Les courts-métrages du 9ème Festival des Cinémas Indiens de Toulouse.

samedi 20 avril 2024
Court métrage Critique Cinéma Festival Toulouse
A l'occasion de la neuvième édition du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, j'ai eu le plaisir de découvrir les 7 courts-métrages diffusés à la Brique Rouge et en compétition pour le prix du public. Il m'était donc impossible de ne pas vous en faire le retour, voici donc ce que j'en ai pensé…

Peace Lily Sand Castle de Himanshu Singh

Ce court-métrage konkani illustre la discussion entre Manasi et Janaki, deux femmes liées par le même homme. A travers leur échange, on appréhende les émotions de chacune autour de l'inconfort de leur situation. Tourné à Goa, le court aborde les questions du deuil amoureux, de l'émancipation des femmes et du rôle qu'elles tiennent dans les relations de couple. Toutefois, malgré ses bonnes intentions et sa volonté de nous présenter des protagonistes complexes, j'ai trouvé l’œuvre assez plate dans son exécution, aussi bien en termes d'écriture que de mise en scène.
LA NOTE: 2,5/5

If (Jodi) de Tathagata Ghosh

Une jeune femme homosexuelle est prisonnière d'un mariage sans amour avec un homme. Ce nouveau court-métrage de Tathagata Ghosh, qui nous avait déjà livré l'excellent Doitto (The Demon) lors de l'édition 2019 du festival, revient avec une œuvre sensible et emplie d'humanité. La jeune Adrija Majumder incarne une Jaya résolue, qui n'a pas la force de s'opposer à un ordre établi trop grand pour elle. C'est donc sa mère qui l'accompagne vers une acceptation pleine de son identité sexuelle. La mise en scène de Tathagada est à la fois immersive et truffée de références, et c'est sûrement le court-métrage le plus riche visuellement de cette sélection.
LA NOTE: 5/5

Dhwani, the sound of memories de Namit Venugopal

Un jeune homme travaillant dans le cinéma se remémore des souvenirs d'enfance, notamment des récits que lui comptait sa mère… Ou peut-être pas. La frontière entre imaginaire et réalité est brouillée en permanence, si bien que l’œuvre Namit Venugopal emprunte énormément de codes au cinéma d'horreur. Le cinéaste filme sa nature avec affection, et instaure une ambiance tendue autour de la quête à la fois artistique et identitaire de son protagoniste. Toutefois, le court manque quand même d'un certain manque de rythme.
LA NOTE: 3/5

Places I've called my own de Sushma Khadepaum

Après plusieurs années aux Etats-Unis, Tara revient en Inde pour les funérailles de son père, décédé du Covid-19. Le court métrage revient sur les circonstances de son départ et sur le déni de sa mère face à son homosexualité. Le métrage fait montre d'une sensibilité remarquable sur cette question, et illustre les désirs et tourments profonds de cette héroïne qui veut vivre sa vie sans renoncer à tout lien filial avec sa famille. La caméra intimiste de Sushma Khadepaum et l'interprétation impeccable d'Aditi Vasudev font clairement la réussite de ce court.
LA NOTE: 4/5

Funeral Bier (Gahvara) de Tariq Mohammad

A la demande de sa grand-mère, le jeune Farhan fait construire une bière funéraire afin que le corps de la défunte soit porté jusqu'au cimetière. Mais cette démarche ne sera pas sans conséquence. On a affaire à un court-métrage mêlant drame et épouvante, entre croyances anciennes et fatalité de la vie. Farhan, incarné par Himansh Kohli, apparaît comme un personnage plutôt cartésien, mais aussi attaché à sa famille. Le réalisateur, Tariq Mohammad, évoque un court-métrage en hommage à ses origines. La trame nous embarque de par son originalité, malgré une conclusion assez facile.
LA NOTE: 3/5

Soi de Monalisa Bhattacharya Dasgupta

Deux amies d'école, Firoza et Minu, font face aux conséquences du Covid-19 dans leur village, où l'instruction est tout bonnement suspendue. La situation a pour conséquence le mariage arrangé de Firoza, révélant les sentiments amoureux que les deux jeunes filles se portent ? Face à la fatalité et à l'injustice qu'elles subissent, Monalisa arrive à évoquer à la fois le drame des déserts éducatifs liés à la crise sanitaire et le tabou des relations LGBTQIA+. Sans trop en faire, le court-métrage sait être touchant et accessible.

LA NOTE: 5/5

Xogun (Vulture) de Utpal Borpujari

Après son long-métrage pour enfants Ishu, projeté lors du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse de 2018, le cinéaste assamais Utpal Borpujari fait son grand retour dans la sélection des courts avec Xogun. Le metteur en scène, sacré par deux fois aux National Awards, martèle ici son identité artistique avec une image ocre qui est devenue sa marque de fabrique. Xogun nous montre la quête de spectaculaire d'une équipe de journalistes. Celle du plan qui fera le buzz, de l'image choc… Le tout loin de toute considération humaniste. L’œuvre d'Utpal est criante de vérité et de courage, prouvant sa capacité à raconter différents types de récits.

LA NOTE: 4/5

Photographie : Elouann Durand.
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?