La critique de : Runanubandha - The HE without HIM (★★★☆☆) #FCIT2019

samedi 13 avril 2019
critique film toulouse fcit festival Runanubandha - The HE without HIM Depuis le début de la semaine, j'ai eu le privilège de découvrir des films magnifiques, étranges et uniques en leur genre à l'occasion du festival des Cinémas Indiens de Toulouse. Hier, c'était au tour de Runanubandha, film bengali réalisé par Amartya Bhattacharya auquel on doit également le court-métrage Darjeeling que j'ai découvert ce mercredi.

Shatarupa (Priyanka Ghosh Roy) cherche son père. Mais cette quête, c'est elle qui se découvre... Comme dans son court-métrage, le cinéma s'amuse à briser le quatrième mur, à jouer avec la psyché du spectateur, à brouiller les pistes entre fiction et réalité. L'héroïne du film est à la fois actrice et sujette, ce qui peut être assez déroutant à suivre, surtout quand on est habitués à des films à la fabrication très classique. Le film fait également écho au court-métrage précité dans son intention de nous faire découvrir un lieu très particulier. Ici, Calcutta est un personnage à part entière du métrage tant ses images, ses ruelles et ses bruits tiennent une vraie place à l'écran.

Avec ce film, Amartya semble également porter une regard fort sur l'influence des religieux sur les êtres humains. Ce tout qui contrôle leurs vies, leurs quotidiens et leurs destinées. Amartya (qui donne aussi sa voix aux rôles du père de Shatarupa et du réalisateur du film dans le film) saupoudre son récit de références aux religieux majeurs de l'Inde, de l'hindouisme à l'islam, en passant par le christianisme. Il semble surtout dénoncer la malléabilité de l'être humain face à leur foi, en opposition avec le caractère libre et vagabond du père de Shatarupa.Si le casting fait son travail sans jamais sortir du cadre très réduit qui leur est donné par le réalisateur, Swastik Choudhury nous touche particulièrement. Aidé par un personnage honnête d'homme humble qui se rêve acteur, il crève l'écran et nous cueille dès sa première apparition par sa criante vulnérabilité. Face à lui, le jeu de Priyanka Ghosh Roy semble plus mécanique, ce qui est probablement lié à son personnage qui est instrumentalisé dans le film par le réalisateur fictif, celui qui dicte sa vie et ses actions à Shatarupa.

Runanubandha n'est pas un film facile. C'est dense, hyper référencé (comme si le cinéaste avait besoin de montrer qu'il avait des connaissances pour prouver sa légitimité, ce qui est dommage) et surtout assez brouillon. Le propos est intéressant, cela dit.

C'est typiquement le genre de films que je n'aurais pas regardé spontanément. Et même si je ne reverrai probablement pas Runanubandha, je reprendrai les propos de Sabiha Sumar, réalisatrice pakistanaise que nous avions eu le plaisir de rencontrer à Paris en février dernier : "Regardez autant de films que vous le pouvez, pour continuer à apprendre."
LA NOTE: 3/5
★★★☆☆
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
"Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même."
lui écrire un petit mot ?