La critique de : Pariyerum Perumal (★★★★★) #FCIT2019

dimanche 14 avril 2019
critique film toulouse fcit festival Pariyerum Perumal J'avais manqué Pariyerum Perumal lors de ses multiples séances en région parisienne, mais j'avais le souvenir de n'en avoir entendu que du bien. Alors forcément, lorsque le film est annoncé à la programmation du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, j'étais en joie ! D'autant que le réalisateur du film, Mari Selvaraj, serait présent pour en parler avec nous. Quel honneur !

Pourtant, j'aurais eu de bonnes raisons de pas aller voir le film. Pas pour ce qui le concerne directement, mais parce que j'ai eu la brillante idée de m'éclater à la Bollywood Party organisée la veille (aussi dans le cadre du festival) et qu'honnêtement, il m'a fallu du courage pour assister à cette séance matinale. Est-ce que ça valait le coup ? Largement. Pariyerum Perumal (Kathir) est un jeune homme issu d'un village près de Tirunelveli, au Tamil Nadu. Il appartient à une caste opprimée et malgré sa condition, le jeune homme espère étudier le droit afin de pouvoir défendre sa communauté. Si la tendresse et la bienveillance de la belle Jo (Anandhi) aident le jeune homme à se surpasser, la famille de cette dernière voit d'un très mauvais oeil leur complicité. Et c'est le début de la descente aux enfers...

Le film commence avec une image très forte, mais aussi très brutale.

Pariyerum Perumal perd sa chienne Karuppi, première victime de l'hégémonie de caste. Cette chienne devient un symbole tout au long du film. La fabrication du métrage est cela dit assez classique et s'inscrit dans la lignée d'autres drames tamouls néo-réalistes. L'image est tellurique et s'appuie sur l'authenticité des lieux, la narration est ponctuée de chansons (brillamment composée par Santhosh Narayanan) et la mise en scène peut sembler mélodramatique.

Mais ce qui touche dans ce premier essai de Mari Selvaraj, c'est son propos. Le réalisateur est lui-même issu d'une caste opprimé et on sent viscéralement son désir de restituer une réalité. Les remarques acerbes, les regards malsains, la violence et les humiliations. Tout y est et rien ne semble théâtralisé. Aussi, le casting fait un travail admirable. Le jeune Kathir (que j'avais vu précédemment dans l'excellent Vikram Vedha) crève l'écran. Son regard vaut mille mots, il donne tout ce qu'il a pour faire vivre Pariyerum Perumal, aussi lorsque le jeune homme est doux et innocent que lorsqu'il perd tout contrôle sur sa vie. Face à lui, Anandhi est adorable dans un rôle plus limité de jeune fille innocente et amoureuse. Elle partage cela dit une touchante complicité avec son partenaire. Mais celui qui vous prend aux tripes, c'est Vannarpettai Thangaraj, qui incarne le père du héros. Il incarne ce père qui se travestit et qui subit également la violence des gens de plus haute caste que lui.

Je disais plus haut que fabrication et la narration de Mari Selvaraj étaient assez classiques. Mais forcément, cela rend le film très efficace. les codes du divertissement sont bien utilisés, on s'attache très vite aux personnages et la bande-originale vient sublimer le tout. Et je ne vais pas me plaindre d'avoir été divertie, au contraire !

J'étais même été bouleversée, versant ma sempiternelle larme à plusieurs reprises tout à long de la pellicule. Et pour moi, le cinéma est avant tout une affaire d'émotions. Evidemment, avec le temps, je m'attache aussi au travail technique, à l'écriture et aux détails qui font un métrage de plus ou moins bonne qualité. Mais l'axe principal qui fait de moi qu'un film devient une réussite, c'est sa capacité à m'émouvoir. Et oui, que voulez-vous, je suis une madeleine ! Donc forcément, lorsque je suis très touchée, je le fais savoir. Je ne cherche pas à nuancer mon propos. Même si le film est perfectible, j'y adhère complètement parce qu'il arrive pour à l'essentiel : à créer un lien avec son public. C'est pour cette raison que pour la première fois cette année, j'accorde à ce film la note maximale. Bravo à Mari pour ce premier film d'une immense sensibilité. Et merci de nous avoir fait l'honneur de sa présence !
LA NOTE: 5/5
★★★★★
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
"Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même."
lui écrire un petit mot ?