#28 - Le Youtube game français nous saoule, Akshay Kumar nous achève, Rani Mukerji nous redonne espoir…

lundi 27 février 2023
podcast bollywood namaste le cinema bollyandco episode 28


Namaskar, Vanakkam, Namaskaram, Sat Sri Akal, Nomoshkar, Namaste le cinéma !

Asmae Benmansour-Ammour : Nous sommes le lundi 27 février 2023, et voici les actualités du grand et du petit écran indien, décryptées en exclusivité par Bolly&Co…

Salut Elodie, comment vas-tu ? Elodie Hamidovic : Coucou Asmae, écoute, je vais très bien ! Et toi ? Ça n'a pas l’air d’aller…

Asmae Benmansour-Ammour : Si, si, je te rassure, tout va bien pour moi ! Les semaines se suivent et se ressemblent car ma voix est aussi déboitée que lors de notre précédent épisode, mais ce n’est pas ce qui me contrarie…

Elodie Hamidovic : Bon, alors dis-nous ce qui te tracasse !

Asmae Benmansour-Ammour : Cette semaine, je suis tombée sur une vidéo de la chaîne Youtube Cinéma Trash titrée “Le cinéma en Inde, ça ressemble à quoi ?”. Et je ne suis pas contente !

Elodie Hamidovic : Est-ce que je vais trop loin si je dis que la chaîne porte bien son nom ?

Asmae Benmansour-Ammour : Non, tu tapes dans le mille !

Elodie Hamidovic : Ohlala, je sens que ce visionnage a été éprouvant pour toi…

Asmae Benmansour-Ammour : Je te le fais pas dire ! Je t’explique : la vidéo est bourrée d’erreurs de bout en bout. Déjà, ça ose y qualifier Devdas de "comédie romantique" et de "kitsch", avec une approche tellement superficielle sur l'univers du réalisateur Sanjay Leela Bhansali...

Elodie Hamidovic : Ils sont sérieux ? En 2023, on en est encore là ?

Asmae Benmansour-Ammour : Hélas, oui. Et malheureusement, la vidéo ne déconstruit pas les clichés, mais les renforce... On met en avance les films d’action lourdingues de Rohit Shetty comme s’ils étaient la définition du cinéma indien, on ne nuance presque jamais le propos et on fait des raccourcis énervants. Bref, cette vidéo sape tout le boulot que nous faisons notamment toi et moi depuis 2010.

Elodie Hamidovic : Ah donc, j’imagine que ça ne parle ni d'Anurag Kashyap, ni de Vishal Bhardwaj, ni de Mani Ratnam ?

Asmae Benmansour-Ammour : Nope !

Elodie Hamidovic : C'est dommage parce qu'on n'a pas besoin de ça. Il est temps que certaines chaines Youtube françaises comprennent que Bollywood, ce n'est pas un genre qui s'assimile aux comédies musicales, mais une industrie dans laquelle sont produits tous les genres.

Asmae Benmansour-Ammour : C’est un discours qui, personnellement, m'épuise, parce que j’ai vraiment l’impression que beaucoup de médias mainstream ne font juste aucun effort. Il y a une paresse dans le traitement de cette industrie et un mépris qui m'ulcère ! Et j’avoue qu’avec les années, je suis de moins en moins patiente !

Elodie Hamidovic : Il faut dire que ça fait 13 ans qu’on se répète alors pour la dernière fois, on va rappeler quelques évidences : Bollywood n’est pas égal au cinéma indien, Bollywood n’est pas un genre cinématographique mais une industrie et le cinéma indien n’est pas nécessairement kitsch ou grandiloquent. Regardez Gangs of Wasseypur, Udta Punjab ou Article 15 pour le comprendre !

Asmae Benmansour-Ammour : Et accessoirement, le cinéma indien, c’est aussi Kollywood, Mollywood, Tollywood… Bref, une multitude d’industries régionales aux films puissants !

Elodie Hamidovic : Oui, on vous conseille plein de films parmi lesquels 96, Super Deluxe, Premam, Bangalore Days, La légende de Baahubali 1 et 2, et j’en passe… Vous y intéresser, c’est y adhérer !

Asmae Benmansour-Ammour : Si le dernier tiers de la vidéo se rattrape quelque peu, il y a trop d'erreurs pour que je puisse en être satisfaite. Du coup, pour voir des vidéos vraiment pertinentes sur le cinéma indien, il faut plutôt aller fouiner dans le boulot de CinéSkope, une chaîne de cinéma menée par un passionné qui sait, lui, de quoi il parle : Clem.

Elodie Hamidovic : On t’embrasse, Clem ! Continue de nous faire kiffer avec ton contenu génial !

Asmae Benmansour-Ammour : Grave !

Elodie Hamidovic : Et PS : moi aussi, je suis team Saawariya.

Asmae Benmansour-Ammour : Sans transition, on passe aux sorties de la semaine, chère Elodie !

Elodie Hamidovic : C’est parti ! En salles, c’est le distributeur Night ED Films qui nous gâte avec deux films : d’un côté, le thriller tamoul Bakasuran avec le réalisateur Selvaraghavan dans l’un de ses multiples essais devant la caméra.

Asmae Benmansour-Ammour : Oh, curieuse de voir s’il est aussi talentueux que son petit frère, notre cher et tendre Dhanush !

Elodie Hamidovic : De l’autre, il y a Selfiee, un masala hindi avec Akshay Kumar et Emraan Hashmi dans les rôles principaux. Pour info, il s’agit du remake du film malayalam Driving Licence, sorti en 2019. Et je sais que tu as vu les deux métrages, Asmae…

Asmae Benmansour-Ammour : Oui, et je dis tout ce qu’il y a à en dire dans mon article comparatif, d’ores et déjà disponible sur bollyandco.fr

Elodie Hamidovic : La nation te remercie pour ton sacrifice !

Asmae Benmansour-Ammour : Amen ! J’en profite, Elodie, pour te notifier l’arrivée surprise de trois films sur le catalogue français de Netflix : le drame tamoul Raangi, avec Trisha Krishnan, la romcom de 2020 Love Aaj Kal et la comédie d’action télougoue Dhamaka.

Elodie Hamidovic : Je prends note pour mes prochaines soirées Netflix ! A ce propos…

Asmae Benmansour-Ammour : Attends… Je te coupe tout de suite ! Me dis pas qu’un autre remake a été annoncé ?

Elodie Hamidovic : Et si ! Décidément, t’es extralucide ! Le remake de la romcom tamoule Love Today a été annoncé, et sa sortie en hindi est prévue pour le début d’année 2024…

Asmae Benmansour-Ammour : Ah non, hein ! Ca suffit maintenant, on a assez souffert !

Elodie Hamidovic : Je te rassure, je ne vais pas parler de ce projet, sur lequel je n’ai effectivement pas grand-chose à dire !

Asmae Benmansour-Ammour : Le ciel soit loué !

Elodie Hamidovic : Je dois en revanche absolument partager avec toi et avec nos auditeurs la bande-annonce de Mrs Chatterjee vs Norway, avec la grande Rani Mukerji dans le rôle-titre !

Asmae Benmansour-Ammour : Ouais ! Ca, ça me plait ! Alors, ton avis ?

Elodie Hamidovic : Eh bien, le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était… puissant. D’après son trailer, Mrs Chatterjee vs Norway parlera d’une histoire vraie, celle d’une mère à laquelle les enfants lui ont été retirés par les services sociaux norvégiens. Et là, on retrouve Rani dans un exercice qu’elle maîtrise à la perfection : le mélodrame ! Dès la bande-annonce, les frissons sont bien là et l’actrice nous éblouit déjà par la force de sa prestation.

Asmae Benmansour-Ammour : Je suis d’accord ! Le registre dramatique lui va si bien, et j’ai hâte de voir ce que va donner ce film au sujet ô combien délicat…

Elodie Hamidovic : Et tu sais de quoi tu parles, Madame l’assistante sociale !

Asmae Benmansour-Ammour : Je suis démasquée ! En effet, quand je ne suis pas en train de partager avec vous ma passion pour le cinéma indien, j’exerce le métier d’assistante sociale en polyvalence de secteur. Mais pendant plusieurs années, j’ai travaillé à l’Aide Sociale à l’Enfance, où j’ai notamment mis en œuvre les mesures de garde.

Elodie Hamidovic : Oula, quel est ce vocabulaire barbare, Asmae !

Asmae Benmansour-Ammour : Pardon, déformation professionnelle ! En gros, j’étais référente des mineurs qui étaient confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance, ou placés pour le dire plus vulgairement. J’étais aussi amenée à exécuter les ordonnances de placement provisoire. C’est donc moi qui avais la lourde tâche d’aller retirer l'enfant à son parent.

Elodie Hamidovic : Mon Dieu… Toi qui t’y connait particulièrement, comment on peut en arriver là ?

Asmae Benmansour-Ammour : Je te rassure, on ne place pas d’enfants à tour de bras ! L’objectif numéro 1 de la protection de l’enfance en France, c’est de maintenir le lien parent-enfant. Notre mission première, c’est donc d’abord de tout faire pour maintenir l’enfant chez son parent, d’aider ce dernier dans les difficultés parentales qu’il peut rencontrer. Quand les parents collaborent et ont réellement envie de s’en sortir, on ne place pas. On peut mettre en œuvre une mesure éducative à domicile, avec l’intervention d’un travailleur social chez le parent pour donner des conseils, guider le parent et l’enfant sur les objectifs à atteindre… Bref, le placement est très loin d’être systématique.

Elodie Hamidovic : Et dans quels cas il y a un placement, alors ?

Asmae Benmansour-Ammour : Quand il y a un danger imminent pour le mineur. Car notre autre mission majeure, c’est la protection du mineur. Lorsque le parent n’a aucune envie ou n’est pas en capacité de travailler sur ses difficultés, ou que le danger est trop prégnant, par exemple en cas de violences physiques avérées ou d’instabilité psychiatrique, on peut être amené à solliciter le placement pour protéger le mineur. Elodie Hamidovic : C’est dur, mais ça a du sens dans certaines situations... Et quand un enfant est placé, c’est jusqu’à sa majorité ?

Asmae Benmansour-Ammour : Du tout ! En moyenne, un placement est acté par le juge des enfants pour une durée d’un an. Tous les ans, le référent rédige une note de fin de mesure pour faire le bilan de l’année écoulée, faire état des progrès de l’enfant, mais aussi des efforts faits par le parent. Si la situation s’est nettement améliorée, que le parent travaille activement sur lui-même et collabore pleinement avec le service, une main levée peut être actée par le juge. Ça veut dire que le placement est arrêté et que l’enfant retrouve son parent. Dans le cas contraire, le placement est renouvelé. Il faut aussi savoir que souvent, le placement ne rompt pas tout lien entre l’enfant et son parent. Des visites régulières sont organisées dans la mesure du possible, soit au domicile quand le parent est en capacité de le faire, soit en milieu neutre… Bref, tout ça pour dire que chaque situation est différente.

Elodie Hamidovic : Et au regard de tout ça, la bande-annonce de Mrs Chatterjee vs Norway te semble pertinente ?

Asmae Benmansour-Ammour : Alors, je ne connais pas le fonctionnement des services sociaux norvégiens… Sont-ils plus coercitifs en France ? Je l’ignore. Mais le film cherche manifestement à dénoncer un racisme et une méconnaissance de la culture indienne de la part des travailleurs sociaux norvégiens ce qui, entendons-nous bien, est très grave. On ne place pas un enfant parce qu’il grandit dans une culture étrangère ! J’ai donc cette petite crainte que les services sociaux soient diabolisés sans la moindre nuance, ce qui est presque un trope au cinéma.

Elodie Hamidovic : Est-ce que tu peux expliquer à nos auditeurs et nos auditrices ce qu’est un trope, please ?

Asmae Benmansour-Ammour : Oui, c’est un schéma narratif récurrent dans la fiction ! Merci au podcast Romcomment pour la définition !

Elodie Hamidovic : Donc oui, je vois le cliché… Celui de la vilaine assistante sociale, aigrie et vêtue d’un tailleur, évidemment ! Qui veut tout faire pour enlever le pauvre enfant à ses parents incompris…

Asmae Benmansour-Ammour : Alors, ça fait bientôt 9 ans que je fais ce métier, j’ai jamais mis de tailleur !

Elodie Hamidovic : On attend donc de voir ce que ça donnera. En tout cas,Mrs Chatterjee vs Norway sortira en Inde le 23 mars prochain.

Asmae Benmansour-Ammour : En espérant qu’on ait cette chance en France !



Elodie Hamidovic : Et c’est tout pour aujourd’hui, merci de nous avoir écouté.

Asmae Benmansour-Ammour : C’est sur la mélodie de “Namaami Namaami” du film Kabzaa que l’on se quitte. L’occasion pour moi de vous rappeler que ce métrage d’action en langue kannada avec Upendra et Shriya Saran à son casting sortira en Inde le 17 mars prochain.



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Elodie Hamidovic : Nous serons ravies de vous lire ! On se retrouve lundi prochain avec plus d’infos, bonne semaine à tous !

Asmae Benmansour-Ammour : Et surtout n’oubliez pas : Namaste, le cinéma !

Crédits :



Hosts : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Texte : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Retranscription : Asmae Benmansour-Ammour
Design : Elodie Hamidovic
Montage et mixage son : Elodie Hamidovic