Critique : Main Tera Hero (★☆☆☆☆)

dimanche 9 juillet 2023
Main Tera Hero critique bollywood
— Cet article a été publié dans le numéro 8 de Bolly&Co, page 122.

Fils du cinéaste comique David Dhawan, Varun devait inévitablement travailler avec son père. Dès son second métrage, il joue sous sa direction pour Main Tera Hero, une comédie potache produite par Ekta Kapoor. Dès son premier film, on recense chez Varun une profonde qualité d’entertainer, cette capacité à se saisir de l’attention du spectateur aussi bien en vif fanfaron qu’en amant brisé.

Avec Main Tera Hero, il tente de montrer au public son potentiel comique. Pourtant, l'œuvre est loin de briller par son efficacité...



Seenu (Varun Dhawan) enlève la fille de son professeur en espérant qu’il lui valide son diplôme... Vous l’aurez deviné, Seenu n’a pas inventé l’eau tiède ! Sermonné par sa famille, il part finalement pour Bangalore afin de terminer ses études. Sur place, il tombe sous le charme de la jolie Sunaina (Ileana D’Cruz), déjà convoitée par le gangster du coin, Angad (Arunoday Singh). Seenu a quant à lui tapé dans l'œil de Ayesha (Nargis Fakhri), dont le terrible papa (Anupam Kher) va tout entreprendre pour les réunir...

L’histoire vous dit vaguement quelque chose ? Vous avez le sentiment d’avoir déjà lu ce pitch dans les pages de Bolly&Co ? C’est normal ! Main Tera Hero est effectivement le remake officiel du succès télougou Kandireega, dont nous vous proposions la critique dans notre précédent numéro. Dans cette version Bollywood, on sent en revanche que l’atmosphère a été clairement modifiée. Là où avec Kandireeg, on avait droit à un masala familial et fédérateur, Main Tera Hero tend plutôt vers la sex-comedy lourdingue mais dynamique. Ici, David Dhawan nous fait un peu trop profiter de la plastique de ses comédiens, Varun se baladant régulièrement torse-nu tandis que ses partenaires semblent fans du bikini en guise de tenue de ville ! On y ajoute des baisers et une chanson dans la piscine pour qu’une comédie tous publics se transforme en une quotidienne de Secret Story !

Le seul argument tangible pour vous encourager à voir ce film réside clairement dans la présence de Varun au casting.

Il est tordant, charmeur et taquin à souhait dans un film qui frôle régulièrement la vulgarité. C’est lui qui rend une bonne partie du film supportable par son charisme et son implication. L’acteur se donne et sa générosité est communicative. Pour lui servir de faire-valoir, deux plantes vertes de compétition : Ileana D’Cruz et Nargis Fakhri. La première est une spécialiste du genre dans le sud du pays, où elle est devenue la cruche décorative par excellence. Après avoir lancé sa carrière nordiste avec l’original Barfi, on était en droit d’attendre d’elle des rôles plus recherchés et inattendus... Que nenni ! Ileana préfère manifestement s’enliser dans les sables mouvants de la facilité pour finalement tutoyer la médiocrité.

A côté, la seconde semble tout droit sortie du cours Florent ! Nargis Fakhri signe ici son troisième film après le drame romantique Rockstar et le thriller politique Madras Cafe. Elle a au moins le mérite de se diversifier dans ses choix, avec ce souci de faire oublier au public ses débuts ratés dans Rockstar. Pour autant, son jeu reste très pauvre malgré de bonnes intentions. Soulignons tout de même que Nargis a doublé sa propre voix pour ce film, elle qui ne parle pas un mot de hindi. C’est un exercice que Katrina Kaif a mis plusieurs années à mettre en œuvre, attendant 2007 et la sortie de Namastey London pour prêter son timbre à l’un de ses personnages.

Anupam Kher est excellent dans le rôle du père impitoyable de Ayesha.

Dans un rôle complètement loufoque, agrémenté d’une perruque et d’échos pour souligner ses répliques, l’acteur est géant et prouve qu’il n’a nullement besoin d’un grand scénario pour briller. Arunoday Singh campe Angad, le truand qui s’accapare l’amour de la belle Sunaina. Il est benêt à souhait mais apparaît beaucoup moins cruel et effrayant que Sonu Sood dans la version originale. Le personnage de Saurabh Shukla fait ici l’objet d’un traitement particulièrement abominable pour assurer son silence, rendu tétraplégique et muet par le héros du film. C’est un travers scénaristique qui aurait clairement pu être évité et qui plombe nettement la tonalité humoristique du film. Kavish Majmudar tient également un petit rôle dans le métrage. Si son nom ne vous dit rien, son visage vous sera en revanche probablement familier puisqu’il jouait le rôle de Hrithik Roshan enfant dans le classique La Famille Indienne.

A propos de Kandireega, j’écrivais dans ma critique qu’il s’agit d’un film qui « célèbre le cinéma populaire, le cinéma des masses, celui qui rassemble, qui distrait, fait rire et fait surtout oublier les problèmes. »

Ce n’est pas avec ce regard qu’il faut visionner Main Tera Hero, qui s’adresse plutôt au jeune public branché des multiplexes. Le public a pu s’amuser de quelques références au septième art, l’une à Barfi lorsque Seenu fait la cour à Sunaina, l’autre à Yeh Jawaani Hai Deewani lors d’une scène hilarante de prière hindoue.

Le duo de compositeurs Sajid-Wajid se devait donc de respecter le ton de l'œuvre avec un album sexy, moderne et accrocheur. Pari réussi pour les directeurs musicaux, qui nous concoctent ici une bande-son catchy qui reste en mémoire bien après la première écoute. L’atout principal de l’album réside d’ailleurs dans la participation de l’excellent Arijit Singh à deux morceaux de la bande-originale. Il pose d’abord sa voix sur le tube de l’oeuvre, « Palat », dont le refrain n’est pas sans rappeler celui de « Jahan Teri Yeh Nazar Hai », titre du film de 1981 Kaalia. Il partage également avec Shalmali Kholgade l’énergique « Shanivaar Raati », morceau dansant qui permet aussi de mettre en avant les talents en danse de l’acteur principal. « Besharmi Ki Height » avec Benny Dayal et Shalmali Kholgade remplace la traditionnelle ballade pour signifier le coup de foudre des deux héros et annonce dans une ambiance de boîte de nuit la naissance de l’amour entre Seenu et Sunaina. Javed Ali et Neeti Mohan chantent enfin sur « Galat Baat Hai », qui s’écoute bien sur CD sans posséder la connotation sexy que lui donne la mise en scène de David Dhawan.

En conclusion



Si Varun Dhawan porte le film sur ses épaules, l'œuvre en elle-même manque cruellement de subtilité pour vraiment marquer les esprits. On sent que la seule préoccupation du cinéaste était de mettre en valeur son fils sous tous les angles, en dégageant son physique d’Apollon, ses capacités en danse et son indéniable charisme. Le reste de la distribution reste sur le bas-côté de la route, et si l’on omet Anupam Kher qui a su exister malgré un rôle secondaire plutôt limité, les autres comédiens peinent à trouver leur place dans cette comédie qui ne nous fait rire qu’épisodiquement. Main Tera Hero se regarde si vous êtes fans de Varun Dhawan. Autrement, tournez-vous vers le métrage original en langue télougoue, avec Ram Pothineni...

LA NOTE: 1/5
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?