Critique : Varisu. (★★★☆☆)
15 janvier 2023
Je ne pouvais décemment pas passer à côté du nouveau film de la superstar tamoule Vijay, Varisu, sorti en France le 11 janvier dernier. C’est pourquoi je me suis rendue au Gaumont Saint Denis pour découvrir ce masala dont je ne savais absolument rien. Comme je m’y attendais, je me suis retrouvée dans une salle comble de fans extatiques à la perspective de retrouver leur acteur favori sur grand écran… Je profite par ailleurs de cette occasion pour indiquer qu’aucun débordement n’a eu lieu durant cette séance, les spectateurs étant aussi enthousiastes que respectueux.
Comme je le disais, je n’avais donc aucune expectative concernant Varisu. Et clairement, j’ai bien fait ! Car il s’agit d’un masala des plus classiques, à la trame et à la fabrication vus et revus, en particulier au cinéma télougou... Ce qui n’est pas étonnant puisque le réalisateur du film, Vamshi Paidipally, a d’abord officié à Tollywood avant de signer ce projet en langue tamoule.
Pas de message social en filigrane (bonjour Bigil !), ni de rugosité de surface pour nous donner l’impression que l’acteur se renouvelle (Master, c’est à toi que je m’adresse…). La trame de Varisu est au mieux simpliste, au pire assez bas de plafond… Et j’ai presque envie de dire que c’est là son atout principal !
Parce que Varisu ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas. Il n’est ni prétentieux, ni mensonger dans sa démarche. C’est un entertainer, tout ce qu’il y a de plus basique, avec tous les ingrédients du masala indien réunis. Le métrage est parfaitement conscient de ce qu’il est, et y va à fond ! Les scènes d’introduction poussives, les chorégraphies martiales improbables, les séquences dansées survitaminées et les morales très niaises… Rien n’est laissé au hasard, si bien que même si ce que l’on voit n’a rien d’original, ni de transcendant, ça fonctionne malgré tout plutôt bien.
Sur une pellicule de près de 3 heures, le métrage maintient la cadence sans trop se perdre. Néanmoins, le troisième acte du film est un peu plus poussif et moins naturel que les deux autres, avec des arcs narratifs qui, selon moi, n’étaient vraiment pas nécessaires pour faire avancer les personnages. La mise en scène de Vamshi Paidipally (Brindavanam, Oopiri), la photographie de Karthik Palani (Love Shagun, prochainement Adipurush) et le montage de Praveen K.L. (Bairavaa, NGK) sont uniquement fonctionnels mais ne proposent absolument rien. Varisu respecte méticuleusement le cahier des charges des films grand public de sa star, et tout son travail visuel s’articule autour d’elle, afin de la glorifier au maximum.
La bande-originale est quant à elle signée S. Thaman, compositeur particulièrement populaire à Tollywood et dont j’ai toujours aimé les mélodies festives et entraînantes. Ici, il ne fait pas mentir sa réputation en proposant des morceaux entêtants et ‘catchy’, comme “Ranjithame” et “Jimikki Ponnu”... A ajouter de toute urgence à votre playlist !
On a droit aux géniaux R. Sarathkumar et Prakash Raj en furieux ainés qui se livrent une guerre sans merci, à l’attachante Jayasudha Kapoor en sempiternelle incarnation de la mère sacrificielle et à Rashmika Mandanna qui sert essentiellement de partenaire de danse au héros ! En parlant du loup, Vijay est en pilote automatique, incarnant une énième version alternative de lui-même (ou plutôt de ce qu’il représente pour son public). L’acteur joue avec une insolence certaine et un air toujours aussi détaché qui me déconcerte quelque peu… Alors, je sais pertinemment que c’est sa marque de fabrique, qui plaît justement beaucoup à ses fans, mais j’avoue que j’aimerais bien le retrouver de temps à autres dans des rôles plus exigeants sur le plan émotionnel.
Aussi, je regrette sincèrement qu’aucun personnage féminin du film ne soit a minima intéressant. Varisu dégage assurément quelque chose de très masculin et de foncièrement patriarcal dans ses infimes messages, si bien que les quelques femmes de son récit n’existent qu’à travers les liens qui les unissent à un homme (leur mari, leur père ou leur fils). Et en 2023, j’avoue que ça me pose problème. Cela dit, Varisu ne joue heureusement pas le jeu de la propagande hindoue soumise par le gouvernement, et par les temps qui courent, on va dire que c’est déjà pas mal…
J’ai passé un bon moment devant Varisu, très probablement lié au contexte de la salle avec des spectateurs énergiques et en constante interaction avec le film. Varisu sait être efficace quand il le faut et remplit à merveille sa fonction divertissante et occupationnelle. Ceci étant, pas sûre que d’ici quelques mois, il ne vous laisse un très grand souvenir…
Varisu, sorti depuis le 11 février avec Friday Entertainment.
Comme je le disais, je n’avais donc aucune expectative concernant Varisu. Et clairement, j’ai bien fait ! Car il s’agit d’un masala des plus classiques, à la trame et à la fabrication vus et revus, en particulier au cinéma télougou... Ce qui n’est pas étonnant puisque le réalisateur du film, Vamshi Paidipally, a d’abord officié à Tollywood avant de signer ce projet en langue tamoule.
Le film n’est effectivement pas inventif pour un sou et s’inscrit clairement dans la continuité des blockbusters proposés par Vijay ces dernières années.
Pas de message social en filigrane (bonjour Bigil !), ni de rugosité de surface pour nous donner l’impression que l’acteur se renouvelle (Master, c’est à toi que je m’adresse…). La trame de Varisu est au mieux simpliste, au pire assez bas de plafond… Et j’ai presque envie de dire que c’est là son atout principal !
Parce que Varisu ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas. Il n’est ni prétentieux, ni mensonger dans sa démarche. C’est un entertainer, tout ce qu’il y a de plus basique, avec tous les ingrédients du masala indien réunis. Le métrage est parfaitement conscient de ce qu’il est, et y va à fond ! Les scènes d’introduction poussives, les chorégraphies martiales improbables, les séquences dansées survitaminées et les morales très niaises… Rien n’est laissé au hasard, si bien que même si ce que l’on voit n’a rien d’original, ni de transcendant, ça fonctionne malgré tout plutôt bien.
Aussi, je dois reconnaître à Varisu un sens du rythme et du twist accrus, si bien qu’aucun temps mort, aucun moment de latence ou de potentiel ennui n’y réside.
Sur une pellicule de près de 3 heures, le métrage maintient la cadence sans trop se perdre. Néanmoins, le troisième acte du film est un peu plus poussif et moins naturel que les deux autres, avec des arcs narratifs qui, selon moi, n’étaient vraiment pas nécessaires pour faire avancer les personnages. La mise en scène de Vamshi Paidipally (Brindavanam, Oopiri), la photographie de Karthik Palani (Love Shagun, prochainement Adipurush) et le montage de Praveen K.L. (Bairavaa, NGK) sont uniquement fonctionnels mais ne proposent absolument rien. Varisu respecte méticuleusement le cahier des charges des films grand public de sa star, et tout son travail visuel s’articule autour d’elle, afin de la glorifier au maximum.
La bande-originale est quant à elle signée S. Thaman, compositeur particulièrement populaire à Tollywood et dont j’ai toujours aimé les mélodies festives et entraînantes. Ici, il ne fait pas mentir sa réputation en proposant des morceaux entêtants et ‘catchy’, comme “Ranjithame” et “Jimikki Ponnu”... A ajouter de toute urgence à votre playlist !
Le casting de Varisu est au demeurant plutôt sympathique.
On a droit aux géniaux R. Sarathkumar et Prakash Raj en furieux ainés qui se livrent une guerre sans merci, à l’attachante Jayasudha Kapoor en sempiternelle incarnation de la mère sacrificielle et à Rashmika Mandanna qui sert essentiellement de partenaire de danse au héros ! En parlant du loup, Vijay est en pilote automatique, incarnant une énième version alternative de lui-même (ou plutôt de ce qu’il représente pour son public). L’acteur joue avec une insolence certaine et un air toujours aussi détaché qui me déconcerte quelque peu… Alors, je sais pertinemment que c’est sa marque de fabrique, qui plaît justement beaucoup à ses fans, mais j’avoue que j’aimerais bien le retrouver de temps à autres dans des rôles plus exigeants sur le plan émotionnel.
Aussi, je regrette sincèrement qu’aucun personnage féminin du film ne soit a minima intéressant. Varisu dégage assurément quelque chose de très masculin et de foncièrement patriarcal dans ses infimes messages, si bien que les quelques femmes de son récit n’existent qu’à travers les liens qui les unissent à un homme (leur mari, leur père ou leur fils). Et en 2023, j’avoue que ça me pose problème. Cela dit, Varisu ne joue heureusement pas le jeu de la propagande hindoue soumise par le gouvernement, et par les temps qui courent, on va dire que c’est déjà pas mal…
En conclusion,
J’ai passé un bon moment devant Varisu, très probablement lié au contexte de la salle avec des spectateurs énergiques et en constante interaction avec le film. Varisu sait être efficace quand il le faut et remplit à merveille sa fonction divertissante et occupationnelle. Ceci étant, pas sûre que d’ici quelques mois, il ne vous laisse un très grand souvenir…
Varisu, sorti depuis le 11 février avec Friday Entertainment.
LA NOTE: 3/5