10 raisons pour lesquelles j'ai détesté Isha dans Brahmastra : Part One - Shiva.

mardi 20 septembre 2022
isha brahmastra alia bhatt ranbir kapoor
Je n'ai pas aimé Brahmastra autant que je l'aurais espéré. Grande fan des films de super-héros et de la fantasy en générale (je suis clairement la geek de service chez Bolly&Co), j'ai cela dit été agréablement surprise par l'Astraverse et ses possibilités. S'il est évident qu'il y a des emprunts à droite et à gauche, l'ensemble tient tout de même la route. Qui n'a pas pensé à Albus Dumbledore (Harry Potter) et sa phrase culte : "Mais vous savez, on peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres... Il suffit de se souvenir, d'allumer la lumière" ? Outre son écriture bancale, une chose m'a vraiment posé problème et a gâché mon visionnage : son personnage féminin principal, Isha, campé par Alia Bhatt.

Mais alors, qu'est-ce qui me dérange tant, chez elle ?



1. Sa personnalité inexistante.

Dans la catégorie page blanche, Isha l'emporte haut la main ! Isha n'aspire à rien, ne veut rien, ne nous dit rien. Tout ce qu'elle sait faire, c'est suivre les autres, poser des questions bêtes et accepter les choses comme un robot qui vient de redémarrer. Bref, il n'existe pas un seul moment durant lequel elle dégage quelque chose de réelle, et c'en est presque flippant. Même quand elle nous donne l'impression de vouloir accomplir quelque chose, de réfléchir, c'est un échec monstrueux. Incroyable quand on sait qu'Ayan Mukherji nous a amené des personnages féminins vibrants et authentiques avec Aisha (Wake Up Sid) ou Naina (Yeh Jawaani Hai Deewani). C'est à n'y rien comprendre... C'est vraiment lui, le réalisateur ?

2. Mais c'est qui, en vrai, Isha ?

Ok, elle vient de Londres, est sous la surveillance de son grand-père en Inde et sa famille a l'air plutôt fortunée. Et ensuite ? Rien. Après avoir répété quinze fois à Shiva : qui es-tu ? Eh bien moi, j'aimerais lui poser la même question ! Et si elle avait eu une once de personnalité, peut-être que le mystère aurait permis une intrigue intéressante pour la suite (car rappelons-le, Brahmastra est une trilogie). Mais Madame peut aller à l'autre bout du pays sans que personne ne lui réclame des nouvelles et se blesser, sans inquiéter qui que ce soit (à part Shiva, évidemment). Sa famille ne fait plus aucune apparition et ça, ce n'est pas logique. Si Shiva est présenté comme un jeune homme (alors que Ranbir a bientôt 40 ans), il est facile d'imaginer qu'Isha est dans la vingtaine. Et donc, vous allez me faire croire que sa famille se fiche pas mal d'elle ? Où est-ce là le stéréotype de l'indienne qui vit à l'étranger et qui a appris à faire ce qu'elle veut quand elle veut vis-à-vis de sa famille ? Mouais, mon père aurait déjà fait appel à toute l'armée pour me retrouver, en mode Taken. Et j'ai 30 ans, donc bon... isha brahmastra alia bhatt ranbir kapoor 3. Shiva, Shiva, Shiva. L'archétype de la demoiselle en détresse.

Que vous ayez vu le film ou non, c'est devenu une blague générale sur le net. Isha passe son temps à dire le nom de Shiva - juste par précaution, pour être sûre qu'on ait tous bien compris de qui il s'agit. Mais surtout, elle hurle Shiva dès qu'elle a un problème. Parce que c'est son héros, vous voyez. Il va forcément venir la sauver. Alors oui, dans les vieux films de super-héros, y'a bien des demoiselles en détresse qui crient très fort pour que le sauveur débarque à temps. Mais le faire une fois et le faire trois fois, c'est différent et ça ne prouve qu'une chose : qu'Isha n'est là que pour faire évoluer les capacités de Shiva. À chaque nouveau danger, il débloque une nouvelle force. Sympa. En attendant, elle, elle n'évolue pas. Du début à la fin, elle reste exactement la même.

4. Aucun sens de la survie.

Le gars est limite suspendu dans le vide pour venir te parler, et toi, tu souris bêtement ? Non. N'importe quelle personne qui oserait approcher quelqu'un de la sorte se prendrait une claque dans la figure ! Se mettre en danger comme ça (et les autres au passage), ce n'est pas une façon de draguer. C'est stupide. Mais ce n'est pas la seule fois où Isha ne fuit pas comme une personne censée, et reste là, telle une belle plante à attendre que Shiva arrange la situation. Elle n'a littéralement aucun instinct de survie ! Pas étonnant que le super-héros du film doive toujours la sauver. À un moment donné, il va se fatiguer, le pauvre... Tout ça est justifié par son grand sens de la compréhension, car Isha (quand ils sont dans l'Ashram en particulier) semble en parfaite harmonie avec les lieux, le fonctionnement et les personnes présentes. Tout est absolument facile à accepter, mais oui... Et surtout, laissez-là rester dans ce lieu secret et protégé, accessible seulement pour les Astras... Genre, ce n'est pas dangereux de laisser une humaine découvrir tout ça ? La porte est ouverte ? isha brahmastra alia bhatt ranbir kapoor 5. Pas de pouvoir, donc inutile ?

Parce qu'Isha incarne ici l'humaine. La personne ordinaire qui se retrouve embarquée dans une situation extraordinaire. Mais sa fragilité ne devrait pas la rendre aussi insignifiante, surtout si elle est celle qui procure à Shiva son immense force. Il y a bien une scène où elle arrive à faire diversion en jouant les touristes, et après ça, bah plus rien. Ensuite, elle ne devient que l'assistante de Shiva qui est acceptée par tout le monde, et qui s'occupe de ses petites affaires... Super ! Qu'est-ce que ça veut dire, du coup ? Qu'elle n'a pas sa place dans cet univers, à moins d'être sa petite amie et de jouer les toutous ? A moins de le suivre comme son ombre ? Si je tique à ce point sur Isha, c'est bien parce qu'elle représente l'audience. Elle a le droit d'être perdue, d'être sensible ou encore de ne pas savoir se battre. Mais la réduire ainsi me donne l'impression que dans cet univers, moi aussi, je ne vaux rien. Et c'est quelque chose qui a été évité bien des fois, que ça soit dans les Marvels ou les DCS. Des personnages sans pouvoir parviennent à marquer et à donner du poids au combat malgré tout. D'ailleurs, Batman est à 100% humain et pourtant, c'est un super-héros ! Ici, soit t'es un Astra, soit t'es rien et Isha en est la preuve.

6. L'amour de Shiva est superficiel.

Un coup de foudre prend de l'ampleur à mesure que les deux personnes apprennent à se connaître. Sauf qu'ici, ni Shiva, ni Isha ne prennent le temps de se découvrir ! Et non, juste tomber amoureuse d'un gars parce qu'il a perdu sa mère et a grandi tout seul, ce n'est pas réaliste. Leur amour est littéralement basé sur le physique. Il la trouve magnifique, basta. Et comme c'est une coquille vide, elle arrive parfaitement à s'incruster dans sa vie, alors bingo ! C'est dans la poche. Car au fond, c'est ce qui se passe : Isha décide de rester à ses côtés, change presque de vie pour cet inconnu, par amour. Mais pourquoi ? Qu'est-ce que Shiva lui offre, au juste ? Parce que la première nuit, le gars se casse et disparaît, et quand il revient vers Isha, il fait une crise chelou et lui parle d'un scientifique mort qu'il a vu en rêve... Moi j'aurais appelé un médecin (ou la police) tout de suite !

7. Isha n'existe que pour Shiva.

Soyons honnête. Dans la narration, c'est sa seule raison d'être. Lui. Et ce n'est pas quelque chose que j'ai envie de voir en 2022. Un personnage devrait pouvoir exister par et pour lui-même. Isha a tout d'un objet, pas d'une femme. Et c'est choquant de voir qu'il est encore possible de représenter ça de nos jours, surtout dans un divertissement grand public d'une telle ampleur. Je suis la première à apprécier les histoires d'amour épiques, je suis une romantique dans l'âme et j'aime ce genre de récit. Mais là, c'est gênant. Parce que ce qu'on nous dit, c'est qu'Isha n'est rien sans Shiva. Que le grand amour, ce truc si puissant et pur, est quelque chose qui va vous effacer. Isha ne peut jamais être juste Isha, parce qu'Isha appartient à Shiva. Donc elle devient une partie de lui, et c'est tout. Elle le sert, mais l'inverse n'est pas possible. L'amour, ce sont deux personnes qui se complètent l'une et l'autre. Qui se connectent d'une façon intime, inexplicable parfois. Mais ici, c'est si mal expliqué que ça ressemble davantage à une relation toxique : Isha a l'air obsédée par Shiva au point où rien d'autre n'existe. Et ça, je suis désolée, ce n'est pas de l'amour pur et véritable.

8. Alia Bhatt, pire que dans Student of the Year.

Est-ce qu'une autre actrice aurait donné davantage de force à Isha ? Oui ! Alia Bhatt n'est pas une mauvaise actrice et elle a su prouver par le passé (ou même récemment avec Gangubai Kathiawadi) qu'elle pouvait surprendre et entièrement s'investir dans ses prestations. Mais ici, Alia imite Alia. J'ai l'impression de revoir la gamine insupportable de Student of the Year. Superficielle, avec une garde-robe irréprochable, des cheveux toujours impeccables, et surtout aucune émotion. Et non, une séquence musicale ne devrait pas dégager plus de sentiments qu'un dialogue entre les deux personnages principaux. Ce n'est pas bon, ça ! Alia ne donne rien à Isha, et comme Isha, elle ne sait pas ce qu'elle doit faire. Le plus souvent, j'ai l'impression de voir Alia Bhatt en train de baver sur son mari, ou en train de se demander quelle caméra regarder. isha brahmastra alia bhatt ranbir kapoor 9. De la place à l'écran pour rien ?

Le plus souvent, Isha reste derrière Shiva et écoute ce qu'il se passe, inerte. La caméra lui donne tellement de place, même dans les scènes où elle n'intervient pas. Ce qui se me questionne sur une chose : était-ce nécessaire ? Un coup marketing pour surfer sur ses récents succès ? Ou un caprice de star ? Même lorsqu'Isha pose une question, cela n'apporte rien à la narration. Et le pire, c'est qu'elle en pose tout le temps ! Comme si l'histoire était trop compliquée à suivre. On a bien compris que Shiva était attiré par elle dès les premières secondes du film, qu'il était au bout de sa vie quand elle n'était pas à ses côtés, mais est-ce une raison pour lui faire faire de la figuration dans 70% du film ?

10. Un twist de prévu pour la suite ?

En 5 minutes, l'histoire d'Amrita et Dev m'a semblée 15 fois plus intrigante que la romance entre Isha et Shiva. Alors oui, je suis ravie de savoir que la suite sera centrée sur Dev, mais si le travail sur l'histoire et les personnages est aussi peu détaillé que le premier volet, je vais passer mon tour ! Quant à Isha, il y a bien une scène dans le film qui titille sur le sujet : celle-ci tombe d'une terrasse (ceux qui ont vu le film, vous aussi, vous avez pensé à Spider-Man??) et arrive malgré tout à appeler son très cher Shiva par la suite, avec visiblement des blessures mineures. Eh bien... Étrange, non ? Pour une fille ordinaire ? Facilité scénaristique ou petit indice sur la suite ?

Alors, est-ce qu'Isha va nous surprendre dans le deuxième film ?



Franchement, j'espère, mais cela n'enlève rien au fait que Brahmastra : Part One - Shiva sonne affreusement creux et qu'Isha est clairement problématique ! Qu'elle meurt ou non par la suite, qu'elle soit en réalité une sorcière ou que sais-je, j'en ai un peu rien à faire. Ce film aurait dû nous permettre de nous attacher à elle et à ce cher Shiva, mais rien. Croisons les doigts pour qu'Amrita et Dev soient beaucoup mieux, et sonnent moins faux. Que leur histoire ne tiennent pas sur un post-it, s'il vous plait...
mots par
Elodie Hamidovic
« A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur. »
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