Petite conversation avec Aashish Singh #PIC2017

vendredi 27 janvier 2017
interview Aashish Singh Paris Image Cinema Un film, ce n’est pas seulement un réalisateur et des acteurs. C’est dans cette démarche de dévoiler les techniciens autour du cinéma que le festival du Paris Images Cinema – l’Industrie du rêve, a décidé d’inviter durant trois jours des invités de choix prêts à partager leurs expériences durant des tournages qui ont eu lieu en Inde, pays à l’honneur cette année. Parmi ces convives de prestige, Aashish Singh, directeur de la production chez Yash Raj Films qui, récemment, s’est occupé du film Befikre dont le tournage s’est déroulé en France. Petite conversation avec l’un des piliers d’un des plus grands studios de cinéma indien.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Aashish Singh : Je travaille chez Yash Raj depuis maintenant 12 ou 13 ans, mais je ne suis le directeur de la production que depuis 11 ans. A ce moment-là, il n’y avait personne pour ce travail. Mon père était producteur. J’ai grandi à Mumbai dans le quartier de Juhu, j’ai tout de suite était plongé dans l’univers du cinéma, regardant les films et assistant aux tournages. Comme vous le savez, c’est un quartier connu où beaucoup de stars ont vécu, alors je suis allé dans les mêmes écoles que certains d’entre eux, nous avons grandi ensemble. On peut dire que j’avais le cinéma dans le sang parce que c’était la seule chose dont on discutait. J’ai donc fini par rejoindre mon père, nous avons même travaillé sur plusieurs films ensemble. A ce moment-là, il y avait de moins en moins de producteurs indépendants, les studios prenaient les choses en main. C’est ainsi que j’ai reçu une offre de Yash Raj en tant que producteur exécutif pour le film Dhoom 2. J’en ai profité pour faire partie du studio et avancer dans ma carrière. Après Chak De! India, je suis devenu le directeur de la production et depuis je ne me suis jamais arrêté.

De quoi avez-vous besoin pour produire un film et croire en un projet ?
A. S. : Tout d’abord, l’équipe créative doit être absolument convaincue par le scénario. C’est la chose la plus importante pour commencer. Bien entendu, si le film est bon, il est rentable. C’est un business. Il faut travailler le film intégralement, penser à ses recettes, à comment payer le tournage et l’équipe. Mais essentiellement, ça commence par le scénario.

Devez-vous lire les scénarios avant de valider un projet ?
A. S. : Absolument. Le premier à lire les scénarios, c’est Aditya Chopra, le dirigeant du studio. C’est son expertise qui va permettre de savoir si un scénario peut aboutir à la création d’un film. La première étape, c’est lui. Ensuite, les producteurs y jettent un coup d’œil, mais c’est toujours lui qui a le dernier mot. Nous le soutenons toujours, mais nous avons des discutions autour de ces scénarii sur les raisons pour lesquelles ces films doivent voir le jour, sur comment ils devraient être tournés...

Comment les choses se sont passées pour Befikre ?
A. S. : Aditya Chopra a entièrement écrit le scénario et c’est lors d’un voyage à Paris qu’il a commencé à rédiger des passages en se baladant dans différents endroits de la capitale. Il a apprécié et compris la ville et était déterminé à partager cette expérience.

Êtes-vous venu à Paris durant le tournage ?
A. S. : Je suis arrivé plus tard. Une fois le scénario fini, nous nous sommes tous retrouvés pour en parler. Il savait qu'un tournage en France était plus onéreux. Mais dès le départ, il a verbalisé sa volonté de faire ce film à Paris et à quel point cela lui était essentiel. La France offre aujourd’hui une baisse des charges, ce qui nous a beaucoup aidé.

Étiez-vous conscients de la popularité des films indiens en France ?
A. S. : Quelque part, je le savais, parce que certains de nos films sont déjà sortis en France, même si c’est assez récent. Pendant le tournage de Befikre, nous l’avions remarqué aussi. Il y a d’ailleurs une belle communauté indienne. Nous avons déjà exploré notre marché étranger au début des années 2000 et nous avions remarqué un succès impressionnant en Allemagne par exemple, grâce à Shahrukh Khan. C’est toujours de la sorte que tout commence. Un ou deux films vous impressionnent et de plus en plus de personnes sont curieuses de ce cinéma. Je pense que c’est ce qu'il se passe avec notre marché en France et l'intérêt grandissant pour nos films. Certains fonctionnent, d’autres non, mais nous avons conscience que nos films sont attendus aussi bien ici qu’ailleurs.

Pouvez-vous nous parler des prochaines productions de Yash Raj ? Nous savons que trois films sont très attendus : Meri Pyaari Bindu, Tiger Zinda Hai et Thugs of Hindustan.
A. S. : Le tournage de Meri Pyaari Bindu est bientôt terminé, le film est en post-production et la date de sortie sera bientôt annoncée. Le tournage de Tiger Zinda Hai commence en mars et le film devrait sortir pour Noël 2017. Thugs of Hindustan est différent, parce qu’il y a déjà Amitabh Bachchan et Aamir Khan à sa distribution. Le tournage commencera en avril prochain. Par contre, la sortie est prévue pour 2018.

Avez-vous une connexion particulière avec Aditya Chopra ?
A. S. : (rires) Il n’y a pas vraiment de connexion spéciale. Je dirais que c’est plus professionnel que personnel, mais nous avons tous beaucoup de respect pour lui parce que c’est une personne tellement gentille, tellement agréable et également très professionnelle. Il est aussi toujours concentré sur ce qu’il fait, c’est un peu pour ça qu’il reste à l’écart des médias.

Un film que vous auriez aimé produire ?
A. S. : Je pense à Lagaan. Plus récemment, il y avait 3 idiots. En fait, c’est une question de ressenti, mais aussi de défi. Parfois, j’ai envie de produire quelque chose parce que c’est un vrai challenge. Et parfois le film est tellement bien que je me dis « pourquoi je n’ai pas produit ça ? »

Votre réalisateur favori ?
A. S. : Raju Hirani, sans aucun doute.

Le meilleur film que vous ayez produit jusqu’ici ?
A. S. : Chak De! India.
— Photographie par Elsa Giménez
mots par
Elodie Hamidovic
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"A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur."