Critique : 12th Fail (★★★★★)

mardi 16 avril 2024
12th Fail Critique Cinéma Bollywood
Si vous avez écouté le 51ème épisode de notre podcast, vous savez donc que parmi les métrages qui nous ont marqué en 2023, il y a sans conteste 12th Fail, un petit film d’ascension réalisé par nul autre que Vidhu Vinod Chopra et comptant à son casting le génial Vikrant Massey. De longue date, j’aime cet acteur que j’ai découvert à l’époque dans le soap opéra indien Qubool Hai (2013), et dont il n’était même pas la vedette ! Imaginez le chemin parcouru pour ce comédien, qui a depuis mis toute l’industrie hindi d’accord sur son incontestable talent.

Alors évidemment, lorsque j’ai appris qu’il serait mis en scène par un cinéaste du calibre de Vidhu Vinod Chopra, auquel on doit notamment le chef d’œuvre Parinda (1989), j’étais évidemment très enthousiaste. Et le métrage n’a pas fait mentir mon impatience tant il s’est révélé être l’un des meilleurs films de l’an passé. Oui, voilà, c’est dit. 12th Fail est un bijou. Vous pouvez arrêter votre lecture ici-même. Toutefois, il serait dommage pour vous de ne pas aller plus loin. Puisqu’en effet, le film est effectivement projeté en ouverture de la prochaine édition du Festival Des Cinémas Indiens de Toulouse, que l’équipe de Bolly&Co ne manquera évidemment pas de couvrir…

Revenons donc ensemble sur 5 points qui font de 12th Fail une totale réussite…



Vikrant Massey, ce génie.

On l’a déjà dit en introduction, mais il est toujours bon de le réitérer : Vikrant Massey est un interprète d’exception. Et comment vous dire qu’il se dépasse dans 12th Fail ? L’acteur, qui est au centre de ce récit plutôt classique d’underdog, donne littéralement vie au récit réel de Manoj Kumar Sharma, dont la détermination est particulièrement inspirante. Le film lui vaudra d’ailleurs son premier Filmfare Award, dans la catégorie du Meilleur Acteur selon la critique… Et clairement, il ne l’a pas volé !

Une mise en scène sagace.

Il faut dire que derrière la caméra, on retrouve un maître d’œuvre tout aussi doué : Vidhu Vinod Chopra. Rappelons d’abord l’impressionnant CV du bonhomme : Parinda (1989), 1942 – A Love Story (1994), Mission Kashmir (2000) et plus récemment le magnifique Shikara (2020)… Il revient cette fois avec une histoire qui, sur le papier, n’avait pas grand-chose d’original : celle d’un homme venu d’en bas et qui va lutter pour réussir. Le récit du gars perdant qui finit, à force de sincérité et de persévérance, par gagner ; il est vieux comme le monde. Mais qu’est-ce qui fait alors de 12th Fail un métrage aussi remarquable ? Encore une fois, le secret réside dans les détails, dans la finesse de l’image. Dans le travail de lumière, de colorimétrie, dans les plans utilisés, les angles de la caméra… Tout est intelligent, et tout vient servir l’histoire avec une efficacité folle.

Des émotions distillées.

De nouveau, tomber dans le misérabilisme ou le tire-larmes aurait pu être aisé. C’est d’ailleurs l’écueil dans lequel de nombreux films du genre plongent la tête la première. Mais l’histoire, ici coécrite par Vidhu Vinod Chopra et Jaskunwar Kohli, est présentée avec une telle bienveillance et une telle maîtrise qu’on s’attache irrémédiablement à notre héros parti de rien, sans jamais avoir le sentiment de voir venir la suite de ses aventures. Tout ce qui aurait pu être prévisible voire téléphoné est évité, au profit de l’exploration des émotions profondes de ses personnages.

Une distribution impeccable.

Pour accompagner Vikrant Massey dans sa folle ascension, il fallait des acteurs secondaires justes et parfaitement à leur place. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Vidhu Vinod Chopra a un sens du casting accru ! Commençons par la jeune Medha Shankr, d’une tendresse infinie dans la peau de Shraddha, l’amie de notre héros. Anant V Joshi incarne avec panache Pritam, le confident de Manoj tandis que Anshumaan Pushkar livre une prestation sensible en mentor abîmé par la vie. Si le métrage ne s’appuie pas sur des stars, il donne ceci dit à voir des comédiens faits pour leurs rôles respectifs.

La mélodie idéale.

La bande-originale du film, signée Shantanu Moitra, sublime son propos et accompagne à la perfection nos protagonistes dans leur quête de succès. Effectivement, le directeur musical, qui a travaillé avec le cinéaste sur les albums de Parineeta (2005), Eklavya – The Royal Guard (2007) ou encore 3 Idiots (2009), nous offre une musique délicate et sincère, qui colle totalement au ton de l’œuvre et à la personnalité de Manoj. Prenant notamment racine dans la bande-originale du film bengali La Complainte du Sentier (1955), les sonorités de 12th Fail opèrent une magie certaine sur les images capturées par Vidhu Vinod Chopra et sur le parcours initiatique qu’il vient nous conter.

En conclusion



12th Fail est un joyau d’une honnêteté folle et aux messages multiples sur la culture de la corruption. Une œuvre profondément humaniste à côté de laquelle il vous est impossible de passer ! Et justement, l’occasion est trop belle pour les Toulousains puisque, comme je vous le disais, le film fera l’ouverture du prochain festival des Cinémas Indiens de Toulouse. Alors un seul mot d’ordre : foncez !

LA NOTE: 5/5

mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?