Bolly&co Magazine

La critique de : RRR (★★★★☆)

31 mars 2022
critique rrr ram charan teja ntr jr
Je vais être honnête : je n’ai pas encore été voir RRR. Et ce à mon grand regret. Mais pour ma décharge, la seule séance dont j’avais connaissance dans ma région était en version doublée en tamoul. Et je l’avoue, j’ai une aversion sans limite pour les versions doublées en Inde car là-bas, le résultat est très approximatif (et ce contrairement à la France qui bénéficie d’artistes de doublage pointus).

C’est ainsi que, tel un prince sur son cheval blanc, mon cher mari (qui vit en région parisienne) s’est proposé d’aller voir le métrage pour moi. N’est-ce pas adorable ?



Cependant, je l’avoue, j’étais un peu préoccupée. Jeter mon époux néophyte dans la gueule du loup, dans l’univers fantasque de S.S. Rajamouli était risqué à bien des niveaux. Car effectivement, depuis le début de notre relation, j’ai mis une énergie folle à déconstruire ses présupposés sur le cinéma indien. Et alors que je commençais à atteindre mon objectif (car oui, Monsieur a adoré 83 et Gangubai Kathiawadi !), je craignais que le style du cinéaste télougou soit trop excessif, trop extrême pour lui.

Très appliqué, il s’est donc pointé à la séance muni de son carnet et de son stylo, et il a pris des notes… 5 pages de notes ! Plus surprenant encore, il a été enchanté par ce visionnage ! Alors, non sans une pointe de fierté, voici la restitution en 5 points d’un amateur de cinéma qui découvrit, par amour, ce film singulier de l’industrie indienne…

1. Techniquement époustouflant.

L’univers visuel de S.S. Rajamouli est fort et accrocheur. Le réalisateur a toujours assumé le caractère extrême et délirant de son cinéma, et il ne déroge pas à la règle avec RRR. Son travail sur les décors mais aussi sur les prises de vue est absolument remarquable. Il est cependant regrettable qu’avec une telle finesse esthétique, les effets spéciaux soient aussi grossiers. Ce problème était déjà criant dans son précédent projet, le diptyque Baahubali (sorti en deux parties en 2015 et 2017), et il est dommage que le metteur en scène n’ait pas collaboré avec des professionnels plus qualifiés de la VFX.

2. Un casting à la hauteur.

Qu’il s’agisse des deux têtes d’affiche Ram Charan Teja et NTR Jr ou encore des apparitions spéciales d’Ajay Devgan et d’Alia Bhatt, toute la distribution remplit parfaitement son contrat et illustre avec panache l’histoire racontée par Rajamouli. Si l’actrice bollywoodienne est ici quelque peu sous-employée, elle donne parfaitement le change face à ses énergiques co-stars, connues à Tollywood pour leurs performances survitaminées. Tous se sont ainsi mis au service de cette fresque grandiloquente et sincère pour lui donner l’âme indispensable afin de cueillir le spectateur.

3. Quelques incohérences.

La chérie d’un des héros (incarnée par l’anglais Olivia Morris) disparaît mystérieusement de la trame pour revenir comme une fleur, sans la moindre explication, à la toute fin du film pour danser avec l’élu de son cœur. Aussi, et c’est un problème assez récurrent au cinéma indien (déjà relevé dans Bajirao Mastani et Gangubai Kathiawadi), les repères temporels ne sont pas forcément clairs. On se doute, après quelques recherches, que le film se déroule dans les années 1920 mais cela aurait été facilitateur pour le spectateur d’avoir davantage d’éléments sur la temporalité des évènements.

4. Une narration prenante.

RRR a pour lui un atout majeur : sa redoutable efficacité. En effet, l’histoire qui nous est racontée est particulièrement rythmée. Il n’existe aucun temps mort, aucun temps de latence qui pourrait amener le spectateur à décrocher, à se désintéresser de l’intrigue. Rajamouli confirme ainsi son talent de conteur après l’envoûtant Baahubali et le non moins amusant Magadheera (sorti en 2009 et déjà avec Ram Charan Teja). Que l’on soit coutumier du genre ou pas, impossible de décrocher de RRR tant il est engageant !

5. Un climax poussif.

Pour le spectateur non éclairé, les scènes d’action excessives du cinéma indien ont longtemps été à classer au panthéon des trouvailles de Nanarland, qui a d’ailleurs le mauvais goût régulier de croire que tout film indien est issu de Bollywood ! Hélas, ce n’est pas avec la séquence conclusive de RRR que l’on va contrer cette image désastreuse. Car si elle s’inscrit dans la continuité du film de Rajamouli, tout en amplitude et en excès, elle aurait gagné à être moins cliché.
LA NOTE: 3,5/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?