Critique : 83' (★★★★★)

jeudi 13 octobre 2022
bollywood 83 film cricket
Quelqu'un a dit film de sport ? Une de mes grandes passions, alors que dans la vraie vie... Ce mot n'existe pas vraiment dans mon vocabulaire ! Mais soit, initiée au cricket depuis que Preity Zinta dirige les Kings XI Punjab (devenus par la suite les Punjab Kings), j'ai une adoration particulière pour les métrages s'attardant sur cette discipline.

Alors, quand '83 est annoncé, je dois avouer que j'étais prête comme jamais !



Si j'ai raté le film lors de sa sortie cinéma en France, Netflix le propose sous-titré en français. J'ai donc foncé ! Même ma mère, qui déteste le cricket, a adoré. Pourquoi ? Oui, c'est particulier de juger un film en fonction de la réaction de sa mère - mais je vous remets dans le contexte. C'est grâce à elle que j'ai passé mon enfance devant des films indiens, alors de temps en temps, on regarde ça ensemble ! Et quand je lui propose 83', elle lève les yeux au ciel ! "Oh non, un film sur le cricket, j'y connais rien moi !" Et si comme elle, c'est pas votre délire, voici pourquoi vous devriez tout de même tenter l'expérience :

Ça parle d'un événement majeur de l'histoire de l'Inde.

Oui, moment historique les amis : le 25 juin 1983, l'équipe indienne remporte la coupe du monde de cricket après avoir battu celle des Antilles, deux fois championne. C'est la toute première victoire de l'Inde, et c'est un soir que tout le pays se remémorera ad vitam aeternam ! Combien de personnages de cinéma y font référence ? Des centaines ! La prochaine fois, vous saurez pourquoi. Du coup, je sais ce que vous vous dites... C'est quoi le but de regarder un film dont on connait la fin ? Eh bien justement, c'est là, la force de 83 : nous plonger dans cette coupe du monde, découvrir ses joueurs devenus tous légendaires, comprendre les enjeux de cette compétition et savourer une partie de l'histoire comme si vous y étiez. Un moment magique, ponctué par des images d'archive subtilement glissées dans le récit pour vous montrer à quel point l'équipe du film a fait son taff avec respect et passion.

Cette victoire historique représente pour le peuple indien ce que notre coupe du monde de football en 1998 évoque pour nous, français. Histoire que vous saisissiez l'impact majeur de cet évènement...

Du cricket, oui. Mais surtout des moments forts.

Ici, le but n'est pas de faire un documentaire, et de vous rejouer les matchs dans leurs totalités. C'est plutôt de résumer ces moments forts qui ont amené jusqu'à cette fameuse finale. Surtout, de vous faire connaître les joueurs et leurs personnalités. Alors oui, peut-être bien que là, il y a un peu d'imagination en jeu afin de rendre chaque joueur intéressant et différent pour que le public puisse être attaché à au moins un membre de l'équipe. Mais ce qui est chouette, c'est que Ranveer Singh, qui interprète le capitaine Kapil Dev, n'est pas le héros du film. C'est l'équipe qui est la star du métrage. Et par conséquence, il ne prend jamais plus de place que ses partenaires à l'écran...

Quant au cricket, ce n'est pas un sport compliqué à comprendre. Même sans explication, vous finirez pas saisir les problématiques et les miracles dévoilés.

Le casting de ce film est parfaitement parfait !

L'une des premières promotions du film consistait à présenter ses héros : l'équipe indienne de cricket. Et rien de mieux qu'un léger comparatif entre les vrais joueurs et les interprètes, histoire de montrer le travail physique de la distribution. Plus tard (grâce à la bande-annonce et autres teasers), on met bien en exergue la manière dont chacun s'est réapproprié la gestuelle et technique du joueur qu'il campe, voire même son accent. Bref, rien n'a été laissé de côté. Des dents de Kapil Dev à la technique de batteur de Sunil Gavaskar, tout a été merveilleusement interprété par un ensemble formidable et parfois, légèrement sous-employé. C'est rare de voir un film avec autant d'acteurs exceptionnels. Jiiva, Tahir Raj Bhasin, Saqib Saleem, Ammy Virk et j’en passe... Tous sont justes et investis. Aussi, quelle merveilleuse idée de demander à Chirag Patil de jouer le rôle de son père, Sandeep Patil !

On peut rajouter à la liste Pankaj Tripathi et même l'apparition spéciale de Deepika Padukone en tant que femme de Kapil Dev. Des choix extrêmement judicieux, tant personne ne fait défaut à son personnage.

Une réalisation simple et décomplexée.

La recette est simple. Le sport est fédérateur. Il unit un pays, permet à certains de s'affirmer, répond aux maux de la société... Bref, c'est un peu la solution miracle à tout. Et c'est sur cette idée que 83 est ponctué de petits clins d'oeil et arcs narratifs qui ajoutent de la puissance à cette coupe du monde. Le film est pourtant d'une simplicité certaine et c'est pour cela qu'il est si efficace ! La nostalgie des années 1980, la fraternité au sein d'une équipe, les déboires amoureux de certains... Tant de petites choses qui ajoutent de l'intérêt et qui permettent au spectateur d'être encore plus impliqué dans son visionnage. L'objectif du réalisateur Kabir Khan était de retranscrire la passion de cette époque et c'est plutôt réussi ! Et si le film est peut-être un peu long (et possède parfois quelques répétitions), cela ne gâche en rien l'expérience. On pardonne très vite tant l'émotion est là. Grande et envahissante. Impossible de ne pas pleurer, rire ou applaudir !

Bref, je ne sais pas quoi vous dire de plus si ce n'est que ce film aurait mérité de cartonner davantage tant il est efficace et agréable.



Malheureusement, à force d'être repoussé, encore et encore (depuis 2019 et ensuite en raison du Covid), sa sortie en salles est quasiment passée inaperçue. Mais chez Bolly&Co, quand on voit un bon film, on n'hésite pas à le mettre en avant et si 83 est le film le plus nommé lors des Bolly&Co Awards 2022, ce n'est pas pour rien.
LA NOTE: 5/5
mots par
Elodie Hamidovic
« A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur. »
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