La critique de : Kalank (★★☆☆☆)

mercredi 24 avril 2019
critique film cinema bollywood kalank 10 raisons pour lesquelles je n’ai pas aimé Kalank. Si vous n'avez pas vu la dernière réalisation d'Abhishek Varman, Kalank, passez votre chemin. Il y a tellement de spoilers dans cet article que ça ressemble à un tsunami !

1. Un personnage féminin catastrophique.

Sortant de nulle part, Satya (Sonakshi Sinha) débarque chez le père de Roop (Alia Bhatt) pour que celle-ci vienne vivre chez elle, en espérant que Roop la remplace auprès de son mari après sa mort (parce que surprise, elle a un cancer). Sortant de nulle part, oui, car à part le fait que le père de Satya ait financièrement aidé la famille de Roop, rien nous explique pourquoi Satya a décidé de choisir cette fille plutôt qu’une autre. Et non, ce n’est pas une chanson qui va nous aider à comprendre. Cela fait 2 minutes que le film a commencé et on ne sait strictement rien sur cette nana !

Pourtant, Satya ne force pas Roop qui, plutôt que de débarquer comme maîtresse (elle aurait pu dire non, hein, je le souligne) préfère être la seconde épouse because « please, respect. » Sauf que, dans cette demande, il y a aussi la volonté que la famille de son futur mari s’occupe de ses deux petites sœurs qui, étrangement, disparaissent de sa vie après coup. Juste une excuse quoi.

Et voilà mon problème : t’acceptes de te marier à un inconnu pour sécuriser financièrement ta famille. L’époux ne te force à rien, c’est un mec plutôt correct, tu trouves même un job (parce que t'es une fille éduquée, en plus) et tu fais partie d’une famille respectable. Mais c’est suffisant pour envisager le suicide UNIQUEMENT afin de pouvoir aller apprendre le chant dans un quartier malfamé de la ville ? What ?

C'est un caprice d’enfant de 12 ans, non ?

On passe la romance avec Zafar (Varun Dhawan), sans fondement. Mais le pire, ça reste Roop. On ne comprend pas cette fille. Et quand Dev (Aditya Roy Kapur), qui a perdu sa femme (qu’il aimait), donne de nouveau la possibilité à Roop de choisir, bah elle dit oui ! Hein ! Parce qu'on est dans le "drama signé dharma". Et puis hop, comme elle fait un effort, elle finit dans son lit... Logique, la femme mariée ne sert qu’à ça, c’est son devoir. NO COMMENT.

2. Les musulmans, encore les méchants.

Et que ça te met du khol sous les yeux, pour qu’on fasse bien la différence. Ainsi, Dev ne veut pas de la partition, il veut ce qu’il y a de mieux pour son pays, il vit au-delà des religions. C’est un mec droit, vous voyez. Un mec qui veut l’égalité, l’industrialisation. Qui pense à l'Inde en grand, en large. Sauf qu’évidemment, à côté, les musulmans majoritaires dans la ville veulent plutôt que la terre soit la leur ! Quitte à mettre le feu aux poudres, trahir, tuer femmes et enfants sur leur passage… Autant dire que la partition est une excuse dans le récit de Kalank. On en parle au début, on en parle à la fin. Et ça s'arrête là.

critique film cinema bollywood kalank 3. Madhuri Dixit sous-employée.

Ils ont osé ! Osé mettre une scène ou Bahaar Begum (Madhuri Dixit) est muette, en arrière-plan, pendant la confrontation entre Balraj (Sanjay Dutt) et Zafar ! ON NE LAISSE PAS MADHU DANS UN COIN ! Autant dire que son histoire est la plus intrigante, et aurait mérité plus de place, davantage de parallèles avec Zafar et Roop (quitte à engager une jeune Bahaar et un jeune Balraj). Cette courtisane a aimé, aimé si aveuglement qu’elle a sacrifié Zafar en espérant que Balraj reviendrait à elle. Aimé tellement qu’après toutes ces années, son amour est encore là, alors que franchement, Balraj c’est un peu un biiiiig enfoiré.

Mais non, mettons la chanson Kalank en boucle pendant que Roop joue les « journalistes » pour son mari (qui s’en fout complètement qu’elle se ballade tous les jours dans un quartier dangereux) et se laisse charmer par Zafar. C’est sûr que c’est plus intéressant.

4. Stop les images de synthèses foireuses, please.

Et que ça te fout un taureau en carton-pâte digne de l’autruche de Sanjay Leela Bhansali dans Padmaavat. Mais décidément, les indiens n’ont pas compris qu’un mauvais effet spécial pouvait casser toute la dynamique d’une
scène ! Et je ne vous dis pas le nombre de fonds verts qu’on remarque à des kilomètres, des incohérences de décors, de mises en scène... de plein de choses en fait ! TROP DE CHOSES. Oui, c’est beau. C’est même parfois envoûtant. Mais les gars, vous avez perdu votre bon sens ? Tout ça pour des scènes au ralenti et des décors de folie.

On n’est pas stupides, hein.

D’ailleurs, on est en 2019. C’est quoi votre souci ? Un problème de logiciel ou vous avez juste la flemme de faire des remarques à votre team préposée aux effets spéciaux ? Non mais quand c’est aussi gros, c’est juste maladroitement comique. Alors oui, on a un super fou rire. Mais au final, c’était quoi, le but de cette scène ? Montrer les abdos de Varun ? D’ailleurs, le département make-up, il était au rabais, aussi ? Non parce que le contouring était foireux sur les tablettes de chocolat. NEXT !

5. Un tube par ci, un tube par là.

Il y a deux chansons, je trouve, qui ont leur place dans le film : "Tabaah Ho Gaye", because Madhruri (mais aussi parce que c’est profondément triste et que ça colle à l’ambiance). Et enfin pourquoi pas "Aira Gaira", parce que ce n’était pas mal, comme à l’ancienne dans les vieux films où COMME PAR HASARD, nos deux héros se rencontrent et font la fête, sans savoir qui ils sont réellement. Mais alors "Kalank" et le reste…

Déjà, faut arrêter de nous imposer une chanson par acteur. On n'a clairement pas besoin d’une chanson pour introduire Roop, surtout quand la chanson ne nous dit rien d’elle ! Et encore moins une autre chanson pour Zafar ! Et que ça te fout ensuite une mélodie à répétition et un background score en boucle quand les deux amants se regardent dans les yeux (je suis la seule à avoir l’impression que c’était une musique tirée de Titanic ?)

C’est du forcing. On cherche à nous divertir pour faire passer le temps, on cherche à nous imposer une émotion comme si on était trop stupides pour comprendre. Mais au final, c’est juste ennuyant et même assez énervant ! Les chansons sont toutes cool, hein. Sauf que dans le film et sa narration, elles sont superflues.

critique film cinema bollywood kalank 6. Un montage foireux (pour aller avec les effets spéciaux).

Parfois, t’as des trucs, tu te dis : hein ?! Il parait que Bahaar Begum n’a jamais entendu une voix comme celle de Roop depuis des années. Tu m’étonnes, c’est Shreya Ghosal qui est derrière… COMME POUR ELLE ! Oui, oui. Pas la peine de payer une autre chanteuse, on prend la même. Et qu’on ne me lance pas sur l'enchaînement des scènes.

En particulier dans la seconde partie, voilà un exemple : Satya dans les bras de Dev, alors qu’il lui demande de ne pas partir, puis bam ! Lui et son père sont devant le bucher.On doit supposer qu’elle est morte dans la nuit ou c'est comment ? La brutalité de ce changement, j’ai détesté ! En mode : allez hop, c’est bon, dead. On passe à autre chose.

7. De superbes dialogues, mais c’est quoi cette narration ?

Pourquoi Roop raconte tout ça (oui, manifestement, 10 ans plus tard, sans une ride, elle parle de son histoire à un journaliste) ? No fucking clue. D’ailleurs, pourquoi le film n'a pas commencé comme ça ? Avec un journaliste qui frappe à sa porte ? Aussi, le manque d’expression d’Alia m’a fait grincer des dents. Ressens quelque chose, choupette ! Elle est passée où, l’énergie que tu avais dans les 2 premières minutes du film ? Tu sais, là où tu voles sur les toits pour attraper un cerf-volant ?

En vrai, Dev aurait pu raconter l’histoire, ça aurait été plus pertinent, surtout pour les scènes entre son père et du coup, son demi-frère. BUT, on essaye de mettre en avant une héroïne, pour changer (parce que c’est la tendance, pas parce qu’on y croit), la logique, on s’en branle. Ou alors juste parce que c'est Karan Johar et qu'il veut Alia en tête d'affiche, as always.

critique film cinema bollywood kalank 8. ZAFARRRRRRRRRRR (à lire en hurlant).

Zafar, notre héros, est en fait un bad guy ! Oui, oui ! Il manipulait son pote, il manipulait Roop pour sa vengeance. Bâtard (for real) du père de Dev avec l’ancienne courtisane Bahaar Begum, il a été frustré toute sa vie, alors voilà. Il est un peu responsable de sa fin, j’ai envie de dire. Et de tout le chaos qui arrive dans la ville.

Zafar est aveuglé par sa vengeance... Mais du coup, ALLEZ AU BOUT DE VOTRE IDEE, MERDE ! Vous ne pouvez pas révéler ça puis... Hop, direct ! Ah bah non, il l’aime, attends... Non. Moi je voulais sa vengeance, et je voulais ensuite qu’il réalise son erreur. Mais non, ça reste quand même le héros du film, vous voyez. Il faut qu’il réalise son amour avant de passer du côté obscur de la force, alors que clairement il a la haine envers sa mère et son père !

Pourtant, haha, il n’a jamais vu son demi-frère Dev ! (Sinon ce n’est pas drôle, mais j’imagine que l’excuse c’est qu’il était à Londres ?) D’ailleurs, comment savait-il que son père était Balraj ? D’où lui est venue l’info ? Pourquoi Bahaar lui aurait-elle dit ? Et s’il savait que Roop était sa seconde femme, comment (franchement) n’a-t-il jamais pu voir Dev de sa vie ?! Non parce que la scène où les deux se rencontrent pour la première fois est sympathique, mais franchement irréelle. Et of course, fallait foutre une bouteille à la main d’Aditya Roy Kapur, parce qu’il le fait tellement bien, le mec bourré. Ce qui l’empêchera pas de conduire une voiture 5 minutes plus tard (et sans accident, s’il vous plait).

9. On est vraiment en 1946 ?

Un autre problème, c’est le réalisme. Pourquoi implanter l’histoire durant la pré-partition si vous ne respectez même pas cette époque ? Il y a comme un malentendu, entre les chansons trop modernes, la manière dont les uns et les autres parlent, se comportent (encore une fois, tout va bien, le quartier est malfamé, mais une jeune mariée toute riche peut s’y promener pépère. Moi, je lui aurait chiper ses bijoux direct !)... Même les décors ! Alors oui, la ville est top ! Parfaitement recréé, on sent que tout a été bien réfléchi, mais mince alors qu’est-ce que c’est propret ! Le reste ? Cf ce que j’ai dit plus tôt : des effets spéciaux, parce que c’est plus simple.

Au passage, ils sont où, les british ? On en voit deux dans la soirée où Dev amène Roop, mais sinon ?

LOGIQUE, WHERE ARE YOU ?!

EN PLUS, faudra qu'on m'explique : majorité musulmane dans le quartier, mais quand c'est l'Aid, on fait pas grand chose. Alors que c'est Dusehra, là, on fait péter le portefeuille...

critique film cinema bollywood kalank 10. Bon, vous l’avez compris, je n’ai pas aimé.

Je vois où l’histoire devait aller, mais impossible d’y croire. Impossible d’entrer dedans. Dans l’ensemble, le casting est vraiment correct, mais l’histoire qui ne possède que quelques beaux moments, n’a rien pour elle. C’est creux, et on essaye de nous faire pleurer avec rien, alors bonne chance ! C'est dommage. Vraiment dommage, car Kalank aurait pu être un bel hommage aux films d'époque, pas juste un sosie de l'oeuvre de Bhansali. Les vieux fonds verts, ça aurait pu être un clin d'oeil, sauf que c'est mal utilisé. e ne vais pas vous mentir, j’aurais pu très bien arrêter le film au milieu et sortir de la salle de cinéma, mais non.Parce que mine de rien, on espère avoir les réponses à certaines de nos questions. Et non, on n'a pas toutes les réponses, mais ça... Kalank est donc décevant. Il aurait pu être beaucoup plus, mais encore une fois, arrêtez de croire que les décors, la musique ou des fausses larmes suffisent.

En vrai, t’as un mari comme Dev, tu t’en fous de Zafar ! Limite, tu lui achètes un tee-shirt et tu lui dis d’aller se faire voir cordialement.

Sinon oui, Kunal Kemmu est SOOO GOOOOD.
Voilà, bye bye.
LA NOTE: 2/5
★★☆☆☆
mots par
Elodie Hamidovic
"A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur."
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