Bolly&co Magazine

Critique : Blurr. (★★☆☆☆)

13 décembre 2022
bollywood critique cinema blurr
En principe, lorsque l’actrice Taapsee Pannu est annoncée à l’affiche d’un projet, j’ai toutes les raisons de me montrer enthousiaste ! D’autant qu’il s’agit du premier film produit par la star, alors forcément, j’y crois à fond ! Pour autant, lorsque j’apprends que Blurr est le remake officiel du film espagnol Les Yeux de Julia, je m’interroge.

Car Taapsee a beau être une formidable actrice de cinéma de genre, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle commence à s’inscrire dans un gimmick, presque à s’enfermer dans un registre dont elle sait qu’il lui réussit.

Effectivement, pourquoi a-t-elle fait ce choix de prendre part à ce nouveau remake d’un film espagnol, quand elle s’y est déjà essayée deux fois par le passé - en 2019 dans le réussi Badla et il y a quelques mois dans le décevant Dobaaraa ?

Surtout, cette nouvelle me met dans une position délicate dans la mesure où je n’ai jamais vu Les Yeux de Julia. Et voilà le problème quand on découvre un remake sans avoir vu l'œuvre d’origine…. Comment évaluer ce qui a été adapté ? Comment apprécier ce qui est nouveau ? Impossible pour moi. Je vais donc devoir donner mon avis sur Blurr en tant qu'œuvre filmique, et non en tant que remake. C’est regrettable, mais c’est peut-être l’occasion pour vous de faire une découverte intéressante, que vous ayez vu Les Yeux de Julia ou non.

En tout cas, voici mon humble regard sur Blurr, disponible depuis le 9 décembre sur la plateforme ZEE5…



La mise en scène d’Ajay Bahl instaure une ambiance sombre, tout comme le mixage et le montage. Pour autant, Blurr reste très superficiel dans l’histoire qu’il nous raconte. Si l’esthétique est incontestablement convaincante, elle ne suffit pas. L’écriture est hélas trop faible, sans aucun répit pour son héroïne mais aussi sans la moindre fluidité. Les évènements s'enchaînent sans transition, et donc sans lien solide les uns entre les autres. Ce qui est très problématique pour un thriller psychologique sur fond d’enquête…

Mais le problème de ces défauts réside surtout dans le fait qu’en tant que spectateur, il est très difficile de s’investir émotionnellement avec Gayatri, le personnage que campe Taapsee.

Ajay Bahl se centre tellement sur son intrigue qu’il en oublie de s’attacher aux dommages qu’elle cause sur son héroïne. Comment survivre à de tels traumatismes ? Comment faire son deuil et tourner la page ? Comment réagir face à un potentiel psychopathe ? Gayatri est acculée de toutes parts, mais on ne sait jamais vraiment ce qu’elle ressent, ni à quel point ce qu’elle vit est douloureux pour elle. Même les relations entre les différents protagonistes sont à peine esquissées, qu’il s’agisse du mariage entre Gayatri et Neel ou du lien entre la première et sa sœur Gautami.

Dans sa seconde partie, le film s’effrite et perd même de vue son propos initial, si bien qu’au final, on est indifférent face aux révélations assez brouillonnes qui nous sont faites. Ce n'est pas clair, il y a des trous dans le gruyère de la taille de l’Arkansas, mais on s’en fiche. Sûrement parce que dès le départ, on n’est jamais complètement impliqués dans ce qu’on cherche à nous narrer. Le casting est bon dans son ensemble, qu’il s’agisse de Taapsee Pannu, de Gulshan Devaiah ou de la révélation Abhilash Thapliyal. Mais tous souffrent de l’écriture au mieux fainéante, au pire inexistante de leurs personnages.

En conclusion, Blurr est une grosse déception tant de la part de Taapsee, habituée à nous étonner, que dans son registre.



Car si le cinéma de genre indien a connu une belle remontée en qualité ces dernières années (avec des films comme Game Over, Tumbbad ou plus récemment Kantara), Blurr semble surfer sur ce phénomène sans vraiment chercher à y insuffler quelque chose d’inédit ou de personnel. ‌
LA NOTE: 2/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?