Critique : Gunde Jaari Gallanthayyinde (★★☆☆☆)

jeudi 20 juillet 2023
Gunde Jaari Gallanthayyinde critique tollywood
— Cet article a été publié dans le numéro 8 de Bolly&Co, page 216.

Lorsqu’un film télougou ne se base pas sur un héros omnipotent qui enchaîne les scènes de combat surréalistes à 1 contre 100, on peut déjà se réjouir ! Lorsque ce même film met en valeur le personnage féminin au-delà de sa fonction habituelle de pleurnicheuse en chef, c’est encore mieux ! Lorsqu’enfin, ce film représente l’occasion de réunir les acteurs Nitin et Nithya Menon après le succès de Ishq en 2012, il y a de quoi organiser une grosse teuf !

C’est donc presque hystérique que je me lance dans le visionnage de Gunde Jaari Gallanthayyinde, sorti en 2013 et dirigé par Vijay Kumar Konda, dont c’est la première réalisation.

Avant d’en savoir plus sur la valeur de cette comédie romantique devenue l’un des plus gros succès de l’année, plongeons-nous dans son intrigue...



Karthik (Nitin) aime tout contrôler ! C’est le genre de mecs qui veut décider de tout, de la chemise qu’il va porter au job qu’il va exercer. Il déteste que les choses lui soient imposées, encore moins l’idée de les subir. C’est ainsi que, lorsqu’il croise le chemin de la belle Sruthi (Isha Talwar) au mariage d’un ami, il décide de l’aimer et entame une cour assidue pour la conquérir. Il obtient son numéro de téléphone et entretient une relation par ce biais pendant quelques temps... Jusqu’à découvrir qu’il s’adresse en réalité à Sravani (Nithya Menon) !

On a ici un classique du genre : un homme persuadé que l’amour est un sentiment qui se contrôle et qui se planifie. Mon pauvre Karthik n’a donc rien compris au concept de la comédie sentimentale, où les héros ne s’attendent jamais à tomber amoureux l’un de l’autre. On a ainsi donc droit à un anti-héros parfait : celui qui défie toute la logique de la romance au cinéma. Karthik estime qu’il ne peut aimer Sravani dans la mesure où il imaginait qu’il parlait à Sruthi... Vous pensez qu’il mérite une bonne gifle ? Vous n’êtes pas seuls, rassurez-vous ! Nitin incarne la parfaite tête-à-claque dans ce film. Là où il était nettement le héros de Ishq, son personnage est beaucoup plus réducteur dans cette nouvelle production. Il est benêt, obstiné et indélicat. C’est typiquement le genre de mecs à briser le cœur d’une fille gratuitement, juste pour une question de mentalité !

Heureusement, le film met en valeur un très beau rôle féminin.

Nithya Menon est absolument formidable dans la peau de Sravani. Durant toute la durée du métrage, c’est elle qui happe l’attention du spectateur. De jeune amoureuse entière et valeureuse, elle mue en femme impitoyable pleine de ressentiment sans jamais perdre la bonté et la fraîcheur qui la caractérisent. On suit son cheminement avec plaisir. Son rôle dépasse l’écriture maigrichonne des héroïnes classiques : innocentes ou machiavéliques, mais jamais les deux en même temps. Sravani est humaine dans sa capacité à ressentir des émotions positives comme négatives. Elle est à la fois généreuse et rancunière, vulnérable et fière, blessée et galvanisée. L’actrice prouve une fois de plus qu’elle fait partie des meilleures comédiennes dravidiennes de sa génération, et remportera d’ailleurs le South Filmfare Award de la Meilleure Actrice en langue télougoue pour ce film.

Isha Talwar, révélée en 2012 dans la romance malayalam Thattathin Marayathu, tient ici un rôle secondaire pour son premier projet à Tollywood. J’espérais qu’il permettrait de mettre son potentiel en valeur, elle qui possédait une indéniable présence dans un rôle pourtant timide pour son premier métrage. Ici, elle est toutefois sous-employée dans la peau d’une amoureuse indécise, après laquelle Karthik s’amuse à courir avec acharnement. Elle sert de faire-valoir à l’histoire qui se noue entre Karthik et Sravani. L’actrice n’a guère l’espace de prouver quoique ce soit, mais peut se vanter d’avoir fait ses débuts en télougou dans un film à succès.

J’avoue avoir été déçue par Gunde Jaari Gallanthayyinde.

Je m’attendais probablement à plus de souffle, de dynamisme et de légèreté dans ce film qui se prend, selon moi, trop au sérieux. Nithya est le soleil du film, qu’elle sauve du naufrage. Pour autant, je ne reverrai pas Gunde Jaari Gallanthayyinde. Je me suis ennuyée comme rarement devant un film. J’ai surtout eu le sentiment que le métrage était un prétexte pour réunir Nitin et Nithya Menon et s’assurer ainsi un nouveau coup commercial. Le scénario manque de travail et de justesse, seul le personnage de Sravani semble avoir pris du temps dans son écriture. Moi qui suis pourtant une grande romantique, j’ai regretté que la trame manque de ces tendres instants qui caractérisent pourtant le genre. Surtout en sachant que les acteurs principaux auraient pu nettement porter de telles séquences grâce à leur superbe alchimie.

La musique d’Anoop Rubens manque également d’inspiration. Seule la chanson titre, interprétée par le compositeur lui-même et la chanteuse Shravani, reste en mémoire. La balade « Thu Hi Rey » permet à l’actrice Nithya Menon de poser sa voix sur ce morceau en duo avec Nikhil D’Souza. « Neeve Neeve » s’oublie vite malgré la présence de l’excellent Adnan Sami sur la bande. Nitin chante quant à lui sur le dappa électro « Ding Ding Ding », sur lequel il danse également avec la championne de badminton Jwala Gutta. « Yemaindho Yemo Ee Vela » est une reprise du film Tholi Prema, avec la star Pawan Kalyan. C’est surtout un plagiat monstrueux du chartbuster « Maria », de l’artiste porto-ricain Ricky Martin.

En conclusion



Si vous souhaitez entamer ou poursuivre votre périple initiatique au sein des industries dravidiennes, Gunde Jaari Gallanthayyinde est à éviter pour sa relative médiocrité et son net manque d’inspiration. Il constitue un pot-pourri de ce qui a fait le succès de films comme Ishq et Tholi Prema. Pour apprécier la complicité entre Nitin et Nithya Menon, tenez-vous-en à leur premier film commun, Ishq...

LA NOTE: 1,5/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?