Critique : Connexions Perdues (★★★★☆)

mercredi 27 décembre 2023
connexions perdues Kho Gaye Hum Kahan Ananya Panday Sidhant Chaturvedi Adarsh Gourav
Annoncé à la dernière minute, Kho Gaye Hum Kahan est le tout premier film d’Arjun Varain Singh et possède tous les éléments d’un métrage signé Zoya Akthar. La raison : celle-ci a coécrit l’histoire avec Reema Kagti et Arjun lui-même. L’ambiance familière n’est donc pas une coïncidence. Avec sa bande-annonce intimiste, sa musique edgy et son casting atypique, Connexions Perdues (le titre français, merci Netflix) a tout de suite tapé dans l'œil de l’équipe de Bolly&Co.

Est-ce que Kho Gaye Hum Kahan n’est pas un peu le Zoya Akhtar qu’on attendait tous ?



C’est la question que je me suis posée en écoutant l’album du film, composé par beaucoup trop de monde pour que j’arrive à m’en souvenir : OAFF–Savera, Sachin–Jigar, Ankur Tewari, Karan Kanchan, Rashmeet Kaur et Achint (merci Wikipedia - album génial, au passage). Il y a dans ce métrage tout ce qui a fait le succès de Zoya Akhtar : une histoire d’amitié moderne, des relations conflictuelles et surtout, une apparition spéciale de sa muse ultime : Kalki Koechlin. Avouez, ça peut porter à confusion et en même temps, vu son implication dans le film, c’est au final tout à fait normal. Cependant, Kho Gaye Hum Kahan a quelque chose de différent et la première réussite du film, c’est de montrer à l’écran une jeunesse filmée par un jeune lui-même. Et bon sang, ça se sent et ça fait du bien !

Kho Gaye Hum Kahan est un clairement un petit coming-of-age sans fioriture, un cousin éloigné (et modeste) de Yeh Jawaani Hai Deewani.

En fait, ce qui est dit des réseaux sociaux depuis plus dix ans est représenté à l’écran. Tout ce qu’on répète pour comprendre cette relation complexe et parfois malsaine que nous possédons avec tout objet connecté, est abordé ici de la manière la plus réaliste possible. Le film se concentre surtout sur ce paradoxe que nous avons probablement tous expérimenté : cette manière que nous avons à envoyer des audios sur whatsapp sans problème, à liker et envoyer un émoji en story, à partager des photos et des vidéos (modifiées ou non), sans pourtant réussir à mettre les mots sur nos véritables émotions et problèmes.

A travers Ahana (Ananya Panday), Imaad (Sidhant Chaturvedi) et Neil (Adarsh Gourav), nous découvrons dans Kho Gaye Hum Kahan les conséquences multiples du monde digital, de ses possibilités, le tout sur trois personnalités bien distinctes et connectées. C’est assez maîtrisé, et ce alors que l’histoire commence sans trop nous en dire sur nos héros. En dehors d’un montage d’introduction (vraiment très cool) qui explique l’amitié qui lie nos trois protagonistes, on a rarement plus et au final, ce n’est absolument pas nécessaire pour apprécier, comprendre et se dire à la fin qu’en fait, ce n’est pas plus mal comme piqûre de rappel.

Le film parvient à nous intriguer en nous donnant juste ce qu’il faut pour nous attacher à ce groupe d’amis et à son parcours.

Il y a pourtant des reproches à faire et en soi, c’est normal pour un premier film. Il y a peut-être des dialogues qui n’étaient pas nécessaires ou qui sonnent hyper naïfs. Il y a aussi cette sensation que le film a peur de déraper, d’aller plus loin dans sa réflexion et de s’éloigner de son propos. Quelques rebondissements ne vont pas surprendre et peuvent être limite cliché. Enfin, les enjeux ne sont jamais ultra clairs ou trop bruyants, ils sont discrets et propres à chaque personnage. Ils se comprennent très bien malgré tout et ces défauts, à mes yeux, sont assez mineurs, parce qu’on est avant tout attendri par la bonne volonté du film.

C’est assez agréable de voir une narration qui, pour une fois, utilise et intègre correctement les réseaux sociaux et autres applications. C’est rafraichissant, même. Parce que cette intégration globale n’est jamais poussive. A aucun moment quelqu’un dans le film ne va pointer du doigt un téléphone ou les réseaux sociaux et dire : “c’est ça, le problème !”. Kho Gaye Hum Kahan ne fait pas l’erreur de tomber dans cette vulgarisation.

Pour conclure, je tiens à dire que la surprise (pour moi, n’oublions pas que cette critique ne reflète que mon humble avis), c’est Ananya Pandey.



Pour survivre aux côtés d’un Siddhant en nuance (et parfois un peu mou, mais c’est sans doute le personnage qui veut ça) et d'un Adarsh en puissance (quel virage à 180° après The White Tiger !), il fallait le faire. Elle est très bien dans le rôle et, en réalité, ils sont tous les trois absolument attachants ensemble. Pas une once de fausse note entre eux.

Kho Gaye Hum Kahan est aussi un très bon feel-good movie selon moi, et en cette période de fin d’année, se retrouver devant un métrage qui n'est pas à côté de la plaque dans son propos, avec des personnages authentiques et des péripéties familières, c’est que du kiff.
LA NOTE:3,5/5

mots par
Elodie Hamidovic
« A grandi avec le cinéma indien, mais ses parents viennent des pays de l'est. Cherchez l'erreur. »
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