Critique : Ponniyin Selvan : II (★★★★★)
1 mai 2023
C’est le film le plus attendu de l’année ! La suite de l'épique Ponniyin Selvan, réalisé par l’immense Mani Ratnam, est désormais en salles. Après un premier volet introductif mais néanmoins très agréable sorti en septembre 2022, il est temps de se plonger dans le vif du sujet. C’est pourquoi j’ai été découvrir ce métrage dans mon cinéma habituel.
Avant de me rendre à cette séance avec mon stock de mouchoirs (parce que je suis enrhumée, attention), j’ai revu le premier film. Pour une raison qui me dépasse, il n’est plus disponible sur Prime Video, mais par chance, je suis passée entre les mailles du filet. Si je me souvenais assez bien des enjeux, revoir Ponniyin Selvan I m’a permis de découvrir les détails qui étaient passés inaperçus lors de mon premier visionnage. Car dans cette fresque historique, il y en a, des personnages ! De quoi se perdre un peu, pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’univers ou même (et c’est bête, mais c’est un vrai sujet) les prénoms tamouls. Arriver à retenir Vanthiyathevan, Pazhuvettarayar ou encore Madhurantakan demande un peu d’exercice et de patience. Surtout quand les sous-titres défilent à la vitesse de la lumière et que certains personnages ont plusieurs appellations. Mon secret pour ne pas m’y perdre ? Lire les premières syllabes jusqu'à ce qu’un dialogue me permette de vraiment intégrer tel ou tel prénom.
Lorsque Ponniyin Selvan I s’est arrêté, nous étions dans une mer déchainée où le prince Arunmozhi (celui qu’on nomme affectueusement Ponniyin Selvan) et Vallavaraiyan (vous savez, le héros du premier film ? Celui que le prince héritier envoie au fort de Kadambur découvrir quel complot les chefs manigancent contre l’empereur… ça va, vous arrivez à suivre ?) disparaissent en mer avant que le sosie de la reine Nandini ne fasse une apparition dans les dernières secondes…
Ponniyin Selvan II ne reprend pas tout de suite là où il s’est arrêté, afin de nous plonger, le temps de son générique introductif, dans l’histoire d’amour à la source de bien des complots. Ainsi, comment Aditha Karikalan était prêt à prendre l’orpheline Nandini pour épouse, mais a dû faire face au désaccord de sa famille qui a décidé de la bannir du pays…
Cette introduction donne le ton de l’ensemble du métrage. Mani Ratnam nous prévient donc : nous allons explorer ce que ce rejet a pour conséquence, jusqu’où l’amour et la haine peuvent aller. Contrairement au premier film où nous avons suivi Vallavaraiyan d’un point à un autre de l’empire Chola, cette fois, c’est Nandini qui prend la main. Car c’est elle qui a subit l’abandon de l'être aimé, la trahison quand il a tué le Roi Pandyan, et c’est elle dont l’ambition est celui du trône.
Clairement, elle est superbe, Aishwarya. Sa Nandini est prête à tout pour obtenir ce qu’elle désire, mais elle n’a rien d’une beauté froide dont on perçoit tout de suite les manipulations. Nandini use de sa beauté solaire pour charmer et tourmenter, mais tout est dans son regard. Ses émotions y sont transparentes. La maitrise dont Aishwarya Rai Bachchan fait preuve est une vraie masterclass pour le spectateur. Pour lui faire face, elle retrouve Vikram, qui excelle en prince héritier torturé. L’alchimie puissante qui unit ces deux-là est incontestablement l’une des forces majeures de ce deuxième film. Je préfère vous l’annoncer, vous aurez des frissons !
Malgré ma fièvre, mon nez qui coule et ma gorge en feu, j’ai été prise dès les premières secondes du récit. Grâce à un petit résumé rapide, même ceux qui n’ont pas revu le premier film comprendront parfaitement qui est qui et ce qu’il se passe. Pour ne pas vous spoiler, je ne vais pas entrer dans les détails. Mais ce qui est certain, c’est que l’action et le trône passent, quelque part, au second plan. Non, cette fois, ce sont les émotions de chacun qui sont mises en avant. Comme je le disais plus haut, c’est un effet papillon. On assiste effectivement aux conséquences de la relation entre Nandini et Aditha, mais le film va même plus loin. Et tout prend sens. Chaque information, chaque dialogue, chaque relation... Certains moments seront d’une telle intensité que vous allez presque oublier de respirer (et je ne plaisante pas).
Alors oui, on n'échappe pas à quelques facilités dans les combats, mais pour le reste, la caméra est toujours en mouvement. Cela donne un sentiment d'urgence. Surtout, il y a de nombreux gros plans qui capturent les sentiments des uns et des autres à un niveau qui rend certaines scènes très intimes. On se retrouve dans le secret avec les personnages, et cette proximité nous permet de profiter davantage de ce casting impressionnant. De s’attacher à eux.
De Karthi à Trisha, en passant par Jayam Ravi à Prakash Raj… Personne ne déçoit, personne n’est à côté de la plaque. Sans surprise, certains restent cependant en second plan, parce qu’autrement, la pellicule serait beaucoup trop chargée. Ainsi, on voit beaucoup moins Aishwarya Lekshmi (géniale en Poonguzhali dans le premier film) ou encore Sobhita Dhulipala (la princesse Vanathi) qui n’ont pas beaucoup à dire ou à faire…
J’espère sincèrement qu’il existe une version longue, car à partir du troisième quart du film, je n’ai pas arrêté de me dire que Ponniyin Selvan aurait été une très bonne trilogie et qu’il avait largement la matière à diviser son histoire en trois parties. Quelle n’a pas été ma frustration, lorsque Vallavaraiyan et la princesse Kundavai se réunissent, que la chanson “Aga Naga“ démarre puis s’arrête en même pas une minute ! C'était tellement l’occasion de nous montrer davantage leur complicité, et pourquoi pas le trajet qu’ils font ensuite jusqu'à Aditha ? Vous allez vous en rendre compte, cette fois, on jongle d’un lieu à l’autre en quelques secondes et ça peut être déstabilisant.
Tout s’enchaine très, très vite, et parfois, on a même pas le temps d’encaisser ce qu’il vient de se passer. J’ai trouvé ça terriblement dommage, car même le climax du film se règle assez facilement. Cela n’enlève en rien à la magie de cette réalisation magistrale, mais ça laisse un petit goût de deception à la fin. Quant à la musique, ai-je vraiment besoin d’en parler ? A.R. Rahman excelle dans son travail, surtout avec cette bande-son qui ne fait jamais défaut aux scènes qu’elle accompagne. L’album se réécoute d’ailleurs avec grand plaisir.
C’est une suite fascinante qui prend aux tripes, et je vous encourage à regarder la version originale en tamoul pour ne rien perdre de l’authenticité des interprétations. Bon, Aishwayra Rai est doublée, mais Deepa Venkat fait un très bon job, croyez-moi !
Ponniyin Selvan II, depuis le 28 avril au cinéma. Une sortie Night ED Films.
Et autant vous le dire tout de suite : c'était incroyable !
Avant de me rendre à cette séance avec mon stock de mouchoirs (parce que je suis enrhumée, attention), j’ai revu le premier film. Pour une raison qui me dépasse, il n’est plus disponible sur Prime Video, mais par chance, je suis passée entre les mailles du filet. Si je me souvenais assez bien des enjeux, revoir Ponniyin Selvan I m’a permis de découvrir les détails qui étaient passés inaperçus lors de mon premier visionnage. Car dans cette fresque historique, il y en a, des personnages ! De quoi se perdre un peu, pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’univers ou même (et c’est bête, mais c’est un vrai sujet) les prénoms tamouls. Arriver à retenir Vanthiyathevan, Pazhuvettarayar ou encore Madhurantakan demande un peu d’exercice et de patience. Surtout quand les sous-titres défilent à la vitesse de la lumière et que certains personnages ont plusieurs appellations. Mon secret pour ne pas m’y perdre ? Lire les premières syllabes jusqu'à ce qu’un dialogue me permette de vraiment intégrer tel ou tel prénom.
Lorsque Ponniyin Selvan I s’est arrêté, nous étions dans une mer déchainée où le prince Arunmozhi (celui qu’on nomme affectueusement Ponniyin Selvan) et Vallavaraiyan (vous savez, le héros du premier film ? Celui que le prince héritier envoie au fort de Kadambur découvrir quel complot les chefs manigancent contre l’empereur… ça va, vous arrivez à suivre ?) disparaissent en mer avant que le sosie de la reine Nandini ne fasse une apparition dans les dernières secondes…
Ponniyin Selvan II ne reprend pas tout de suite là où il s’est arrêté, afin de nous plonger, le temps de son générique introductif, dans l’histoire d’amour à la source de bien des complots. Ainsi, comment Aditha Karikalan était prêt à prendre l’orpheline Nandini pour épouse, mais a dû faire face au désaccord de sa famille qui a décidé de la bannir du pays…
Cette introduction donne le ton de l’ensemble du métrage. Mani Ratnam nous prévient donc : nous allons explorer ce que ce rejet a pour conséquence, jusqu’où l’amour et la haine peuvent aller. Contrairement au premier film où nous avons suivi Vallavaraiyan d’un point à un autre de l’empire Chola, cette fois, c’est Nandini qui prend la main. Car c’est elle qui a subit l’abandon de l'être aimé, la trahison quand il a tué le Roi Pandyan, et c’est elle dont l’ambition est celui du trône.
Et qui interprète Nandini ? La sublime Aishwarya Rai Bachchan, qui prouve à 49 ans qu’elle est largement en capacité d'être la tête d’affiche d’un film d’une telle envergure.
Clairement, elle est superbe, Aishwarya. Sa Nandini est prête à tout pour obtenir ce qu’elle désire, mais elle n’a rien d’une beauté froide dont on perçoit tout de suite les manipulations. Nandini use de sa beauté solaire pour charmer et tourmenter, mais tout est dans son regard. Ses émotions y sont transparentes. La maitrise dont Aishwarya Rai Bachchan fait preuve est une vraie masterclass pour le spectateur. Pour lui faire face, elle retrouve Vikram, qui excelle en prince héritier torturé. L’alchimie puissante qui unit ces deux-là est incontestablement l’une des forces majeures de ce deuxième film. Je préfère vous l’annoncer, vous aurez des frissons !
Mais pas de panique, ce n’est pas le seul point positif de Ponniyin Selvan II, ô non !
Malgré ma fièvre, mon nez qui coule et ma gorge en feu, j’ai été prise dès les premières secondes du récit. Grâce à un petit résumé rapide, même ceux qui n’ont pas revu le premier film comprendront parfaitement qui est qui et ce qu’il se passe. Pour ne pas vous spoiler, je ne vais pas entrer dans les détails. Mais ce qui est certain, c’est que l’action et le trône passent, quelque part, au second plan. Non, cette fois, ce sont les émotions de chacun qui sont mises en avant. Comme je le disais plus haut, c’est un effet papillon. On assiste effectivement aux conséquences de la relation entre Nandini et Aditha, mais le film va même plus loin. Et tout prend sens. Chaque information, chaque dialogue, chaque relation... Certains moments seront d’une telle intensité que vous allez presque oublier de respirer (et je ne plaisante pas).
Sans surprise, Ponniyin Selvan II est visuellement impeccable.
Alors oui, on n'échappe pas à quelques facilités dans les combats, mais pour le reste, la caméra est toujours en mouvement. Cela donne un sentiment d'urgence. Surtout, il y a de nombreux gros plans qui capturent les sentiments des uns et des autres à un niveau qui rend certaines scènes très intimes. On se retrouve dans le secret avec les personnages, et cette proximité nous permet de profiter davantage de ce casting impressionnant. De s’attacher à eux.
De Karthi à Trisha, en passant par Jayam Ravi à Prakash Raj… Personne ne déçoit, personne n’est à côté de la plaque. Sans surprise, certains restent cependant en second plan, parce qu’autrement, la pellicule serait beaucoup trop chargée. Ainsi, on voit beaucoup moins Aishwarya Lekshmi (géniale en Poonguzhali dans le premier film) ou encore Sobhita Dhulipala (la princesse Vanathi) qui n’ont pas beaucoup à dire ou à faire…
Si je dois donner un point négatif au métrage (il en faut bien un, non ?), c’est sans doute cette impression que tout va trop vite au niveau de la narration.
J’espère sincèrement qu’il existe une version longue, car à partir du troisième quart du film, je n’ai pas arrêté de me dire que Ponniyin Selvan aurait été une très bonne trilogie et qu’il avait largement la matière à diviser son histoire en trois parties. Quelle n’a pas été ma frustration, lorsque Vallavaraiyan et la princesse Kundavai se réunissent, que la chanson “Aga Naga“ démarre puis s’arrête en même pas une minute ! C'était tellement l’occasion de nous montrer davantage leur complicité, et pourquoi pas le trajet qu’ils font ensuite jusqu'à Aditha ? Vous allez vous en rendre compte, cette fois, on jongle d’un lieu à l’autre en quelques secondes et ça peut être déstabilisant.
Tout s’enchaine très, très vite, et parfois, on a même pas le temps d’encaisser ce qu’il vient de se passer. J’ai trouvé ça terriblement dommage, car même le climax du film se règle assez facilement. Cela n’enlève en rien à la magie de cette réalisation magistrale, mais ça laisse un petit goût de deception à la fin. Quant à la musique, ai-je vraiment besoin d’en parler ? A.R. Rahman excelle dans son travail, surtout avec cette bande-son qui ne fait jamais défaut aux scènes qu’elle accompagne. L’album se réécoute d’ailleurs avec grand plaisir.
Nul doute sur le fait que Ponniyin Selvan est la pépite de l’année à Kollywood.
C’est une suite fascinante qui prend aux tripes, et je vous encourage à regarder la version originale en tamoul pour ne rien perdre de l’authenticité des interprétations. Bon, Aishwayra Rai est doublée, mais Deepa Venkat fait un très bon job, croyez-moi !
Ponniyin Selvan II, depuis le 28 avril au cinéma. Une sortie Night ED Films.
LA NOTE: 4,5/5