Critique : Qala (★★★★★)

vendredi 2 décembre 2022
bollywood critique cinema uunchai
Avant d’entamer cette critique - qui n’était pas prévue à mon planning, je me devais de vous expliquer le contexte de sa rédaction. Lorsque nous avons établi le programme des publications à prévoir pour le mois de décembre, nous avions convenu que notre chère directrice de publication Elodie allait rédiger la critique du film Qala, nouveau projet de Netflix très prometteur. Cette dernière s’est exécutée et a rédigé, en un temps record, un écrit circonstancié au sujet du film. C’est alors que le boulet qui vous écrit en ce moment intervient ! Alors que j’étais en train d’achever la correction dudit article - qui vous aurait sans doute beaucoup plu, j’ai effectué une mauvaise manipulation que je ne m’explique d’ailleurs toujours pas…

La suite, vous l’avez sûrement deviné : tout s’est effacé ! Prise de panique et constatant qu’il m’était impossible de récupérer le texte disparu, j’ai donc appelé Elodie, dans l’espoir qu’elle ait conservé quelque part une copie, ou a minima un brouillon de son travail… Ce à quoi elle me répondra par la négative. Emplie de remords, je me propose de rédiger la critique en urgence, et donc d’avancer mon visionnage de Qala, que j’avais à l’origine prévu pour ce week-end.

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça, me direz-vous ? Tout simplement parce que j’aurais été sotte de patienter davantage avant de découvrir ce nouveau joyau signé Anvita Dutt !

La réalisatrice nous avait déjà ravies en 2020 avec son Bulbbul, lauréat de trois Bolly&Co Awards dans les catégories du Meilleur Réalisateur, de la Meilleure Actrice et du Meilleur Second Rôle Féminin. Après avoir exploré le genre de l’horreur folklorique, la cinéaste s’attaque cette fois au drame psychologique et retrouve pour l’occasion sa muse Tripti Dimri, ainsi que la société de production d’Anushka Sharma : Clean Slate Filmz.

On se retrouve niché quelque part entre les années 1930 et les années 1940, face à la jeune Qala (Tripti Dimri), une chanteuse pour le cinéma hindi qui vient de remporter son premier disque d’or. Pourtant, on se rend rapidement compte que la talentueuse artiste est en proie à de douloureux tourments… Je ne peux pas vous en dire plus tant j’ai peur de vous gâcher le plaisir. En revanche, ce que je peux vous dire, c’est que Qala est une véritable réussite ! La réalisation d’Anvita Dutt est toujours aussi maîtrisée, et son goût pour les mises en scène oniriques, presque psychédéliques, se fait encore plus ressentir sur ce second opus.

‌ Le travail visuel est époustouflant, avec une attention particulière portée à la lumière et au grain, si bien qu’on a vraiment l’impression d’être à cette époque-là ! Mais si je dois être honnête, l’atout le plus convaincant de Qala, c’est sa bande-originale. C’est simple : je n’ai pas entendu de telles merveilles de la part d’Amit Trivedi depuis ce qu’il a produit pour Lootera. Et ça remonte à 2013, c’est dire ! Non seulement chaque mélodie possède une âme profonde et des sonorités enivrantes, mais en plus, elles collent parfaitement au ton de l'œuvre comme à son message.

Du côté du casting, Tripti Dimri vient confirmer tout le bien que je pensais déjà d’elle après l’avoir découverte dans Bulbbul (je ne verrai le film de ses débuts Laila Majnu que quelques mois plus tard…).

Ici, elle incarne une chanteuse sous emprise, en quête démesurée d’un amour maternel inespéré, qui ne sort jamais réellement de sa posture d’enfant reniée. Tout, de ses grands yeux larmoyants à sa façon de se tenir, vient servir le récit déchirant de Qala. Bref, elle est bouleversante en nous livrant une nouvelle prestation remarquable, et je suis certaine qu’elle n’a pas fini de nous surprendre !

Ceci dit, celle qui sort du lot selon moi, c’est Swastika Mukherjee.

L’actrice bengalie incarne ici la cruelle marâtre de Qala, qui n’a de cesse de la dénigrer. Dans la peau d’un personnage aussi détestable, Swastika est absolument impressionnante. J’espère de tout coeur qu’elle remportera de nombreux prix pour sa performance tant elle m’a glacé le sang tout au long de ce visionnage. Le film signe également les débuts face à la caméra de Babil Khan, fils du regretté Irrfan Khan. Et s’il va sans dire qu’il était très attendu, l’acteur débutant est très convaincant dans un rôle cependant très secondaire. On sent un tel potentiel que c’en est finalement assez frustrant. Pour ma part, j’aurais voulu en voir plus, estimant par ailleurs que le personnage de Jagan n’était pas assez développé. Mais le jeune homme s’en tire tout de même avec les honneurs, et il me tarde de le retrouver dans d’autres projets.

En conclusion,



Qala est une excellente découverte, parmi les films les plus intéressants de l’année 2022. J’en profite donc pour remercier Elodie pour l’article qu'elle a rédigé, mais aussi pour me féliciter de l’avoir malencontreusement effacé ! Car sans cela, j’aurais tardé à voir Qala, ce qui aurait été une grave erreur... Dans le 17ème épisode de notre podcast, la sortie de ce film nous questionnait sur l’avenir de Bollywood. Eh bien avec Qala, j’en suis désormais sûre : le futur de l’industrie hindi se construira sur les plateformes de SVOD, avec des projets exaltants et risqués, loin du formatage imposé en salles obscures par le parti au pouvoir.
LA NOTE: 5/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?