La critique de : Thugs of Hindostan (★★★☆☆)

mercredi 14 novembre 2018
critique film Thugs of Hindostan bollywood cinema C'est la première fois de ma vie que je découvre un film d'Aamir Khan sur grand écran, et quel bonheur ! Aamir est clairement un acteur qui a su faire la différence durant ses 30 ans de carrière (oui, déjà !). De fait, chacun de ses films est attendu comme le chef-d'oeuvre de l'année, ni plus ni moins. Et lorsque l'acteur ne répond pas aux expectatives élevées de son public, le métrage incriminé est taxé de navet. Ça a été le sort accordé à Dhoom 3, sorti en 2013. Et bien, je ne suis pas d'accord. Certes, on est loin de la finesse d'un Dhobi Ghat ou de la puissance d'un Rang De Basanti, mais qualifier Dhoom 3 de daube est franchement excessif. Je pense que le traitement dont il a fait l'objet est directement lié au fait qu'Aamir y figure. Parce qu'Aamir n'a manifestement pas le droit de faire du cinéma moyen. Encore moins du divertissement pur et dur.

Mais pourquoi ?



Parce qu'au fond, pourquoi Aamir ne pourrait-il pas se permettre, de temps en temps, de tourner un film qui ait juste une fonction divertissante pour le plaisir de le faire ? Pourquoi devrait-il s'enfermer dans une image d'acteur sérieux et intello, si le projet Thugs of Hindostan le tentait ? Je n'ai aucun problème avec le fait qu'il ait envie, entre deux métrages exigeants, de s'essayer à des registres plus légers, moins cérébraux et plus récréatifs. Mais un divertissement, s'il n'est pas pourvu de profondeur et de réflexion, ne doit pas se passer de cohérence, n'est-ce pas ?

C'est là, le problème de Thugs of Hindostan. Encore plus quand on sait qu'il s'agit du film indien le plus cher de l'histoire.

L'écriture de Vijay Krishna Acharya va dans tous les sens. Les ficelles utilisées sont énormes et les retournements de situation sont prévisibles à des kilomètres. Le réalisateur et scénariste précité utilise des pirouettes narratives qui s'éloignent de toute subtilité. Si ce n'était pas pour Aamir, qui sait comment faire avaler des couleuvres à son public par son incroyable talent, Thugs of Hindostan aurait sombré.

Car oui. Comme d'habitude, Aamir est impérial.

Insolent, drôle et charismatique. La presse reprochait au personnage de Firangi d'être littéralement calqué sur celui de l'incontournable Jack Sparrow. Et c'est vrai. Mais j'ai envie de dire, qui de mieux qu'Aamir Khan pour incarner un tel rôle dans sa version indienne ? Personne.

Et force est de constater que l'acteur rend justice à Firangi/Jack Sparrow du pauvre. On y croit et même si les fluctuations du personnage peuvent devenir pénibles, la prestation d'Aamir nous tient d'un bout à l'autre de la bobine sans déplaisir. A ses côtés, Amitabh Bachchan est excellent dans un rôle à l'écriture bien trop convenue. Et contrairement à ce que je croyais, ce n'est pas son duo avec Aamir qui fait le sel du métrage. En effet, c'est avec Fatima Sana Shaikh qu'il partage une formidable dynamique. Dommage que le cinéaste ne l'ait pas cerné pour l'exploiter davantage.

Katrina est transparente. Voilà.

Fatima Sana Shaikh, très juste, est limitée alors que c'est son personnage qui recouvre tous les enjeux de la trame. Ce qui n'empêche pas la comédienne de se transcender dans ses quelques scènes. Elle est d'ailleurs responsable des larmes que j'ai versées juste avant l'entracte.

Maintenant, j'avoue que je ne comprends pas la déferlante de méchanceté dont ce film a été le réceptacle.

Thugs of Hindostan a au moins été aussi laminé que Race 3, également sorti cette année. Mais clairement, les deux films ne sont pas comparables. Thugs of Hindostan est bourré d'intention, très soigné visuellement et peut compter sur une distribution qui se donne. Là où Race 3 est l'archétype du film paresseux, où tout est fait en service minimum. Thugs of Hindostan est un film maladroit, qui peut tomber à plat de part et d'autre, mais dont on ne peut nier qu'il a été fait avec une indéniable implication.

Je suis ressortie du visionnage partagée. Partagée entre la satisfaction d'avoir passé un bon moment devant un divertissement de bonne facture et la frustration en constatant qu'avec les moyens investis et un casting pareil, le résultat aurait pu être tellement meilleur ! Allez-y pour passer un moment sympathique sans réelle prise de tête. Et laissez-vous charmer par le merveilleux Aamir Khan qui a l'air d'avoir 35 ans depuis 15 ans. Oui, sans déconner, il doit sans doute utiliser une crème anti-âge aux extraits de Michel Drucker parce qu'autrement, je ne comprends pas !
LA NOTE: 3/5
★★★☆☆
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
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"Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même."