un tout autre univers cinématographique, le travail de Noor Imran Mithu m’a tout de même laissé dubitative.

L’histoire commence lors de l’embarcation d’un ferry, dans lequel plusieurs personnes se préparent à un voyage de 30 heures. Parmi ceux que nous allons suivre durant tout le trajet de ce bateau orange, il y a d’abord les premières classes : un couple, leur fils et la sœur de la mariée ainsi que le patron d’une usine qui vient de brûler. Plus bas, il y a des jeunes de classes moyennes, des jeunes diplômés sans avenir, des circassiens qui sont là pour occuper les passagers... Et encore plus bas, au dernier niveau, les plus pauvres se posent n’importe où pour passer le temps et un homme voyage avec le cercueil de sa femme, décédée sur son lieu de travail, dans la fameuse usine…

Le film présente une trame principale intrigante.

Durant ce voyage, les différentes sociétés se superposent et le mystère plane : est-ce qu’Atik fuit parce qu’il est responsable de l’accident de son usine, ou est-ce une coïncidence qu’il voyage justement à ce moment-là ? Durant le métrage, différentes questions sont abordées, différents visages sont dévoilés, mais il y a beaucoup trop d’éléments qui perturbent le propos principal.

Si le but est de nous montrer ce gérant en proie à une culpabilité grandissante, les personnes qui l’entourent et leurs propres problèmes, ralentissent son cheminent. L’histoire aurait pu aller droit au but, être moins vague. On a clairement du mal à sentir l’émotion prendre le dessus sur cet homme qui a l’air plus prétentieux que les autres et est aussi égoïste (au fond) que sa voisine de bord. Il faut que ce soit dit par un autre passager pour le comprendre. Ce qui ne marche pas, dans ce film, c’est bien les acteurs qui ne parviennent pas à dégager assez pour être plus explicites dans leurs ressentis.

D’ailleurs, c’est un peu comme si on vivait les 30 heures de périple avec eux ! Komola Rocket tire en longueur au point où, rapidement, on se demande où l’histoire va nous mener. Ce que j’attendais principalement, c’était la confrontation entre la victime, le corps brûlé et ce chef d‘entreprise qui réalise les conséquences de l’accident – et qu’il se rende compte que donner de l’argent, ce n’est pas la solution vu le traumatisme. Ce n'est pas un problème qui peut se régler en un claquement de doigt.

Il y a quand même des messages très clairs dans la réalisation de Noor Imran Mithu, comme sa façon d’arriver à cette situation où aucun homme ne vaut mieux qu’un autre, quelle que soit sa situation sociale.

Le bateau étant bloqué par un banc de sable, la nourriture (et la survie, en quelque sorte) devient le seul élément qui a de l’importance. Le personnage le plus complexe, (et intéressant) c’est celui de Mofizul. Ce poète-écrivain-pimp-orateur mène un véritable business sur ce bateau ! Complètement loufoque, il est d’abord l’élément comique puis l’élément de sympathie. En effet, Mofizul est là pour son ami, il est prêt à tout faire pour l’aider et, quelque part, il essaye d’aider le maximum de personnes autour de lui et de donner ses conseils précieux par pure générosité. Il ne s’arrête à aucun niveau du bateau, vogue d’un coin à un autre, reliant chaque protagoniste entre eux. L’interprétation de Mosharraf Karim est juste. Et c’est probablement le seul.

Aussi, la réalisation de Noor Imran Mithu est pleine de bonnes intentions, mais part dans tous les sens (un peu comme l'histoire). L’une de ses particularités, c’est de capturer en une image plusieurs situations et conversations. Cette juxtaposition aurait pu être davantage exploitée. En attendant, je n’ai jamais eu ma confrontation et la fin m’a laissé perplexe. Toutes mes questions n’ont pas de réponse, et c’est dommage…
LA NOTE: 2/5
★★☆☆☆
mots par
Elodie Hamidovic
"A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur."
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