Bolly&co Magazine

Shahrukh Khan, retour triomphal.

3 janvier 2024
srk king khan shahrukh khan 2023
Shahrukh Khan, on ne le présente plus. C'est l'une des stars les plus influentes du cinéma indien, toutes générations et industries confondues. C'est à la fois l'incarnation du héros romantique indien depuis ses débuts dans les années 1990, avec des rôles incontournables dans Dilwale Dulhania Le Jayenge (1995), Kuch Kuch Hota Hai (1998) ou encore Kal Ho Naa Ho (2003) et Veer-Zaara (2004). Mais c'est également un acteur d'expérimentation, avec des métrages qui sortent des sentiers battus tels que Kabhi Haan Kabhi Naa (1994), Swades (2004), Chak De ! India (2007) ou encore My Name Is Khan (2010). Le comédien a toujours essayé d'allier cinéma grand public et prise de risque...

Ce qui l'a poussé à signer en 2018 la romance Zero, réalisé par Aanand L. Rai, dans lequel Shahrukh incarne une personne atteinte de nanisme. Le cinéaste s'était précédemment illustré dans le registre romantique avec les plébiscites de Tanu Weds Manu (2011) et sa suite Tanu Weds Manu Returns (2015), ou encore de Raanjhanaa (2013). Pourtant, Zero n'aura jamais aussi bien porté son nom puisqu'il fera un bide retentissant au box-office, demeurant l'un des échecs commerciaux les plus retentissants de la filmographie du King Khan.

L'échec de Zero pousse Shahrukh, d'habitude très productif, à prendre une longue pause afin de repenser sa trajectoire de carrière.

Ainsi, pendant près de 5 ans, l'acteur sera absent des salles de cinéma et se fait grandement attendre auprès de ses fans. Certains critiques le disent fini, et prédisent la mort imminente du mythe SRK. Pourtant, on le sait, Shahrukh tourne plusieurs métrages : deux films d'action et une satire. En toute discrétion mais sans profondément s'en cacher, le Badshah le fait savoir : il reviendra.

Et après 5 ans sans la moindre sortie en salles, Shahrukh Khan fait un come-back en grandes pompes en 2023 avec trois films : Pathaan, Jawan et Dunki. Le risque est d'autant plus grand que ces films arrivent dans un contexte très fragile pour l'industrie de Bollywood, qui peine depuis quelques années à faire recette face à la concurrence de plus en plus agressive des industries dravidiennes. De plus, l'acteur doit faire face à une montée inquiétante de l'obscurantisme religieux, qui a valu à son collègue Aamir Khan une grande véhémence de la part de multiples groupuscules, résultant dans le flop commercial de son très attendu Laal Singh Chaddha (2022).

Dans un tel environnement, Shahrukh a donc plusieurs combats à mener : permettre à l'industrie hindi de redevenir rentable tout en ne sombrant pas dans le cinéma de propagande, comme ont pu le faire ses contemporains Akshay Kumar et Ajay Devgan…

D'autant que SRK incarne un symbole fort, qui ne plaît clairement pas aux mouvements d'extrême droite du pays : c'est une superstar d'ascendance musulmane dans un pays dont la population est majoritairement hindoue. Il aurait donc été idéal de faire tomber l’icône, profitant de sa longue absence médiatique et des déboires (assez fumeux) avec la justice de son fils Aryan pour précipiter sa chute… Mais c'était vraiment mal le connaître !

Car non seulement, Shahrukh Khan prouvera en 2023 n'avoir absolument rien perdu de sa superbe, notamment en explosant tous les records établis au box-office indien... Mais il portera en plus dans ses films des messages frontaux à l'encontre du gouvernement en place.

À la fois bankable et téméraire, Shahrukh Khan n'aura jamais été aussi moderne et pertinent qu'aujourd'hui, la cinquantaine bien tassée. Et on vous explique comment il s'y est pris…



Pathaan, le Shahrukh Khan bagarreur.

Le film qui marque officiellement le retour de Shahrukh au cinéma, c'est le blockbuster d'action Pathaan. Et pour ce faire, on oublie l'ère romantique de l'acteur, qui se frotte à un registre auquel il n'est pas vraiment habitué, malgré quelques tentatives intéressantes (Don, Raees)… Mais ici, il va bien plus loin tant tout transpire l'opulence et l'excès dans Pathaan. Shahrukh Khan est un 'action man' moderne et charismatique, dont la physicalité est aussi importante que les punchlines ! L'acteur exulte de sensualité dans ce divertissement d'excellente facture, pour lequel il s'est énormément préparé, à coups de séances de musculation intensives… À son grand âge, il affiche donc un corps ciselé au scalpel, de quoi donner des leçons de détermination à la jeune génération !




Jawan, le Shahrukh Khan dénonciateur.

Avec ce masala engagé particulièrement dense, Shahrukh Khan comprend la puissance montante des industries du sud et s'entoure d'une équipe majoritairement tamoule. Jugez plutôt : Atlee à la réalisation, Anirudh Ravichander à la composition et les superstars kollywoodiennes Nayanthara, Priyamani et Vijay Sethupathi pour lui donner la réplique… Le comédien sait que de nombreux talents résident dans le sud et se met donc au service de tous les codes de l'entertainer à la sauce tamoule, avec dappankuthu endiablé, messages politiques frontaux et retournements de situation au menu ! Et ça marche puisqu'à ce jour, Jawan est le film indien le plus rentable de l'histoire, mais aussi le plus gros succès commercial de la carrière du King… Et en plus de nous divertir, l’œuvre a le bon goût de ne pas nous prendre pour des imbéciles en portant en son sein un discours qui ose dénoncer l'ordre établi, rappelant aux spectateurs indiens leur pouvoir citoyen !




Dunki, le Shahrukh Khan charmeur.

Après plusieurs occasions manquées (à savoir Munna Bhai M.B.B.S. et 3 Idiots), Shahrukh a enfin l'opportunité avec ce film de collaborer avec le réalisateur Rajkumar Hirani. Et ce qui marque davantage les esprits dans Dunki, c'est à quel point le comédien y a dégainé sa panoplie d'indian lover ! Car son personnage, Hardy, n'est pas sans rappeler le Aman Mathur de Kal Ho Naa Ho ou le Veer Pratap Singh de Veer-Zaara. Séducteur au cœur d'or, Hardy est prêt à tous les risques pour l'amour de sa bien-aimée Manu, incarnée par la lumineuse Taapsee Pannu. Et si l’œuvre n'est pas exempte de défauts, elle fonctionne grâce au pouvoir magnétique du Badshah qui, à 58 ans, n'a vraiment rien perdu de son charme ravageur !

mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?