Critique : Shyam Singha Roy (★★★★★)

dimanche 29 mai 2022
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Lorsque le projet Shyam Singha Roy est annoncé, je suis à la fois enchantée par la présence à son casting de Sai Pallavi (que j’adore) et inquiétée par le fait que Nani en soit la vedette... Eh non, je n’ai rien de personnel contre ce pauvre garçon, qui ne m’a strictement rien fait ! En revanche, si j’analyse la filmographie du bonhomme, je me rends compte qu’il y figure beaucoup de métrages très dispensables, et qui suivent souvent un cahier des charges très cloisonné. En somme, il n'y réside aucune place pour l'inventivité et la surprise, un peu comme pour ses collègues du cinéma télougou Nithiin et Allu Arjun.

Et s'il avait su être convaincant avec l'étonnant Jersey (sorti en 2019 et dont je vous conseille le remake hindi avec Shahid Kapoor), j'avais des doutes sur la capacités de l'acteur à se renouveler. Oui, j'étais mauvaise langue ! Car dans tout cela, j’ai omis un détail important, qui m’a probablement induite en erreur dans mes présomptions : la mutation notable du cinéma télougou durant ces dernières années. De plus en plus axés sur des scénarios précis et une mise en scène appliquée, les métrages de Tollywood ont eu à cœur de redorer leur image pour nous offrir du spectacle, certes, mais sans pour autant insulter notre intelligence.

Sorti en Inde le 24 décembre 2021, Shyam Singha Roy est depuis disponible sur Netflix France. J’ai donc pu le visionner et tout ce que je peux vous dire, c’est que vous n’êtes pas prêts.

Le résumé : lorsque le jeune réalisateur Vasu sort son premier long-métrage, qui fait un carton, il est accusé de plagiat par une maison d’édition de Kolkata, qui affirme que le metteur en scène a copié dans son film les écrits de l’auteur Shyam Singha Roy…

Sans vraiment que l’on s’y attende, on se retrouve embarqué dans une énième histoire de réincarnation. Pourquoi énième ? Parce que le septième art indien raffole de cette thématique, dont il a usé et abusé tout au long de son histoire. Et personnellement, j’avais l’impression qu’il n’y avait plus rien de novateur à tirer d’un tel sujet tant il a été essoré. C'est pourquoi j'ai été obligée d'admettre qu’au sortir du visionnage de Shyam Singha Roy, j'avais commis une énorme erreur tant le film est un bonheur à tant de niveaux ! Qu’il s’agisse de la réalisation de Rahul Sankrityan, de l’histoire de Janga Satyadev ou de la musique de Mickey J. Meyer, tout fonctionne à la perfection dans cette œuvre en tous points envoûtante.

A la fois moderne dans sa narration et rétro dans ses multiples hommages au cinéma bengali de Satyajit Ray, Shyam Singha Roy a le souci du détail.

Et c’est dans les détails que réside la magie d’un film, selon moi. Ces petites choses qui n’ont pas forcément d’impact direct sur l’histoire que l’on nous raconte mais qui lui donnent du cachet et, plus que tout, de l’identité. Et c’est là la véritable réussite de Shyam Singha Roy. Contrairement à ce que j’escomptais, ce n’est pas un film paresseux ou vide de sens. D'ailleurs, l'œuvre de Rahul Sankrityan est aussi précise qu’elle n’est efficace. On se retrouve, sans le voir venir, emporté dans cette folle aventure avec un entrain que je n’ai pas ressenti depuis le diptyque Baahubali !

Nani est d’ailleurs particulièrement convaincant dans ce double rôle qui le met clairement au défi, loin de ses films de masse quelque peu abrutissants. Il prouve ici qu’il a un énorme potentiel dramatique qui n’a pas été suffisamment exploité à Tollywood, et on espère que ça changera ! Face à lui, la superbe Sai Pallavi ne déçoit pas et incarne avec justesse la touchante Rosie, épouse de Shyam Singha Roy qui doit surmonter ses propres épreuves. Enfin, la jeune Krithi Shetty est également impeccable en compagne et muse de Vasu.

En conclusion, Shyam Singha Roy est une excellente surprise, une expérience de cinéma à vivre dès que possible et une parfaite façon de vous intéresser au cinéma télougou d’aujourd’hui…
LA NOTE: 5/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?