Ce que Student of the Year 2 vient révéler sur Bollywood...

jeudi 9 mai 2019
Les points que j'évoque ne sont pas nouveaux. Et Student of the Year 2 n'est que l'exemple récent le plus criant dont je dispose. Son premier volet (sorti en 2012 avec Alia Bhatt, Sidharth Malhotra et Varun Dhawan) pourrait d'ailleurs parfaitement servir d'illustration à mon propos. Alors bien entendu, l'industrie du cinéma hindi compte aussi son lot de contre-exemples qui, fort heureusement, me donnent de l'espoir en tant que spectatrice.

Mais il y a certaines choses qui, hélas, sont inéluctables à Bollywood...



1. Ce qui compte, c'est ton nom de famille.

Deux des trois acteurs principaux sont issus de familles du cinéma. Tiger a beau avoir l'expressivité d'un koala sous sédatif, il continue de tourner dans des projets parce qu'il est le fils de Jackie Shroff. Ananya Pandey, fille de Chunky Pandey, fait ses débuts avec Student of the Year 2 et bien que le film ne soit pas encore sorti, elle a déjà signé un nouveau métrage face à Kartik Aaryan, cela alors qu'on ne sait rien de son potentiel d'actrice. Et à côté, il y a Tara Sutaria, qui a un CV aussi long que la muraille de Chine et qui a probablement ramé pour signer ce pauvre rôle principal. Parce que Tara n'est la fille de personne.

2. Qu'un acteur doit être beau, de façon très réductrice.

Des abdos, des filles minces en minijupe et avec un teint clair. C'est tout. Si tu ne rentres pas dans ces critères, tu ne mérites pas que ton histoire soit racontée... La beauté selon Student of the Year 2 est malheureusement assez révélatrice d'une codification de celle-ci dans le cinéma hindi populaire. Dans les films plus engagés, c'est une autre histoire. Mais les blockbusters s’appuient systématiquement sur des acteurs et actrices aux physiques similaires, sans laisser de place à des formes de beautés plus naturelles et auxquelles le spectateur sera davantage en mesure de s'identifier.

3. Un scénario qui marche, ça tient sur un post-it.

Pas la peine de chercher la moindre finesse d'écriture dans Student of the Year 2. D'ailleurs, les réalisateurs et producteurs ne s'emmerdent plus. Un scénario fédérateur est le plus simple du monde et applique une recette bien établie : un triangle amoureux ou une idylle contrariée, un beau gosse insipide pour héros et une belle plante pour lui donner la réplique, un antagoniste pour l'enjeu dramatique et des scènes dansées ciselées au scalpel.

4. Musicalement, plus besoin de faire dans la créativité.

Phénomène plus récent mais de plus en plus remarquable à Bollywood, la fainéantise des compositeurs. Car l'ère est aux reprises, covers et autres remix ! On reprend soit des tubes iconiques des films hindi des années 1970, soit des chansons punjabi sorties il y a 2 ans, on fout ça au mixeur avec la voix d'Arijit Singh et c'est dans la boîte ! Sinon, si vous voulez écouter des trucs nouveaux et originaux, on vous invite à écouter les bandes-originales des films dravidiens...

5. L'homme comme centre du monde.

L'homme (ou héros) avec un grand H, bourré de testostérones, avec de l'huile de friture sur le corps pour souligner ses muscles et des scènes de combat ubuesques pour montrer à quel point il est agile, le con ! Les actrices ne lui servent que de faire-valoir et viennent surtout occulter le vide intersidéral qui réside dans son cerveau. Car le héros de cinéma populaire n'a pas besoin d'avoir de la personnalité. Il doit juste être beau gosse, utiliser Head&Shoulders pour entretenir sa soyeuse crinière et balancer des bourre-pifs insolents à ses ennemis.

Bref, libre à vous de découvrir Student of the Year 2. Pour tuer le temps dans un avion ou entre deux prises de tête avec votre cher(e) et tendre, ça fera le taf ! Cela étant dit, il est important de voir ce qui se fait en dehors du carcan très réducteur de la production populaire de Bollywood, et ce afin d'apprécier ce que le cinéma indien fait de meilleur !
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?