Regard sur Haseen Dillruba - Beauté envoûtante...
12 octobre 2022
Haseen Dillruba est l’une des plus belles surprises de l’année 2021. Voilà, c’est dit ! Maintenant qu’on a posé les bases, il faut bien que je vous explique en quoi ce thriller sensuel sorti sur Netflix l’an dernier est si spécial.
Rani (Taapsee Pannu), c’est d’abord une jeune mariée qui s’ennuie. On ne la sent pas passionnée par grand-chose, si ce n’est par son ex Neeraj, qui a préféré se barrer aux Etats-Unis sans elle. Lorsqu’elle épouse Rishu (Vikrant Massey) de manière arrangée, elle s’attend à la passion vibrante des romans qu’elle dévore. Hélas, la réalité est bien différente. Elle se retrouve face à un amoureux transi qui peine clairement à la séduire et à une belle-mère (merveilleuse Yamini Das) qui espérait accueillir une gouvernante ! Quelle n’a pas été sa surprise lorsque Rani lui annonce qu’elle ne sait pas faire à manger ! A travers Rani, le métrage vient questionner avec habileté la place de la femme dans son foyer, et la façon dont sa belle-famille l’investit. D’ailleurs, Rishu lui-même attend d’elle qu’elle rentre dans un certain cadre. Lorsqu’elle se met enfin à apprendre à cuisiner, il estime qu’elle “fait des efforts”...
D’abord naïf, même un peu niais sur les bords, Rishu nous est présenté comme un ingénieur timide et quelque peu dépassé par sa tempétueuse épouse. Surtout, on sent le rapport à l’amour de Rishu assez superficiel. C’est simple, il trouve une fille jolie, et ça lui suffit pour en tomber instantanément amoureux ! Sa relation avec son épouse est révélatrice de ses carences, mais aussi de son immaturité affective. Il ne comprend pas ce que Rani attend de lui ou de leur mariage et espère qu’elle se satisfera d’entrer dans le role de femme d’intérieur dans laquelle il l’imaginait. Il ne l’accepte alors pas pleinement telle qu’elle est et passe donc totalement à côté de ce qui peut bien la rendre malheureuse…
C’est alors que Neel (Harshvardhan Rane), le cousin de Rishu, vient leur rendre une petite visite. Neel, c’est l’archétype de l’homme sexy et charismatique, envoûtant et passionné… En somme, tout ce dont Rani rêvait ! Lorsqu’il la courtise allègrement, la jeune femme ne résiste pas, espérant sans doute avoir trouvé en lui ce qu’elle souhaitait. Pour Neel, elle apprend à cuisiner, entre sans même s’en rendre compte dans ce carcan d’épouse servile tant elle est charmée par cet homme qui correspond à tous ses fantasmes… Fervente végétarienne, elle accepte même de lui préparer des plats à base de viande ! Cette allégorie de la viande est d’ailleurs l’un des fils conducteurs de leur liaison ! Au même titre que le mouton que Rani prépare pour son amant, ce dernier n’est au final qu’un morceau de viande, sur lequel Rani déverse toute sa frustration sexuelle et son envie de passion. Pourtant, Neel n’est pas aussi lisse qu’il n’y paraît. D’homme idéal, il passe à élément perturbateur qui viendra régenter à tout jamais l’existence de Rani et Rishu…
Lorsqu’il apprend que sa femme lui a préféré son cousin, le fragile Rishu est d’abord bouleversé, puis enragé. Il n’a alors qu’une seule volonté : faire payer à sa femme son infidélité. Et pour ça, il se transforme en homme agressif dont la haine n’a plus de limite ! A travers Rishu, le film critique la notion de masculinité toxique selon laquelle un homme, un vrai, doit savoir satisfaire sa femme. C’est une remarque acerbe que lui fait d’ailleurs Neel, sous-entendant qu’il est lui-même responsable de l’infidélité de Rani. L’homme, le vrai, montre à sa femme qui est le patron par des actes de violence. Le changement de Rishu s’opère également par le travail visuel du cinéaste, plus particulièrement par la lumière, qui l’illustre souvent dans des tons rouges, surtout quand il tente de se venger.
Neel, Rani et Rishu vont chacun prendre la main. Chaque membre du trinôme se chasse, s’attire, se rejette pour mieux se reconquérir, à chaque fois avec plus de toxicité et de hargne. Puis Neel est rapidement évincé de cette danse torride pour que seuls Rani et Rishu ne se livrent à ce jeu du chat et de la souris. D’autant qu’au final, personne n’est vraiment ce qu’il prétend être…
Tout comme le couple oscille entre amour, désir et haine viscérale, le métrage varie les tons, entre comédie légère, drame romantique et sensuel, pour tendre vers le film d’enquête et le thriller psychologique. D’ailleurs, le réalisateur Vinil Mathew s’amuse des codes de ces différents genres pour illustrer les variations multiples de ses protagonistes.
Soyons clairs de suite. Le film met en scène sans détour une relation malsaine, et la manière dont elle mène à l’irréparable. Le métrage de Vinil Mathew ne cherche pas à glorifier cette histoire d’amour, mais ne la condamne pas non plus. Le ton du réalisateur vis à vis de ses personnages ne cherche jamais à être moralisateur. On observe, avec une passion sadique assez étonnante, la façon dont le lien entre Rani et Rishu va se construire pour mieux se disloquer. Haseen Dillruba est en quelque sorte l'illustration parfaite de l’amour obsessionnel.
Qu’Haseen Dillruba est une expérience de cinéma à vivre, principalement grâce à son casting de haut vol. Qu’il s’agisse de la formidable Taapsee Pannu, de l’impeccable Vikrant Massey ou de la révélation Harshvardhan Rane, tous donnent vie à ce triangle amoureux détonnant, servi par la réalisation certes inégale mais inspirée de Vinil Mathew. Et quand on sait que le cinéaste a précédemment réalisé la romcom Hasee Toh Phasee, on comprend son penchant pour les personnages singuliers, instables mais attachants.
Et comme c’est un film complexe, je vous partage mon regard, entre critique et analyse, sur cette pépite de Bollywood…
Rani, une femme qui se cherche.
Rani (Taapsee Pannu), c’est d’abord une jeune mariée qui s’ennuie. On ne la sent pas passionnée par grand-chose, si ce n’est par son ex Neeraj, qui a préféré se barrer aux Etats-Unis sans elle. Lorsqu’elle épouse Rishu (Vikrant Massey) de manière arrangée, elle s’attend à la passion vibrante des romans qu’elle dévore. Hélas, la réalité est bien différente. Elle se retrouve face à un amoureux transi qui peine clairement à la séduire et à une belle-mère (merveilleuse Yamini Das) qui espérait accueillir une gouvernante ! Quelle n’a pas été sa surprise lorsque Rani lui annonce qu’elle ne sait pas faire à manger ! A travers Rani, le métrage vient questionner avec habileté la place de la femme dans son foyer, et la façon dont sa belle-famille l’investit. D’ailleurs, Rishu lui-même attend d’elle qu’elle rentre dans un certain cadre. Lorsqu’elle se met enfin à apprendre à cuisiner, il estime qu’elle “fait des efforts”...
Rishu, le mec banal, en apparence…
D’abord naïf, même un peu niais sur les bords, Rishu nous est présenté comme un ingénieur timide et quelque peu dépassé par sa tempétueuse épouse. Surtout, on sent le rapport à l’amour de Rishu assez superficiel. C’est simple, il trouve une fille jolie, et ça lui suffit pour en tomber instantanément amoureux ! Sa relation avec son épouse est révélatrice de ses carences, mais aussi de son immaturité affective. Il ne comprend pas ce que Rani attend de lui ou de leur mariage et espère qu’elle se satisfera d’entrer dans le role de femme d’intérieur dans laquelle il l’imaginait. Il ne l’accepte alors pas pleinement telle qu’elle est et passe donc totalement à côté de ce qui peut bien la rendre malheureuse…
Neel, du fantasme à la réalité.
C’est alors que Neel (Harshvardhan Rane), le cousin de Rishu, vient leur rendre une petite visite. Neel, c’est l’archétype de l’homme sexy et charismatique, envoûtant et passionné… En somme, tout ce dont Rani rêvait ! Lorsqu’il la courtise allègrement, la jeune femme ne résiste pas, espérant sans doute avoir trouvé en lui ce qu’elle souhaitait. Pour Neel, elle apprend à cuisiner, entre sans même s’en rendre compte dans ce carcan d’épouse servile tant elle est charmée par cet homme qui correspond à tous ses fantasmes… Fervente végétarienne, elle accepte même de lui préparer des plats à base de viande ! Cette allégorie de la viande est d’ailleurs l’un des fils conducteurs de leur liaison ! Au même titre que le mouton que Rani prépare pour son amant, ce dernier n’est au final qu’un morceau de viande, sur lequel Rani déverse toute sa frustration sexuelle et son envie de passion. Pourtant, Neel n’est pas aussi lisse qu’il n’y paraît. D’homme idéal, il passe à élément perturbateur qui viendra régenter à tout jamais l’existence de Rani et Rishu…
Rishu, du simple au double…
Lorsqu’il apprend que sa femme lui a préféré son cousin, le fragile Rishu est d’abord bouleversé, puis enragé. Il n’a alors qu’une seule volonté : faire payer à sa femme son infidélité. Et pour ça, il se transforme en homme agressif dont la haine n’a plus de limite ! A travers Rishu, le film critique la notion de masculinité toxique selon laquelle un homme, un vrai, doit savoir satisfaire sa femme. C’est une remarque acerbe que lui fait d’ailleurs Neel, sous-entendant qu’il est lui-même responsable de l’infidélité de Rani. L’homme, le vrai, montre à sa femme qui est le patron par des actes de violence. Le changement de Rishu s’opère également par le travail visuel du cinéaste, plus particulièrement par la lumière, qui l’illustre souvent dans des tons rouges, surtout quand il tente de se venger.
Tango endiablé en trio.
Neel, Rani et Rishu vont chacun prendre la main. Chaque membre du trinôme se chasse, s’attire, se rejette pour mieux se reconquérir, à chaque fois avec plus de toxicité et de hargne. Puis Neel est rapidement évincé de cette danse torride pour que seuls Rani et Rishu ne se livrent à ce jeu du chat et de la souris. D’autant qu’au final, personne n’est vraiment ce qu’il prétend être…
Tout comme le couple oscille entre amour, désir et haine viscérale, le métrage varie les tons, entre comédie légère, drame romantique et sensuel, pour tendre vers le film d’enquête et le thriller psychologique. D’ailleurs, le réalisateur Vinil Mathew s’amuse des codes de ces différents genres pour illustrer les variations multiples de ses protagonistes.
Éloge de l’obsession.
Soyons clairs de suite. Le film met en scène sans détour une relation malsaine, et la manière dont elle mène à l’irréparable. Le métrage de Vinil Mathew ne cherche pas à glorifier cette histoire d’amour, mais ne la condamne pas non plus. Le ton du réalisateur vis à vis de ses personnages ne cherche jamais à être moralisateur. On observe, avec une passion sadique assez étonnante, la façon dont le lien entre Rani et Rishu va se construire pour mieux se disloquer. Haseen Dillruba est en quelque sorte l'illustration parfaite de l’amour obsessionnel.
Que dire d’autre, sans prendre le risque de vous spoiler la totalité de l'œuvre ?
Qu’Haseen Dillruba est une expérience de cinéma à vivre, principalement grâce à son casting de haut vol. Qu’il s’agisse de la formidable Taapsee Pannu, de l’impeccable Vikrant Massey ou de la révélation Harshvardhan Rane, tous donnent vie à ce triangle amoureux détonnant, servi par la réalisation certes inégale mais inspirée de Vinil Mathew. Et quand on sait que le cinéaste a précédemment réalisé la romcom Hasee Toh Phasee, on comprend son penchant pour les personnages singuliers, instables mais attachants.
LA NOTE: 5/5