La critique de : Jalsa (★★★☆☆)

vendredi 22 avril 2022
critique Jalsa
Le nouveau métrage du cinéaste Suresh Triveni (auquel on doit le sympathique Tumhari Sulu), intitulé Jalsa, est sorti sur Amazon Prime Video le 18 mars dernier. Il y retrouve Vidya Balan, avec laquelle il avait déjà collaboré sur sa première réalisation, et y dirige également la formidable Shefali, dont je ne saurais que vous conseiller plusieurs de ses films (Dil Dhadakne Do, Once Again, Juice).

Cette fois, le metteur en scène prend une trajectoire totalement différente.



Alors que Tumhari Sulu était une comédie dramatique emplie de tendresse, Jalsa est un thriller sombre et inquiétant. On y suit l’histoire de Maya Menon (Vidya Balan) célèbre journaliste d’investigation qui, par accident, fauche au volant de sa voiture une jeune fille. Au lieu de s’arrêter pour porter secours à la victime, Maya prend la fuite, sans se douter que son employée Rukhsana (Shefali Shah) est particulièrement touchée par cette affaire…

Est-ce que j’ai aimé Jalsa ? Oui. Est-ce pour moi le meilleur film sorti cette année pour l’instant ? Non. Sûrement pas.

Je n’attendais pas grand-chose de ce film dont je n’ai pas du tout suivi l’évolution. Il est donc arrivé comme un cheveu sur la soupe dans mes suggestions sur Amazon Prime Video. Une bonne chose, car je l’ai toujours dit : le meilleur moyen d’apprécier une œuvre à sa juste valeur, c’est de ne rien en attendre. Ceci étant, j’avais quand même quelques expectatives du fait du casting, que j’adore. En effet, Vidya Balan est une habituée des métrages qualitatifs et la carrière de Shefali Shah a décollé depuis quelques années dans une direction similaire. Deux grandes comédiennes, expérimentées et excellentes dans le registre dramatique, réunies au service de ce thriller psychologique ? Je ne pouvais décemment pas ne rien espérer !

Lorsque je presse le bouton “Lecture”, le métrage est lancé. On entre très vite dans le vif du sujet, Jalsa ne perd pas son temps en pérégrinations narratives et a pour principal atout son efficacité. Ce qui est assez paradoxal dans la mesure où son défaut majeur, c’est son manque cruel de rythme. Car effectivement, le métrage réussit la gageure de nous impliquer dans son récit sans le saccader. Il peut exister des moments de flottement, des scènes qui tirent en longueur ou qui auraient mérité une écriture plus efficiente, plus directe. Aussi, j’ai trouvé la fin ouverte un peu facile, comme si on ne voulait pas nous montrer Maya faire face aux conséquences de ses actes. C’est dommage car à côté de cela, Jalsa est prenant, magnifiquement porté par ses talentueuses têtes d’affiche.

Vidya Balan est absolument impériale en femme de tête qui sombre peu à peu dans la déchéance, qui perd le contrôle de sa vie.

Elle apporte à Maya son intelligence émotionnelle et la subtilité qui la caractérise depuis ses débuts au cinéma. A ses côtés, Shefali Shah prouve une fois de plus à quel point Bollywood l’a longtemps sous-employée, lui faisant jouer des rôles de mère à seulement 32 ans (car oui, elle incarnait la femme d’Amitabh Bachchan et la mère d’Akshay Kumar dans Waqt - The Race Against Time…). Le reste du casting fait presque de la figuration face à elles, qu’il s’agisse de l’immense Rohini Hattangadi, du formidable Manav Kaul ou du captivant Mohammed Iqbal Khan. Mention spéciale à Surya Kasibhatla qui fait ses débuts sur grand écran avec ce film dans le rôle du fils de Maya, en situation de handicap et dans lequel il est si touchant…

Jalsa prend des risques, dans sa mise en scène, dans son climax… Mais il demeure attendu, parfois presque téléphoné dans son récit, ce qui fort regrettable pour un thriller dont l’essence même est d’instaurer de la tension et du suspense. Il y a des situations narratives auxquelles on s’attend, que l’on voit venir à des kilomètres. Et la caméra créative de Suresh Triveni ne vient pas sauver cela. Au final, le film est trop sage, pas assez coup de poing pour nous cueillir jusqu’à son épilogue. Il aurait fallu aller plus loin, explorer davantage la psyché de ses saisissantes héroïnes, quitte à taper dans le tordu, le film aurait gagné en originalité et surtout, en impact.

Au final, Jalsa est un thriller sympathique, maîtrisé, avec parfois de vraies propositions mais qui retombe comme un soufflet sur sa conclusion.

Si vous aimez les leçons d’acting, foncez tête baissée tant vous serez servi avec les géniales Vidya Balan et Shefali Shah. Et pour les autres, tentez l’expérience pour l’intention de son réalisateur qui, à défaut de remplir pleinement son contrat, nous donne à voir un bon métrage mené par deux femmes d’âge mûr ce qui, en Inde, est hélas beaucoup trop rare.
LA NOTE: 3/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?