20 superbes portraits de femmes au cinéma indien...

mercredi 8 mars 2023
cinéma indien femmes portrait
Aujourd'hui, c'est la journée de la femme ! Et à ce titre, nous allons vous proposer un florilège (bien sûr non exhaustif) des plus beaux rôles féminins au cinéma indien.

Voici donc 20 portraits de femmes mémorables issus de vos films favoris du sous-continent…



Mumtaz Ali Ansari Sawant dans Chandni Bar

Incarnée par Tabu
Sorti en 2002 en langue hindi

Tabu est l'une des actrices les plus engagées du cinéma indien. En 2002, elle est dirigée par Madhur Bhandarkar pour le métrage Chandni Bar. Dans ce film, on découvre le parcours de Mumtaz, une jeune musulmane forcée de fuir son village natal pour échapper aux émeutes. Arrivée à Mumbaï et confrontée à la misère, elle finit par être employée en tant que danseuse de bar. Elle y fait des rencontres parmi ses collègues et épouse un gangster qui lui permet d'être à l'abri du besoin. Surtout, on voit la jeune fille innocente devenir une véritable mère courage.

L'interprétation de Tabu est bouleversante. Elle n'a nul besoin de hurler ou de verser des torrents de larmes pour exprimer des émotions sincères. Son regard nuancé et pourtant si fort traduit tout. Chandni Bar se démarque en offrant un regard réel mais aussi optimiste sur la femme qu'est devenue Mumtaz. Certes, c'est une danseuse de bar, mais elle n'en reste pas moins humaine. Vive et combative, elle se bat afin d'offrir à ses enfants un avenir meilleur.




Rani Mehra dans Queen

Incarnée par Kangana Ranaut
Sorti en 2014 en langue hindi

Queen fait partie de ces films à avoir redéfini les rôles féminins au cinéma hindi. En 2014, Kangana Ranaut a ébloui l'audience grâce à sa prestation sans faille dans cette tragi-comédie pétillante et bouleversante. Rani doit épouser Vijay et est toute excitée à cette perspective. Pourtant, le jeune homme décide d'annuler leurs épousailles à quelques jours de l’événement, laissant Rani complètement dévastée. Pour autant, elle décide tout de même de partir en lune de miel à Paris... seule !

La jeune femme entreprend ce séjour comme un voyage initiatique, une façon pour elle de s'éloigner de son quotidien de fille punjabi modeste, mais aussi du rôle auquel elle s'était préparée : celui de brave petite épouse. A travers son périple, elle s'émancipe et devient une femme forte, indépendante et positive. Ses rencontres, ses nouvelles amitiés vont la redéfinir et surtout lui permettre de comprendre ce qu'elle désire vraiment. Queen est une vraie comédie, qui nous fait rire tout en nous émouvant. Kangana Ranaut n'aura jamais été aussi lumineuse, elle qui nous a habitués à des prestations profondes dans des films noirs. Elle irradie dans ce qui reste sa meilleure prestation à ce jour.




Nirupama Rajeev dans How Old Are You

Incarnée par Manju Warrier
Sorti en 2014 en langue malayalam

Manju Warrier est l'une des grandes figures du cinéma malayalam. Avec How Old Are You, elle signe son grand retour à Mollywood après 14 ans d'absence. La sortie du film et son divorce médiatisé avec l'acteur Dileep ont grandement contribué à faire la promotion de cette œuvre très attendue. Pourtant, How Old Are You se suffit à lui-même. Il traite avec intelligence et sensibilité de la place de la femme mariée dans la société indienne, réduite à son rattachement à l'époux. Nirupama est mariée. Pourtant, elle travaille en tant qu'agent administratif. Son indépendance financière et professionnelle a une telle importance qu'elle a refusé de partir vivre en Irlande avec son mari puisqu'elle n'y trouve pas d'emploi. Si elle s'accomplit sur le plan professionnel, elle s'enferme de plus en plus dans son rôle de mère au foyer et ne trouve aucune source d'épanouissement à ce niveau. Ses retrouvailles avec une ancienne camarade de classe lui rappellent quelles étaient ses ambitions, ses rêves et surtout ses compétences...

Avec ce film, on s'attarde sur la place de la femme mariée en tant qu'entité indépendante, et pas uniquement en tant qu'épouse. Nirupama a besoin de se recentrer sur ce qui la passionne, sur ses envies et ses aspirations pour être heureuse, au-delà de son rôle d'épouse et de mère. Pourtant, sa famille comme la société lui renvoient qu'à son âge (36 ans), il est bon de sacrifier son propre bien-être pour servir les siens. Avec How Old Are You, Manju Warrier démontre avec brio que le sacrifice est devenu le monopole de la femme. En prêtant ses traits à Nirupama, elle démontre qu'une femme se suffit à elle-même et n'a nullement besoin d'être avec un homme pour s'accomplir pleinement, mettant un joli pied de nez à ceux qui s'étaient questionnés sur sa séparation d'avec la star Dileep. Comme Nirupama, Manju n'a besoin de personne pour exister, et le prouve avec ce film magnifique.




Geet Dhillon dans Jab We Met

Incarnée par Kareena Kapoor
Sorti en 2007 en langue hindi

Jab We Met va bien au-delà de la simple comédie romantique. Il donne à voir deux êtres opposés qui, au contact l'un de l'autre, vont évoluer et panser leurs blessures respectives. Geet Dhillon est une adorable emmerdeuse. Un rien la fait sourire et chaque petite chose est source d'allégresse pour elle. Elle tombe sur le taciturne et dépressif Aditya, et lui propose (ou plutôt lui impose) de l'accompagner jusque chez elle après qu'elle ait manqué son train. Geet croit en l'amour sincère, entier et passionné. Elle n'hésite pas à fuir de chez elle pour rejoindre Anshuman, un homme dont elle s'est entichée et dont elle est persuadée qu'il l'aime aussi. Tout est démesuré chez Geet. Mais surtout, tout est sincérité. Lorsque Anshuman l'éconduit, elle a le sentiment que c'est sa vie entière qui perd de son sens. Que toutes les croyances sur lesquelles elle s'est construite, que l'essence de sa personnalité l'a menée à être malheureuse.

Jab We Met donne à voir le périple de deux êtres qui apprennent de la vie, de sa beauté et de sa dureté l'un avec l'autre. Il donne à voir une Geet en pleine mutation, qui mûrit et a peur de croire de nouveau en l'amour. C'est surtout le regard qu'Aditya pose sur elle, la tendresse et l'amour avec lesquelles il va tenter de la rendre de nouveau heureuse qui donnent à Jab We Met sa dimension absolument magique.




Vibhavari Sahay dans Laaga Chunari Mein Daag

Incarnée par Rani Mukerji
Sorti en 2007 en langue hindi

Laaga Chunari Mein Daag est un film à la fois beau et troublant, à la fois onirique et violent. Il parle de rêves inaccessibles, d'espoirs déçus, de détermination mais surtout de dignité. Vibhavari est l'aînée d'une famille pauvre de Bénarès. Pour aider sa famille, elle embarque pour Mumbaï en espérant y trouver du travail malgré le fait qu’elle n’ait aucun diplôme. Elle se confronte à la dure réalité de la grande ville et doit se prostituer pour subvenir aux besoins de ses proches.

Laaga Chunari Mein Daag fait découvrir le quotidien de ces indiennes escort avec beaucoup de sensibilité et d'humanité. Malgré sa profession subie, Vibha est toujours digne dans chacun de ses gestes, chacun de ses mots. Rani Mukerji est poignante dans ce rôle de femme à la fois forte et vulnérable, rongée par la honte mais aussi fière de pouvoir aider les siens. On sent l'amour qu'elle porte à sa jeune sœur, pour laquelle elle se bat. Le film prouve qu'on n'est pas définies par le métier que l'on exerce, que pour Vibha, la prostitution n'est pas une fin mais un moyen de faire le bien.




Sweety dans Inji Iduppazhagi

Incarnée par Anushka Shetty
Sorti en 2015 en langue tamoule

Inji Iduppazhagi, c'est une comédie romantique tamoule rafraîchissante. Mais c'est surtout l'occasion de découvrir une héroïne aussi belle qu'attachante : Sweety. Sweety est une jeune femme de 27 ans qui peine à trouver chaussure à son pied. Elle est romantique, intelligente et ravissante. C'est surtout une femme épanouie qui assume ses rondeurs, malgré les remarques acerbes de sa mère. Lorsqu'elle rencontre Abhi, elle en tombe immédiatement amoureuse, mais elle pense que pour lui plaire, il lui faudra perdre du poids...

Inji Iduppazhagi est une ode aux femmes qui s'assument. Anushka Shetty a pris du poids pour le rôle et nous donne surtout l'occasion de découvrir un jeu plus sensible qu'à l'accoutumée, elle qui est davantage habituée aux rôles féminins forts. Au-delà de sa connotation romantique, ce film dénonce les diktats de la minceur de plus en plus vantés en Inde. Les femmes pensent que leur silhouette supplantera leur personnalité, leur cœur et leurs principes. Elles pensent qu'un homme ne retiendra d'elles que le fait qu'elles rentrent dans un 36 ou dans un 44. Avec Inji Iduppazhagi, le réalisateur Povelamudi rappelle une évidence oubliée : l'amour n'est pas une affaire de physique, mais de sentiments. Sweety dénonce à travers son combat l'industrie des régimes miracles qui, en plus de dénigrer les femmes enrobées, met leurs vies en danger.




Freida De Silva, Nargis Nasreen, Madhurita, Suranjana, Joanna, Pamela Jaiswal et Lakshmi dans Déesses Indiennes en Colère

Incarnées par Sarah-Jane Dias, Tannishtha Chatterjee, Anushka Manchanda, Sandhya Mridul, Amrit Maghera, Pavleen Gulraj et Rajshri Deshpande
Sorti en 2015 en langue hindi

Avec Déesses Indiennes en Colère, ce n'est pas une mais 7 femmes qui sont illustrées avec force et sensibilité. En 2015, ce métrage dirigé par Pan Nalin s'affiche comme un 'chick flick' à la sauce indienne, une œuvre plutôt légère sur ces femmes indiennes de notre ère, qui parlent d'amour, de rêves, d'espoirs et de tragédies. Œuvre coup de poing qui prend le soin de donner à voir 7 femmes magnifiques dans des situations représentatives de la société indienne, Déesses Indiennes en Colère illustre surtout 7 actrices d'exception. Sarah-Jane Dias, Tannishtha Chatterjee, Sandhya Mridul, Anushka Manchanda, Rajshri Deshpande, Pavleen Gujral et Amrit Maghera rendent justice à leurs personnages formidablement écrits par Pan Nalin, Subhadra Mahajan et Arsala Qureishi. L'oeuvre parle d'homosexualité, des viols et agressions sexuelles subis par les femmes, du monde du travail et de la domination masculine.

Ce film a fait polémique en Inde puisqu'il a mis en avant des femmes qui assument et revendiquent leur sexualité, qui consomment de l'alcool et emploient des jurons. Pan Nalin ne s'est d’ailleurs pas laissé aller à la censure et a posté les scènes incriminées sur YouTube. Une œuvre bouleversante réalisée avec justesse et intelligence, portée par une distribution irréprochable.




Ghazala Meer dans Haider

Incarnée par Tabu
Sorti en 2014 en langue hindi

Haider est un film troublant sur un homme troublé. Mais il donne également l'occasion de découvrir sa mère, déchirée par l'amour qu'elle porte à son fils et celui qu'elle voue à son mari. Haider est un étudiant en poésie engagée. De retour chez lui, il découvre que sa mère Ghazala entretient une liaison avec Khurram, l'oncle paternel de Haider, tandis que son père Hilal est porté disparu. C'est alors qu'il va tout faire pour retrouver son père, au grand désespoir de Ghazala…

C'est sur la relation complexe et œdipienne entre Haider et Ghazala que le film se base, et dans laquelle il puise toute sa force et toute son intensité. Tabu est encore une fois bluffante et désarmante dans un rôle de mère complexe, loin des mamans poules du cinéma hindi. Haider est une œuvre explosive, qui pousse ses héros dans leurs retranchements et les amène à la folie furieuse. Ghazala est au centre de cette démence ambiante, puisque c'est son cœur que se disputent Haider et Khurram. Vishal Bhardwaj a su exploiter Hamlet et le retranscrire dans un contexte indien avec finesse et intelligence. Surtout, le cinéaste a su nous proposer un personnage féminin profondément authentique, aussi fort que faible, aussi déterminé que confus. C'est l'énigmatique Ghazala qui mène la danse pour finalement perdre la tête. C'est une femme dans son entièreté, dans sa sensibilité et son besoin d'amour.




Meenal Arora, Falak Ali et Andrea Tariang dans Pink

Incarnées par Taapsee Pannu, Kirti Kulhari et Andrea Tariang
Sorti en 2016 en langue hindi

Pink évoque la manière dont la société indienne traite ses femmes, notamment dans le cadre d'une injonction judiciaire. Pink fait surtout comprendre que lorsqu'une femme dit non, ça veut dire non. Pink illustre le combat de trois femmes pour défendre leurs droits mais aussi pour s'insurger contre la culture du viol, banalisé au possible par une société indienne des plus patriarcales. Meenal, Falak et Andrea sont impliquées dans l'agression de Rajveer Singh, le neveu d'un politicien influent. Les trois jeunes femmes auront-elles droit à un procès équitable ? La cour va-t-elle s'attarder sur les raisons qui ont pu mener à une telle violence de leur part ? Elles pourront s'appuyer sur le soutien de leur avocat, Deepak Sehgal, pour défendre leur cause...

Pink vient soulever de nombreux questionnements, aussi bien sur le fonctionnement de la justice que sur le harcèlement sexuel. Certains critiques avaient soulevé que l'avocat, campé par Amitabh Bachchan, restait le "sauveur masculin" de l'histoire, allant contre le propos féministe de l’œuvre. Mais le sujet n'est pas là. Car Meenal, Falak et Andrea sont des femmes fortes, qui savent se défendre seules. Le métrage vient justement soulever le fait que, même pour des femmes éduquées, citadines et indépendantes, le système est si phallocrate que des inégalités persistent. Si Kirti Kulhari et Andrea Tariang sont impeccables, on retiendra tout particulièrement la prestation sans faille de Taapsee Pannu, qui fait un virage à 180° avec ce film poignant et engagé. Pink illustre des femmes démunies mais qui se mobilisent, qui n'abandonnent pas et continuent de lutter pour la justice malgré les difficultés.




Regina John dans Raja Rani

Incarnée par Nayanthara
Sorti en 2013 en langue tamoule

Raja Rani est un drame romantique bouleversant. C'est aussi l'occasion de découvrir une jeune femme meurtrie par l'amour, qui va puiser la force de se relever dans la plus improbable des relations. Regina et John se marient pour faire plaisir à leurs familles respectives. Pourtant, ils se vouent une aversion sans limite. Il faut dire que l'un comme l'autre n'ont toujours pas oublié leur premier amour. On découvre ainsi que Regina a aimé un homme, Surya, qu'elle a perdu tragiquement. Tout comme John, qui était fou de Keerthana...

Dans Raja Rani, on découvre ce couple que rien ne lie à part le deuil. Au contact l'un de l'autre, ils tentent tant bien que mal de dépasser la perte de l'être aimé et, pourquoi pas, d'apprendre à aimer de nouveau. On voit Regina évoluer, passer de la femme entreprenante et épanouie à l'amoureuse meurtrie. Le jeu de Nayanthara est absolument éblouissant, servi par sa superbe alchimie avec Arya. On découvre ce couple qui évolue en équilibre instable, passant de la haine à la compassion, pour tendre vers un attachement de plus en plus profond. On découvre surtout les forces et les fragilités de cette femme, dont les crises d'épilepsie se manifestent dans ses instants de profonde détresse. Regina incarne les femmes battantes, blessées mais pas anéanties par le deuil et la solitude.




Akira Rai dans Jusqu’à mon dernier souffle

Incarnée par Anushka Sharma
Sorti en 2012 en langue hindi

Jusqu’à mon dernier souffle, connu sous son titre original Jab Tak Hai Jaan, c'est deux histoires d'amour. Celle partagée entre Samar et Meera, et celle à sens unique entre Akira et Samar. Akira est une étudiante en journalisme qui tente d'obtenir un contrat avec la chaîne documentaire Discovery Channel. Ainsi, elle portera son sujet d'études sur Samar Anand, "l'homme qui ne peut pas mourir", démineur dans l'armée indienne et qui a, à de nombreuses reprises, désactivé des explosifs en ignorant les règles de sécurité. Entre la pétillante femme de 21 ans et le militaire taciturne de 38 ans, une profonde amitié se noue, jusqu'à ce que la jeune femme tombe amoureuse de lui. Mais le cœur de Samar est déjà pris. Par l'image de Meera, par son souvenir...

Akira est une jeune femme ambitieuse, positive et déterminée. Elle a toujours atteint ses objectifs et n'a jamais connu l'échec. Avec Samar, elle expérimente pour la première fois le sentiment d'aimer à sens unique, d'avoir le cœur brisé. Sans s'y attendre, elle se voit en Samar, qui aime une femme qui ne veut plus de lui. En écoutant son histoire, elle gagne surtout en maturité, en humilité et en altruisme. Elle apprend qu'aimer quelqu'un, c'est aussi le laisser aimer quelqu'un d'autre si c'est là, la source de son bonheur. Aimer, c'est oublier son propre bien-être pour l'autre. L'amour est désintéressé, déraisonné. Il est risque, il est désillusion. Lorsqu'on aime, on se met à nu. Akira fait partie de ces femmes à avoir toujours tout contrôlé dans leurs vies, et qui apprennent, à travers leur premier amour, à baisser leur garde et à s'ouvrir. A travers ses sentiments, Akira a appris à aimer véritablement.




Neerja Bhanot dans Neerja

Incarnée par Sonam Kapoor
Sorti en 2016 en langue hindi

Sonam Kapoor a longtemps fait l'objet des foudres des médias pour son jeu et ses choix artistiques, reprochant à l'actrice de manquer de consistance et de naturel dans ses prestations. Pourtant, elle va littéralement changer la donne avec Neerja, sorti en 2016. Neerja Bhanot est une jeune hôtesse de l'air. Elle embarque pour un vol à destination de Karachi lorsqu'il est détourné par des terroristes. Son courage et son incroyable sang-froid lui permettront de sauver 359 vies, au péril de la sienne...

Neerja était un projet périlleux tant la véritable Neerja Bhanot a bouleversé le monde entier, bien au-delà des frontières de l'Inde. Pourtant, le réalisateur Ram Madhvani nous livre un biopic d'une maîtrise incroyable, un métrage haletant sur cette jeune femme devenue le héros de toute une nation. Sonam Kapoor y est tout bonnement exceptionnelle et attendra ce rôle puissant pour mettre toute l'industrie d'accord sur son talent, remportant au passage le Filmfare Award de la Meilleure Actrice selon la critique qui la taclait jadis.




Dr Pooja Mathew dans Ohm Shanthi Oshaana

Incarnée par Nazriya Nazim
Sorti en 2014 en langue malayalam

Ohm Shanthi Oshaana nous permet de découvrir une romance du point de vue de son personnage féminin particulièrement charismatique, sous les traits de la lumineuse Nazriya Nazim. Pooja est étudiante en médecine. Elle est follement amoureuse de Giri, un agriculteur plus âgé qu'elle. Mais leur différence sociale met les sentiments de Pooja à rude épreuve. La jeune femme va mener un long combat pour faire valoir son amour…

On parle de combat, d'épreuve puisque qu'ici, on nous apprend que l'amour est un champ de bataille. Il est assez rare au cinéma indien de voir une femme faire une cour assidue à un homme, c'est plutôt l'inverse qui se produit. Ici, Pooja veut subtilement prouver à Giri qu'ils sont faits pour être ensemble et devra s'armer de patience pour que le bellâtre se défasse de ses présupposés. Pooja est une femme amoureuse dans son entièreté. C'est un jeu d'enfant de s'identifier à elle, de voir en elle une part de nous lorsque nous sommes également éprises. Pooja est un personnage profondément proche de nous, magnifiquement écrit par Midhun Manuel Thomas. Le cinéma malayalam a justement un don pour écrire de brillants rôles de femmes. Ohm Shanthi Oshaana en est l'une des preuves.




Anjali Sharma Raichand dans La Famille Indienne

Incarnée par Kajol
Sorti en 2001 en langue hindi

La Famille Indienne est un film familial bouleversant. Mais donne aussi à voir un personnage féminin rafraîchissant : celui d'Anjali. Rahul est un fils de bonne famille et fait de son mieux pour combler les espérances de son père, Yashvardhan Raichand. Un jour, il tombe amoureux d'Anjali, une jeune fille de condition modeste et envisage de l'épouser. Son père se sent trahi par cette décision, contraignant les deux amants à vivre leur vie de leur côté…

Anjali est un personnage unique dans le paysage cinématographique de l'époque. Elle est délurée, bavarde et maladroite, ce qui dénote des rôles féminins silencieux, qui baissent le regard en signe d'approbation et qui susurrent leurs sentiments. Anjali chante, s'improvise poétesse et ose défier ce gosse de riche qui lui fait la cour. Kajol apporte à ce personnage une profonde sensibilité grâce à sa grâce légendaire. On voit Anjali passer de la jeune fille naïve à la mère de famille attachée à ses racines, sans jamais perdre l'énergie qui la caractérise.




Nandini dans Shakti – The Power

Incarnée par Karisma Kapoor
Sorti en 2002 en langue hindi

Shakti - The Power met en lumière la force naturelle des femmes, présentée comme dans la religion hindoue et incarnée par la femme avec un grand F. Nandini est une orpheline qui n'a pourtant jamais manqué d'amour, entourée de ses oncles et de son meilleur ami Shekhar, qu'elle finira par épouser. De leur union naît un petit garçon du nom de Raja. Le temps passe et les médias évoquent une explosion survenue dans le village natal de Shekhar, qui décide de partir pour l'Inde afin d'y retrouver sa mère. Nandini décide de l'y accompagner avec leur fils, mais va vite regretter cette décision…

Shakti - The Power porte bien son nom puisqu'il illustre le pouvoir des femmes face à la violence extrême des hommes. Nandini est prête à tout pour sauver son enfant et voit jaillir en elle une force qu'elle ne soupçonnait pas. Shakti - The Power donne à voir la lumière intérieure du genre féminin, une verve et une détermination inhérente aux femmes. Pourtant, Nandini n'a jusque-là jamais eu à se battre pour obtenir ce qu'elle voulait, cajolée par une famille aimante et tolérante. En Inde, dans le village de son mari, elle se confronte à une réalité qui la dépasse, qui va au-delà de son milieu privilégié. Elle y découvre que les femmes doivent lutter pour exister, être entendues et faire valoir leur parole.




Piku Banerjee dans Piku

Incarnée par Deepika Padukone
Sorti en 2015 en langue hindi

Avec ce film, Deepika Padukone s'éloigne de l'univers aseptisé et pailleté auquel elle nous avait habitués. Piku est une jeune architecte qui s'occupe de son père veuf Bhashkor. Elle aime profondément son père mais doit aussi composer avec ses problèmes de constipation et son caractère excentrique…

Deepika Padukone laisse parler sa sensibilité avec ce film profondément humain. Sans prétention, le réalisateur Shoojit Sircar met en scène cette histoire d'amour compliquée entre un père et sa fille, qui peinent à communiquer et à se comprendre. Piku est une fille normale, elle n'a rien de grandement remarquable et c'est en cela que tout un chacun peut se projeter en elle. Elle mène une existence ordinaire et grandement liée à la santé de son père, dont elle dépend autant que lui ne dépend d'elle. Car derrière l'amertume, la frustration et les conflits, le métrage nous permet de surtout voir la force de l'amour entre Piku et Bhashkor, malgré la difficulté de leur quotidien. Piku doit aussi apprendre à penser à elle, sans se culpabiliser d'avoir moins de temps à consacrer à son père. Elle s'autorise à écouter ses sentiments et à envisager une vie sans son père. Les pensées profondes de Piku font écho aux nôtres. En effet, aussi complexes que puissent être nos interactions avec nos parents, il nous est difficile de concevoir la vie sans eux. Pourtant, c 'est une fatalité à laquelle il nous faut faire face un jour ou l'autre, et avec laquelle il nous faut apprendre à avancer.




Dr Vidya Bharadwaj dans Paa

Incarnée par Vidya Balan
Sorti en 2009 en langue hindi

Paa donne à voir l'évolution d'un enfant atteint de progéria mais illustre aussi sa mère, véritable force de la nature. Auro est atteint du syndrome d'Huntchinson-Gilford. Sa mère Vidya l'élève seule. C'est une grossesse hors mariage, et le père biologique d'Auro est absent de sa vie. Vidya mène avec beaucoup d'intelligence et de courage sa vie de mère célibataire…

En effet, Vidya, incarnée par l'extraordinaire Vidya Balan, est une femme dans toute sa splendeur. Elle ne fait l'objet d'aucun jugement de valeur par rapport à sa situation. Elle a eu cet enfant qu'elle n'attendait pas mais qui devient sa raison de vivre. Pour autant, elle s'est aussi accomplie en tant que gynécologue sans jamais compter sur un homme. La relation entre Auro et sa mère est bien le cœur de Paa, puisque c'est Vidya qui mène Auro à renouer avec son père, devenu politicien. Leur relation n'est qu'altruisme et honnêteté. Auro connaît la valeur de sa mère et voudrait qu'elle cesse de faire des sacrifices pour lui. Paa nous permet de voir la splendeur de nos mères qui, face à la différence, au regard des autres et à l'adversité, sont nos premiers et parfois nos uniques soutiens.




Chanda Sahay dans Chanda, une mère indienne

Incarnée par Swara Bhaskar
Sorti en 2016 en langue hindi

Swara Bhaskar porte sur ses épaules ce film sensible sur une mère prête à tout pour voir sa fille réussir. Nil Battey Sannata est sorti en 2017 en France sous le titre Chanda, une mère indienne. Chanda élève seule sa fille Apeksha, âgée de 15 ans. Chanda enchaîne 4 emplois pour aider sa fille et lui permettre de faire de bonnes études. Pourtant, Apeksha ne s'intéresse nullement à l'école, et sa mère ne voit qu'une seule solution pour remobiliser sa fille : s'inscrire dans sa classe afin de garder un œil sur elle...

Chanda pense d'abord s'inscrire à l'école uniquement pour poser un cadre à sa fille dans ses apprentissages. Mais à travers cette expérience, elle va redéfinir le lien qui l'unit à sa fille tout comme celui qu'elle entretient avec elle-même, fait d'amertume et de regrets. Nil Battey Sannata est une ode à la réussite et à l'éducation. Mais c'est surtout un bel hommage à nos mères, à celles qui sont prêtes à se mettre dans des situations délicates uniquement pour notre bien-être.




Aisha Banerjee dans Wake Up Sid

Incarnée par Konkona Sen Sharma
Sorti en 2009 en langue hindi

Si le métrage porte davantage son attention sur le personnage de Sid, campé par Ranbir Kapoor, il donne également à voir une femme brillante, sensible et bienveillante : Aisha, incarnée par la merveilleuse Konkona Sen Sharma. Sid est un joyeux flemmard ! Sympathique mais manquant cruellement d’ambition, il est mis à la porte de chez lui par son père après avoir loupé ses examens de fin d’année. Sans le sou et quelque peu déboussolé, Sid se réfugie chez son amie Aisha, une journaliste pétillante qui vient juste de s’installer à Mumbaï…

Ce qui est particulièrement réussi dans Wake Up Sid, c’est son écriture. Et dans cette catégorie, le personnage d’Aisha est d’une complexité saisissante. Femme indépendante originaire de Calcutta, elle est d’abord déroutée au sein de cette mégalopole qu’est Bombay. Elle investit donc Sid comme un repère, avant de devenir le sien lorsqu’il se retrouve à la rue. Sid apprend et mûrit au contact d’Aisha, mais elle en fait de même. La sensibilité de Konkona et sa tendre complicité avec Ranbir Kapoor font tout le reste.




Usha Parmar, Shireen Aslam, Rehana Abidi et Leela dans Lipstick Under My Burkha

Incarnées par Ratna Pathak Shah, Konkona Sen Sharma, Plabita Borthakur et Aahana Kumra
Sorti en 2017 en langue hindi

Cette comédie noire signée Alankrita Srivastava est un plaidoyer pour l’émancipation de la femme. Constitué d’un casting féminin exceptionnel avec Ratna Pathak Shah, Konkona Sen Sharma, Aahana Kumra et Plabita Borthakur, Lipstick Under My Burkha porte en son sein la force et le courage de ces femmes qui veulent récupérer leur liberté. Usha est veuve et considérée dans son quartier comme une ancienne. Rehana est une étudiante rebelle qui doit porter la burqa une fois chez elle. Leela est esthéticienne et souhaite plus que tout voyager avec son amant, le photographe du coin Arshad. Enfin, Shireen est une mère de famille au service de son époux, qui n’a semble-t-il jamais fait l’expérience du plaisir. Toutes ces femmes vont exprimer leur sexualité et se définir à travers elle, loin des diktat de la société patriarcale de laquelle elles sont prisonnières…

Résolument féministe, Lipstick Under My Burkha fait la part belle à ses héroïnes, dont il dessine le glorieux combat pour la liberté. Car au final, il ne s’agit pas seulement de sexe. Ces femmes se réapproprient leur corps et leur sexualité, et ce en dépit des conséquences. On arrête de victimiser la femme, on la rend proactive et maîtresse de son destin. Et c’est en cela que Lipstick Under My Burkha constitue un récit féministe poignant.




mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
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