J'ai fait une overdose de Bollywood... Mais maintenant, ça va mieux.

mercredi 15 mars 2023
bollywood overdose
Ces dernières années, l’adoration qui m’animait vis-à-vis des cinémas indiens a vécu de nombreux rebondissements, en passant par un état très inattendu : celui du désintérêt. Difficile de se dire que c’est possible quand on est passionné et pourtant, c’est bel et bien le cas ! En particulier pour l’industrie en langue hindi, avec laquelle j’ai grandi. Oui, moi, Elodie, la fondatrice de Bolly&Co, j’ai vécu des visionnages compliqués et un manque de motivation de plus en plus criant… Catastrophique, non ?

Et si ça va mieux aujourd’hui, je me suis dit qu’il y avait parmi nos lectrices et lecteurs, des cas sans doute similaires. Des personnes qui, comme moi, se disent que Bollywood évolue d’une façon déplaisante et qui sont potentiellement prêtes à lâcher l’affaire…



Avant que tout le monde ne me saute dessus et ne vienne m’expliquer que le COVID est l’une des raisons majeures pour lesquelles Bollywood peine tant à nous proposer du bon contenu, je vous arrête tout de suite. Déjà, ce n’est pas le propos de cet article. Ici, je veux mettre en lumière l’évolution de mon histoire avec Bollywood. Cette étrange relation que j’entretiens avec une industrie cinématographique depuis l’âge de mes 12 ans, qui n’est plus aussi simple qu'autrefois. Est-ce simplement la faute des films ? Je ne crois pas, et c’est pour cela que j’écris ces lignes.

Résumé d’une visionneuse obsessive.



Comme beaucoup, j’ai vécu une phase de découverte des films hindi au début des années 2000, quand Shahrukh Khan était à l’affiche de quasiment tous les bons métrages qui se vendaient au marché du coin. Drame familial, romance poussif, mélodrame… J’ai quasiment tout avalé sans prise de tête, emportée à chaque fois par les décors, la musique entraînante, le jeu des comédiens, les dialogues parfois explosifs… Bref, j’ai tourné le dos à ma télévision et aux sitcoms américain, téléfilms italiens et autres comédies françaises pour une toute nouvelle aventure : celle de Bollywood.

Et au début, c’est le kiff absolu, n’est-ce pas ?

On découvre énormément, on se renseigne à propos de telle ou telle célébrité, on écoute les chansons en boucle et petit à petit, on se constitue une véritable librairie. Bref, c’est absolument génial et excitant. Un tout nouveau monde s’ouvre à nous.

Puis, on se met à l'affût de la moindre nouveauté. Car désormais, le futur nous intrigue bien plus. Les années passent et une toute nouvelle génération d'acteurs s’affirme : Ranbir Kapoor, Shahid Kapoor, Farhan Akhtar, Vidya Balan, Deepika Padukone, Sonam Kapoor… Bref, vous l’aurez compris : ces nouveaux visages débutent et puisque nous n’étions pas là quand Aamir Khan a fait ses débuts, c’est l’occasion pour nous de devenir des fans de la première heure.

Quel étrange pouvoir, d’être les premiers. Premiers à apprécier un talent, un film, une mélodie. Premiers à soutenir quelqu’un à chaque nouvelle étape de sa carrière toute fraîche. Avec Internet et l’accès plus facile aux informations, nos regards se posent sur les rumeurs de projets, les bandes-annonces et futures sorties au cinéma. Dans ce besoin constant d’actualité, on devient accro. On sait pourquoi tel ou tel film a été repoussé, les scandales sur untel. On enchaîne les interviews de nos chouchous, les promotions du prochain bébé de ce réalisateur qu’on affectionne… Bollywood n’est plus qu’une passion, c’est un mode de vie. Désormais, il n’y a pas que les métrages qui comptent, il y a tout ce qu’il se passe autour. Et parfois, l’envie est si grande qu’on n’hésite pas à trouver illégalement une version caméra douteuse simplement pour être à jour dans une filmographie. Ça va vraiment loin…

Soudain, un début de fatigue mentale s’installe sans qu’on ne le réalise vraiment.

Pour ma part, c’est aux alentours de 2017 et 2018, même si c’est plutôt difficile de vraiment définir à quel moment les choses ont basculé. C’est plus ou moins lorsque des films comme Judwaa 2, Tiger Zinda Hai, Simmba et Race 3 cartonnent au box-office au point de prendre toute la place, et sont suivis par de nombreux films similaires, produits à la volée dans l’espoir de ramasser le maximum d’argent.... Et quand de rares films touchent juste, des drames sociaux notamment, on peut être certains que dans les années qui suivront, des réalisateurs ne vont pas se gêner pour surfer péniblement sur la tendance, ou pour générer des suites et des reboots fainéants. Voire des remakes stricto-sensu d’une industrie à une autre, surtout si la version originale est un énorme plébiscite dans sa région... Je ne dis pas que ça n’a jamais existé, mais à ce moment-là, c’était terriblement flagrant.

Quel impact ? Selon mon expérience et mes visionnages, cela crée plus de films moyens en salles, un manque criant d'originalité et de surprise pour le spectateur, et surtout de plus en plus de déception au fil des années. Des films coincés dans un espèce d’entre-deux : bonnes idées et technique douteuse, ou bonne réalisation mais aucun fond. Ou au pire, daube monumentale… Il va falloir prendre son mal en patience.

C’est là qu’on commence aussi à participer à des festivals, avec Bolly&Co. Je dévie de ma trajectoire purement bollywoodienne pour des films plus indépendants, authentiques, doux ou à l’inverse, complètement trash. Les autres industries indiennes m'intriguent également, comme Mollywood. Je m’éparpille, parce que je suis insatisfaite. Quand on est passionné, on essaye évidemment de regarder un maximum. Il suffit de tomber sur une critique très positive et on ajoute le film à notre liste de futurs visionnages qui devient interminable. D’entendre l’avis d’une copine qui conseille tel ou tel film, et on se dit : ok, je vais le tenter. Le métrage est dispo au cinéma ? On y va ! Sur Youtube ? Il faut que je le regarde avant que ça disparaisse ! En téléchargement avec une image en 1080p, comment passer à côté ?

Sauf qu’à vouloir tout regarder, ma passion s’estompe au profit d’une forme d’obligation.

D’abord, parce que je gère un magazine sur les industries des cinémas indiens et par conséquent, je dois être à jour et vous informer en toute conscience sur les métrages qui font l’actualité… Ensuite, parce que je pense bêtement que “par passion”, je me dois de décortiquer chaque sortie, chaque nouvelle réalisation. Alors je continue, je défends Bollywood, je cherche des coups de cœur comme une acharnée, je hurle de bonheur face aux perles rares, et je m’accroche. Parce que si je ne fais pas ça, je vais culpabiliser. Trahir ma passion, c’est pire que tout, à mes yeux !

“Bollywood, c’est plus comme avant. Bollywood, c’est nul. Bollywood, c’est trop occidentalisé. Je n’aime plus Bollywood.”

Ce sont des commentaires qu’on a reçus dès les débuts de Bolly&Co en 2010. Et je réalise aujourd’hui que si, moi, j’ai trouvé mon plaisir dans la nouvelle vague à cette époque-là, ce n’était peut-être pas le cas de ceux qui ont écrit ces commentaires. Et ce que je ressens de plus en plus aujourd’hui, rejoint quelque part ces propos négatifs… Est-ce que je vais finir par dire la même chose ? Rien que l’idée me fait paniquer au point ou fin 2022, je craque.

Découverte d’une overdose cinématographique.



Comment se rendre compte que ça ne va pas ? Quels sont les symptômes ? Comment le désintérêt se fait de plus en plus une place dans votre quotidien de cinéphile sans que vous ne l'acceptiez ? Lorsque j’en parle pour la première fois, je constate que tout est dans mes habitudes. Dans ces petites choses, qui sont pourtant très révélatrices…

1. Je regarde combien de temps dure le film.

Et si ça dure plus de deux heures, je le laisse pour un jour où j’aurai davantage le temps et l’envie (ce qui est de plus en plus rare). Avant, ça ne me posait pas tant problème que ça, mais maintenant, c’est presque devenu un critère de sélection : quel film est le plus court, histoire que je le regarde en premier… Problématique, non ? Ce n’est pas la durée qui va me dire si le film est bon ou pas, mais il semblerait que je n’évalue plus mon temps de la même manière. De fait, passer l’après-midi mitigée devant 3h de pellicule, c’est presque devenu mon pire cauchemar.

2. Je cherche mon téléphone après 15 minutes de visionnage.

La première scène qui m'ennuiera va me pousser à attraper mon téléphone. Et si l’histoire ne captive pas de nouveau mon attention, je vais parfois traîner sur les réseaux, ou envoyer un message ou deux. Ce qui est certain, c’est que si je finis le métrage même en ayant jonglé en ligne, cela veut dire qu’il y avait quand même un petit je-ne-sais-quoi, mais soyons honnêtes : je n’ai ni respecté le film, ni mon expérience de visionnage ! Je suis peut-être multitâche, mais dans cette situation-là, je me suis surtout forcée à rester devant mon écran pour rien. Et le film en question, je vais l’oublier. Ce qui veut dire que plus tard, je vais ressentir cette vague impression d‘avoir perdu mon temps…

3. J’arrête le film plusieurs fois, et parfois, je ne le finis pas.

Dans le même genre que le précédent exemple, il y a cet instant où vous lancez un film, puis vous réalisez que vous avez d’autres choses à faire. Vous pouvez dépoussiérer votre étagère en même temps, ou alors, vous faites pause et revenez plus tard. Mais si vous pensez à autre chose alors qu’il y a une scène intense sous vos yeux… Soit cela veut dire que c’est mauvais, soit c’est parce que vous n’êtes pas dedans. Et en tant que critique cinéma, je peux vous dire que ça joue beaucoup, si vous n'êtes pas dans le bon mood. Alors forcément, dans vos souvenirs, c’était un film moyen, mais peut-être que vous êtes passé à côté, parce que vous n’avez pas donné toutes ses chances au métrage… Parce que vous vous êtes de nouveau forcé à regarder quelque chose à un moment où votre énergie était ailleurs. Autre cas d’école dans le même style : vous découpez délibérément le film en plusieurs fois, pour le regarder durant le p’tit dej avant d’aller au boulot. Vous vous dites que vous optimisez votre temps… Et parfois, vous oubliez où vous en êtes, ou vous passez à autre chose. Était-ce vraiment une bonne idée ? Est-ce qu’un film, c’est vraiment construit pour être regardé de cette façon ?

4. Je regarde le film sur mon téléphone, ma tablette ou mon ordinateur plutôt qu’au cinéma ou sur ma grande télévision.

Je m’explique : votre film est sur une plateforme de streaming, dont l’application est sur votre tablette, mais pas sur votre téléviseur. Vous avez pourtant le câble pour connecter les deux et parfois, vous le faites (souvent quand c’est un film que vous avez hâte de voir). Mais plutôt que de vous faire une espèce de session cinéma dans votre chambre, vous préférez lancer le film rapidement sur votre tablette. Ah, ce n’est pas la même chose ! La taille de l’écran peut considérablement modifier votre visionnage, mais au fond, vous vous en foutez. C’est pas un film qui vous intéresse tant que ça, mais vous le regardez quand même rapidos, histoire de… Histoire de quoi ? De dire que vous l’avez vu, de le cocher de votre to do list, de pouvoir donner un semblant d’avis dans un potentiel débat… C’est presque comme faire un devoir de math un dimanche soir... Pourquoi faire ?

5. J’ai une vingtaine de films qui m’attendent sur mon disque dur.

Vous téléchargez/achetez/ajoutez dans vos favoris des dizaines de films simplement parce que ce sont des réalisations indiennes. Vous n’avez aucune idée de quoi ils parlent, de qui est au casting mais voilà, il faut que vous regardiez ça dès que possible. Et évidemment, trois ans plus tard, vous n’avez toujours pas eu l’occasion de vous lancer. Pourtant, les films sont toujours là. Ils vous attendent. Vous gardez tout parce qu’on ne sait jamais, n’est-ce pas ? En revanche, ce que vous savez, c’est que des nouveautés, il y en a de plus en plus, et que votre liste ne s’arrêtera jamais, parce que le futur film d’Aishwarya Rai Bachchan a 15 fois plus d’intérêt à vos yeux que ce truc qui traine dans votre dossier. Vous vous mettez la pression tout seul, non ?

6. Vous vous faites embarquer ailleurs.

Votre amie vous a conseillé une série turque ? Un pote vous glisse que le cinéma coréen, c’est une tuerie ? Même le cinéma français vous semble tentant ? C’est bon, vous glissez ailleurs. D’autres industries vous font de l'œil, parfois même toujours en Inde. Comme Tollywood et son cinéma grandiose, fun. Pourtant, vous n’avez pas complètement lâché l’affaire avec Bollywood parce que vous aimez toujours cet acteur-là, ou cette actrice. Et au fond, comme moi, vous ne voulez pas trahir toutes ces années investies… Le seul problème, c’est que plus rien ne vous donne envie et quand vous aimez quelque chose ailleurs, vous avez la boule au ventre : Bollywood, c’est vraiment ce que j’aime, ou devrais-je découvrir autre chose ?

7. Quand on vous demande un film récent que vous adorez vraiment, rien, ou presque, ne vous vient en tête...

Quand une amie m’a posé la question l’année dernière, je suis restée silencieuse. Après une longue pause, c’est Andhadhun (sortie fin 2018, pour information) qui m’est venue en tête. Une vraie proposition originale, des acteurs absoluments divins, une musicalité prenante… Je n’ai rien à reprocher à cette réalisation de Sriram Raghavan. Pourtant, il y en a eu d’autres, des projets très chouettes, mais il faut que je retrouve mes listes pour y songer. Cela en dit long sur l’impact des métrages plus actuels, et sur cette sensation qu’on vit une époque, notamment pour Bollywood, ou aucun film n’est au final un chef-d’œuvre qu’on veut recommander. Et comme les trois quarts des films vus dernièrement m’ont laissé un amer goût de bof, c’est à ça que je pense directement quand on me parle de Bollywood. Bof.

8. Toutes les musiques se ressemblent, et vous n’en pouvez plus.

Votre playlist devient redondante. Les nouvelles chansons de film sont fades à vos yeux. Là encore, vous avez quelques coups de cœur, mais vous êtes nostalgique des albums musicaux d’autrefois. Quand les chansons avaient une vraie place dans la narration, que c’étaient même vos moments favoris dans l’histoire. Et puis entendre Arijit Singh à chaque fois, ça commence à vous donner une impression de déjà-vu (même s’il est génial, c’est fatigant). C’est dommage, parce que c’est l’un des aspects qui vous a le plus séduit, au départ. Alors forcément, comme pour les films, vos playlists changent et évoluent et vous n'écoutez plus trop de musique hindi. Voire presque plus du tout, même…

La détox obligatoire.



Stop. Il faut faire un break. Casser vos habitudes et reprendre à zéro. J’ai même envie de dire : supprimer vos listes, vos fichiers, faites un reboot complet ! Mais comment procéder ? Comment se rabibocher avec le cinéma qu’on a pourtant tant aimé ? Parce que dit comme ça, ne plus rien faire, c’est aussi (et potentiellement) rompre définitivement… Et ça, c’est triste. C’est la fin d’une époque. Pourtant, c’est peut-être nécessaire. Dans mon cas, ce n’est absolument pas envisageable. Ne plus aimer le cinéma indien ? Impossible ! Je ne veux pas en arriver là, mais il est évident que je ne peux pas non plus continuer comme ça. Il n’y a pas de recette miracle, mais juste quelques petites choses qui, ces derniers mois, ont fait la différence à mes yeux…

1. Prenez votre temps et faites le tri.

Si les bandes-annonces peuvent induire en erreur, elles ont néanmoins un avantage. Donner un premier aperçu, une idée, de ce qu’un film peut donner. Et rien que ça, ça peut aider à faire le tri. De même, le box-office n’est pas un indicateur de qualité. Il faut se reconnecter avec ce qui vous plaît, suivre votre instinct. Ça ne sert à rien de tout regarder. Il faut se concentrer sur ce que vous aimez d’habitude : quel genre, quelles histoires, quel réalisateur… Enfin, si votre dada, c’est de vous laisser surprendre, pourquoi pas ! Piochez au pif un titre, ou faites confiance aux distributeurs en France en allant simplement au cinéma. Mais n’oubliez pas ce que vous n’aimez pas ! Une actrice vous tape sur les nerfs ? Un réalisateur vous a toujours déçu ? Une histoire s’annonce ridicule ? C'est aussi important de poser des limites. Et si quelqu’un vous dit que vous êtes passé à côté d’une expérience de folie, vous en ferez l’expérience quand vous en aurez envie. Pas besoin de foncer immédiatement.

2. Revoir vos classiques.

Pour vous aider, rien de mieux qu’un retour en arrière. A trop vous focaliser sur les nouveautés, vous en avez négligé vos vieux coups de cœur. Parce que oui, un film, ce n’est pas l’expérience d’une fois ! Et pourquoi pas vous faire un marathon ? D'abord les classiques, ceux qui vous ont conquis à la base, puis revenir petit à petit vers notre époque. Les derniers films que vous avez appréciés ont d'autres choses à vous offrir. Oui, quand vous avez découvert le cinéma indien, c’était magique, mais c’est aussi parce que vous aviez accès à des centaines de métrages rapidement alors que le cinéma a pourtant évolué doucement. Maintenant que vous avez fait le tour, il faut laisser le temps à Bollywood d’avancer et de proposer. Ne soyez pas trop exigeants. C’est pareil partout. Les films qui sortent du lot, vous finirez par les voir et les trouver, ne vous inquiétez pas !

3. On arrête d’accumuler bêtement.

C’est simple, arrêtez de télécharger maladivement tout ce que vous trouvez. Déjà, vous prenez de l’espace sur votre machine pour rien et en plus, si vous ne comptez pas le voir tout de suite, à quoi ça sert ? Vous mettre la pression ? Et ensuite, quoi ? Vous devez regarder tout ce que vous avez sous la main le plus vite possible ? Ô non. C’est toxique, et c’est sans fin. Ne vous faites pas de mal inutilement, prenez le temps d’aller au cinéma, ou de vous faire une belle soirée à la maison avec un film ou deux. En gros, ne consommez que ce que vous désirez véritablement, le reste attendra sagement. S’il faut être plus radical, dites-vous que vous êtes au régime. Un film indien par semaine, maximum. Et dans ce cas, quel film ? Et là, il faut choisir et donc prendre le temps de piocher celui qui vous intrigue vraiment, quitte à ce que ce soit Devdas pour la 37ème fois consécutive.

4. Vous n’êtes pas en compétition les uns avec les autres.

Entre fans, personne n’est meilleur que l’autre. Si Bidule arrive à ne regarder que des films indiens et qu’il est à jour, ça ne veut pas dire qu’on doit tous faire exactement la même chose. Il n’y a pas de course à qui en sait le plus sur Bollywood. Pas de number one. C’est pourtant compliqué si votre cercle d’amis est tout aussi fan que vous, et que vos échanges tournent beaucoup autour de vos visionnages. Mais si vos rythmes ne sont pas les mêmes, cela peut aussi conduire à une certaine pression. Machin a vu ce film, je dois le voir aussi… Mais non ! Vous n’avez pas à regarder tous les films que Machin a regardé. Parce que ses goûts ne sont pas les mêmes que les vôtres et si parfois, vous appréciez les mêmes métrages, ça ne veut pas dire que vos parcours doivent être identiques. Take a chill pill, comme dit Anjali à Rahul dans La Famille Indienne.

5. Ne soyez pas négatif !

A force, on s’attend toujours (ou presque) au pire. Ce qui peut nous permettre d’être agréablement surpris, c’est certain. Mais la plupart du temps, on en conclut assez tôt que le métrage sous nos yeux n’est pas à la hauteur. Sans compter qu’à force de visionner tout et n'importe quoi, notre exigence augmente de plus en plus. Admettez-le, maintenant, vous êtes quand même vachement tatillon ! Il va falloir se calmer un peu et revoir vos critères à la baisse, accepter que tout ne soit pas cinématographiquement irréprochable et se concentrer un peu sur l'histoire qu’on tente de vous raconter !

6. Ne vous limitez pas à Bollywood !

Regardez des films américains, japonais ou russes, ce n’est pas trahir votre passion pour Bollywood. C’est juste consolider votre passion pour le cinéma en général. C’est explorer d’autres horizons, et prendre du recul entre vos visionnages pour mieux les savourer. Même si vous voulez vous focaliser sur l’Inde, il y a tellement d’industries et de films différents que vous pouvez clairement vous régaler. Mais aussi, tentez d’autres formats : courts-métrages, webséries, documentaires... Et si vous vous rendez compte que vous regardez de moins en moins de films hindi, ce n’est pas grave. C’est la vie et ce n'est pas dramatique. Le monde du cinéma est trop vaste pour n’en découvrir qu’une toute petite partie. Encore une fois, si vous avez peur de passer à côté des bons films, soyez certains que vous finirez par les trouver. Bolly&Co est là pour ça, déjà. Et il y a sans doute des personnes autour de vous, des youtubeurs, des tiktokeurs, des podcasteurs qui continueront de vous informer et qui vous permettront de lâcher prise tout en restant attentif. C’est pas beau, ça ?

7. Retrouvez votre playlist ultime.

Si vous avez déjà une playlist, allez tout de suite la lancer, cochez le mode aléatoire et replongez dans vos souvenirs ! Et si vous n’en avez pas, et que ça doit vous prendre trois jours pour la créer, faites-le. Ajoutez-y tous les albums mythiques des comédies romantiques de votre jeunesse si besoin, faites un méli-mélo de tubes qui vous ont marqués, et que vous avez négligé ces dernières années. Et surtout, n’ayez pas peur d’y glisser vos dernières trouvailles même si votre dernier gros kiff, c’est la bande-son de Kabir Singh. Mixez le tout, et redécouvrez toutes ces musiques qui vous ont toujours plu, qui vous inciteront sans doute à revoir un film, ou bien six. Être nostalgique, ce n’est pas mauvais. Ce n’est pas un rappel que Bollywood a changé et que c’est nul, c’est juste un moyen de se souvenir d'un moment agréable. De ces découvertes d’autrefois, quand Bollywood était encore un mystère à peine approché.

Maintenant, ça va mieux.



Une passion, c’est quoi ? C’est une émotion forte, qui nous pousse à agir. C’est la raison derrière la création de Bolly&Co. C’est cette énergie qui me guide vers le cinéma, encore et encore. Mais ma passion s’est perdue en chemin, elle s’est égarée en raison d’une stupide volonté de toujours mieux faire, de toujours vouloir plus.

Ah, la modération ! C’est peut-être bien ça, le véritable secret.

Parce qu’aujourd’hui, j’ai ralenti la cadence, et j’ai accepté d’écouter ce que me dicte mon petit cœur. Tous les films que j’ai mis de côté, que j’espère regarder un jour, je les ai supprimés de mon champ de vision. J’ai également cessé de combler mes week-ends de marathons forcés pour prendre l’air à la place et je n'hésite pas à aller au cinéma quand c’est possible. En 2010, c’était si compliqué, mais aujourd’hui, c’est quand même nettement plus accessible et en plus, il y a du choix ! J’évite le plus possible de regarder des œuvres sur ma tablette, et j’essaye vraiment de créer l’ambiance la plus adéquate avant de lancer un film. C’est important. Sans surprise, si c’est mauvais, j’arrête tout de suite les frais ! La torture, c’est fini. Ensuite, c’est très difficile pour moi de ne pas faire de liste, mais ce n’est pas une to do list que j’ai mis en place. C’est juste une aide afin de ne pas passer à côté d’une potentielle sortie que j’attends avec impatience - et promis, elle est moins longue que d’habitude. Faire le tri sur mes envies est primordial désormais, et si un cinéaste me déçoit, j'attendrai un peu avant de lui redonner une seconde chance. Enfin, je n’hésite pas à redécouvrir mes premiers amours et récemment, j’ai enchaîné Kuch Kuch Hota Hai et Asoka, et s’il y a quand même des défauts majeurs, qu’est-ce que c’était bon !

C’est ça, qu’il faut viser : retrouver cette capacité à apprécier un film malgré ses imperfections. Et pour ça, on va prendre son temps et se faire plaisir avant tout.

Avec toutes les industries cinématographiques en Inde, il y a tellement de possibilités, et je sais à quel point c’est tentant de vouloir plonger vite dans toutes ces sorties, mais non. Je ne referai pas la même erreur et j’espère que vous non plus ! J’ai commencé avec Bollywood, mais je n’ai plus besoin de m’y limiter. Ce sont les cinémas indiens qui me font vibrer et je ne devrais pas avoir peur de le dire, ni peur de tous ces films qui n'attendent que moi ! Oui, j’assume, j’ai fait une overdose de films hindi, mais maintenant ça va mieux, parce que je vais laisser le cinéma continuer son chemin, sans laisser mes déceptions ou mes colères entacher cette relation.

Comme le disait Naina dans Yeh Jawaani Hai Deewani : quoi qu'on fasse, il y a forcément des choses qu’on rate dans la vie. Alors à quoi ça sert de courir, si tu ne profites pas de ce qui se passe maintenant ? Et là, tout de suite, j’ai surtout envie de revoir ce métrage, histoire de me souvenir de l’époque où Ayan Mukherji savait pondre des bons films.
mots par
Elodie Hamidovic
« A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur. »
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