La critique de : The Fame Game (★★★☆☆)

mercredi 2 mars 2022
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L’icône Madhuri Dixit dans une série Netflix ? Ça aurait semblé improbable il y a quelques années et pourtant, c’est désormais la réalité puisque, depuis le 25 février dernier, l’actrice est la star du programme The Fame Game, disponible sur la célèbre plateforme de streaming.

Mais que vaut cet essai dans un nouveau format de la part de cette comédienne, superstar du grand écran ?



Durant les deux premiers épisodes, c’est long. Vraiment. On a du mal à savoir où cette histoire d’actrice disparue va bien pouvoir nous mener. L’industrie du cinéma est encore une fois glorifiée mais jamais fondamentalement questionnée, qu’il s’agisse des effets de la célébrité ou de la pression des stars à toujours être au sommet. Cela dit, ce n’est pas vraiment étonnant quand on sait qu’à la production, il y a Karan Johar, qui n’aurait pas grand intérêt à déconstruire un système qui le fait vivre depuis plus de 25 ans. Visuellement, c’est d’ailleurs très lisse, très aseptisé, sans pour autant qu’il y ait de grandes propositions de mise en scène. Et c’est clairement dommage de filmer si platement une personnalité aussi magnétique que Madhuri.

Cela dit, à partir du troisième épisode, la trame prend son envol.

Les enjeux sont clairs, les coupables potentiels se multiplient. Il y a le fanatique, le mari violent, l’acteur et ancien amant, la mère castratrice. On est porté par une folle envie de savoir ce qu’il est advenu d’Anamika, de comprendre ce qui a bien pu la mener à un tel sort. Sanjay Kapoor est très bon en ordure de service. Je ne saurais dire pourquoi, mais je trouve que son visage et ses expressions s’y prêtent très bien. A tel point que lorsque je l’ai vu dans la télé-réalité Bollywood Wives (de laquelle sa femme Maheep est l’une des stars), j’avais du mal à croire qu’il soit en fait aussi sympathique ! De son côté, Manav Kaul est définitivement en train de s’imposer comme l’un des mes nouveaux chouchous tant il est formidable dans le rôle de Manish, charismatique et poignant.

Suhasini Mulay est parfaite dans la peau de la cruelle mère de l’héroïne tandis que Rajshri Deshpande (que j’avais adoré dans Déesses Indiennes en Colère) incarne une femme flic plus vraie que nature. Gagan Arora est un fan dérangé très convaincant et Lakshvir Saran donne du corps à l’histoire d’Avinash, le fils d’Anamika. Par contre, Muskkaan Jaferi sonne faux du début à la fin ! On tient là l’erreur de casting de la série. La comédienne en fait des caisses et joue l’insécurité avec moins de talent qu’une actrice de soap opera. C’est criard, excessif et ça casse la dynamique de beaucoup de scènes qui auraient dû être touchantes.

Mais venons-en aux faits. A celle qui m’a poussée à presser le bouton “play” pour commencer : Madhuri Dixit.

Elle est simplement fidèle à elle-même. Superbe dans les premiers épisodes, où on ne voit d’elle que sa vie de vedette, et bouleversante sur la fin, lorsqu’elle prend sa vie en main. Car effectivement, pendant une bonne partie de la série, Anamika est spectatrice de son destin, elle subit les décisions de son mari et de sa mère. C’est frustrant de ne la voir qu’à travers des flashbacks, de ne la voir que s’en prendre plein la figure. On attend trop longtemps d’elle qu’elle se manifeste, qu’elle s’insurge contre ce qu’on lui a imposé. Et puis, sur la fin, les rôles s’inversent. C’est elle qui décide, c’est elle qui va agir pour donner une nouvelle trajectoire à son existence, et à celle de ses enfants. Et là, c’est absolument jouissif tant Madhuri est impeccable en femme de tête que plus rien n’arrête.

La série a ainsi beaucoup de choses frustrantes en son sein, de son absence totale d’idées visuelles à l’inertie de son personnage principal pendant une bonne partie de l’histoire. On est loin de ce qu’ont pu faire d’autres shows du sous-continent comme Made In Heaven ou encore Mirzapur. Et franchement, c’est regrettable tant il y avait là le potentiel de faire quelque chose de grandiose.

A la place, on se retrouve avec une série correcte, qui se regarde effectivement sans difficulté, mais dont les défauts rendent le tout assez oubliable.

Je ne m’étendrai pas sur le dernier épisode pour ne pas vous gâcher le plaisir, mais je peux cependant vous dire que j’ai trouvé cette fin à la fois intéressante et un peu farfelue. Comme une façon de dénoncer le système de l’industrie cinématographique indienne. Et de donner du sens au titre du programme…

De fait, est-ce qu’il faut tenter l’expérience The Fame Game ? Pour les inconditionnels de Madhuri Dixit comme moi, sans la moindre hésitation ! Car le plaisir de revoir cette grande dame dans une nouvelle proposition, aussi imparfaite soit-elle, ne peut être décliné. En revanche, pour les autres, c’est à vous de voir. Parce que la majorité de la distribution fait parfaitement le travail et parce que l’intrigue fonctionne, malgré son caractère relativement prévisible. Alors, à vous de décider : donnerez-vous sa chance à The Fame Game ?
LA NOTE: 2,5/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?