Critique de Bade Miyan Chote Miyan (★☆☆☆☆)

mardi 30 avril 2024
Bade Miyan Chote Miyan critique Cinéma Mollywood
Comme je suis manifestement masochiste, je suis allée voir le film d'action Bade Miyan Chote Miyan, avec deux acteurs qui me donnent des hauts le cœur : Akshay Kumar et Tiger Shroff. Pourquoi, me direz-vous ? Par devoir journaliste, peut-être ? Pas du tout ! Car figurez-vous que je partage ma vie avec un fan du fils Shroff, qui tenait absolument à découvrir en salles obscures le dernier né de son chouchou… Mais comment se fait-il qu'il l'apprécie autant ? Aurait-il des goûts de chiottes, comme le choix de sa compagne le laissait présumer ? Absolument pas… D'abord parce que je suis superbe ! Mais surtout puisque j'ai épousé un homme qui a une passion folle pour les films de merde ! Oui, scatophilie cinéphile, quand tu nous tiens ! Mon mari est de ceux qui se délectent d'extraits de films tellement pourraves qu'ils en deviennent profondément risibles, de ceux qui ont fait les beaux coups de sites comme Nanarland… Et à ses yeux, Tiger incarne cette catégorie de métrages de par sa criante médiocrité et l'inexpressivité navrante de son jeu.

Bade Miyan Chote Miyan emprunte d'ailleurs son titre à la célèbre comédie du même nom, sortie en 1998 avec Amitabh Bachchan et Govinda.

Toutefois, la référence s'arrête là puisque les trames des deux œuvres n'ont rien de commun. Bade Miyan Chote Miyan se veut être un film d'action pur et dur, avec des éléments de comique involontaire qui n'étaient manifestement pas prévus au programme. Car effectivement, quand le film tente d'être drôle, il n'y parvient jamais. Tout cela pour ensuite s'embourber dans des situations si grotesques qu'elles suscitent l'hilarité bien malgré elles.

Le métrage est pourtant réalisé par Ali Abbas Zafar, réalisateur certes inconstant, mais qui a quand même donné à voir des récits intéressants comme Mere Brother Ki Dulhan (2011), Sultan (2016) ou même Tiger Zinda Hai (2017). Hélas, il a depuis titubé entre métrages confidentiels assez plats et blockbusters paresseux. Il est donc difficile de savoir à quoi s'attendre lorsqu'il repasse derrière la caméra tant le cinéaste ne semble pas se connaître lui-même. Et au regard du casting à la tête de Bade Miyan Chote Miyan, j'avais malheureusement toutes les bonnes raisons d'être inquiète… D'ailleurs, ces préoccupations se sont confirmées au sortir du visionnage.

Car au-delà de son manque cruel d'identité, Bade Miyan Chote Miyan est un 'actioner' bavard et en même temps si creux !

Le récit emprunte des directions multiples pour finalement ne pas avoir grand-chose à nous raconter. Et en plus de ça, il nous livre des personnages cartoonesques, plus stéréotypés les uns que les autres. Ils n'ont pas de personnalité, ni de faille qui nous les rendraient attachants ou intéressants à suivre... Bref, aussi bien en termes de proposition visuelle que de narration, il n'y a rien qui va.

Et du côté de la distribution, ce n'est pas beaucoup mieux. Tiger Shroff se heurte, comme toujours, aux limites de sa nullité. Il reste tout de même meilleur que son partenaire, le pourtant plus expérimenté Akshay Kumar qui, clairement, n'en a rien à foutre ! L'acteur récite son texte comme on lirait un avis d'imposition et attend juste la fin du tournage pour toucher un cachet mirobolant, qu'il n'a absolument pas mérité. Car même Tiger essaie ! Sans vraiment y arriver, certes, mais il a le mérite de tenter des choses, notamment lorsqu'il veut nous faire rire. Et si ça tombe toujours à plat, je salue quand même l'effort.

De son côté, Manushi Chhillar retrouve ici Akshay après avoir fait ses débuts à ses côtés dans Samrat Prithviraj (2022).

L'ancienne Miss Monde incarne une capitaine de l'armée en mission qui, sur le papier, a tout de l'héroïne 'badass' ! Sa scène introductive m'a d'ailleurs donné beaucoup d'espoir, pour finalement s'effacer dès l'arrivée des personnages masculins. Si elle ne fait heureusement pas figure de 'love interest' pour Akshay qui, rappelons-le, a 30 ans de plus qu'elle, le récit ne lui donne aucunement la place de nous marquer. Si bien qu'au final, malgré de bonnes intentions, la comédienne demeure assez oubliable.

Dans un rôle secondaire franchement dispensable, Sonakshi Sinha se débrouille mais subit le même sort que Manushi : elle est reléguée au statut décoratif malgré des bases prometteuses dans l'écriture de son personnage. La comédienne, désormais âgée de 36 ans, n'aura hélas pas l'occasion de marquer son grand retour à Bollywood avec ce film. Toutefois, on se consolera dès le 1er mai prochain puisqu'elle sera au casting de la série tant attendue Heeramandi, dirigée par le maître Sanjay Leela Bhansali. De quoi nous redonner de l'espoir la concernant !

Enfin, - et franchement, ça m'arrache le cœur de l'écrire - même Prithiviraj déçoit dans la peau de Kabir, l'antagoniste de l'histoire.

Je précise que c'est effectivement un acteur que j'adore. Il a principalement fait les beaux jours du cinéma malayalam mais a également participé à de nombreux films tamouls et hindi. Et alors que vient tout juste de sortir sa dernière réalisation The Goat Life (que je n'ai pas encore vu mais dont je lis énormément de bien), le voilà qui joue les grands méchants dans ce navet ! Et moi qui espérais qu'il serait la lumière au bout du tunnel, l'arc-en-ciel au cœur de la grisaille… Et bah, je peux aller me faire foutre ! Parce que Prithviraj ne fait pas vraiment d'effort. Peut-être la faute à une écriture ridicule, l'acteur joue ici comme un héros de soap opera. Tout est poussif, cliché et un peu énervant dans son jeu. C'est frustrant, surtout quand on sait de quoi il est capable.

C'est là que je me dis qu'il n'y a vraiment plus rien à sauver… Sauf peut-être Alaya F.

La jeune femme, révélée dans le sympathique Jawaani Jaaneman (2020), sort largement du lot en incarnant une intellectuelle loquace, entre la Geet de Jab We Met (2007) et la Vera de Scooby-Doo. Si son rôle est effectivement aussi cliché que ceux de ses partenaires, elle s'en tire davantage grâce à son expressivité et son panache communicatifs. Après s'être essayée à des rôles plus sombres ou expérimentaux dans Freddy (2022) ou Almost Pyaar With DJ Mohabbat (2023), la comédienne prouve ici qu'elle est également taillée pour le divertissement, malgré un temps de présence limité à l'écran et des co-stars masculines qui ne donnent vraiment pas le change…

Même la musique, composée par Vishal Mishra, n'a rien d'exceptionnel. Je retiendrais peut-être le titre « Mast Malang Jhoom », plutôt sympathique à l'écoute mais dont la chorégraphie a été partiellement (et lamentablement) pompée sur celle de « Naatu Naatu » dans RRR (2022)…

En conclusion,



Ce film aurait mérité la note symbolique du zéro pointé si ce n'était pas pour Alaya F, qui démontre avec ce film qu'elle mérite davantage d'opportunités de briller tant elle est géniale. Pour le reste, j'éprouve peut-être un peu de sympathie pour Tiger Shroff, qui donne en tout cas l'impression de se dépatouiller de sa médiocrité gluante en faisant quelques efforts d'intention… Là où mon désamour pour Akshay Kumar se renforce avec ce métrage, tant l'acteur semble se foutre ouvertement de la gueule de son public. Bref, je suis désolée pour le distributeur Friday Entertainement et le remercie encore pour tous les efforts immenses que son équipe produit pour nous livrer de grandes œuvres indiennes en salles françaises. Sauf qu'éthiquement, je ne peux pas défendre une bouse pareille. Désolée.

Bade Miyan Chote Miyan
En salles depuis le 11 avril 2024
Distribué par Friday Entertainment
LA NOTE: 1/5

mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?