Critique : Ammu (★★★★★)

mardi 1 novembre 2022
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Depuis le 19 octobre dernier, le film télougou Ammu est disponible sur Prime Video. Et si la plateforme a pour habitude de ne rendre ses œuvres indiennes accessibles qu’avec des sous-titres anglais, cette fois, c’est différent ! Car à peine quelques jours après sa sortie, on découvre avec stupeur que le métrage dispose d’un sous-titrage dans la langue de Molière !Nous n’avons donc plus la moindre excuse pour ne pas le découvrir…

D’autant qu’au casting, il y a la fabuleuse Aishwarya Lekshmi, que j’ai personnellement adorée dans des films malayalam comme Mayaanadhi et Varathan. Il s’agit également d'une production de Karthik Subbaraj, éminent réalisateur tamoul auquel on doit notamment les encensés Jigarthanda et Petta. Bref, que de bons points pour ce métrage qui nous encourage, Elodie et moi, à lui donner sa chance.

Mais d’abord, de quoi parle Ammu ? Et en quoi est-il intéressant ?



Commençons par le pitch… C’est l’histoire d’Ammu (Aishwarya Lekshmi), une jeune femme qui vient d’épouser Ravi (Naveen Chandra), un inspecteur de police. Si les premiers jours semblent merveilleux, Ammu va vite découvrir le véritable visage de son mari…

J’ai été scotchée par ce visionnage ! Voilà, ni plus ni moins. Car Ammu est d’une intelligence folle, aussi bien dans son écriture, dans sa direction d’acteur que dans sa réalisation. Dès les premières minutes de la pellicule, le cinéaste Charukesh Sekar martèle dans un récit fort son identité visuelle et titille notre sensibilité cinéphile avec des petits détails qui font toute la différence…

La majeure partie des scènes du film se déroulent dans l’obscurité, révélatrice du destin tourmenté de son héroïne.

L’obscurité sera d’ailleurs une récurrence de la part du metteur en scène à la fois dans son esthétique, dans son traitement de la lumière mais aussi dans ses répliques. La photographie d’Apoorva Shaligram et le montage de Radha Sridhar donnent du corps à l’histoire importante qu’ils défendent.

Ammu s’inscrit dans la même démarche que les films hindi Thappad et Darlings en s’appuyant sur la douloureuse question des violences conjugales. Mais il m’a également fait penser au formidable métrage malayalam The Great Indian Kitchen, notamment dans son traitement de la place de l’épouse au sein d’un foyer au fonctionnement patriarcal ancré.

Aishwarya Lekshmi livre une prestation impeccable en épouse victime qui reprend son destin en main.

Son regard fait beaucoup dans cette réussite, tant la comédienne arrive à transmettre une large palette d'émotions rien qu’à travers ses grands yeux noirs. Face à elle, Naveen Chandra incarne à la perfection Ravi, le mari violent et manipulateur d’Ammu. Enfin, Bobby Simha campe Prabhu, un prisonnier attachant qui donne un nouveau souffle à l’existence de l’héroïne.

Avec Ammu, le cinéma télougou continue son évolution notable depuis quelques années, avec des films plus réalistes et sociaux, mais aussi avec des fresques ambitieuses et soignées. Tollywood est donc clairement en train de s’imposer comme l’industrie de référence du pays, Ammu étant l’une des multiples illustrations de ce virage. Et franchement, quel plaisir !

En conclusion, Ammu est un film important de par le sujet tristement nécessaire qu’il défend, et pour l’instant le plus juste que j’ai vu en Inde concernant les violences faites aux femmes.



Alors, pour son courage et sa justesse, je ne peux que vous encourager à le découvrir…
LA NOTE: 5/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?