La critique de : Gangs of Wasseypur, part 1 (★★★★☆) #FFAST2016
21 octobre 2016
Gangs of Wasseypur fait partie de ces films qu'on devrait tous avoir vu, au moins une fois, si l'on aime les cinémas indiens. Anurag Kashyap délivre ici son œuvre la plus exhaustive, mais aussi la plus accessible tant elle est transparente dans son propos, dans la nature de ses protagonistes ainsi que dans leurs actes. On est loin du sombre Dev D ou de l'énigmatique No Smoking !
J'ai regardé la première partie de Gangs Of Wasseypur hier, en présence de Manoj Bajpyee pour sa dernière journée à Paris. J'ai été de nouveau bluffée par la polyvalence de cet acteur et sa facilité déconcertante à s'imprégner de tous les personnages qu'il incarne. Du professeur de marathi vieillissant de Aligarh au policier intègre en plein lâcher-prise de Taandav, Manoj prête cette fois ses traits au gangster Sardar Khan pour ce film qui traverse plusieurs décennies, pour voir évoluer cet anti-héros des plus réjouissants.
Mais l'œuvre de Kashyap s'appuie sur l'intégralité de son casting, qui possède une puissance franchement désarmante là où le jeu de nombre de comédiens 'bankable' de l'industrie hindi affiche une certaine superficialité. De Richa Chadda à Nawazuddin Siddiqui, en passant par Tigmanshu Dhulia et Reemma Sen, Gangs of Wasseypur est une ode au talent de ses acteurs. Kashyap leur offre sur un plateau d'argent des personnages hauts en couleurs et authentiques, l'opportunité parfaite pour eux de faire l'étalage de leur potentiel.
Le métrage illustre surtout un protagoniste qui sort complètement des sentiers battus et des sempiternels héros omnipotents, impénétrables et valeureux. Sardar Khan est effectivement une pourriture, tueur de sang froid et infidèle par dessus le marché... Rien de propice au rêve et à l'évasion pour la spectatrice que je suis, fan des pérégrinations exotiques, des chastes étreintes et des chansons mielleuses du cinéma commercial de Bollywood. Pourtant, je me suis éclatée devant ce métrage des plus stimulants, usant des codes du cinéma populaire pour les mettre au service de ce pur film de gangsters.
Manoj Bajpayee est une fois de plus exceptionnel dans un rôle de méchant pas beau et pas gentil auquel on s'attache viscéralement. La toute jeune Richa Chadda est également grandiose dans un rôle de forte tête loin de se laisser impressionner par sa brute de mari. La comédienne remportera d'ailleurs le prix du jury aux Filmfare Awards pour sa prestation impeccable. Nawazuddin Siddiqui apparaît à la fin de l'œuvre, comme pour introduire son personnage comme le protagoniste de la suite du métrage. C'est avec Gangs of Wasseypur que le comédien a enfin vu son talent mis en avant. Il sera lauréat d'une mention spéciale aux National Awards, mettant ainsi tout le monde d'accord sur son incroyable aura. Tigmanshu Dhulia, Reemma Sen, Piyush Mishra, Huma Qureshi, Pankaj Tripathi et Jaideep Ahlawat font également un travail juste dans des rôles plus limités, mais néanmoins écrits avec minutie.
A travers Gangs of Wasseypur, Anurag Kashyap semble avoir terminé le travail qu'avait commencé Ram Gopal Verma avec des œuvres comme Satya et Company pour illustrer ces histoires réelles sur certaines figures du banditisme en Inde.
On a ainsi droit à un film qui est brutal, sinistre et terrifiant autant qu'il est drôle, enlevé et dynamique. S'il est souvent présenté comme une œuvre qui se sort du cinéma hindi traditionnel, je le considère pour ma part comme un film de Bollywood à part entière. Cela me dérange d'ailleurs profondément que l'on veuille nécessairement mettre les métrages dans des cases. Ne peut-on pas faire du cinéma populaire et intelligible à la fois ? Gangs of Wasseypur est un film de Bollywood par essence et dans sa nature profonde, on sent d'ailleurs les influences du cinéma hindi des années 1970 et 1980, à l'époque où les masala ultra-violents faisaient légion à Bollywood. Les chansons composées par Sneha Khanwalkar y sont omniprésentes et donnent aussi à cette œuvre originellement très agressive une saveur plus surannée.
Cette première partie de Gangs of Wasseypur est à ne pas manquer. C'est d'ailleurs un plaisir de voir des festivals comme le FFAST le mettre en avant dans sa grille de programmation, tant le film est aussi puissant que jubilatoire. Le langage est vif, les scènes impactantes, la musique efficace et la distribution de première classe... Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour vous faire passer un excellent moment de cinéma, pour découvrir au passages ces acteurs brillants qui s'éloignent des visages du cinéma hindi 'mainstream'...
Gangs Of Wasseypur est un film cru, qui se savoure à froid et sans élaboration ou prédisposition adaptée
J'ai regardé la première partie de Gangs Of Wasseypur hier, en présence de Manoj Bajpyee pour sa dernière journée à Paris. J'ai été de nouveau bluffée par la polyvalence de cet acteur et sa facilité déconcertante à s'imprégner de tous les personnages qu'il incarne. Du professeur de marathi vieillissant de Aligarh au policier intègre en plein lâcher-prise de Taandav, Manoj prête cette fois ses traits au gangster Sardar Khan pour ce film qui traverse plusieurs décennies, pour voir évoluer cet anti-héros des plus réjouissants.
Mais l'œuvre de Kashyap s'appuie sur l'intégralité de son casting, qui possède une puissance franchement désarmante là où le jeu de nombre de comédiens 'bankable' de l'industrie hindi affiche une certaine superficialité. De Richa Chadda à Nawazuddin Siddiqui, en passant par Tigmanshu Dhulia et Reemma Sen, Gangs of Wasseypur est une ode au talent de ses acteurs. Kashyap leur offre sur un plateau d'argent des personnages hauts en couleurs et authentiques, l'opportunité parfaite pour eux de faire l'étalage de leur potentiel.
Le métrage illustre surtout un protagoniste qui sort complètement des sentiers battus et des sempiternels héros omnipotents, impénétrables et valeureux. Sardar Khan est effectivement une pourriture, tueur de sang froid et infidèle par dessus le marché... Rien de propice au rêve et à l'évasion pour la spectatrice que je suis, fan des pérégrinations exotiques, des chastes étreintes et des chansons mielleuses du cinéma commercial de Bollywood. Pourtant, je me suis éclatée devant ce métrage des plus stimulants, usant des codes du cinéma populaire pour les mettre au service de ce pur film de gangsters.
Manoj Bajpayee est une fois de plus exceptionnel dans un rôle de méchant pas beau et pas gentil auquel on s'attache viscéralement. La toute jeune Richa Chadda est également grandiose dans un rôle de forte tête loin de se laisser impressionner par sa brute de mari. La comédienne remportera d'ailleurs le prix du jury aux Filmfare Awards pour sa prestation impeccable. Nawazuddin Siddiqui apparaît à la fin de l'œuvre, comme pour introduire son personnage comme le protagoniste de la suite du métrage. C'est avec Gangs of Wasseypur que le comédien a enfin vu son talent mis en avant. Il sera lauréat d'une mention spéciale aux National Awards, mettant ainsi tout le monde d'accord sur son incroyable aura. Tigmanshu Dhulia, Reemma Sen, Piyush Mishra, Huma Qureshi, Pankaj Tripathi et Jaideep Ahlawat font également un travail juste dans des rôles plus limités, mais néanmoins écrits avec minutie.
A travers Gangs of Wasseypur, Anurag Kashyap semble avoir terminé le travail qu'avait commencé Ram Gopal Verma avec des œuvres comme Satya et Company pour illustrer ces histoires réelles sur certaines figures du banditisme en Inde.
On a ainsi droit à un film qui est brutal, sinistre et terrifiant autant qu'il est drôle, enlevé et dynamique. S'il est souvent présenté comme une œuvre qui se sort du cinéma hindi traditionnel, je le considère pour ma part comme un film de Bollywood à part entière. Cela me dérange d'ailleurs profondément que l'on veuille nécessairement mettre les métrages dans des cases. Ne peut-on pas faire du cinéma populaire et intelligible à la fois ? Gangs of Wasseypur est un film de Bollywood par essence et dans sa nature profonde, on sent d'ailleurs les influences du cinéma hindi des années 1970 et 1980, à l'époque où les masala ultra-violents faisaient légion à Bollywood. Les chansons composées par Sneha Khanwalkar y sont omniprésentes et donnent aussi à cette œuvre originellement très agressive une saveur plus surannée.
Cette première partie de Gangs of Wasseypur est à ne pas manquer. C'est d'ailleurs un plaisir de voir des festivals comme le FFAST le mettre en avant dans sa grille de programmation, tant le film est aussi puissant que jubilatoire. Le langage est vif, les scènes impactantes, la musique efficace et la distribution de première classe... Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour vous faire passer un excellent moment de cinéma, pour découvrir au passages ces acteurs brillants qui s'éloignent des visages du cinéma hindi 'mainstream'...
LA NOTE: 4/5
★★★★☆
★★★★☆