Critique de Thamma, où Rashmika Mandanna incarne l'étincelle d'un film éteint...
5 novembre 2025

L’ambition visuelle est manifeste, la production ne manque pas de moyens, mais l’écriture, principale faiblesse du métrage, condamne d’emblée tout élan de surprise ou d’émotion.
Ayushmann Khurrana, que l’on a connu plus fin dans la comédie sociale ou dans des rôles nerveusement plus travaillés, incarne ici un amoureux transi presque caricatural, un homme marié à une seule expression : celle du désir maladroit. On le sent trop âgé pour ce rôle d’innocent romantique, trop conscient de lui-même et surtout, prisonnier d’une psychologie si simpliste qu’elle pourrait tenir sur un post-it. En revanche, Rashmika Mandanna s’en sort honorablement. En vampire millénaire, elle fait exister le mystère et la détresse de son personnage par un usage captivant du regard et du silence. Face à elle, Nawazuddin Siddiqui, réduit à quelques scènes, incarne un antagoniste de passage, aussi fantomatique que le scénario qui l’a conçu. En effet, faute de construction, sa menace n’a aucune chair, aucun poids narratif. De son côté, Paresh Rawal passe presque inaperçu dans un rôle secondaire sans relief.
L’intrigue, d’une prévisibilité déconcertante, coche une à une les cases du cahier des charges du film de vampires : origine maudite, romance impossible, sacrifice final...
Mais le metteur en scène ne s’amuse jamais de ces codes, jamais il ne les détourne ni ne les habite, se contentant d’une reconstitution appliquée, sans la moindre imagination. Le lien supposé intense entre les deux protagonistes ne prend également jamais forme, faute d’avoir été préparé. On ignore tout d’Alok - incarné par Ayushmann - de ses désirs, de sa vie. Il est un archétype sans contour, un simple cliché romantique, condamné à errer entre deux scènes d’effets spéciaux propres mais dénuées de corps.
Si la réalisation témoigne d’une certaine élégance - clair-obscur séduisant, imagerie gothique parfois inspirée - elle reste prisonnière d’une superficialité désarmante.
Tout semble beau, mais rien ne vit. Même la direction artistique, pourtant léchée, ne trouve jamais sa cohérence. Le métrage s’épuise dans ses longueurs, alourdi par un rythme sans souffle, étiré par des séquences qui ne portent pas de véritable enjeu émotionnel. Aussi, la musique, oubliable, achève de dissoudre une atmosphère qu’elle aurait pu densifier.
En conclusion
Thamma n’est pas un désastre absolu - certaines séquences d’humour portées par Ayushmann arrachent un sourire, quelques plans de Rashmika nous captent - mais c’est au final un film assez frustrant. Trop long, trop lisse, trop paresseux pour être dangereux. Et surtout indigne du potentiel que l’univers de Maddock Films laissait espérer.
LA NOTE: 2,5/5
