Critique : Zara Hatke Zara Bachke (★★★☆☆)

mardi 6 juin 2023
Zara Hatke Zara Bachke critique bollywood
Peu friande des comédies familiales qui s'enchaînent à Bollywood depuis l’énorme succès de Hindi Medium (2017) et Badhaai Ho (2018), j’ai tout de même tenté Zara Hatke Zara Bachke, disponible dans nos cinéma grâce au distributeur Friday Entertainment. Avec Vicky Kaushal et Sara Ali Khan dans les rôles principaux, cette toute nouvelle réalisation de Laxman Utekar (Luka Chuppi, Mimi) narre l’histoire improbable d’un couple décidé à divorcer pour gagner une maison… Oui, gagner une maison ! Mais pas n’importe comment : grâce à un programme du gouvernement.

Bref, Zara Hatke Zara Bachke, c’est une bonne surprise ou pas ?



Somya (Sara Ali Khan) et Kapil (Vicky Kaushal) sont de jeunes mariés qui, depuis six mois, prêtent leur chambre à la tante de Kapil, son époux et leur fils. Aucune intimité, une petite maison et une tante odieuse qui critique les moindres faits et gestes de la jeune épouse… Tous ces éléments mettent les nerfs de ce couple à rude épreuve. Décidés à partir, ils sont rapidement confrontés à un autre problème : l’inflation et les prix exorbitants du marché immobilier ! Mais alors, comment faire ?

Ça vous rappelle quelque chose ? Si dans l’Amour au mètre carré, Karina et Sanjay devaient se marier pour bénéficier d’un logement tout beau tout neuf, ici, c’est l’inverse. Vicky essaye-t-il de nous faire passer un message à travers sa filmographie ? Aucune idée, mais Zara Hatke Zara Bachke n’est pas une comédie romantique. Et non, c’est une comédie familiale ! Par conséquent, ne vous attendez pas à ce qu’on ait de très grandes informations sur notre couple à l’écran. La seule chose qui est sûre, c’est que Kapil a eu le coup de foudre et peut décrire sans problème la tenue de Madame ce fameux mercredi 11 juin…

Ceci étant dit, le propos de Zara Hatke Zara Bachke est de montrer ce qu’un couple est capable de faire pour obtenir l’objet de ses désirs. Ici, divorcer (apparemment, si c’est tamponné par un juge, ce n’est pas officiel, c’est juste un morceau de papier) puis postuler à une loterie du gouvernement et, en parallèle, soudoyer quelqu’un pour être sûr d’être gagnant. Ah, c’est beau l’amour.

Vous l’avez compris, je n’ai pas forcément apprécié Zara Hatke Zara Bachke.

Je pense que mon problème, c’est que la formule de ce genre de film a déjà été rincée et qu’à ce stade, Zara Hatke Zara Bachke n’a rien de nouveau à proposer. Oui, son histoire est un peu originale, mais sa manière de l’aborder est plus embarrassante qu’attendrissante. Je m’explique : Somya et Kapil sont coincés chez le père de ce dernier, sans espace pour être ensemble. J’ai de la peine pour eux et souhaite, effectivement, qu’ils se barrent asap et vivent leur petite vie tranquille. Surtout avec cette tante horrible qui se permet de dire bien des monstruosités ! Ensuite, Somya et Kapil veulent divorcer pour participer à la loterie de logement offert à vie (visiblement) par le gouvernement. C’est-à-dire profiter du système, mentir et probablement prendre la place de quelqu’un qui en a davantage besoin. Non, là, je ne peux pas accepter ça. Le pire, c’est qu’il y a notamment une scène durant laquelle notre couple découvre où vit le gardien de la résidence, c’est-à-dire sur le toit où il a improvisé un petit cabanon pour sa femme et sa fille. Et ni Somya, ni Kapil ne réalisent à ce moment-là que ce qu’il font est mal. Sympa ! D’ailleurs, je vous préviens : la conclusion du film est bien trop mélodramatique pour être appréciable !

Mais si vous voulez savoir pourquoi je suis restée jusqu’à la fin du film, c’est simple. C’est pour Vicky Kaushal.

L’acteur ne déçoit pas. Kapil est un prof de yoga un peu bête, mais au grand cœur. Vicky l’interprète avec son aisance habituelle, et on y croit quand il regarde sa chère et tendre avec affection. Ce n’est peut-être pas le mec parfait, mais il est capable de se remettre en question. Surtout, il est du genre à faire tous les sacrifices pour sa Somya. D’abord à divorcer, puis à prétendre avoir une liaison avec son amie d’enfance, et bien d’autres petites choses farfelues… Tout ça pour que Somya soit heureuse. Car si elle est heureuse, il l’est aussi. C’est bateau, mais il le fait si bien qu’on y croit absolument. Limite, on a de la peine pour Kapil quand on voit tout ce qu’il accepte de faire, et quand on imagine les retombées possibles. Face à lui, Sara Ali Khan peut mieux faire, mais n’est pas aidée par l’écriture un peu bancale de son personnage. Pour une prof (qui s’habille comme une grand-mère, j’suis désolée) indépendante et fière, elle est souvent réduite au silence face aux hommes qui expliquent les choses si bien alors qu’elle, elle ne comprend rien et ne sait rien faire. Plutôt que de nous la dévoiler comme désespérée, elle semble surtout capricieuse à souhait. Pas le genre de personnage féminin qu’on apprécie, surtout lorsqu’elle est moralisatrice ou qu’elle donne des ordres à tout va. Il y a quelques moments de tendresse entre les deux comédiens, mais le plus souvent, Sara déçoit, et Vicky captive.

Le reste de la famille fait le travail, mais est vraiment reléguée au second plan ou en élément comique. Il en va de même pour le meilleur ami, l’amie d’enfance ou encore le gardien. Et c’est là où pour moi, l’humour a ses limites. Un couple qui ne peut pas se prendre dans les bras chez soi parce qu’un gamin est toujours là, un meilleur ami complétement barré, un père punjabi qui picole… On a droit à des clichés persistants et qui, pour ma part, ne m’ont pas fait sourire.

Pourtant, la salle de cinéma était réceptive à la majorité des blagues et je pense que la plupart des spectateurs ont véritablement passé un agréable moment.

Niveau musique, l’album de Sachin-Jigar est pas mal, mais n’apporte rien à la narration. Moi, ça me manque les interludes musicaux durant lesquels les héros chantent et se disent des choses. Maintenant, ça ne fait office que de musique de fond pour accélérer les choses et c’est un peu… dommage. A noter qu’en général, tout le film est bourré de petits bruitages pour nous signaler quand rire et quand pleurer, et je commence à être fatiguée par ce genre d’éléments sonores qui, plus souvent, gâchent une chute comme une scène intense. Je suis encore traumatisée par le travail fait sur Veere Di Wedding (2018), que j’ai été incapable de revoir jusqu’où bout (alors que j’en avait très envie) parce que les sècnes comiques était lourdement accompagnée d’une bande-son aux airs punjabi bien relou !

Entre Lukka Chuppi (2019) que j’ai trouvé abominable, et Mimi (2021) que j’ai trouvé vraiment pas mal, je dirais que Zara Hatke Zara Bachke se situe entre les deux.

Clairement plus facile à suivre et sympathique que le premier, mais beaucoup moins touchant et captivant que le deuxième. Peut-être que si un meilleur travail avait été fait sur les personnages, si la réalisation et l’écriture avaient été plus authentiques sur les problèmes de logement et les relations familiales, on aurait eu le droit à un film sur un couple modeste qui essaye tant bien que mal de survivre dans un système injuste. Un couple qui réalise à la fin qu'ils étaient déjà chanceux, et qu’il faut parfois dans la vie se contenter de ce qu’on a déjà - et aussi, qu’il faut un peu sortir de sa bulle de jeunes mariés pour regarder ceux qui nous entourent !

Sauf que ce n’est pas ce que Zara Hatke Zara Bachke nous offre, et c’est regrettable.

LA NOTE: 2,5/5
mots par
Elodie Hamidovic
« A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur. »
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