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Critique : Azaad, le tremplin sans conviction d'insipides népokids ?

21 janvier 2025
Critique du film hindi azaad avec Ajay Devgan Aaman Devgn et Rasha Thadani
Sorti en France avec le distributeur Friday Entertainment, Azaad s’annonce comme un drame romantique épique et passionné, avec deux nouveaux venus pour l’incarner.

Qu’en est-il finalement ? Cette saga sentimentale est-elle finalement concluante ?



Dirigé par Abhishek Kapoor - auquel on doit notamment Rock On! (2008) et Kai Po Che (2013), Azaad se présente comme une fresque historique ambitieuse sur fond de colonisation britannique, mais peine à captiver par son manque de souffle narratif et d'audace cinématographique. Le film, malgré son impressionnant pedigree, se révèle être un véhicule peu inspiré pour introduire les jeunes espoirs Aaman Devgn et Rasha Thadani, tous deux issus de prestigieuses lignées du cinéma hindi.

Un casting en demi-teinte

Aaman Devgn, neveu d'Ajay Devgn, s'investit avec une énergie indéniable dans son premier rôle, mais son manque criant de charisme l'empêche de véritablement habiter son personnage. Si son physique avantageux et son dynamisme sont indéniables - en particulier dans les séquences dansées, il lui faudra encore travailler sa présence à l’écran pour espérer s'imposer. Face à lui, son oncle Ajay Devgn, avec son imposante prestance, écrase la frêle silhouette de son neveu et en conséquence, souligne involontairement les lacunes de ce dernier.

Quant à Rasha Thadani, fille de Raveena Tandon, son rôle trop accessoire ne lui permet pas d'exploiter son potentiel dramatique. Son interprétation souffre d’une esthétique anachronique – une "iPhone Face" trop contemporaine qui détonne dans le contexte historique du récit. Ce choix de mise en beauté, combiné à une écriture trop esquissée de son personnage, accentue le sentiment de détachement du spectateur. Néanmoins, il faut reconnaître à la jeune comédienne un véritable talent pour la danse, qu’elle saura sans aucun doute exploiter dans ses futurs projets.

De son côté, l'acteur de télévision Mohit Malik fait ici des débuts corrects sur grand écran dans un rôle d'antagoniste malheureusement trop simpliste pour lui permettre de briller pleinement. Face à lui, Diana Penty est touchante mais sous-exploitée, son personnage étant relégué à une intrigue secondaire aussi peu étoffée que la trame principale. Cela dit, elle y partage une tendre complicité avec Ajay Devgn, qui donne envie de les retrouver dans des métrages ultérieurs.

Une mise en scène désincarnée

Abhishek Kapoor, qui a pourtant été capable de capturer des moments vibrants dans ses précédents films, livre ici une réalisation étonnamment mécanique. La caméra filme sans âme, accumulant des plans répétitifs dénués de toute inspiration esthétique. L’image est purement fonctionnelle et ne parvient malheureusement jamais à transcender le récit, privant le spectateur de toute immersion émotionnelle.

Le métrage souffre également d'un sérieux défaut de rythme. Les enjeux sont posés avec une lenteur frustrante et leur prévisibilité compromet la moindre tension dramatique. La caractérisation des personnages reste quant à elle trop lisse et mièvre, rendant difficile une quelconque forme d'attachement à leur sort. Les héros semblent guidés par les seules exigences du scénario, sans réelle quête intérieure, ce qui affaiblit encore davantage l’impact de l’histoire.

Un écho fade à Lagaan

L’inspiration du classique Lagaan (2001) est palpable dans le dernier acte de l'œuvre. Toutefois, Azaad ne parvient jamais à en capturer la grandeur ni la portée émotionnelle. Là où Lagaan brillait par son intensité et sa narration immersive, Azaad échoue à éveiller en nous un semblant de passion.

Sur le plan musical, Amit Trivedi signe une bande-son agréable mais sans éclat. Des titres comme “Birangey” et “Uyi Amma” fonctionnent dans l’instant, mais manquent cependant de relief, ne laissant de facto pas d’empreinte durable. C’est particulièrement regrettable de la part d’un directeur musical capable de merveilles. Les bandes-originales de Dev D (2009), Ishaqzaade (2012) ou encore Lootera (2013) demeurent à ce jour les témoignages de son talent.

En conclusion



Azaad constitue davantage une rampe de lancement pour ses jeunes acteurs, et ne devient jamais une œuvre cinématographique en soi. Porté par des figures familiales influentes mais trahi par un scénario trop faiblard et une mise en scène sans envergure, le métrage s’essouffle rapidement. Ni véritablement épique, ni franchement émouvant, Azaad est ainsi une fade tentative de la part de son cinéaste pour lancer ses enfants de la balle déboussollés par la paresse de son histoire…

Azaad, dirigé par Abhishek Kapoor Une sortie Friday Entertainment

LA NOTE: 1,5/5

mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?