3 films qui disent tout de... Rajkumar Hirani.

mardi 19 décembre 2023
cinéma indien rajkumar hirani
Le réalisateur, c’est le chef d’orchestre. C’est l’esprit vif qui dirige une œuvre et assure la collaboration entre ses différentes équipes. Les techniciens et les artistes s’unissent sous sa guidance afin de restituer sa vision à travers son œuvre. Au cinéma indien, les réalisateurs se multiplient au fil des années et gagnent de plus en plus en popularité. Leurs noms s’inscrivent dans les cœurs des cinéphiles grâce à la portée de leur message, de leur style ou encore grâce au résultat commercial de leurs métrages. Et si nous nous focalisions davantage sur ces génies du septième art, que nous avons parfois tendance à oublier ?

Le temps d’un article, découvrez Rajkumar Hirani, si vous ne le connaissez pas déjà...



Rajkumar Hirani, en bref…

Né à Nagpur dans l’Etat du Maharashtra, Rajkumar est poussé par sa famille à faire des études d’ingénieur. Mais ce qui l’intéresse, c’est le cinéma. Durant ses études, il s’essaie au théâtre. Et lorsqu’il tente d’intégrer le célèbre Institut du Film et de la Télévision de Pune, la promotion de réalisation est pleine. c’est ainsi qu’il s’inscrit dans la section de montage, au sein de laquelle il est accepté.

Il a d'ailleurs commencé en tant que monteur, d'abord pour des spots publicitaires, puis au cinéma avec le film Mission Kashmir, réalisé par Vidhu Vinod Chopra. Ce film est le théâtre d'une rencontre artistique entre les deux hommes, qui travailleront régulièrement ensemble par la suite… En effet, Vidhu Vinod Chopra financera tous les films dirigés par Rajkumar, à tel point que les deux hommes sont désormais indissociables aux yeux du grand public.

Ces 3 films qui disent tout de lui...



Munna Bhai M.B.B.S.
Réalisateur, scénariste et co-monteur.
Sorti en 2003

Avec cette première réalisation, Rajkumar Hirani amène une nouvelle approche de la comédie à Bollywood, qui s'appuie davantage sur l'écriture de ses personnages et sur ses dialogues que sur le comique de situation, récurrent dans les œuvres hindi de l’époque. D’ailleurs, le film relance la carrière de Sanjay Dutt et lui vaudra de nombreuses récompenses. Le comédien y sort effectivement de son carcan de 'bad boy', le tout au service de ce rôle de nounours prêt à tout pour faire la fierté de son père. A travers son parcours atypique, le bandit Munna va apprendre la compassion, la bienveillance et l’humanité.

Le métrage est justement l'occasion de voir Sanju donner la réplique à son papa dans la vie : Sunil Dutt. Et force est de constater que la complicité est au rendez-vous dans le métrage, qui réalisera d’excellents scores au box-office, permettant à Rajkumar Hirani de faire la lumière sur sa vision rafraîchissante de cinéaste. Munna Bhai M.B.B.S. remportera le National Award du Meilleur Divertissement ainsi que 4 Filmfare Awards.

Munna Bhai sera un tel phénomène qu'il lancera une ribambelle de remakes régionaux : Vasool Raja MBBS en tamoul avec Kamal Haasan, Shankar Dada M.B.B.S.en télougou avec Chiranjeevi, Uppi Dada M.B.B.S. en kannada avec Upendra mais aussi un remake sri-lankais avec Dr. Nawariyan.

Le métrage verra également la naissance d'une suite également qualitative et tout aussi acclamée par la critique : Lage Raho Munna Bhai, en 2006. Ce qui émerge avec cette œuvre, c’est son intelligence émotionnelle, qui deviendra l’un des marqueurs du cinéma de Raju Hirani, et particulièrement palpable dans la caractérisation de ses personnages. Le réalisateur part de ce qui pourrait s'apparenter à d'énormes clichés narratifs (le gangster, le side-kick, le love interest…) pour finalement délivrer des personnages fins, nuancés et à la vulnérabilité assumée.




3 Idiots
Réalisateur et monteur.
Sorti en 2009

Inspiré du roman de Chetan Bhagat Five Point Someone, 3 Idiots dénonce la pression sociale autour de la réussite scolaire, et constitue une véritable satire sur le fonctionnement des grandes écoles indiennes et sur leur caractère parfois maltraitant envers les étudiants. Sous couvert d’humour et de séquences musicales enlevées, le métrage ose s'attaquer à des problématiques comme la détresse psychologique, le suicide, les grossesses hors mariage ou encore la corruption. Tout cela avec une légèreté de ton et un dynamisme d'une efficacité redoutable…

Lors de sa sortie, 3 Idiots restera pendant plusieurs années le film indien le plus rentable de l'histoire.

A tel point qu’il aurait eu un véritable impact sur le système éducatif indien. D’ailleurs, 3 Idiots a eu droit à un remake tamoul, également devenu très populaire : Nanban, sorti en 2012. Le métrage recevra 6 Filmfare Awards, dont celui du Meilleur Réalisateur pour Rajkumar Hirani. Mais il sera également sacré aux National Awards par 3 fois, notamment en remportant le deuxième prix du Meilleur Divertissement de la carrière du metteur en scène.




PK
Réalisateur, producteur, co-scénariste et monteur.
Sorti en 2014

Rajkumar Hirani retrouve Aamir Khan après leur précédente collaboration dans 3 Idiots, cette fois au service d'une satire sociale sur l'exploitation de la foi religieuse en Inde. Le métrage deviendra à son tour le film le plus rentable de l'histoire au moment de sa sortie, faisant officiellement du cinéaste l’homme de tous les records à Bollywood. Le film a toutefois généré certaines polémiques auprès de groupes religieux puritains de par son message profondément dénonciateur.

PK contient des éléments de science-fiction tout en conservant ce qui fait le sel du style Hirani : la satire sociale.

Le rôle-titre, incarné par Aamir Khan, a quelque chose de Charlie Chaplin dans sa démarche, sa candeur et son bagout. Avec ce métrage, Rajkumar Hirani livre son œuvre la plus frontale et la plus engagée sans pour autant qu’elle n’oublie d’avoir de l’humour. Le film sera récipiendaire de deux Filmfare Awards, dont celui du Meilleur Scénario pour Rajkumar Hirani et Abhijat Joshi.




Le mot de la fin.



Rajkumar Hirani est un cinéaste à part dans le paysage cinématographique hindi contemporain, tant par sa sensibilité que par son apparente légèreté. Le metteur en scène s’est effectivement imposé comme le roi de la satire. Si bien que lorsqu'il s'en éloigne, c'est moins concluant. C'est ce qu'on a vu avec Sanju (biopic sur son ami Sanjay Dutt sorti en 2018) qui, malgré son relatif succès au box-office, a eu nettement moins d'impact dans la culture populaire indienne que ses autres travaux.

Ce qui n’a pas empêché le cinéaste de marquer d’ores et déjà les esprits avec ses répliques incontournables, son don pour parler avec finesse de sujets douloureux et de saupoudrer d’une profonde humanité tous ses métrages.

mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?