5 raisons pour lesquelles je n'ai pas aimé Raksha Bandhan...
13 août 2022
Raksha Bandhan, le dernier film d’Aanand L. Rai (Tanu Weds Manu, Atrangi Re), est sorti en France ce jeudi 11 août grâce au distributeur Night ED Films. Comptant à sa distribution Akshay Kumar, Bhumi Pednekar ou encore Sadia Khateeb (révélée par le magnifique Shikara), ce métrage s’annonçait comme un drame familial aux saveurs old-school. De passage à Paris, j’ai donc profité de l’occasion pour aller le découvrir…
J’ai beaucoup de choses à dire au sujet de ce film. Que des choses négatives, pour être honnête. Mais l’un de ses aspects les plus dérangeants, c’est son ton paternaliste. Le héros, Akshay Kumar, est le seul personnage actif de la trame. C’est lui qui se ruine pour la dot de ses sœurs (sans pour autant en questionner la pertinence), c’est lui qui fait vivre sa famille, c’est lui qui honorera la promesse faite à sa mère mourante… Un noble protagoniste, me direz-vous ? Non, car les intentions de Kedarnath, notre héros, n’ont rien de louable ! Il cherche à marier ses sœurs au plus vite, sans jamais s’interroger sur ce qu’elles veulent vraiment, ni sur le fait qu’elles puissent aspirer à autre chose…
On passe près de deux heures avec ces personnages, et on ressort du visionnage sans savoir grand-chose sur ce qu’ils sont ! Le pire est selon moi du côté des personnages féminins, qui constituent d’affreux archétypes. L’une est la grosse de service, l’autre la fille à la peau foncée, et l’autre le garçon manqué… Les sœurs de Kedarnath sont des clichés réducteurs desquels elles ne sont jamais autorisées à sortir. On ne sait rien de ce qu’elles sont réellement, de ce qu’elles veulent ou de ce qu’elles ressentent. Il en va de même pour Sapna, le personnage de Bhumi Pednekar, qui n’a de raison d’exister que pour l’amour qu’elle porte à Kedarnath. Sapna n’a aucune aspiration, aucun but, si ce n’est l’épouser…
Raksha Bandhan est un festival de discrimination banalisée. Grossophobie, culte de la blancheur, misogynie… Tout y passe et malheureusement, ces faux-pas ne sont jamais questionnés. Kedarnath ne mûrit pas sur ses questions qui sont survolées, presque comme si c’était normal… Oui, car selon le film d’Anand L. Rai, c’est normal de dire à sa sœur, qui affirme pourtant être bien dans sa peau, qu’elle doit utiliser des crèmes blanchissantes ou faire un taille 36 ! C’est donc ce héros-là qu’on est censé soutenir ?
Raksha Bandhan, comme beaucoup de films d’Akshay Kumar sortis ces dernières années, se targue de parler d’une problématique sociétale qui touche des millions de femmes indiennes : la dot. Car en effet, des familles s'endettent pour fournir une dot conséquente pour les familles au sein desquelles leurs filles se marient. C’est un sujet dont il est effectivement important de parler. Pour autant, les femmes du film ne sont pas actrices de leur destinée. On raconte bien leur histoire, mais par le prisme de Kedarnath. C’est lui qui est sur le devant de la scène. C’est lui qui entretient le système, puis c’est lui qui décide de le déconstruire… Les femmes sont ici spectatrices, et même lorsque leur frère comprend enfin qu’elles ont probablement d’autres objectifs à atteindre que le mariage, c’est uniquement parce qu’il leur parle d’études qu’elles finissent par s’y mettre. Pas une seule fois elles ne verbalisent leur désir d’éducation avant ! Tout vient uniquement de Kedarnath et à mon sens, ça tue le propos du métrage.
Akshay, c’est comme un ex toxique. Vous l’avez beaucoup aimé, ce que vous avez vécu était beau et intense. Mais depuis que vous l’avez quitté, vous vous rendez compte de ses agissements douteux et de toutes ces fois où il vous a rendue triste… J’aimais beaucoup Akshay Kumar. Et puis, sa connivence avec le chef du gouvernement indien a commencé à sérieusement se ressentir dans ses choix de films. Du coup, dès qu’il participe à un métrage, je ne peux m’empêcher d’en questionner les intentions. Quel axe de la politique en place vient-il servir ? C’est simple : je ne crois plus en sa sincérité. Si bien que, malgré une prestation correcte dans le film, je ne peux m’empêcher de le trouver insupportable. Mais ça, ça ne regarde finalement que moi.
L’avis ci-dessus n’est que le reflet de mon ressenti. Je suis allée voir l'œuvre avec mon mari, qui découvre beaucoup de films indiens depuis que nous sommes en couple. Et de son côté, il est parvenu à passer un agréable moment et à s’instruire sur la question de la dot en Inde. Alors allez-y, il est en salles jusqu'à mardi. C’est donc peut-être l’occasion pour vous de me donner tort…
Et comment vous dire que ça a été un moment douloureux pour votre pauvre rédactrice ? Voici en 5 points ce qui, selon moi, n’allait pas dans Raksha Bandhan…
Le paternalisme puant.
J’ai beaucoup de choses à dire au sujet de ce film. Que des choses négatives, pour être honnête. Mais l’un de ses aspects les plus dérangeants, c’est son ton paternaliste. Le héros, Akshay Kumar, est le seul personnage actif de la trame. C’est lui qui se ruine pour la dot de ses sœurs (sans pour autant en questionner la pertinence), c’est lui qui fait vivre sa famille, c’est lui qui honorera la promesse faite à sa mère mourante… Un noble protagoniste, me direz-vous ? Non, car les intentions de Kedarnath, notre héros, n’ont rien de louable ! Il cherche à marier ses sœurs au plus vite, sans jamais s’interroger sur ce qu’elles veulent vraiment, ni sur le fait qu’elles puissent aspirer à autre chose…
La caractérisation des personnages.
On passe près de deux heures avec ces personnages, et on ressort du visionnage sans savoir grand-chose sur ce qu’ils sont ! Le pire est selon moi du côté des personnages féminins, qui constituent d’affreux archétypes. L’une est la grosse de service, l’autre la fille à la peau foncée, et l’autre le garçon manqué… Les sœurs de Kedarnath sont des clichés réducteurs desquels elles ne sont jamais autorisées à sortir. On ne sait rien de ce qu’elles sont réellement, de ce qu’elles veulent ou de ce qu’elles ressentent. Il en va de même pour Sapna, le personnage de Bhumi Pednekar, qui n’a de raison d’exister que pour l’amour qu’elle porte à Kedarnath. Sapna n’a aucune aspiration, aucun but, si ce n’est l’épouser…
Des aspects problématiques.
Raksha Bandhan est un festival de discrimination banalisée. Grossophobie, culte de la blancheur, misogynie… Tout y passe et malheureusement, ces faux-pas ne sont jamais questionnés. Kedarnath ne mûrit pas sur ses questions qui sont survolées, presque comme si c’était normal… Oui, car selon le film d’Anand L. Rai, c’est normal de dire à sa sœur, qui affirme pourtant être bien dans sa peau, qu’elle doit utiliser des crèmes blanchissantes ou faire un taille 36 ! C’est donc ce héros-là qu’on est censé soutenir ?
La place des femmes.
Raksha Bandhan, comme beaucoup de films d’Akshay Kumar sortis ces dernières années, se targue de parler d’une problématique sociétale qui touche des millions de femmes indiennes : la dot. Car en effet, des familles s'endettent pour fournir une dot conséquente pour les familles au sein desquelles leurs filles se marient. C’est un sujet dont il est effectivement important de parler. Pour autant, les femmes du film ne sont pas actrices de leur destinée. On raconte bien leur histoire, mais par le prisme de Kedarnath. C’est lui qui est sur le devant de la scène. C’est lui qui entretient le système, puis c’est lui qui décide de le déconstruire… Les femmes sont ici spectatrices, et même lorsque leur frère comprend enfin qu’elles ont probablement d’autres objectifs à atteindre que le mariage, c’est uniquement parce qu’il leur parle d’études qu’elles finissent par s’y mettre. Pas une seule fois elles ne verbalisent leur désir d’éducation avant ! Tout vient uniquement de Kedarnath et à mon sens, ça tue le propos du métrage.
Akshay Kumar.
Akshay, c’est comme un ex toxique. Vous l’avez beaucoup aimé, ce que vous avez vécu était beau et intense. Mais depuis que vous l’avez quitté, vous vous rendez compte de ses agissements douteux et de toutes ces fois où il vous a rendue triste… J’aimais beaucoup Akshay Kumar. Et puis, sa connivence avec le chef du gouvernement indien a commencé à sérieusement se ressentir dans ses choix de films. Du coup, dès qu’il participe à un métrage, je ne peux m’empêcher d’en questionner les intentions. Quel axe de la politique en place vient-il servir ? C’est simple : je ne crois plus en sa sincérité. Si bien que, malgré une prestation correcte dans le film, je ne peux m’empêcher de le trouver insupportable. Mais ça, ça ne regarde finalement que moi.
En conclusion, devez-vous aller voir Raksha Bandhan, surtout vu tout le mal que j’en pense ? Oui, car une expérience de cinéma est profondément personnelle.
L’avis ci-dessus n’est que le reflet de mon ressenti. Je suis allée voir l'œuvre avec mon mari, qui découvre beaucoup de films indiens depuis que nous sommes en couple. Et de son côté, il est parvenu à passer un agréable moment et à s’instruire sur la question de la dot en Inde. Alors allez-y, il est en salles jusqu'à mardi. C’est donc peut-être l’occasion pour vous de me donner tort…
LA NOTE: 1/5