Entretien avec Emmanuel Schlumberger et Anne Bourgeois #PIC2017
24 janvier 2017
Vous voulez en savoir plus sur le Paris Images Cinema ? Découvrez notre interview avec Emmanuel Schlumberger et Anne Bourgeois, respectivement président et vice-présidente de la manifestation. Nous vous rappelons que le Paris Images Cinema, ça commence ce mercredi au Christine 21 à Paris, et ce jusque vendredi soir !
Anne Bourgeois : Dans le cadre du Paris Images Trade Show (PITS), qui pour la quatrième année consécutive, réunit pendant une semaine cinq manifestations, aux thématiques complémentaires, destinées à promouvoir l’ensemble de la filière audiovisuelle et cinématographique française, nous avons choisi d’ajouter un titre en anglais à L’industrie du rêve pour promouvoir notre action vis-à-vis de l’international. Nous existons depuis 17 ans, fondé par Bruno le Roux, actuel Ministre de l’Intérieur et député de Seine Saint-Denis, Stéphane Pellet, Inspecteur général de l'administration de l'Éducation nationale et de la Recherche et Emmanuel Schlumberger, producteur et sommes à ce jour l’unique manifestation consacrée aux métiers du cinéma, à ceux qui fabriquent les films, des producteurs aux techniciens.
Emmanuel Schlumberger : Nous avons ouvert en 2014 un nouveau cycle sur la place prépondérante qu’occupe la France en terme de soutien et de promotion de cinématographies étrangères. En 2017, nous continuerons à mettre en lumière un pays invité – l'inde - comme ce fut le cas pour nos 3 éditions précédentes à travers des focus consécutifs sur l’Allemagne, la Chine et la Corée du Sud. Cette année, avec l’Inde, nous continuons d’élargir notre réflexion au rôle qu’occupe la France dans la production, la promotion et la diffusion de cinématographies étrangères à travers le travail des producteurs, distributeurs, vendeurs internationaux, festivals tout en continuant à valoriser le savoir-faire des techniciens français, aussi bien sur les plateaux de tournage qu’en post-production. Cette excellence artistique reste un atout majeur et permet à notre pays de se positionner comme une terre d’accueil pour de nombreux projets et artistes venus du monde entier.
Anne Bourgeois : On est donc bien dans L’industrie du rêve, celle dont André Malraux a donné la définition « Le cinéma est un art, par ailleurs c'est une industrie. ». C’est valable pour le cinéma d’auteur et populaire. Pas de films quel que soit leurs catégories, sans techniciens, sans industries techniques, sans post-production. Par ailleurs, nous programmons du Bollywwod « POPULAIRE » avec la projection du dernier film du grand réalisateur indien Yash Chopra Jusqu'à mon dernier souffle, une magnifique romance produite par Aashish Singh qui nous accompagnera pendant tout le festival. Et aussi un film tamoul culte Robot de S. Shankar avec des effets spéciaux qui montrent la capacité du cinéma indien d’être d’une grande technicité. Enfin des films d’auteur bengalis avec un film inédit de Bauddhayan Mukherji, The Violin Player, et Déesses Indiennes en colère de Pan Nalin.
Emmanuel Schlumberger : Pour le savoir, il faut que vous veniez assister aux Rencontres Professionnelles le jeudi 26 janvier toute la journée au Christine 21. C’est là que nous aborderons, à travers de nombreux témoignages de techniciens, producteurs, réalisateurs et représentants d’institution, les approches inédites présentant d'autres modèles d'organisation du travail et de financement, afin de les confronter de façon productive aux modèles français.Nous examinerons le savoir-faire indien tout en étudiant les ponts avec notre propre industrie cinématographique.
Anne Bourgeois : Je connaissais le cinéma indien pour avoir organisé en 2009 une rétrospective Amitabh Bachchan lors du 3e Salon du cinéma. Pour notre 17ème édition, nous avons constitué un comité de programmation avec Hélène Kessous et Némésis Srour, de Contre-Courants ainsi que Jitka de Préval, toutes les trois de grandes spécialistes du cinéma indien. Pour The Violin Player, c’est une découverte de Lorenzo Chammah, programmateur du Christine 21 qui l’avait vu au bureau des sélections à Cannes cette année.
Emmanuel Schlumberger : Oui, évidemment. Le fil rouge de cette 17ème édition est le retour d’expériences sur le tournage de Befikre, Bollywood intégralement tourné d’avril 2016 à juin 2016 pour la première fois à Paris et en France. Les 55 jours de tournage en France sont une des conséquences directes de l’amélioration, en janvier 2016, du crédit d’impôt international. Ce dispositif, qui concerne les films d’initiative étrangère dont tout ou partie de la fabrication a lieu en France, est accordé par le Centre national du cinéma. Il permet de déduire 30 % des dépenses de tels films en France et peut atteindre 30 millions d’euros. Ce tournage a rapporté à la France huit millions d’euros. 293 professionnels français ont été embauchés, des techniciens en majorité, mais aussi des cascadeurs, des danseurs pour les scènes musicales, … L’ensemble des chefs de poste et des techniciens étaient français, la chef décoratrice, le directeur photo, les ingénieurs du son, les électriciens, les assistants caméras, les maquilleurs, les costumiers, les 2 750 figurants... La chef décoratrice Anne Seibel (ADC) nommée aux Oscars pour Midnight in Paris de Woody Allen et spécialiste des tournages indiens et étrangers a assuré l’ensemble des décors du film. Marraine de notre édition, elle fera un retour sur ces 55 jours de tournage en France au total lors de sa Master Class le 27 janvier à 18h30 en compagnie de son équipe décor.
Anne Bourgeois : Oui, nous le savions, même si beaucoup reste à faire pour faire découvrir ce cinéma éclectique. Ces distributeurs font un travail formidable qui demande à être aidé. Le cinéma de ce continent, le plus important producteur de films au monde – 1900 par an - varié, complexe, et qu’on ne peut pas résumer uniquement à du Bollywood dansant doit être vu, sélectionné davantage en festivals aussi. Beaucoup de films abordent l’Inde avec des sujets très contemporains. Les professionnels indiens sont au début d'une réflexion sur le changement dans la manière de faire des films. Une tendance qui découle du fait que la société indienne évolue. Cela, nous, Européens, devons nous ouvrir encore plus à cette cinématographie passionnante. C’est le rôle de PIC-L’industrie du rêve d’y contribuer.
En quoi consiste le Paris Images Cinema ? Depuis combien de temps existe-il et dans quelle mesure se différencie-t-il d'autres festivals ?
Anne Bourgeois : Dans le cadre du Paris Images Trade Show (PITS), qui pour la quatrième année consécutive, réunit pendant une semaine cinq manifestations, aux thématiques complémentaires, destinées à promouvoir l’ensemble de la filière audiovisuelle et cinématographique française, nous avons choisi d’ajouter un titre en anglais à L’industrie du rêve pour promouvoir notre action vis-à-vis de l’international. Nous existons depuis 17 ans, fondé par Bruno le Roux, actuel Ministre de l’Intérieur et député de Seine Saint-Denis, Stéphane Pellet, Inspecteur général de l'administration de l'Éducation nationale et de la Recherche et Emmanuel Schlumberger, producteur et sommes à ce jour l’unique manifestation consacrée aux métiers du cinéma, à ceux qui fabriquent les films, des producteurs aux techniciens.
Pourquoi le Paris Images Cinema a-t-il choisi de mettre l'Inde à l'honneur, cette année ?
Emmanuel Schlumberger : Nous avons ouvert en 2014 un nouveau cycle sur la place prépondérante qu’occupe la France en terme de soutien et de promotion de cinématographies étrangères. En 2017, nous continuerons à mettre en lumière un pays invité – l'inde - comme ce fut le cas pour nos 3 éditions précédentes à travers des focus consécutifs sur l’Allemagne, la Chine et la Corée du Sud. Cette année, avec l’Inde, nous continuons d’élargir notre réflexion au rôle qu’occupe la France dans la production, la promotion et la diffusion de cinématographies étrangères à travers le travail des producteurs, distributeurs, vendeurs internationaux, festivals tout en continuant à valoriser le savoir-faire des techniciens français, aussi bien sur les plateaux de tournage qu’en post-production. Cette excellence artistique reste un atout majeur et permet à notre pays de se positionner comme une terre d’accueil pour de nombreux projets et artistes venus du monde entier.
Vous parlez de « l'industrie du rêve », pourtant votre sélection de films projetés et très éclectique et met en valeur un cinéma indien qui se veut engagé et très éloigné du doucereux de certaines œuvres du 'Bollywood populaire'. Alors, pourquoi cette appellation ?
Anne Bourgeois : On est donc bien dans L’industrie du rêve, celle dont André Malraux a donné la définition « Le cinéma est un art, par ailleurs c'est une industrie. ». C’est valable pour le cinéma d’auteur et populaire. Pas de films quel que soit leurs catégories, sans techniciens, sans industries techniques, sans post-production. Par ailleurs, nous programmons du Bollywwod « POPULAIRE » avec la projection du dernier film du grand réalisateur indien Yash Chopra Jusqu'à mon dernier souffle, une magnifique romance produite par Aashish Singh qui nous accompagnera pendant tout le festival. Et aussi un film tamoul culte Robot de S. Shankar avec des effets spéciaux qui montrent la capacité du cinéma indien d’être d’une grande technicité. Enfin des films d’auteur bengalis avec un film inédit de Bauddhayan Mukherji, The Violin Player, et Déesses Indiennes en colère de Pan Nalin.
Votre festival a notamment pour vocation de mettre en lumière les 'artistes de l'ombre' qui officient pour le cinéma. Ainsi, est-ce que vous avez remarqué des différences de travail chez les techniciens indiens ?
Emmanuel Schlumberger : Pour le savoir, il faut que vous veniez assister aux Rencontres Professionnelles le jeudi 26 janvier toute la journée au Christine 21. C’est là que nous aborderons, à travers de nombreux témoignages de techniciens, producteurs, réalisateurs et représentants d’institution, les approches inédites présentant d'autres modèles d'organisation du travail et de financement, afin de les confronter de façon productive aux modèles français.Nous examinerons le savoir-faire indien tout en étudiant les ponts avec notre propre industrie cinématographique.
Comment avez-vous découvert les œuvres qui seront projetées lors de l'événement ?
Anne Bourgeois : Je connaissais le cinéma indien pour avoir organisé en 2009 une rétrospective Amitabh Bachchan lors du 3e Salon du cinéma. Pour notre 17ème édition, nous avons constitué un comité de programmation avec Hélène Kessous et Némésis Srour, de Contre-Courants ainsi que Jitka de Préval, toutes les trois de grandes spécialistes du cinéma indien. Pour The Violin Player, c’est une découverte de Lorenzo Chammah, programmateur du Christine 21 qui l’avait vu au bureau des sélections à Cannes cette année.
L'intérêt des indiens pour la France est de plus en plus marqué. On l'a vu dernièrement avec la sortie de Befikre, que vous allez également projeter et qui a été tourné en France dans sa quasi-intégralité. Est-ce l'une des raisons qui a motivé le choix de l'Inde dans le cadre du Paris Images Cinema ?
Emmanuel Schlumberger : Oui, évidemment. Le fil rouge de cette 17ème édition est le retour d’expériences sur le tournage de Befikre, Bollywood intégralement tourné d’avril 2016 à juin 2016 pour la première fois à Paris et en France. Les 55 jours de tournage en France sont une des conséquences directes de l’amélioration, en janvier 2016, du crédit d’impôt international. Ce dispositif, qui concerne les films d’initiative étrangère dont tout ou partie de la fabrication a lieu en France, est accordé par le Centre national du cinéma. Il permet de déduire 30 % des dépenses de tels films en France et peut atteindre 30 millions d’euros. Ce tournage a rapporté à la France huit millions d’euros. 293 professionnels français ont été embauchés, des techniciens en majorité, mais aussi des cascadeurs, des danseurs pour les scènes musicales, … L’ensemble des chefs de poste et des techniciens étaient français, la chef décoratrice, le directeur photo, les ingénieurs du son, les électriciens, les assistants caméras, les maquilleurs, les costumiers, les 2 750 figurants... La chef décoratrice Anne Seibel (ADC) nommée aux Oscars pour Midnight in Paris de Woody Allen et spécialiste des tournages indiens et étrangers a assuré l’ensemble des décors du film. Marraine de notre édition, elle fera un retour sur ces 55 jours de tournage en France au total lors de sa Master Class le 27 janvier à 18h30 en compagnie de son équipe décor.
De nombreux distributeurs locaux font en sorte de rendre les films indiens accessibles aux fans français, comme Aanna Films mais aussi Ayngaranfrance, Night ED Films et AV Entertainment. En organisant cette édition, aviez-vous connaissance qu'il existait un tel public en France qui soit sensible au charme des films indiens ?
Anne Bourgeois : Oui, nous le savions, même si beaucoup reste à faire pour faire découvrir ce cinéma éclectique. Ces distributeurs font un travail formidable qui demande à être aidé. Le cinéma de ce continent, le plus important producteur de films au monde – 1900 par an - varié, complexe, et qu’on ne peut pas résumer uniquement à du Bollywood dansant doit être vu, sélectionné davantage en festivals aussi. Beaucoup de films abordent l’Inde avec des sujets très contemporains. Les professionnels indiens sont au début d'une réflexion sur le changement dans la manière de faire des films. Une tendance qui découle du fait que la société indienne évolue. Cela, nous, Européens, devons nous ouvrir encore plus à cette cinématographie passionnante. C’est le rôle de PIC-L’industrie du rêve d’y contribuer.
— Emmanuel Schlumberger, Président de PIC-L’industrie du rêve et Anne Bourgeois, Vice-Présidente de PIC-L’industrie du rêve. Photographie par Elsa Giménez