The Zoya Factor vs The Zoya Factor
20 octobre 2019
— Cet article a été publié dans le numéro 17 de Bolly&Co, page 99.
Les films racontent une histoire, tout comme les livres. Cela n'a rien de nouveau, que ce soit en Inde ou dans n'importe quelle autre industrie cinématographique, beaucoup de scripts sont basés sur des histoires déjà écrites par des auteurs littéraires. Mais que se passe-t-il quand ces histoires se transforment visuellement ? Comment l'adaptation se fait-elle ? Où les cinéastes ont-ils échoué ou, au contraire, réussi leur pari ?
Écrit par Anuja Chauhan (2008)
Zoya travaille pour une agence de publicité. Un jour, elle se retrouve à prendre le petit-déjeuner avec l’équipe indienne de cricket qui, après ça, gagne son premier match depuis des mois ! Depuis, les joueurs pensent que Zoya porte chance, ce qui ne plait pas à leur capitaine Nikhil Khoda...
Réalisé par Abhishek Sharma (2019)
Durant un petit-déjeuner avec l’équipe indienne de cricket, Zoya (Sonam Kapoor Ahuja) avoue qu’elle a toujours porté chance à son frère Zarovar (Sikander Kher) avant ses matchs de cricket. Le jour même, l’équipe gagne et souhaite sa présence à chacun des matchs suivants...
C’est le premier livre d’Anuja qui est adapté sur grand écran, alors que cela fait des années que les droits de son autre roman Battle for Bittora ont été acquis par Rhea Kapoor, la sœur de Sonam. Il parait que l’équipe a mis presque 4 ans à écrire le script, enchaînant différentes versions. J’ai lu le livre assez rapidement, emportée par l’écriture légère et sans tabou de l’auteure. Elle y raconte l’histoire un peu barge de Zoya, une jeune femme agent de publicité embarquée par la croyance excessive de joueurs de cricket. Si l’histoire ne cherche pas à faire dans l’originalité, elle a su reprendre parfaitement les codes de la comédie romantique telle qu’on la connaît. J’étais à fond, accrochée aux mots de Zoya, curieuse à propos de son travail et des proportions monstrueuses de sa chance.
Le pitch du film suit forcément celui du livre : une fille assez simple devient la mascotte de l’équipe de cricket pendant la coupe du monde de 2011. À travers son livre, Anuja explore la façon dont son pays s’accroche à certaines superstitions. Surtout en matière de cricket, sport dont la popularité n’est plus à prouver dans le sous continent. Zoya, qui représente la chance, est confrontée à la vision plus logique de Nikhil. Durant toute l’histoire, les deux visions s’affrontent sans qu’aucune des deux parties ne finisse par avoir raison. Oui, un joueur possède les capacités de gagner un match, il doit donc croire en lui-même pour y arriver. Mais il faut aussi accepter qu’il y ait une part d’imprévisible dans le jeu, qui peut absolument tout changer.
Ce conflit est quasi invisible dans le film. Malheureusement, la réalisation d’Abhishek Sharma prend une tournure assez différente sur plusieurs points. Dans le film, Zoya et Nikhil se mettent rapidement en couple et la question de la chance est vaguement présente sans jamais être approfondie. Certes, c’est la raison pour laquelle la relation entre les deux tourtereaux part en sucette. Mais c’est si léger que la dispute nous parait invraisemblable. Le métrage n’a pas de profondeur et ne cherche pas à en avoir. Ce qui est dommage, c’est que la Zoya du film se sait chanceuse et y croit fortement, alors que dans le livre, elle est dans le doute. La différence entre Zoya et Nikhil est donc d’autant plus forte à l’écran. Mais dès les premières minutes, on fait en sorte que Nikhil tombe sous le charme de la maladroite Zoya.
Je sais que le travail d'adaptation est complexe, car un livre permet de donner énormément d'informations là où un film se doit d'être plus concis. Mais là, en l’occurrence, je trouve qu’il manquait trop d’éléments. Beaucoup de choses ont été effacées au profit de scènes nouvelles. L’auteure a semble-t-il participé à l’écriture du scénario pour essayer de dénaturer le moins possible son oeuvre...
Le roman étant écrit à partir de la perspective de Zoya, je trouve cela assez juste que le film donne davantage d’espace à certains personnages, comme celui de Nikhil. Toutes les nouveautés ne sont pas à ignorer et permettent une meilleure compréhension de l’agenda de certains personnages. Pourtant, je n'avais pas l'impression d'être devant le livre que j'avais lu quelques semaines plus tôt. L'autre grosse différence avec l'oeuvre originale, ce sont les personnages...
Sur papier, Zoya est une force de la nature. Elle gère son travail et n’a pas peur de dire ce qu’elle pense ! En gros, c’est une femme indépendante mais qui n’a pas confiance en elle. Après tout, elle a quelques kilos en trop, des cheveux bouclés qui changent au gré des saisons, deux ex qui ont profité d’elle, une peau foncée qui la complexe, une petite taille... Une description qui ne ressemble pas vraiment à Sonam Kapoor, n'est-ce pas ?
Pourtant, je n’avais pas de mal à l’imaginer. Zoya n’est pas parfaite, elle peut même être agaçante, parfois. Sonam a pris 10 kilos pour le rôle afin d’avoir les bonnes joues du personnage. Et si physiquement, la transformation n'est impressionnante ou dérangeante, c'est son caractère qui m'a fait grincer des dents.
Zoya est naze. Ni plus ni moins. Elle n’est pas douée dans son job, elle ne se respecte pas, elle pleure pour rien et donne toujours l’impression d’avoir fait une bêtise... Bref, le genre de nanas qu’on aimerait secouer tant elle nous parait sotte. Ce qui lui arrive, elle l’a cherché. Là où tout arrive par hasard (voire par fatalité) dans le livre. Qu'elle soit amoureuse dès le début de Nikhil... Pourquoi pas. Mais sur la base de quoi ?
Uniquement parce qu’il est beau ? C’est tout ? Dans le livre, Zoya n’a aucune idée de ce à quoi le garçon ressemble, car même si sa famille est fanatique de cricket, elle s’en fiche ! Elle connait son nom et point. De même, elle ignore qu'elle porte chance. Quand elle était jeune, elle se souvient avoir été forcée à se rendre à des matchs de son frère durant lesquels elle s’endormait face à l’ennui ! Et après avoir été longtemps circonspecte face au fait qu'elle puisse potentiellement être un porte-bonheur, c'est lorsque son père lui rappelle qu'il a toujours cru en sa chance, qu'elle se met à envisager sérieusement cette possibilité.
J'aurais aimé voir ça à l'écran. Comment le regard de Zoya change sur elle-même au fur et à mesure. À la place, on a droit à 3 chansons d’amour, un nombre incalculable de têtes ayant l’air de dire « je suis désolée, j’ai rien fait » de la part de Sonam et une garde-robe de mannequin alors que Zoya est censée arborer un look assez basique. Alors, quand la Zoya de l'écran dit enfin quelque chose d'intélligent, c'est difficilement crédible.
Durant les promotions, l’équipe a annoncé avoir choisi Dulquer Salmaan car Nikhil vient du sud de l’Inde, tout comme l’acteur qui l’interprète. Physiquement, il est l’incarnation parfaitement du personnage. D’ailleurs, il est assez juste dans son rôle. J'ai apprécié le fait qu'on en sache un peu plus sur Nikhil et ses problèmes.
Capitaine depuis quelques temps, son équipe ne gagne pas et toute l’Inde le pointe du doigt. Il a une véritable pression sur les épaules. Dans le roman, on ne sait rien de lui. Il est même froid et distant avec Zoya, n’en a rien à faire de son travail et préfère que son équipe s’entraîne. Rien ne nous indique qu’il porte un intérêt quelconque à Zoya. Ce n’est que bien plus tard qu’on réalise qu’il l’observe avec attention depuis le début. Là encore, j’ai trouvé ça peu judicieux que le film montre son attachement pour l’héroïne dès le départ.
J'aimais le fait que ces deux-là ne s'entendaient pas du tout, se détestant même aux prémices de leur relation. C’est tellement plus logique. Parce que lorsqu’elle lui demande s’il est avec elle uniquement parce qu’elle porte chance, cette question a d’autant plus de poids qu’on ignore les réels sentiments du joueur. Et il faut un moment pour que Zoya comprenne ce qu’elle doit faire pour remettre les pendules à l’heure avec Nikhil, puis avec l’Inde. À l’écran, ce conflit est amené d’une toute autre manière. Un peu à l’ancienne, j’ai envie de dire.
Et puisqu'il y a un méchant dans le film, autant faire en sorte qu'il fasse tout pour séparer Nikhil et Zoya, n'est-ce pas ? Ce n'était vraiment pas nécessaire... Au final, Nikhil Khoda est dans un entre-deux étrange sur grand écran : on sait qu’il kiffe Zoya, mais ses réactions face à sa chance sont trop radicales. #Schizophéniebonjour.
Je dois avouer avoir été surprise par Zarovar, aussi bien dans le livre que dans le film. Le grand frère de Zoya est attachant, il embête sa sœur tout en étant présent quand elle en a besoin. Par contre, c’est le seul personnage de son entourage qui ait été respecté. À côté, Monita (interprétée ici par une Koel Purie en colère) est limitée à la boss pas contente. Dans le livre, c’est la meilleure amie de Zoya ! Une mère de famille qui réussit aussi bien dans son travail qu’à la maison, qui est canon et qui trouve toujours les mots justes.
J'avais adoré ce personnage dans le roman, trouvant sa présence très pertinente aux côtés de Zoya durant la coupe du monde - avec son fils, s'il vous plait ! Mais là, rien du tout. De plus, même si la tante de Zoya, Rinku, n’est pas une perte énorme à l’écran, c’est quand même dommage de l’avoir fait disparaître. Clairement, on sent que le film a été adapté par un homme, vu la manière dont les personnages féminins ont été traités ! Et c’est là que je me pose une vraie question : Anuja Chauhan a-t elle vraiment eu son mot à dire vis-à-vis du film ?
Mais pourquoi avoir donné autant de place à Robin Rawal ?! Je ne comprends pas ! Robin a littéralement deux scènes dans le livre. La première (que l’on retrouve dans le film) dans laquelle on le découvre comme emmerdeur de première, et la dernière où on nous révèle qu’il truquait des matchs quand il était capitaine et qu’il faisait tout pour faire virer Nikhil en jouant sur la chance de Zoya. Là, c’est clairement devenu une caricature sur pattes du mec méchant, ce qui n’apporte rien du tout à l’histoire.
Oui, il met des bâtons dans les roues à Nikhil et il veut aussi sa place, mais pourquoi le faire si superficiellement ? Quitte à lui donner autant de scènes, pourquoi ne pas en faire un connard profond plutôt qu'un ado puéril qui publie des vidéos pour briser des couples ?
De son côté, l’équipe est là dans sa totalité, notamment les jeunes Shivi et Harry qui sont drôles et assez similaires à leurs personnages dans le livre. De son côté, Zahid est comme Monita : complètement effacé de la narration. Il est le joueur de cricket plutôt beau gosse, qui est surtout le premier à croire en Zoya. Il est l’élément de jalousie de Nikhil, car Zahid a clairement un béguin pour Zoya (qui l’embrasse même avant un match pour clouer le bec à Nikhil). Là encore, je peux omprendre le besoin de supprimer certains éléments par peur d’en faire trop. Mais entre Robin et Zahid, mon choix est vite fait.
Au début de ma lecture, Zoya se retrouve à travailler avec Shahrukh Khan (et ses abdos). C’est lui qu’elle abandonne à la dernière minute pour ce foutu photoshoot avec l’équipe de cricket dont personne ne veut car ils sont nuls. J’espérais voir le King Khan le temps d’un cameo mais à la place, nous n’avons que sa voix en narration et Anil Kapoor qui débarque en pirate déjanté. Rien que pour ça, j’aurais dû me douter que le métrage ne serait pas à la hauteur du livre ! J'ai d'ailleurs peur que The Zoya Factor ne plaise pas du tout, même à ceux qui n'ont pas lu l'oeuvre originale.
Les films racontent une histoire, tout comme les livres. Cela n'a rien de nouveau, que ce soit en Inde ou dans n'importe quelle autre industrie cinématographique, beaucoup de scripts sont basés sur des histoires déjà écrites par des auteurs littéraires. Mais que se passe-t-il quand ces histoires se transforment visuellement ? Comment l'adaptation se fait-elle ? Où les cinéastes ont-ils échoué ou, au contraire, réussi leur pari ?
Bolly&Co a décidé de se pencher sur ces projets officiellement inspirés d'ouvrages...
L'histoire générale
The Zoya Factor
Écrit par Anuja Chauhan (2008)
Zoya travaille pour une agence de publicité. Un jour, elle se retrouve à prendre le petit-déjeuner avec l’équipe indienne de cricket qui, après ça, gagne son premier match depuis des mois ! Depuis, les joueurs pensent que Zoya porte chance, ce qui ne plait pas à leur capitaine Nikhil Khoda...
The Zoya Factor
Réalisé par Abhishek Sharma (2019)
Durant un petit-déjeuner avec l’équipe indienne de cricket, Zoya (Sonam Kapoor Ahuja) avoue qu’elle a toujours porté chance à son frère Zarovar (Sikander Kher) avant ses matchs de cricket. Le jour même, l’équipe gagne et souhaite sa présence à chacun des matchs suivants...
Attention ! Cet écrit contient des spoilers !
C’est le premier livre d’Anuja qui est adapté sur grand écran, alors que cela fait des années que les droits de son autre roman Battle for Bittora ont été acquis par Rhea Kapoor, la sœur de Sonam. Il parait que l’équipe a mis presque 4 ans à écrire le script, enchaînant différentes versions. J’ai lu le livre assez rapidement, emportée par l’écriture légère et sans tabou de l’auteure. Elle y raconte l’histoire un peu barge de Zoya, une jeune femme agent de publicité embarquée par la croyance excessive de joueurs de cricket. Si l’histoire ne cherche pas à faire dans l’originalité, elle a su reprendre parfaitement les codes de la comédie romantique telle qu’on la connaît. J’étais à fond, accrochée aux mots de Zoya, curieuse à propos de son travail et des proportions monstrueuses de sa chance.
Par conséquent, j'étais impatiente de voir le film même si, dès la bande-annonce, je savais qu'il manquerait certaines choses.
Le pitch du film suit forcément celui du livre : une fille assez simple devient la mascotte de l’équipe de cricket pendant la coupe du monde de 2011. À travers son livre, Anuja explore la façon dont son pays s’accroche à certaines superstitions. Surtout en matière de cricket, sport dont la popularité n’est plus à prouver dans le sous continent. Zoya, qui représente la chance, est confrontée à la vision plus logique de Nikhil. Durant toute l’histoire, les deux visions s’affrontent sans qu’aucune des deux parties ne finisse par avoir raison. Oui, un joueur possède les capacités de gagner un match, il doit donc croire en lui-même pour y arriver. Mais il faut aussi accepter qu’il y ait une part d’imprévisible dans le jeu, qui peut absolument tout changer.
Ce conflit est quasi invisible dans le film. Malheureusement, la réalisation d’Abhishek Sharma prend une tournure assez différente sur plusieurs points. Dans le film, Zoya et Nikhil se mettent rapidement en couple et la question de la chance est vaguement présente sans jamais être approfondie. Certes, c’est la raison pour laquelle la relation entre les deux tourtereaux part en sucette. Mais c’est si léger que la dispute nous parait invraisemblable. Le métrage n’a pas de profondeur et ne cherche pas à en avoir. Ce qui est dommage, c’est que la Zoya du film se sait chanceuse et y croit fortement, alors que dans le livre, elle est dans le doute. La différence entre Zoya et Nikhil est donc d’autant plus forte à l’écran. Mais dès les premières minutes, on fait en sorte que Nikhil tombe sous le charme de la maladroite Zoya.
Je sais que le travail d'adaptation est complexe, car un livre permet de donner énormément d'informations là où un film se doit d'être plus concis. Mais là, en l’occurrence, je trouve qu’il manquait trop d’éléments. Beaucoup de choses ont été effacées au profit de scènes nouvelles. L’auteure a semble-t-il participé à l’écriture du scénario pour essayer de dénaturer le moins possible son oeuvre...
Le roman étant écrit à partir de la perspective de Zoya, je trouve cela assez juste que le film donne davantage d’espace à certains personnages, comme celui de Nikhil. Toutes les nouveautés ne sont pas à ignorer et permettent une meilleure compréhension de l’agenda de certains personnages. Pourtant, je n'avais pas l'impression d'être devant le livre que j'avais lu quelques semaines plus tôt. L'autre grosse différence avec l'oeuvre originale, ce sont les personnages...
Les personnages
Zoya Solanki
Sur papier, Zoya est une force de la nature. Elle gère son travail et n’a pas peur de dire ce qu’elle pense ! En gros, c’est une femme indépendante mais qui n’a pas confiance en elle. Après tout, elle a quelques kilos en trop, des cheveux bouclés qui changent au gré des saisons, deux ex qui ont profité d’elle, une peau foncée qui la complexe, une petite taille... Une description qui ne ressemble pas vraiment à Sonam Kapoor, n'est-ce pas ?
Pourtant, je n’avais pas de mal à l’imaginer. Zoya n’est pas parfaite, elle peut même être agaçante, parfois. Sonam a pris 10 kilos pour le rôle afin d’avoir les bonnes joues du personnage. Et si physiquement, la transformation n'est impressionnante ou dérangeante, c'est son caractère qui m'a fait grincer des dents.
Zoya est naze. Ni plus ni moins. Elle n’est pas douée dans son job, elle ne se respecte pas, elle pleure pour rien et donne toujours l’impression d’avoir fait une bêtise... Bref, le genre de nanas qu’on aimerait secouer tant elle nous parait sotte. Ce qui lui arrive, elle l’a cherché. Là où tout arrive par hasard (voire par fatalité) dans le livre. Qu'elle soit amoureuse dès le début de Nikhil... Pourquoi pas. Mais sur la base de quoi ?
Uniquement parce qu’il est beau ? C’est tout ? Dans le livre, Zoya n’a aucune idée de ce à quoi le garçon ressemble, car même si sa famille est fanatique de cricket, elle s’en fiche ! Elle connait son nom et point. De même, elle ignore qu'elle porte chance. Quand elle était jeune, elle se souvient avoir été forcée à se rendre à des matchs de son frère durant lesquels elle s’endormait face à l’ennui ! Et après avoir été longtemps circonspecte face au fait qu'elle puisse potentiellement être un porte-bonheur, c'est lorsque son père lui rappelle qu'il a toujours cru en sa chance, qu'elle se met à envisager sérieusement cette possibilité.
J'aurais aimé voir ça à l'écran. Comment le regard de Zoya change sur elle-même au fur et à mesure. À la place, on a droit à 3 chansons d’amour, un nombre incalculable de têtes ayant l’air de dire « je suis désolée, j’ai rien fait » de la part de Sonam et une garde-robe de mannequin alors que Zoya est censée arborer un look assez basique. Alors, quand la Zoya de l'écran dit enfin quelque chose d'intélligent, c'est difficilement crédible.
Nikhil Khoda
Durant les promotions, l’équipe a annoncé avoir choisi Dulquer Salmaan car Nikhil vient du sud de l’Inde, tout comme l’acteur qui l’interprète. Physiquement, il est l’incarnation parfaitement du personnage. D’ailleurs, il est assez juste dans son rôle. J'ai apprécié le fait qu'on en sache un peu plus sur Nikhil et ses problèmes.
Capitaine depuis quelques temps, son équipe ne gagne pas et toute l’Inde le pointe du doigt. Il a une véritable pression sur les épaules. Dans le roman, on ne sait rien de lui. Il est même froid et distant avec Zoya, n’en a rien à faire de son travail et préfère que son équipe s’entraîne. Rien ne nous indique qu’il porte un intérêt quelconque à Zoya. Ce n’est que bien plus tard qu’on réalise qu’il l’observe avec attention depuis le début. Là encore, j’ai trouvé ça peu judicieux que le film montre son attachement pour l’héroïne dès le départ.
J'aimais le fait que ces deux-là ne s'entendaient pas du tout, se détestant même aux prémices de leur relation. C’est tellement plus logique. Parce que lorsqu’elle lui demande s’il est avec elle uniquement parce qu’elle porte chance, cette question a d’autant plus de poids qu’on ignore les réels sentiments du joueur. Et il faut un moment pour que Zoya comprenne ce qu’elle doit faire pour remettre les pendules à l’heure avec Nikhil, puis avec l’Inde. À l’écran, ce conflit est amené d’une toute autre manière. Un peu à l’ancienne, j’ai envie de dire.
Et puisqu'il y a un méchant dans le film, autant faire en sorte qu'il fasse tout pour séparer Nikhil et Zoya, n'est-ce pas ? Ce n'était vraiment pas nécessaire... Au final, Nikhil Khoda est dans un entre-deux étrange sur grand écran : on sait qu’il kiffe Zoya, mais ses réactions face à sa chance sont trop radicales. #Schizophéniebonjour.
L'entourage de Zoya : Zarovar, Monita, Rinku...
Je dois avouer avoir été surprise par Zarovar, aussi bien dans le livre que dans le film. Le grand frère de Zoya est attachant, il embête sa sœur tout en étant présent quand elle en a besoin. Par contre, c’est le seul personnage de son entourage qui ait été respecté. À côté, Monita (interprétée ici par une Koel Purie en colère) est limitée à la boss pas contente. Dans le livre, c’est la meilleure amie de Zoya ! Une mère de famille qui réussit aussi bien dans son travail qu’à la maison, qui est canon et qui trouve toujours les mots justes.
J'avais adoré ce personnage dans le roman, trouvant sa présence très pertinente aux côtés de Zoya durant la coupe du monde - avec son fils, s'il vous plait ! Mais là, rien du tout. De plus, même si la tante de Zoya, Rinku, n’est pas une perte énorme à l’écran, c’est quand même dommage de l’avoir fait disparaître. Clairement, on sent que le film a été adapté par un homme, vu la manière dont les personnages féminins ont été traités ! Et c’est là que je me pose une vraie question : Anuja Chauhan a-t elle vraiment eu son mot à dire vis-à-vis du film ?
L'entourage de Nikhil : Robin Rawal, Shivi, Harry, Zahid...
Mais pourquoi avoir donné autant de place à Robin Rawal ?! Je ne comprends pas ! Robin a littéralement deux scènes dans le livre. La première (que l’on retrouve dans le film) dans laquelle on le découvre comme emmerdeur de première, et la dernière où on nous révèle qu’il truquait des matchs quand il était capitaine et qu’il faisait tout pour faire virer Nikhil en jouant sur la chance de Zoya. Là, c’est clairement devenu une caricature sur pattes du mec méchant, ce qui n’apporte rien du tout à l’histoire.
Oui, il met des bâtons dans les roues à Nikhil et il veut aussi sa place, mais pourquoi le faire si superficiellement ? Quitte à lui donner autant de scènes, pourquoi ne pas en faire un connard profond plutôt qu'un ado puéril qui publie des vidéos pour briser des couples ?
De son côté, l’équipe est là dans sa totalité, notamment les jeunes Shivi et Harry qui sont drôles et assez similaires à leurs personnages dans le livre. De son côté, Zahid est comme Monita : complètement effacé de la narration. Il est le joueur de cricket plutôt beau gosse, qui est surtout le premier à croire en Zoya. Il est l’élément de jalousie de Nikhil, car Zahid a clairement un béguin pour Zoya (qui l’embrasse même avant un match pour clouer le bec à Nikhil). Là encore, je peux omprendre le besoin de supprimer certains éléments par peur d’en faire trop. Mais entre Robin et Zahid, mon choix est vite fait.
L'ambiance globale
Au début de ma lecture, Zoya se retrouve à travailler avec Shahrukh Khan (et ses abdos). C’est lui qu’elle abandonne à la dernière minute pour ce foutu photoshoot avec l’équipe de cricket dont personne ne veut car ils sont nuls. J’espérais voir le King Khan le temps d’un cameo mais à la place, nous n’avons que sa voix en narration et Anil Kapoor qui débarque en pirate déjanté. Rien que pour ça, j’aurais dû me douter que le métrage ne serait pas à la hauteur du livre ! J'ai d'ailleurs peur que The Zoya Factor ne plaise pas du tout, même à ceux qui n'ont pas lu l'oeuvre originale.