Et si on comparait les remakes ? Ittefaq vs Ittefaq
30 mars 2023
— Cet article a été publié dans le numéro 14 de Bolly&Co, page 104.
L’Inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu’ils soient régionaux ou internationaux. En effet, réadapter une œuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes.
En 2017 sort en Inde le suspense Ittefaq, une production conjointe de Karan Johar et Shahrukh Khan. Le métrage rencontrera un franc succès à sa sortie pour son écriture et son atmosphère atypique pour un métrage hindi populaire. Pourtant, Ittefaq n’est pas un film original. En effet, il s’agit du remake officiel du métrage hindi du même nom, sorti en 1969 avec Rajesh Khanna et Nanda.
Dilip Roy/Vikram Sethi (Rajesh Khanna/Sidharth Malhotra) est accusé du meurtre de sa femme Sushma/Katherine (Alka/Kimberly Louisa McBeath). Alors qu’il tente d’échapper à la police, il se réfugie chez Rekha Jagmohan/Maya Sinha (Nanda/Sonakshi Sinha). Mais sur place, une autre victime est à déplorer ce soir-là : Jagmohan/Shekhar Sinha, l’époux de Rekha/Maya..
Car si Ittefaq est en lui-même un film clairement captivant, le mérite ne revient pas vraiment à G.R. Kamath qui a écrit l’histoire. Puisque la trame d’Ittefaq est directement pompée sur celle de Signpost to Murder, un film américain sorti 4 ans plus tôt avec Joanne Woodward et Stuart Whtman. Dommage quand on sait que l’histoire était l’atout principal d’Ittefaq...
Elle fait partie de ces actrices de l’époque qui, malgré leur indéniable succès, ne se sont pas autant imposées qu’elles l’auraient mérité. Pourtant, Nanda prouve avec ce métrage à quel point elle est exceptionnelle, supplantant la superstar Rajesh Khanna, au jeu plus grossier malgré son indéniable charisme. La jeune femme est tantôt apeurée, tantôt aguicheuse, tantôt manipulatrice puis désespérée. Dans chacune de ses phases, on voit en elle une âme innocente et on lui donnerait le bon dieu sans confession ! Au service de ce film singulier, la comédienne se révèle et s’impose dans la mémoire du spectateur.
Un thriller sans scène dansée ni musique qui dure moins de deux hures et semble se conformer à un format plus occidental... Ce film n’avait rien pour rencontrer le succès, si ce n’est la présence à sa distribution du très populaire Rajesh Khanna. Car en 1969, on ne faisait pas du cinéma de cette façon, à Bollywood. Ce qui n’empêchera pas Ittefaq de faire l’objet d’un plébiscite presque inespéré, aussi bien commercial que critique. Le métrage reste l’un des plus intéressants de son époque par sa relative simplicité. On est loin du Yash Chopra qu’on a connu dans les deux dernières décennies de sa carrière, car ici, il se départit de toute grandiloquence pour laisser toute la place à la trame et à ses interprètes. Et c’est jouissif !
Il ose s’attaquer à l’un des classiques réalisés par son grand-oncle. Pourtant, l’Ittefaq d’Abhay se distingue par l’atmosphère qui y est instaurée par son cinéaste. Les couleurs sombres dominantes, l’environnement crasseux et délétère qui entoure les protagonistes. Tout est fait pour nous rendre Ittefaq non seulement crédible mais clairement saisissant. Le spectateur ne peut que s’engager dans ce suspense aux multiples rebondissements.
Il utilise un procédé narratif bien connu : l’effet Rashomon, faisant référence au film japonais du même nom sorti en 1950. Car dans Ittefaq, deux versions viennent se confronter pour mieux s’opposer : celle de Vikram et celle de Maya. C’est probablement ce qui donne à ce remake tout son caractère en nous plongeant dans l’action dès les premières secondes. Moins linéaire que le film d’origine, l’effet de surprise est au rendez-vous. Le montage astucieux est assurément le héros d’Ittefaq version 2017.
Oui, ce n’est pas une erreur de frappe. Sidharth Malhotra est bon. Presque. Car sur les 107 minutes de la bobine, il fait un travail assez remarquable. On entre presque automatiquement en empathie avec son personnage, en opposition avec le rôle de Maya, campé plus mécaniquement par une Sonakshi Sinha décevante. Cela dit, il gâche tout dans la scène conclusive, où son jeu robotique refait surface. C’est bien ce que je disais. Il y était presque.
Si l’Ittefaq de 1969 a marqué son époque, sa version moderne se distingue par sa narration captivante. Dans les deux cas, les acteurs incarnant les officiers chargés de l’enquête sont absolument formidables. D’un côté, il y a l’incontournable Iftekhar, véritable incarnation du flic au cinéma hindi qui ne déçoit jamais. De l’autre, il y a le remarquable Akshaye Khanna qui prouve avec ce métrage qu’il a terriblement manqué au Bollywood contemporain.
L’Inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu’ils soient régionaux ou internationaux. En effet, réadapter une œuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes.
En 2017 sort en Inde le suspense Ittefaq, une production conjointe de Karan Johar et Shahrukh Khan. Le métrage rencontrera un franc succès à sa sortie pour son écriture et son atmosphère atypique pour un métrage hindi populaire. Pourtant, Ittefaq n’est pas un film original. En effet, il s’agit du remake officiel du métrage hindi du même nom, sorti en 1969 avec Rajesh Khanna et Nanda.
L’Ittefaq de 2017 constitue-t-il une adaptation ratée ? Quels sont les atouts de cette version ‘made in Dharma’ ?
Dilip Roy/Vikram Sethi (Rajesh Khanna/Sidharth Malhotra) est accusé du meurtre de sa femme Sushma/Katherine (Alka/Kimberly Louisa McBeath). Alors qu’il tente d’échapper à la police, il se réfugie chez Rekha Jagmohan/Maya Sinha (Nanda/Sonakshi Sinha). Mais sur place, une autre victime est à déplorer ce soir-là : Jagmohan/Shekhar Sinha, l’époux de Rekha/Maya..
Ittefaq 1969 en 3 points...
1. Déjà-vu...
Car si Ittefaq est en lui-même un film clairement captivant, le mérite ne revient pas vraiment à G.R. Kamath qui a écrit l’histoire. Puisque la trame d’Ittefaq est directement pompée sur celle de Signpost to Murder, un film américain sorti 4 ans plus tôt avec Joanne Woodward et Stuart Whtman. Dommage quand on sait que l’histoire était l’atout principal d’Ittefaq...
2 . Nanda, époustouflante.
Elle fait partie de ces actrices de l’époque qui, malgré leur indéniable succès, ne se sont pas autant imposées qu’elles l’auraient mérité. Pourtant, Nanda prouve avec ce métrage à quel point elle est exceptionnelle, supplantant la superstar Rajesh Khanna, au jeu plus grossier malgré son indéniable charisme. La jeune femme est tantôt apeurée, tantôt aguicheuse, tantôt manipulatrice puis désespérée. Dans chacune de ses phases, on voit en elle une âme innocente et on lui donnerait le bon dieu sans confession ! Au service de ce film singulier, la comédienne se révèle et s’impose dans la mémoire du spectateur.
3. Audacieux pour l'époque.
Un thriller sans scène dansée ni musique qui dure moins de deux hures et semble se conformer à un format plus occidental... Ce film n’avait rien pour rencontrer le succès, si ce n’est la présence à sa distribution du très populaire Rajesh Khanna. Car en 1969, on ne faisait pas du cinéma de cette façon, à Bollywood. Ce qui n’empêchera pas Ittefaq de faire l’objet d’un plébiscite presque inespéré, aussi bien commercial que critique. Le métrage reste l’un des plus intéressants de son époque par sa relative simplicité. On est loin du Yash Chopra qu’on a connu dans les deux dernières décennies de sa carrière, car ici, il se départit de toute grandiloquence pour laisser toute la place à la trame et à ses interprètes. Et c’est jouissif !
Ittefaq 2017 en 3 points...
1. La réalisation d'Abhay Chopra.
Il ose s’attaquer à l’un des classiques réalisés par son grand-oncle. Pourtant, l’Ittefaq d’Abhay se distingue par l’atmosphère qui y est instaurée par son cinéaste. Les couleurs sombres dominantes, l’environnement crasseux et délétère qui entoure les protagonistes. Tout est fait pour nous rendre Ittefaq non seulement crédible mais clairement saisissant. Le spectateur ne peut que s’engager dans ce suspense aux multiples rebondissements.
2. Le montage de Nittin Baid.
Il utilise un procédé narratif bien connu : l’effet Rashomon, faisant référence au film japonais du même nom sorti en 1950. Car dans Ittefaq, deux versions viennent se confronter pour mieux s’opposer : celle de Vikram et celle de Maya. C’est probablement ce qui donne à ce remake tout son caractère en nous plongeant dans l’action dès les premières secondes. Moins linéaire que le film d’origine, l’effet de surprise est au rendez-vous. Le montage astucieux est assurément le héros d’Ittefaq version 2017.
3. Sidharth Malhotra y est presque.
Oui, ce n’est pas une erreur de frappe. Sidharth Malhotra est bon. Presque. Car sur les 107 minutes de la bobine, il fait un travail assez remarquable. On entre presque automatiquement en empathie avec son personnage, en opposition avec le rôle de Maya, campé plus mécaniquement par une Sonakshi Sinha décevante. Cela dit, il gâche tout dans la scène conclusive, où son jeu robotique refait surface. C’est bien ce que je disais. Il y était presque.
En conclusion.
Si l’Ittefaq de 1969 a marqué son époque, sa version moderne se distingue par sa narration captivante. Dans les deux cas, les acteurs incarnant les officiers chargés de l’enquête sont absolument formidables. D’un côté, il y a l’incontournable Iftekhar, véritable incarnation du flic au cinéma hindi qui ne déçoit jamais. De l’autre, il y a le remarquable Akshaye Khanna qui prouve avec ce métrage qu’il a terriblement manqué au Bollywood contemporain.