La critique de : Ee. Ma. Yau. (★★★☆☆) #FCIT2019

jeudi 11 avril 2019
critique film toulouse fcit festival Ee. Ma. Yau. Dans le cadre de la première journée officielle du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, j’ai découvert Ee. Ma. Yau. (Repose en paix) du réalisateur Lijo Jose Pellissery. Une œuvre réaliste et marquante, assez éloignée de ses œuvres précédentes.

Ee. Ma. Yau dépeint un événement sur une durée très courte et son rythme est très différent de ce que le cinéaste a pu proposer dans Amen, City of God ou encore Angamaly Diaries. Cependant, on ne peut pas passer à côté de sa caméra, toujours aussi efficace. Sa particularité, c’est celle de donner l’espace au spectateur, qui devient presque un personnage de l’histoire à travers cette caméra. On est si proche de l’action qu’on ressent et voit absolument tout, comme si nous étions sur place dans ce petit village de pêcheur de Chellamam. On ne peut pas échapper à ce que le réalisateur veut nous montrer, et donc à ce qu'il se passe dans la famille du défunt... Aussi, à aucun moment, on n’essaye de nous mentir. D’embellir les choses pour que ce soit plus facile à accepter.

C’est la réalité, gênante parfois, complètement dingue aussi. C’est durant ce genre d’instants que beaucoup de choses se révèlent, que les secrets finissent par éclater. Un enterrement peut être révélateur, briser les croyances, remettre en question ce que nous savions de la personne qui n’est désormais plus là. C’est, je pense, ce qui déstabilise aussi le plus. Ce qui commence par être des retrouvailles entre un père et sa famille, devient un enterrement désastreux où les péripéties s'enchainent. Et Ee. Ma. Yau. prend le temps de narrer la mort et les funérailles de Vavachan, car tout se passe en moins de 24 heures. Rien n’est laissé de côté, tout est si bien détaillé qu’on a davantage l’impression d’être face à un documentaire qu'à une fiction. L’ambiance ici est monotone, dramatique aussi.Le chaos finit par prendre le dessus, car rien ne se passe comme prévu et les circonstances de la mort même du père en sont même questionnées. Les voisins, la police, le prêtre, chacun a un regard différent. Chacun a aussi sa propre histoire, ses propres besoins. Cependant, certains passages du film sont symboliques et demandent une certaine interprétation qui peut être unique à chacun - notamment la fin.

Chemban Vinod Jose est absolument touchant dans le rôle du fils, Eeshi.

Il veut bien faire, comme il l’a promis à son père. Ses silences et son regard parlent davantage que les hurlements la mère, Pennamma. Sa peine est réelle, grandissante au fur et à mesure que des obstacles se mettent en travers de son chemin alors qu’il n’a qu’un seul et unique objectif. C'est la révélation du film, l'acteur qui se démarque. Mais la mort de Vavachan n’atteint pas seulement sa famille. C’est toute la communauté qui est touchée, tout le voisinage qui vient participer aux funérailles, assister la famille, presque valider la situation.

Ee. Ma. Yau. pointe de nombreuses choses, mais pour ceux qui ne sont pas habitués au cinéma indien et encore moins au cinéma malayalam, le film peut être difficile à regarder, voire à terminer. Certains peuvent ne pas être portés par celui-ci. Il y a comme un sentiment de malaise, on n’a pas envie d’assister à cet événement, on n’a pas envie de regarder la mort en face. C’est peut-être ça qui prouve à quel point Ee. Ma. Yau. est filmé avec beaucoup de justesse.
LA NOTE: 2,5/5
★★★☆☆
mots par
Elodie Hamidovic
"A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur."
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