#47 - Retour sur Rocky Aur Rani Kii Prem Kahaani…

lundi 31 juillet 2023
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Namaskar, Vanakkam, Namaskaram, Sat Sri Akal, Nomoshkar, Namaste le cinéma !

Asmae Benmansour-Ammour : Nous sommes le lundi 31 juillet 2023, et voici venu le nouvel épisode de notre podcast, proposé en exclusivité par Bolly&Co…

Elodie Hamidovic : Hello Asmae ! Ça va ?

Asmae Benmansour-Ammour : Salut Elo ! Ma semaine a été plutôt chargée, mais je suis toujours ravie de te retrouver chaque lundi matin pour parler de cinéma indien. Et aujourd’hui, j’ai envie de faire un épisode un petit peu spécial. Si tu es d’accord, bien sûr…

Elodie Hamidovic : Est-ce que ça a un rapport avec un certain film vu ce week-end et pour lequel nous avons joyeusement participé à la promotion ?

Asmae Benmansour-Ammour : Parfaitement ! Je pense qu’on vous a bien saoulé avec la promo de Rocky Aur Rani Kii Prem Kahaani, mais je vous jure, c’était pour la bonne cause ! J’aimerais bien qu’on en discute, toi et moi. Cela dit, j’ai cru comprendre que tu n’as pas pu voir le film, c’est ça ?

Elodie Hamidovic : Malheureusement, il n’a pas encore été diffusé à Toulouse, mais qui sait, peut-être le week-end prochain ?

Asmae Benmansour-Ammour : On croise les doigts. De mémoire d’ailleurs, t’es pas franchement fan de Karan Johar, je me trompe ?

Elodie Hamidovic : J’ai grave l’impression que depuis My Name Is Khan, il ne fait rien de très… intelligent. J’ai même tenté récemment de revoir Ae Dil Hai Mushkil, mais j’ai toujours autant détesté. On peut dire que je suis pas la plus emballée pour Rocky Aur Rani Kii Prem Kahaani, et ce même s’il fête avec ce film ses 25 ans de carrière ! Nous parlions d’ailleurs de l’effet qu’a eu la bande-annonce sur nous lors de notre 44ème épisode, mais… Enfin, bref, dis-moi plutôt où tu veux en venir ?

Asmae Benmansour-Ammour : Eh bien, chère Elodie, je te propose de parler du film en répondant à toutes tes questions, parce que j’ai pas très envie de faire un long monologue, et ce même si je sais que tu adores m’écouter !

Elodie Hamidovic : Oui, je pourrais t’écouter parler pendant des heures sans souci, et tu le sais. Tu es mon Stéphane Bern, Madame !

Asmae Benmansour-Ammour : Tiens donc ? Vous êtes une de mes fans ? Venez, je vous en prie, discutons ensemble de mes riches découvertes cinématographiques…

Elodie Hamidovic : C’est l’été, chers auditrices et auditeurs, alors on est en full détente ! Ne faites pas attention à nous !

Asmae Benmansour-Ammour : Alors comme toi, il y a sans doute pas mal de monde qui hésite à voir le film. Je pense donc que c’est plus intéressant que tu me poses les questions qui te tracassent sur Rocky Aur Rani Kii Prem Kahaani. Et je te promets d’être franche et de ne pas mâcher mes mots !

Elodie Hamidovic : C’est une excellente idée, wesh ! Alors, alors ! Déjà, à la base, pendant que je réfléchis à mes questions, peux-tu nous faire un résumé du film pour celles et ceux qui sont passés à côté des promos ?

Asmae Benmansour-Ammour : Si on s’attache à ce que veut bien nous en dire la bande-annonce, Rocky et Rani tombent amoureux et sont issus de familles très différentes. Et pour donner toute leur chance à leur relation, ils vont… échanger leurs familles !

Elodie Hamidovic : On dirait une mauvaise émission télé sur W9…

Asmae Benmansour-Ammour : De fou !

Elodie Hamidovic : Mais du coup, toi qui a vu le film, est-ce que la bande-annonce en dit tout, ou est-ce qu’on s’est fait avoir comme des bleus ?

Asmae Benmansour-Ammour : Eh bien disons que le trailer est plutôt réducteur. Parce qu’en fait, Rocky aur Rani Ki prem Kahani raconte beaucoup de choses. Si la bande-annonce donne plutôt l’impression qu’on aura affaire à une grosse comédie, Rocky aur Rani Kii Prem Kahaani est en fait un drame familial jusqu’à la moëlle, avec effectivement des séquences de comédie comme celles qui ont fait la gloire de Karan Johar dans La Famille Indienne, Kal Ho Naa Ho ou encore Kabhi Alvida Naa Kehna

Elodie Hamidovic : Ah Kantaben ! Allier humour et mélodrame, ce n’est pas un exercice facile, et c’est souvent casse-gueule… Tu trouves que Karan s’en est bien sorti ?

Asmae Benmansour-Ammour : Je dois dire que oui… Vraiment. J’en suis la première étonnée car je partageais tes appréhensions. Mais force est de constater que tout fonctionne, les séquences humoristiques qui sont clairement portées par un Ranveer Singh on fire, mais aussi les séquences dramatiques, portées par… bah un Ranveer Singh on fire !

Elodie Hamidovic : C’est vrai ? Ouh, tu commences à m’intéresser… Ça veut dire quoi ? Qu’on peut espérer une psychologie des personnages approfondies ?

Asmae Benmansour-Ammour : Alors au début, le film campe sur ses clichés. Comme on l’a vu dans la bande-annonce, Rocky est bruyant et un peu abruti tandis que Rani est posée et relativement plus smart. Mais ce qui est intéressant, c’est que le film s’applique à nous expliquer pourquoi. On découvre ainsi la famille intellectuelle et assez prétentieuse de Rani et celle, plutôt étouffante, de Rocky, que l’on peut apparenter à des nouveaux riches. Alors oui, Rocky est un peu bête, mais il prend le temps de réfléchir sur son environnement et ce qui l’a amené à se construire de la sorte. Du côté de Rani, le personnage est moins dans l’autoréflexion car son entourage est bien moins toxique, mais elle reste fidèle à elle-même du début à la fin, et c’est plutôt appréciable…

Elodie Hamidovic : Je vois… Les personnages sont donc prometteurs. Mais pour qu’une histoire d’amour fonctionne, l’alchimie, c’est essentiel. Il est donc temps pour toi de répondre à la question que beaucoup se posent : Alia et Ranveer, ça marche ou pas ?

Asmae Benmansour-Ammour : Encore une fois, oui ! Parce que si vous vous êtes arrêtés, comme moi, à la séquence musicale “Tum Kya Mile”, dans laquelle ils ne partageaient aucune alchimie, cette scène n’est pas représentative de tout le film. On n’est pas face à une osmose magnétique comme celle qui unit Shahrukh Khan à Kajol, mais soyons honnêtes : ça fonctionne. Alia est convaincante, mais c’est surtout Ranveer qui fait vivre cette histoire d’amour. On lit dans le regard de Rocky un amour profond pour sa belle. Bref, je crois que tu commences à comprendre qui m’a particulièrement marquée dans le métrage…

Elodie Hamidovic : Oui… Et ça me fait plaisir, surtout après l’année 2022 foireuse qu’il nous a livré ! Ranveer, merci d’avoir retrouvé tes esprits !

Asmae Benmansour-Ammour : Je suis sûre que tu vas l’adorer !

Elodie Hamidovic : Ok, ok… Maintenant, parle-nous de Jaya Bachchan ! Est-ce que c’est la version féminine de Yashvardhan Raichand dans La Famille indienne ou elle est pire ?

Asmae Benmansour-Ammour : Sur le papier, oui. C’est le même personnage, sauf que Karan Johar en explore davantage les limites. Je m’explique. J’ai beau adorer La Famille Indienne, je trouve quand même que le personnage de Yashvardhan s’en sort un peu trop facilement alors qu’il a brisé sa famille et exclu son fils de manière totalement gratuite… Ici, Dhanalakshmi est aussi odieuse que Yashvardhan, mais elle n’a pas droit au même destin. Parce que face à elle, il y a Rani, personnage féministe jusqu’à la moëlle qui n’éteindra pas son identité et ses croyances pour se faire apprécier de sa belle-famille. Et elle ne manque jamais une occasion de lui rappeler à quel point elle est toxique. Et en vrai, c’est jubilatoire. On se rappelle que la phrase d’introduction de La Famille Indienne, c’était “It’s all about loving your parents.” On plaçait le parent au-dessus de tout, qu’importe à quel point il avait été malsain. Il fallait aller vers ses parents, s’excuser même quand on n’avait rien fait parce que les parents, bah c’est important… Rocky aur Rani Kii Prem Kahaani fait un gros doigt à cette mentalité et offre à chaque protagoniste l’occasion de s’émanciper, de verbaliser et de balancer ses quatre vérités à la matriarche impitoyable, incarnée avec conviction par Jaya Bachchan.

Elodie Hamidovic : Est-ce que tu serais pas en train de me faire changer d’avis sur le film ? Bon, on y reviendra quand je l’aurai vu ! Tiens, j’y pense : les familles ont-elles une véritable place dans la narration ?

Asmae Benmansour-Ammour : Absolument ! Elles sont omniprésentes. Parce que l’enjeu du film est justement de tester la compatibilité de Rocky et Rani avec leurs belles-familles respectives. L’histoire familiale de Rani est explorée tout celle de la famille de Rocky. On en apprend davantage sur chacun d’eux, et personne ne tient de place profondément accessoire… Tu seras donc sûrement heureuse d’apprendre que les légendes Dharmendra et Shabana Azmi ne servent pas à rien ! Sans t’en dire trop, les familles portent en elles tous les enjeux du film, amènent les héros à se questionner, à évoluer et à déconstruire le schéma dans lequel ils ont grandi. C’est intéressant, parfois drôle, souvent touchant. Et en plus, le casting familial est au top. Petite mention à Anjali Anand, la petite sœur de Rocky que j’ai connu il y a fort longtemps à la télévision, et qui livre des débuts très convaincants en intellectuelle refoulée !

Elodie Hamidovic : Est-ce que ça veut dire que ce film va nous réconcilier avec Karan Johar ?

Asmae Benmansour-Ammour : Je ne peux pas me prononcer pour toi, ni pour nos chers auditeurs tant chaque expérience de visionnage est subjective, mais pour moi, c’est clair, je ne peux que te répondre par l’affirmative ! J’ai l’impression qu’après ses égarements de cette décennie, le cinéaste a décidé d’assumer de nouveau son identité artistique, en revenant à ce qu’il sait faire de mieux : un cinéma populaire, grandiose, mélodramatique et tourné vers l’émotion. Le cinéaste s’émancipe des tendances, de l’intelligentsia un peu cynique de Bollywood pour livrer une œuvre qui lui ressemble, et qui parvient donc à recréer l’essence de ses grands classiques tout en réinventant les codes. Donc oui, j’ose le dire : le grand Karan Johar est de retour !

Elodie Hamidovic : Ça me fait penser qu’Anurag Kashyap a posté en story sur Instagram qu’il s’agissait du meilleur film de Karan Johar. Alors, vrai ou faux ?

Asmae Benmansour-Ammour : Alors, j’aurais pu dire vrai si dans la filmographie de Karan, il n’y avait pas eu My Name Is Khan, l’OVNI de sa carrière qui est également son bijou. Donc non, ce n’est pas son meilleur film mais clairement, Rocky aur Rani Ki Prem Kahaani finit bon deuxième.

Elodie Hamidovic : Deuxième ? Sérieux ? A ce point ?

Asmae Benmansour-Ammour : Oui parce qu’il arrive à être plus pertinent et plus bienveillant avec ses personnages que La Famille Indienne, et n’a pas peur d’aller plus loin, d’oser davantage. C’est un peu le petit frère rebelle de Kabhi Khushi Kabhie Gham et franchement, ça fait du bien puisque c’est la preuve qu’on peut proposer un cinéma avec des codes “à l’ancienne” tout en restant en phase avec son époque.

Elodie Hamidovic : D’accord, d’accord… Je suis scotchée ! Du coup, qu’est-ce que tu as le plus aimé dans le film, et a contrario, le plus détesté ?

Asmae Benmansour-Ammour : Attention, je prépare un listing. Voici quelques-uns des points forts de Rocky Aur rani Ki Prem Kahaani… Le premier, c’est Ranveer Singh, qui livre sa meilleure prestation depuis Gully Boy, puisqu’il arrive à faire d’un personnage cartoonesque un héros touchant et complexe. Bref, moi qui pensais que Karan cherchait à nuire à Ranveer avec ce film, il lui a plutôt servi sur un plateau un rôle idéal pour prouver son talent. J’ai aussi aimé l’humour savamment dosé. Karan Johar a été bon dans l’exercice par le passé, mais il faut quand même avouer que l’humour à l’indienne est souvent lourdingue. Ici, c’est sincèrement drôle, les vannes sont bien écrites et parfaitement servies par le casting. Et en même temps, c’est suffisamment bien exploité pour ne pas gâcher l’intention du métrage. J’ai aussi adoré l’écriture du personnage de Rani, qui ne cherche pas à entrer dans le carcan de la bru idéal pour se faire accepter. Elle vit ses convictions et si elle a quelque chose à dire, elle ne se gênera pas pour le faire. Enfin, j’ai aimé la place majeure que tiennent les grands-parents dans la trame, incarnés par Jaya Bachchan, Dharmendra et Shabana Azmi. Je n’en dirais pas plus pour ne rien vous divulgâcher, mais ça vaut le prix de votre place de cinéma ! Bref, j’aimé tant d’autres choses mais il faut que vous alliez voir le film pour les découvrir.

Elodie Hamidovic : Et donc il n’y a rien que tu aies détesté ? Le film n’a pas de défaut ?

Asmae Benmansour-Ammour : Si, si, il y en a… Par exemple, l’élément perturbateur des 30 dernières minutes est un peu bête, même s’il sert de catalyseur aux protagonistes et à leur mobilisation… C’est un peu regrettable. Aussi, si Alia Bhatt se débrouille bien dans un rôle de journaliste engagée, elle n’a jamais l’aura hypnotique d’une Rani Mukerji ou d’une Preity Zinta. Bon, ceci dit, je pinaille un peu, là…

Elodie Hamidovic : Donc globalement, tu recommandes Rocky Aur Rani Kii Prem Kahaani ?

Asmae Benmansour-Ammour : Absolument, définitivement, entièrement et passionnément ! Et pour rappel, c’est sorti le vendredi 28 juillet grâce au distributeur Friday Entertainment !

Elodie Hamidovic : Bon, si comme moi, vous ne pouvez pas encore voir Rocky Aur Rani Kii Prem Kahaani, voilà peut-être quelques alternatives… Tout d’abord, vous pouvez toujours découvrir Maaveeran qui entame sa troisième semaine d’exploitation en salles obscures.

Asmae Benmansour-Ammour : Pour ça, il faut être fan de Sivakarthikeyan, ce qui n’est clairement pas mon cas…

Elodie Hamidovic : Ensuite, il y a LGM - Let’s Get Married, film tamoul avec Harish Kalyan, sorti le 28 juillet au cinéma, toujours avec Friday Entertainment.

Asmae Benmansour-Ammour : Ok, Friday Entertainment est en feu, cette semaine !

Elodie Hamidovic : En ligne, découvrez depuis la semaine dernière Bawaal, avec Varun Dhawan et Janhvi Kapoor, sur Prime Video avec des sous-titres français !

Asmae Benmansour-Ammour : Faites-vous votre propre opinion mais clairement, de mon côté, j’ai pas aimé du tout !

Elodie Hamidovic : Moi non plus… Enfin, préparez vos listes de lectures puisque cette semaine sortiront sur Netflix la première saison de Choona - Tu nous le paieras ainsi que la série documentaire La cavale sanglante de Veerappan, respectivement les 3 et 4 août prochain.

Elodie Hamidovic : Et c’est tout pour aujourd’hui, merci de nous avoir écouté !

Asmae Benmansour-Ammour : C’est sur la mélodie de “Dhindhora Baje Re” de Rocky Aur Rani Kii Prem Kahaani que l’on se quitte. L’occasion pour moi de vous inviter à découvrir le clip vidéo de cette mélodie tant Ranveer y est impérial, surtout quand on sait que cette version complète est absente du film…

Elodie Hamidovic : Non, mais non, pourquoi ?! Ils ont pas osé faire ça !

Asmae Benmansour-Ammour : Eh oui… Tiens, voilà un défaut majeur du film !



Elodie Hamidovic : Merci d’avoir écouté Namaste le Cinéma, c’était Elodie et Asmae du magazine Bolly&Co. On espère que cet épisode vous a plu.

Asmae Benmansour-Ammour : Si vous aimez notre podcast, c’est le moment de vous abonner, de partager, de commenter, de liker ou encore de donner une petite note sur votre plateforme d’écoute favorite.

Elodie Hamidovic : Nous vous rappelons que tous les liens vers les bandes annonces, les articles et la chanson de la semaine sont disponibles en description et dans la version retranscrite de cet épisode, que vous pouvez retrouver sur www.bolly&co.fr

Asmae Benmansour-Ammour : Et si vous n’êtes toujours pas lassés d’entendre nos voix, nos fous rires et nos coups de gueule, alors rendez-vous lundi prochain dans…

Namaste, le cinéma !

Crédits :



Hosts : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Texte : Elodie Hamidovic & Asmae Benmansour-Ammour
Retranscription : Asmae Benmansour-Ammour
Design : Elodie Hamidovic
Montage et mixage son : Elodie Hamidovic