Critique : Mr Perfect (★★★☆☆)

vendredi 16 juin 2023
Mr Perfect critique tollywood
— Cet article a été publié dans le numéro 6 de Bolly&Co, page 156.

Lorsque Mr. Perfect sort en avril 2011, il est évident que les producteurs tout comme le casting, ont voulu surfer sur la vague du succès de Darling, autre comédie romantique avec Prabhas et Kajal Aggarwal dans les rôles titres. En effet, Darling sort en 2010 et devient l’un des plébiscites populaires les plus inattendus de l’année de la part du public télougou, de coutume plus friand de gros masala bourrins que de romcom acidulées. C’est donc logiquement que l’audience d’Andhra Pradesh attendait avec impatience le retour du duo d’acteurs que formaient Prabhas et Kajal.

Mr. Perfect a donc su créer l’évènement autour de sa distribution et de sa romance contrariée.



Vicky (Prabhas) ne sait pas arrondir les angles. Quand il faut faire des compromis pour les besoins de son boulot, pour satisfaire sa famille ou pour épouser une jolie indienne, il fait marche arrière. Lorsque son père lui demande de venir en Inde pour épouser la fille de son ami d’enfance, il est contrarié à l’idée de se voir caser à cette fille qu’il n’appréciait guère durant sa jeunesse. Sur le chemin de l’arrivée, sa voiture tombe en panne et il croise Priya (Kajal Aggarwal), qui accepte de le déposer chez lui alors qu’il lui narre son “désamour” pour sa future femme. Arrivé à bon port, il réalise que sa compagne de route n’est autre que la prétendante en question. Puis, comme dans toute bonne comédie romantique. Ils deviennent amis, Priya tombe amoureuse et change ses habitudes, renonce à ses rêves et ses convictions pour correspondre à la façon d’être de Vicky. Mais fidèle à lui-même, il refuse de faire des concessions et annule le mariage. De retour à sa vie en Australie, il rencontre Maggie (Taapsee Pannu), qui est en quelque sorte son alter-ego féminin. Il craque pour cette fille qui lui ressemble en tous points et la présente à sa famille lors du mariage du cousin de Priya, qui assiste impuissante à des noces imminentes…

Avec Mr. Perfect, on pouvait s’attendre à un autre Darling, plus grand, plus beau visuellement, mais calqué sur le premier. Il n’en est rien.

Mais pas de quoi être déçu : le cinéaste Dasaradh Kondapalli Kumar nous offre une jolie idylle, où les sentiments se mêlent aux égos de chacun, où l’être aimé doit apprendre à s’imprégner de l’autre au risque de perdre son identité. Vicky apprécie cette jeune doctoresse droite et traditionnelle, qui prend soin de son père, qui s’investit corps et âme dans une relation lorsqu’elle est amoureuse. Mais il ne se sent pas prêt à sacrifier ses habitudes et ne pense pas être de taille à faire face à cette jeune fille jusqu’au boutiste qui, contrairement à lui, est entière en amour.

Prabhas est absolument convaincant dans le rôle du jeune entrepreneur sûr de lui et immature. Il incarne avec une énergie folle cet N.R.I. franchement largué et légèrement présomptueux. L’acteur prouve ainsi qu’en “mass héro” folklorique comme en immigré branché, il excelle. Pour lui donner la réplique, il retrouve la ravissante Kajal Aggarwal. Autant dans Darling, la jeune femme était insupportable à cause de son cabotinage asticotant, mais dans Mr. Perfect, elle irradie une véritable humanité, aidée par un personnage justement écrit par Ravi Abburi, à qui l’on doit l’histoire de Bommarillu. Elle ne surjoue pas, et émane de son jeu beaucoup de douceur, en contraste avec le rôle percutant de Prabhas. Face à eux, l’actrice Taapsee Pannu campe la fille à papa capricieuse de l’histoire, qui aurait pu finir en grande méchante de beaucoup de films télougous (cf Darling où c’est Shraddha Das qui jouait ce mauvais rôle). Mais la comédienne est irréprochable, et délivre une prestation pleine de panache. De son côté, Prakash Raj joue pour la énième fois les papas, qu’ils soient gâteau (Nuvvostanante Nenoddantana), intransigeant (Bommarillu) ou déchiré (Konchem Ishtam Konchem Kashtam).

Il est clair que le duo principal fonctionne à merveille, mieux encore que dans leur précédent film où tout était surfait.

L’atout de Mr. Perfect, c’est sa relative simplicité. Le cinéaste émérite nous offre une histoire d’amour authentique, inscrite dans la vie villageoise indienne, accompagnée par la musique sympathique de Devi Sri Prasad. Si la majorité des titres manquent clairement de souffle, certaines chansons sortent du lot. Le dappa “Dhol Dhol Dhol Bhaje” est tout à fait saisissant, alors que “Light Theesko” vous donnera envie de danser par son avalanche de dynamisme. Mais c’est bien la ballade surannée “Chali Chali Ga”, interprétée par Shreya Ghoshal, qui reste le son le plus réussi de la bande-originale du métrage.

Mr. Perfect est donc meilleur que Darling.



Plus léger, plus fluide, plus touchant, plus agréable. Prabhas et Kajal Aggarwal n’ont jamais été aussi beaux, aussi complices, et suivre l’évolution de leur relation est un régal. Si vous attendez donc une copie conforme de Darling, passe votre chemin, car Mr. Perfect est une véritable bouffée d’air frais dans le paysage cinématographique télougou actuel. Contrairement à ce que son titre indique, Mr. Perfect n’est pas le film parfait, mais constitue un joli moment à passer en compagnie de héros attachants, grâce à la bonne humeur collective de son casting et à l’alchimie de son duo de tête.

LA NOTE: 3/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?