#24 - Les actrices au service de leur cinéma, Shahrukh Khan casse la baraque, Ranbir Kapoor nous casse les c…

lundi 30 janvier 2023
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Namaskar, Vanakkam, Namaskaram, Sat Sri Akal, Nomoshkar, Namaste le cinéma !

Asmae Benmansour-Ammour : Nous sommes le lundi 30 janvier 2023, et voici les actualités du grand et du petit écran indien, décryptées en exclusivité par Bolly&Co…

Elodie Hamidovic : Coucou Asmae ! Ça va ?

Asmae Benmansour-Ammour : Salut Elodie ! Écoute, ça va très bien ! Je me suis remise d’aplomb pour enregistrer avec toi ce nouvel épisode de notre podcast ! Et comment te dire que j’ai hâte qu’on entre dans le vif du sujet !

Elodie Hamidovic : Moi aussi ! Du coup, je te laisse la parole… Que veux-tu partager avec nos auditeurs avec tant d’enthousiasme ?

Asmae Benmansour-Ammour : Alors, tu connais mon affection pour le site Film Companion, spécialiste du cinéma indien, n’est-ce pas ? Eh bien, il y a quelques jours, j’y ai lu un article sur ces actrices qui dominent actuellement le cinéma tamoul.

Elodie Hamidovic : Les nouvelles reines du box-office ?

Asmae Benmansour-Ammour : En effet ! En tout début d’année 2023, 4 films importants étaient à l’affiche au Tamil Nadu : Connect, Rangi, Driver Jamuna et Sembi. Leur point commun ? Ils sont tous menés par une vedette féminine. Eh oui, point de héros mâle testostéroné à l’horizon, mais de vrais portraits de femmes, incarnés avec vivacité par 4 actrices formidables : Nayanthara, Trisha, Aishwarya Rajesh et Kovai Sarala. La question que se pose l’article est donc la suivante : qu’est-ce que ça signifie pour le cinéma tamoul ?

Eh bien tout simplement que lorsqu’un film porté par une femme fonctionne au box-office, il révèle un marché pour ce type de métrages. Ce qui explique que quand un film au genre relativement inédit fait soudain un carton, pleins de métrages qui lui ressemblent verront le jour dans les deux ans qui suivront. Et le film ‘woman centric’ a eu son âge d’or au tout début des années 2010, avec celle qui portait à bouts de bras le genre au sein du Bollywood de l’époque : Madame Vidya Balan.

Elodie Hamidovic : Je pensais justement à elle, qui a lancé la tendance avec Ishqiya en 2010, et qui a explosé l’année suivante avec The Dirty Picture. Ensuite, il y a eu l’excellent Kahaani, qui deviendra le premier ‘superhit’ de l’histoire du cinéma hindi pour un métrage porté par une femme.

Asmae Benmansour-Ammour : On a eu par la suite plein de réalisateurs qui ont tenté de surfer sur la tendance en initiant des œuvres qui étaient, en principe, dans la même veine. Mais qui ont plutôt contribué à tuer le phénomène dans l'œuf à cause de leurs propositions faiblardes… Et même Vidya Balan, queen du genre, semble se perdre puisque ces récents films n’étaient vraiment pas tops…

Elodie Hamidovic : Il y a aussi le cas de Kangana Ranaut, un peu chelou, qui a d’abord joué dans des films très chouettes comme Queen ou la franchise Tanu Weds Manu. Puis qui a vrillé vers les films de propagande en tournant dans des horreurs comme Manikarnika ou encore Thalaivii.

Asmae Benmansour-Ammour : Thalaivii n’est pas un massacre complet même si c’est pas franchement glorieux…. Mais Manikarnika, quelle honte !

Elodie Hamidovic : Depuis, Taapsee Pannu est devenue le nouveau visage de ce registre, avec une appétence pour le cinéma de genre accrue. Mais elle est si active qu’on a parfois cette impression de disque rayé…

Asmae Benmansour-Ammour : Ou alors, elle souffre d’amnésie antérograde et ça explique tout ! Elle oublie qu’elle a déjà signé un remake de film espagnol 6 mois plus tôt et nous ressert donc la même soupe à chaque fois.

Elodie Hamidovic : Et malheureusement, elle est froide. C’est dommage parce que pour le coup, Taapsee est une comédienne formidable, et certaines de ses œuvres sont absolument géniales. Mais là, on sent qu’elle s'essouffle et on n’a qu’un conseil à lui donner : meuf, prends des vacances !

Asmae Benmansour-Ammour : Aujourd’hui, t’as toujours 5 ou 6 films par an qui s’inscrivent dans cette démarche et dans le lot, il y en a 2 ou 3 maximum qui sont vraiment sympas. En 2022 par exemple, on avait les excellents Looop Lapeta et Gangubai Kathiawadi, mais aussi Maja Ma et Babli Bouncer qui étaient plutôt cool.

Elodie Hamidovic : Toutefois, sur les 4 films cités, un seul est sorti au cinéma. Les autres ont atterri tout droit sur des plateformes. Et franchement, c’est ridicule comparé à tous les films bourrins portés par des acteurs masculins… Pourquoi un film avec l’incontournable Madhuri Dixit ne sort pas au cinéma, alors que toutes les bouses de Tiger Shroff ont droit à leur diffusion en salles ?

Asmae Benmansour-Ammour : Alors que clairement, on s’en passerait !

Elodie Hamidovic : Viola Davis disait un truc très intéressant à ce propos lors du Roundtable du magazine Hollywood Reporter. Elle expliquait qu’en tant que femme, qui plus est afro-américaine, les producteurs et distributeurs se posaient toujours la question de la valeur commerciale de ses films.

Ainsi, elle soulevait le fait qu’ils questionnaient sa capacité à toucher une audience autre que la communauté noire ou féminine… Les hommes blancs, par exemple, allaient-ils se déplacer pour voir son film, aussi brillant soit-il ?

Asmae Benmansour-Ammour : Et c’est un questionnement qu’on peut clairement transposer ici. Le public masculin se projette-t-il dans ces films ‘women centric’ ? Est-ce que le marketing autour de ces films ne les exclut pas d’avance ?

C’est pourtant pas une question qu’on se pose quand Shahrukh Khan ou Vijay sortent un film d’action. On ne se dit pas que le public féminin ne viendra pas. On n’y pense même pas, à vrai dire ! La popularité de l’acteur est suffisante pour rassembler tous les publics. Alors pourquoi ce n’est pas aussi évident quand la star d’un film est une femme ?

Elodie Hamidovic : C’est un vaste sujet qui mériterait un article investigation assez conséquent, mais je parie que le patriarcat y est pour quelque chose…

Asmae Benmansour-Ammour : Merci pour cette perche subtilement tendue, Elodie ! Tu veux me rajouter du taff, ou quoi ?

Elodie Hamidovic : Bien sûr !

Asmae Benmansour-Ammour : Si c’est comme ça, je fais aucune transition et je te laisse nous parler tout de suite des sorties de la semaine !

Elodie Hamidovic : A tes ordres ! Depuis le 25 janvier, après plus de 4 ans d’absence, il est de retour… Le roi Shahrukh Khan est effectivement à l’affiche de Pathaan, véritable raz-de-marée au box-office indien puisqu'en seulement 3 jours d’exploitation, le métrage est largement rentré dans ses frais malgré un budget colossal !

Asmae Benmansour-Ammour : Amen !

Elodie Hamidovic : Et même en France, où il est distribué par Desi Entertainment Paris, les séances affichent régulièrement complet. Alors on n’a qu’une seule consigne à vous donner : réservez votre place.

Asmae Benmansour-Ammour : D’ailleurs, vous pouvez lire notre critique du film sur notre site !

Elodie Hamidovic : En ce qui concerne la SVOD, retrouvez JanBaaz sur ZEE5 sous-titré en anglais et An Action Hero sur Netflix avec des sous-titres français.

Asmae Benmansour-Ammour : Pour avoir vu ce dernier, je ne peux que vous le recommander ! Ça fait un bien fou de retrouver Ayushmann Khurrana dans un film digne de ce nom !

Elodie Hamidovic : Et quel moyen idéal d’introduire Tu Jhoothi Main Makkaar, prochain métrage de ton cher et tendre Ranbir Kapoor, Asmae ?

Asmae Benmansour-Ammour : Arrête, je vais vomir !

En début de semaine a été dévoilée la bande-annonce de cette comédie romantique, avec Ranbir et Shraddha Kapoor. Et tu sais combien j’aime Shraddha, n’est-ce pas ?

Asmae Benmansour-Ammour : Oui ! Et au fond, je l’aime plutôt bien aussi… Mais c’est vrai que c’est ta chouchoute de très longue date !

Elodie Hamidovic : Et pour le coup, j’aime beaucoup Ranbir Kapoor aussi, et ce contrairement à toi. Comme pour Shraddha, je suis sa carrière avec attention depuis ses débuts, et je suis la première à le défendre face à ses détracteurs.

Asmae Benmansour-Ammour : Tu dois être contente, alors ? C’est la première fois qu’ils jouent ensemble… Le rêve, non ?

Elodie Hamidovic : Sur le papier, ça aurait dû me réjouir ! D’autant que même physiquement, je trouve que ça match vraiment bien entre eux… Bref, il y a là le potentiel de faire quelque chose de très bien avec un tel duo… Sauf que le réalisateur du projet qui les réunit, c’est Luv Ranjan.

Asmae Benmansour-Ammour : Oh non… Il a encore frappé !

Elodie Hamidovic : Tu l’as dit ! Le metteur en scène des deux Pyaar Ka Punchnama n’annonce rien de bon. Parce qu’il n’a jamais brillé par son amour pour les personnages féminins, qu’il présente tout bonnement comme des salopes manipulatrices !

Asmae Benmansour-Ammour : Ah oui, tu mâches pas tes mots, dis donc !

Elodie Hamidovic : Je sais, mais c’est la stricte vérité ! Dans sa tête et par extension dans son cinéma, les femmes sont mauvaises, vénales et malhonnêtes. Et les hommes, si faibles, tombent dans leurs filets… Du coup, quand ils ont recours à des discours ou des méthodes douteuses contre elles, c’est uniquement pour se défendre, tu comprends ! On descend tout chez la femme et on glorifie tout chez l’homme, même quand c’est objectivement condamnable.

Asmae Benmansour-Ammour : Après, pour avoir vu la bande-annonce, est-ce qu’on a assez d’éléments pour déterminer si le propos de Tu Jhoothi Main Makaar sera oui ou non misogyne ?

Elodie Hamidovic : Honnêtement pas. C’est juste 3 minutes, c’est donc trop peu... Mais pour l’instant, c’est pas criant. Pour autant, on nous présente assez clairement la trame du film. Un couple démarre une relation sur la base des mensonges du garçon. La fille joue le jeu, ils se mettent ensemble et apparemment, ne se supportent plus très longtemps. Pour autant, vu qu’on a manifestement affaire à des mythomanes chroniques, aucun n’a les couilles de rompre !

Asmae Benmansour-Ammour : Le film consisterait donc en un jeu de dupes entre deux personnes qui… ne s’aiment pas ?

Elodie Hamidovic : Alors, toujours d’après la bande-annonce, le personnage de Ranbir serait amoureux, mais pas celui de Shraddha…

Asmae Benmansour-Ammour : Ce qui peut de nouveau nous faire craindre le pire concernant l’écriture de ce personnage féminin… Luv Ranjan pourrait donc bien récidiver ?

Elodie Hamidovic : C’est possible… Cela dit, je suis contente de voir Shraddha se lâcher comme ça ! Il était temps qu’elle brise son image de ‘bubbly girl’ assez lisse pour jouer un personnage plus rugueux sur le plan moral. Mais franchement, elle aurait pas pu trouver mieux que ce film pour le faire ?

Asmae Benmansour-Ammour : Aussi, vu leur statut dans l'industrie, on aurait pu s’attendre à des propositions plus exigeantes de leur part, surtout venant de Ranbir !

Elodie Hamidovic : Justement, je vais m’occuper de son cas ! Parce que même si je l’adore et que je suis clairement seule au monde, on dirait qu’il cherche ici à imiter Kartik Aaryan.

Asmae Benmansour-Ammour : Et c’est clairement pas un modèle à suivre…

Elodie Hamidovic : Ranbir Kapoor expliquait dans une interview qu’il s’agirait de la dernière comédie romantique de sa carrière, au prétexte qu’il est désormais “trop vieux” pour ça…

Asmae Benmansour-Ammour : Mais oui, on en avait parlé avec Julie et Mélanie, nos copines du podcast ‘Bollywood versus’ lorsqu’elles nous ont invitées sur leur épisode consacré à Brahmastra ! Ranbir a pris tellement cher, miskine !

Elodie Hamidovic : De ouf ! Mais en vrai, ce qu’il dit est ridicule ! Parce qu’à son âge, il peut encore faire des films romantiques. C’est pas le genre, le problème, mais les personnages qu’il interprète. En l’occurrence, cet archétype de séducteur de 28 piges phobique de l’engagement, qu’on a déjà trop vu dans la filmographie de Saif Ali Khan…

Asmae Benmansour-Ammour : Grave ! Alors petit message au Bollywood grand public : apprenez à écrire des romances matures, avec des personnages complexes qui aiment à plus de 40 ans ! Si des films modestes comme The Lunchbox et Once Again ont pu le faire avec brio, pourquoi pas vous ?



Elodie Hamidovic : Et c’est tout pour aujourd’hui, merci de nous avoir écouté.

Asmae Benmansour-Ammour : C’est sur la mélodie de “Chedkhaniyan” du film Shehzada que l’on se quitte. L’occasion pour moi de vous rappeler que cet énième remake d’un film télougou dispensable sortira en Inde le 10 février prochain. Dans le clip du morceau, l’épuisant Kartik Aaryan semble se prendre pour Hrithik Roshan alors qu’il donne plutôt l’impression d’avoir besoin de consulter une psychomotricienne de toute urgence ! Mic drop !

Elodie Hamidovic : Cette fin, elle est magique…



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Elodie Hamidovic : Nous serons ravies de vous lire ! On se retrouve lundi prochain avec plus d’infos, bonne semaine à tous !

Asmae Benmansour-Ammour : Et surtout n’oubliez pas : Namaste, le cinéma !

Crédits :



Hosts : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Texte : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Retranscription : Asmae Benmansour-Ammour
Design : Elodie Hamidovic
Montage et mixage son : Elodie Hamidovic