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Citadel Honey Bunny : le spin-off que personne n’a demandé.

11 novembre 2024
Citadel Honey Bunny websérie Prime Vidéo Critique Review
Quand Prime Vidéo a annoncé la création de tout un univers autour de sa nouvelle websérie Citadel, j’étais plutôt intriguée. A ce moment-là, la première saison n’était pas encore disponible et en dehors de la présence de Priyanka Chopra Jonas au casting, nous ne savions pas grand-chose de ce nouveau projet d’agents secrets. Ce qui a donné lieu à plusieurs rumeurs, dont l’une racontait que les spin-off de la série originale amèneraient sur la table différents points de vue autour d’un même événement catastrophique et ce, dans de multiples pays. L’Italie, le Mexique, l’Espagne et l’Inde étaient concernés. Pas mal, non ?

Problème, je ne me souviens pas franchement de cette saison 1, et comme beaucoup, j’ai été déçue par son manque cruel d’originalité. Oui, j’ai donné 6/10 sur senscritique, mais ça, c’est parce que Priyanka y est quand même sacrément badass (bien qu’on aurait dit le retour d’Alex Parrish de Quantico plus qu’autre chose.). Clairement, il y avait un souci d’écriture qui est explicable par les problèmes de pré-production entre les frères Russo, producteurs exécutifs, et la première équipe scénaristique. En 2022, de nombreuses scènes ont dû être retournées et tout le monde sait que ça n’annonce jamais rien de bon.

Alors, pourquoi des spin-off ? Pour finalement ajouter plus de contexte à l’univers très faible de l’organisation Citadel et de son ennemi juré, Manticore. Bye bye, cette rumeur qui me plaisait bien, et bonjour plan marketing à l’international d’un show plutôt moyen à la base, mais qui a besoin de renflouer les caisses.

Ce n’est pas comme si Citadel Honey Bunny allait sauver la franchise, si ?



L’histoire d’Honey (Samantha Ruth Prabhu) et de Bunny (Varun Dhawan) est davantage une origin story des parents d’une certaine Nadia (oui, le personnage de Priyanka Chopra, dont on avait clairement décelé les mommy issues dans la saison 1). Entre les années 1992 et 2000, l’histoire met en lumière les débuts d’Honey en tant qu’agent secret, et le danger qui lui retombe dessus 8 ans plus tard…

Dans l’ensemble, Citadel Honey Bunny est fidèle à la saison 1 de Citadel. C'est-à-dire que c’est affreusement moyen.

En termes d’écriture et de prestation, on a l’impression d’être en face d’une production montée à la va-vite, qui a oublié de faire preuve d’authenticité. Les dialogues sont extrêmement bateaux et tentent de combler le criant manque d’arc narratif réfléchi. En fait, il n’y a pas de détail ni dans la personnalité des personnages, ni dans la conception d’un Bombay des années 1990s. En dehors de quelques coupes de cheveux (et perruques), de vieilles musiques, de références au cinéma indien de l’époque et de gadgets électroniques, la plongée dans l’univers de Citadel Honey Bunny ne fonctionne pas.

Réalisé par un duo Raj & DK en sous-régime, le rythme est infernal et ne laisse absolument pas la place pour exploiter ce qui peut vraiment faire la différence. Des rares moments de montage d’action peuvent être sympathiques, mais ce n’est pas suffisant pour que l’audience soit investie. En fait, trop d’informations sont amenées via des conversations très vite oubliées. Les missions des agents secrets sont des enjeux de prétexte pour mettre les personnages dans des situations sans grande importance au final. Les “secrets” qui tentent d’être dissimulés sont malheureusement prévisibles, et inintéressants en définitive. L’ennui se glisse rapidement dès les premiers épisodes où une époque a plus d’intérêt qu’une autre - sans doute parce que protéger une enfant de malfrat a quelque chose de plutôt instinctif en termes d’enjeu (non, ce n’est pas un spoiler). Malheureusement, les facilités narratives jouent vraiment avec notre patience à tel point que je me demande pourquoi des enseignes comme Prime Video s’acharnent à avancer des projets qui auraient dû finir au placard depuis longtemps. Parce que oui, Citadel aura droit à une saison 2, cette fois réalisée par l’un des frères Russo - une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Je l’ignore.

Samantha Ruth Prabhu est clairement la star de cette saison.

Impossible de nier son investissement, et il faut dire que c’est une réelle surprise quand on pense à ses sorties récentes comme Yashoda, Kushi ou encore Shaakuntalam. Il faut croire que c’est dans le format de la websérie qu’elle s’en sort le mieux - on l’avait tous remarqué dans la saison 2 de The Family Man, également disponible sur Prime Video.

Face à elle, Varun Dhawan est sans surprise, ultra mécanique. Pas aidé par l’écriture de Bunny/Rahi, l’acteur fait le minimum la plupart du temps, et ce malgré quelques moments d’intensité maîtrisés. Cela aurait pu être captivant de le présenter comme un espèce de GI Joe indien qui, au contact de Honey, explore de nouvelles facettes de sa personnalité. Mais c’est visiblement trop en demander.

Le reste du casting est aussi déséquilibré que la série : d’un côté, Kay Kay Menon est toujours impeccable et la jeune Kashvi Majmudar illumine l’écran. De l’autre, Sikander Kher et Saqib Saleem sont réduits à de grosses brutes épaisses, là uniquement pour faire figure d’ennemi à combattre ou de compétition inutile. C’est dommage, parce qu’ils peuvent être phénoménaux, l’un comme l’autre.

En conclusion,



A la fin de mon visionnage, je me suis demandée si finalement, Citadel (saison 1) n’était pas meilleur que ce spin-off indien qui, certes, a les éléments pour me faire plaisir (en tant que fan de cinéma indien, c’est toujours une victoire de voir des comédiens qu’on apprécie se retrouver sur une plateforme internationale), mais qui n’a cessé de me décevoir d’épisode en épisode. Citadel Honey Bunny est une production entièrement indienne. Pourtant, elle paraît limitée dans son approche du genre de l’espionnage. Peut-être qu’il y avait un cahier des charges à respecter pour toucher un public plus international, le tout au détriment d’une vraie identité ?

La série est également disponible avec un doublage français (si vous voulez vous marrer).
LA NOTE:2/5

mots par
Elodie Hamidovic
« A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur. »
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