Bolly&co Magazine

Les films female centric à Bollywood entre 1950 et 2000.

8 mars 2022
Les films female centric à Bollywood
— Cet article a été publié dans le numéro 13 de Bolly&Co, page 68.

Bien que j’adore les classiques de Bollywood, il faut admettre que peu de films tiennent la réputation d’œuvres iconiques. Encore moins quand il s’agit de films « female centric ».

Pourtant, c’est une ère qui a amené un nombre incalculable d’actrices talentueuses.



Les citer sans en oublier une seule, c'est clairement mission impossible. Entre celles qui n’ont pas connu de succès commercial et celles qui se sont éteintes bien trop tôt, la liste est longue, mais prouve qu'il y avait déjà des opportunités au niveau des rôles féminins, bien que minimes. Ensuite, le cinéma indien des années 1970, 1980 et 1990 est essentiellement connu pour ses innombrables masala, son côté kitsch et ses performances un poil exagérées. C'est une époque où toute les actrices avaient pour but d'apporter du glamour et du charme aux films. Pourtant, même limité, nombre de femmes ont su se démarquer.

Entre la défunte Sridevi qui n’a guère besoin de description et la talentueuse Madhuri Dixit, les amoureux des films hindi ont eu droit à des perles durant cette période.

Même si ces deux actrices ont participé à beaucoup de métrages commerciaux, elles ont contribué à leur manière à développer les films female centric dans leur pays. Vous pouvez en lire davantage dans notre parution dédiée à Sridevi, ainsi que dans l’édition qui met Madhuri à l’honneur.

Évidemment, la liste de ces merveilleuses femmes ne s'arrête pas là.

Avec une carrière qui s’étend sur plusieurs décennies, Rekha est l’un des meilleurs exemples pour représenter ce qu’est une actrice de calibre. Elle fût l’une des icônes les plus admirées et respectées de son époque. Si ses débuts dans les années 1960 n’étaient pas mémorables, c’est vers la fin des années 1970 et le début des années 1980 que sa carrière explose. Jouant des rôles féminins puissants, elle a aussi eu droit à des succès commerciaux en plus de films artistiques divers (connus en Inde sous le nom de cinéma parallèle).

Plusieurs de ses rôles et films ont été revisités par la suite, comme Umrao Jaan avec Aishwarya Rai Bachchan et Khubsoorat avec Sonam Kapoor. En 50 ans de carrière, l’actrice a prouvé sa diversité en s’illustrant autant dans des rôles comiques que dramatiques. Rekha est également un symbole de survie. Avec une carrière aussi longue, l’actrice a connu des hauts et des bas, revenant glorieusement à l’écran avec le bon projet et le bon rôle.

En 1981, son chemin croise celui d’une autre actrice de calibre dans le métrage Ek Hi Bhool : Shabana Azmi.

Cette dernière n’est créditée que pour une apparition spéciale, mais son chemin est déjà tout tracé. Détentrice de 5 National Film Awards de la Meilleure Actrice (un record !), Shabana a fait ses débuts en 1974, pour ensuite de devenir l’une des actrices phare du cinéma parallèle indien. Cette forme étant nouvelle à l’époque, aussi bien pour le sérieux de son contenu que pour le réalisme de ce qu’elle offre au public, c’est au travers d’artistes féminines comme Shabana Azmi que ce style est parvenu à perdurer.

Pour son premier rôle dans Ankur (1974), Shabana a marqué les esprits. Débutante, elle a accepté un rôle que plusieurs autres actrices ont refusé. Sa prestation dans ce métrage a été décrite comme « une performance psychologiquement marquante et entièrement différente de tout ce qui a pu être vu dans le cinéma hindi contemporain,» selon le site upperstall.com, une plateforme qui se base uniquement sur le cinéma indien classique.

Si aujourd'hui il est courant de lire des articles sur les mésententes entre deux actrices, c'était également déjà le cas par le passé. Parmi les rivalités les plus discutées de ces années-là, il y a celle entre Shabana Azmi et Smita Patil. Les deux femmes avaient beaucoup de points communs. Elles partageaient toutes les deux une même vision : soutenir des films qui changent la vision de la société sur les femmes. Elles soutenaient la cause féministe et ne s’en cachaient pas. Pourtant, les deux actrices ne s’entendaient pas plus que ça. « Hélas, nous n’avons jamais pu être amies. La rivalité entre nous a causé une friction. Autant les histoires fabriquées par les médias que les vrais problèmes. Nous avons essayé de nous réconcilier et sommes parvenues à rester cordiales. Cependant, ça ne s’est jamais transformé en amitié, » se remémore Shabana Azmi dans une interview pour Deccan Chronicle en 2016.

Elles ont collaboré pour la première fois pour le métrage Nishant.

Un film de Shyam Benegal dans lequel les deux actrices ont partagé l’affiche en compagnie de l’excellent Naseeruddin Shah. Smita Patel y tient le rôle de l’épouse et représente l’image de la jalousie, de la colère et de la douleur lorsque son mari kidnappe une autre femme et la ramène chez eux. Ce fut d’ailleurs l’une de ses premières apparitions. Ses premières années en tant qu’actrice étaient dédiées à ce type de projets : humbles, sans un énorme budget, avec un message social puissant à communiquer.

Mais comme beaucoup de femmes dans ce domaine, Smita Patil a accepté des rôles plus commerciaux pour survivre dans le cinéma. Dans une de ses interviews de l’époque, elle expliquait : « J’ai dédié mes cinq premières années à ce genre de cinéma, en refusant toutes les offres commerciales qu’on me proposait. Aux alentours de 1977-1978, le cinéma indépendant a commencé à grandir et il avait besoin de grands noms à l’affiche. On m’a retirée de plusieurs projets. Ça m’a beaucoup affectée. Je me suis dite : je ne me suis jamais souciée de l’argent ou de la gloire. J’ai refusé un grand nombre d’offres pour me consacrer à ces petits films, et qu’est-ce que j’ai obtenu en retour ? », c’est à partir de ce moment-là que Smita a changé sa vision des choses, acceptant les films mainstream.

Ces grandes actrices sont restées attachées à leur identité.

D’autres dames du cinéma indien, ont parfois tenté l’expérience des films plus commerciaux sans pour autant oublier ce qui les rendait uniques. Sans courir après la célébrité et en utilisant leur notoriété pour la mettre au service de projets qui véhiculaient un véritable message. Par exemple, il y a Manisha Koirala qui a su maintenir un parfait équilibre entre le cinéma commercial et parallèle durant les années 1990. Mais aussi Urmila Matondkar qui s’est imposée dans le genre du thriller en plus de ses quelques comédies romantiques durant la même décennie, ou encore Raveena Tandon qui a également contribué à de nombreux films female centric alors qu'elle était au sommet de sa carrière.

Découvrez les films qui, selon moi, ont marqué l'industrie du cinéma indien par leur récit ou leur personnage féminin fort.



Mother India (1957)

Qui ne l’a pas vu au moins une fois dans sa vie ? Pour être tout à fait honnête, Mother India fait partie de ces films que je n’ai pas aimé au premier visionnage. Peut-être parce que je ne voyais que le côté mélodramatique. Comme son nom le suggère, Mother India représente l’essence d’une mère, prête à tout sacrifier pour ses enfants et ses convictions morales. Un métrage spécial pour son temps, et à jamais. mother india poster
Sahib Bibi aur Ghulam (1962)

Meena Kumari est sans doute l’une des plus belles actrices que le cinéma indien ait connu, et sa prestation dans Sahib Bibi Aur Ghulam ne fait que le prouver. Atulya Chakraborty (Guru Dutt) est un servant. Ebloui par la beauté de Chhoti Bahu (Meena Kumari), l’épouse de son patron, il se rapproche d’elle pour mieux connaître son histoire.Il est vrai que le métrage est davantage centré sur le personnage de Guru Dutt. Mais Meena Kumari est de toute évidence l’âme de Sahib Bibi aur Ghulam. Sahib Bibi aur Ghulam poster
Aandhi (1975)

Drame politique et social, Aandhi offre à Suchitra Sen l’un de ses plus beaux rôles. Aarti Devi (Suchitra Sen) est une femme sur le terrain des hommes. Une femme qui gère ses propres choix. Une politicienne qui croise à nouveau le chemin de l’homme qu’elle a toujours aimé, J.K (Sanjeev Kumar). Choisira-t-elle d’être définie par cet homme ou par sa carrière ? A l’époque de sa sortie, le métrage a été banni par Indira Gandhi car apparemment adapté de l’histoire de sa vie. Cette controverse a mis l’œuvre de Gulzar sous les projecteurs. Deux ans plus tard, il a bénéficié de sa première diffusion à la télévision indienne. Aandhi poster
Bhumika (1977)

Connu comme l’un des premiers films du cinéma parallèle à faire l’objet d’un grand plébiscite populaire, Bhumika retrace la vie d’une actrice qui débute sa carrière alors qu’elle est encore enfant, avant de grandir et de devenir une star de son temps. Le métrage est inspiré de l’histoire réelle d’une actrice des années 1940, Hansa Wadkar. Smita a obtenu son premier National Award pour ce rôle, 3 ans seulement après ses débuts au cinéma. Bhumika poster
Umrao Jaan (1981)

Si l’adaptation de 2006 était tout sauf un succès, la tentative de Muzaffar Ali dans les années 1980 était différente. Dans les années 1840, une petite fille est kidnappée de son village avant d’être vendue à la propriétaire d’une maison close. Cette enfant devient à ce moment Umrao Jaan (Rekha), une courtisane qui marque rapidement les esprits par sa beauté, son talent et sa capacité à charmer les hommes. Rôle culte de la carrière de Rekha, cette dernière remportera le convoité National Award de la Meilleure Actrice pour ce rôle. Umrao Jaan poster
Arth (1982)

Personne ne peut parler des meilleurs films des années 1980 sans évoquer Arth. Signé Mahesh Bhatt, le métrage s’inspire d’ailleurs de sa propre histoire. Inder (Kulbhushan Kharbanda) est un réalisateur. Après avoir entretenu une relation extra conjugale avec une actrice, Kavita (Smita Patil), il décide de quitter sa femme Pooja (Shabana Azmi) pour refaire sa vie auprès ce nouvel amour. Arth représente le chemin que parcourt une femme pour retrouver son identité, après avoir mené la même vie d’épouse pendant tant d’années. Arth poster
Mandi (1983)

Rukmini Bai (Shabana Azmi) est une tenancière de bordel qui est prête à tout pour ses filles, notamment Zeena (Smita Patil) et Basanti (Neena Gupta). Vu l’emplacement stratégique de cette maison au cœur de la ville, des politiciens cherchent à s’en emparer en utilisant les mœurs et la morale comme raison de leur révolte. Actuellement, Shahrukh Khan tient les droits de ce métrage, ce qui laisse à penser qu’un remake pourrait être initié dans les années à venir. Mandi poster
Mirch Masala (1987)

L’un des rôles les plus connus et appréciés de Smita Patil, Mirch Masala est aussi l’un de ses films à être sorti après son décès. Se déroulant en Inde durant les années 1940, Sonbai (Smita Patil) s’oppose à un percepteur d’impôt (Naseeruddin Shah) qui use de son pouvoir dans un village pour arriver à ses fins. En 2013, Forbes a inclus la prestation de l’actrice dans sa liste des 25 meilleures performances du cinéma indien. Mirch Masala poster
Khoon Bhari Maang (1988)

Après avoir enchainé des rôles dans des films à multi cast, c’est avec ce métrage que Rekha a marqué son retour en tant qu’actrice principale. Après avoir perdu son mari, Aarti (Rekha) rencontre Sanjay (Kabir), qu’elle épouse après l’insistance de son entourage. Sanjay, qui ne cherche qu’à hériter de la fortune d’Aarti, tente de l’assassiner. Il croit d’ailleurs y être parvenu. Revenue avec un nouveau visage et une nouvelle identité, Aarti décide de se venger. Khoon Bhari Maang poster
Damini (1993)

C’est l’un des derniers films de Meenakshi Seshadri ainsi que l’une de ses meilleures performances. Ayant assisté à un viol commis par un membre de sa famille, Damini (Meenakshi Seshadri) décide de se battre pour que justice soit faite, allant à l’encontre de tout pour y arriver. Le casting inclut également Rishi Kapoor dans le rôle de Shekhar, l’époux de Damini et Sunny Deol dans le rôle de Govind, un ancien avocat qui aide cette femme dans sa quête. Damini poster
Anjaam (1994)

Premier métrage à réunir Shahrukh Khan et Madhuri Dixit, Anjaam donne à voir une Madhuri qui s’accapare toute l’attention. Vijay (Shahrukh Khan) est un riche jeune homme qui a toujours eu ce qu’il voulait. Après avoir croisé Shivani (Madhuri Dixit), il découvre pour la première fois de sa vie ce que le fait d’être rejeté signifie. Graduellement, sa fascination pour cette femme se transforme en une obsession qui fait de l’existence de Shivani un enfer. Anjaam poster
Bandit Queen (1994)

Film biographique sur la vie de Phoolan Devi, Bandit Queen était pour moi une agréable surprise. Née au sein d’une basse caste, Phoolan (Seema Biswas) a grandi en ne connaissant que la pauvreté et la misère. Le métrage retrace sa vie depuis son enfance jusqu’à son incarcération en 1983. Seema Biswas y tient brillamment le rôle principal. Bandit Queen poster
mots par
Fatima Zahra El-Ahmar
« Un thriller avec Vidya Balan et Farhan Akhtar ? Le rêve ! »
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