3 films qui disent tout de… S.S. Rajamouli
30 juillet 2024
Le réalisateur, c’est le chef d’orchestre. C’est l’esprit vif qui dirige une œuvre et assure la collaboration entre ses différentes équipes. Les techniciens et les artistes s’unissent sous sa guidance afin de restituer sa vision à travers son œuvre. Au cinéma indien, les réalisateurs se multiplient au fil des années et gagnent de plus en plus en popularité. Leurs noms s’inscrivent dans les cœurs des cinéphiles grâce à la portée de leur message, de leur style ou encore grâce au résultat commercial de leurs métrages. Et si nous nous focalisions davantage sur ces génies du septième art, que nous avons parfois tendance à oublier ?
Fruit d’un mariage inter-caste, Srisaila Sri Rajamouli voit le jour en 1973 dans un petit village de l’actuel Karnataka. Elevé dans la foi hindoue, le garçonnet se passionne rapidement pour les récits mythologiques du Ramayana et du Mahabharata. Son père, Vijayendra Prasad, deviendra un éminent scénariste dans les années 1990 au cinéma télougou, ce qui l’influencera grandement dans son choix de carrière. Il sera d’ailleurs son assistant pendant 6 ans, avant d’écrire de nombreux récits pour d’autres metteurs en scène. Toutefois, déçu par le fait que le travail du réalisateur ne soit jamais fidèle à sa vision, Rajamouli transforme sa frustration en motivation et se décide à revêtir l’imposant costume de cinéaste. Mais avant de se lancer, il doit apprendre le métier et se fait notamment former par K. Raghavendra Rao, lauréat de 5 South Filmfare Awards. Sous sa houlette, il dirige de nombreuses publicités, notamment des campagnes pour le parti politique Telugu Desam Party.
En 2001, Raghavendra Rao lui donne sa chance en lui proposant de réaliser son premier film : Student No: 1, qui constitue d’ailleurs le second rôle principal d’un certain NTR Jr. Son mentor en rédige le scénario et le supervise sur le tournage. Rajamouli admettra toutefois regretter de ne pas s’être formé davantage avant ce premier métrage. Ce qui n’empêchera pas Student No: 1 de devenir un immense succès critique et commercial. Par la suite, le cinéaste étoffe son identité artistique avec les plébiscites de Simhadri (2003), Yamadonga (2007) ou encore Magadheera (2009), dans lesquels il exprime sa fascination pour les récits épiques et y martèle son style visuel grandiloquent et intense.
Réalisateur et scénariste
Sorti en 2012
Après le succès dantesque de Magadheera, sorti 3 ans plus tôt, Rajamouli s’attaque à son projet le plus loufoque, mais aussi à celui qui le fera connaître auprès des amateurs de cinéma de genre à travers le globe : Eega. De quoi ça parle ? Un homme assassiné par un gangster, qui lui enviait sa fiancée, se réincarne en mouche et entreprend de se venger… Ridicule, vous dites ? Absolument, et c’est précisément pour cette raison que ça marche ! La vision de Rajamouli se débride pour la mettre au service de ce récit aussi improbable que généreux. Ayant fait le tour de nombreux festivals de cinéma bis, Eega fera un véritable carton au box-office et ce alors même qu’il entrait en totale contradiction avec la production de l’époque à Tollywood. Le métrage vaudra à Rajamouli deux National Awards - dont celui du Meilleur Film en langue télougoue - ainsi que 5 South Filmfare Awards.
Réalisateur et scénariste
Sortis en 2015 et 2017
Petite entorse à ce format triangulaire, mais il m’est impossible de dissocier les entités du diptyque Baahubali, qui constituent l’œuvre majeure de la carrière de S.S. Rajamouli. Dans ce récit mêlant éléments épiques, mythologiques et fantastiques, le metteur en scène se lâche et livre une épopée grisante en deux parties, depuis devenue culte. Pour ce projet ambitieux, le réalisateur s’entoure d’un casting dantesque composé notamment de Prabhas, Rana Daggubati, Ramya Krishnan, Sathyaraj ou encore Anushka Shetty. Et le résultat est là : le premier Baahubali fait un carton au box-office, devenant le premier film télougou à engranger plus de 500 crore de roupies de recettes (soit environ 50 millions d’euros). Il s’agit également du premier film indien à être nommé pour les American Saturn Awards, en plus de remporter le National Award du Meilleur Film. Le second volet surpasse pourtant son prédécesseur et demeure, à ce jour, le plus gros succès commercial de l’histoire du cinéma indien, et ce 7 ans après sa sortie. Il remportera également l’American Saturn Award du Meilleur Film Etranger ainsi que 3 National Awards.
Réalisateur et scénariste
Sorti en 2022
Après le succès de sa dilogie, le projet suivant de S.S. Rajamouli était attendu de pied ferme. Pour ce nouveau film, il retrouve deux acteurs avec lesquels il a précédemment collaboré : NTR Jr et Ram Charan. Poursuivant sur sa lancée de promouvoir un cinéma pan-indien, qui dépasse les frontières des régions indiennes, il s’associe également avec l’éminent Ajay Devgn et la prolifique Alia Bhatt pour ce métrage. Après plus de deux ans de production, RRR sort finalement en Inde en 2022 et constitue un nouveau raz-de-marée dans la carrière de son cinéaste. Car s’il n’égale pas les scores de Baahubali au box-office local, il en surpasse largement l’impact médiatique. Le phénomène Rajamouli est officiellement lancé, et la fièvre RRR fera le tour du monde. Le film fait notamment parler de lui pour sa séquence dansée d’anthologie “Naatu Naatu”, qui lui vaudra le Golden Globe et surtout l’Oscar de la Meilleure Chanson Originale… Une première pour l’Inde ! En plus du prix du Meilleur Film Etranger aux Critics Choice Awards, RRR a glané 6 National Awards, dont celui du Meilleur Film Populaire.
Jusque-là, le cinéma indien qui obtenait les bonnes grâces de la presse occidentale, c’était le cinéma intimiste et expérimental de Satyajit Ray ou celui d’Anurag Kashyap, irrévérencieux et dénonciateur. De son côté, S.S. Rajamouli est effectivement le premier réalisateur de blockbusters à avoir séduit la critique américaine et européenne. Surtout, par son œuvre, le réalisateur est parvenu à surmonter les clivages langagiers et territoriaux, lançant presque malgré lui le mouvement du cinéma pan-indien. Depuis, il est considéré comme l’un des dignes héritiers de Steven Spielberg, et son prochain film d’aventure avec Mahesh Babu fait partie des œuvres les plus anticipées du pays. A désormais 50 ans, S.S. Rajamouli est incontestablement le nouveau visage du cinéma indien contemporain, et n’a clairement pas fini de nous étonner !
Le temps d’un article, découvrez S.S. Rajamouli, si vous ne le connaissez pas déjà...
S.S. Rajamouli, en bref...
Fruit d’un mariage inter-caste, Srisaila Sri Rajamouli voit le jour en 1973 dans un petit village de l’actuel Karnataka. Elevé dans la foi hindoue, le garçonnet se passionne rapidement pour les récits mythologiques du Ramayana et du Mahabharata. Son père, Vijayendra Prasad, deviendra un éminent scénariste dans les années 1990 au cinéma télougou, ce qui l’influencera grandement dans son choix de carrière. Il sera d’ailleurs son assistant pendant 6 ans, avant d’écrire de nombreux récits pour d’autres metteurs en scène. Toutefois, déçu par le fait que le travail du réalisateur ne soit jamais fidèle à sa vision, Rajamouli transforme sa frustration en motivation et se décide à revêtir l’imposant costume de cinéaste. Mais avant de se lancer, il doit apprendre le métier et se fait notamment former par K. Raghavendra Rao, lauréat de 5 South Filmfare Awards. Sous sa houlette, il dirige de nombreuses publicités, notamment des campagnes pour le parti politique Telugu Desam Party.
En 2001, Raghavendra Rao lui donne sa chance en lui proposant de réaliser son premier film : Student No: 1, qui constitue d’ailleurs le second rôle principal d’un certain NTR Jr. Son mentor en rédige le scénario et le supervise sur le tournage. Rajamouli admettra toutefois regretter de ne pas s’être formé davantage avant ce premier métrage. Ce qui n’empêchera pas Student No: 1 de devenir un immense succès critique et commercial. Par la suite, le cinéaste étoffe son identité artistique avec les plébiscites de Simhadri (2003), Yamadonga (2007) ou encore Magadheera (2009), dans lesquels il exprime sa fascination pour les récits épiques et y martèle son style visuel grandiloquent et intense.
Ces 3 films qui disent tout de lui...
Eega
Réalisateur et scénariste
Sorti en 2012
Après le succès dantesque de Magadheera, sorti 3 ans plus tôt, Rajamouli s’attaque à son projet le plus loufoque, mais aussi à celui qui le fera connaître auprès des amateurs de cinéma de genre à travers le globe : Eega. De quoi ça parle ? Un homme assassiné par un gangster, qui lui enviait sa fiancée, se réincarne en mouche et entreprend de se venger… Ridicule, vous dites ? Absolument, et c’est précisément pour cette raison que ça marche ! La vision de Rajamouli se débride pour la mettre au service de ce récit aussi improbable que généreux. Ayant fait le tour de nombreux festivals de cinéma bis, Eega fera un véritable carton au box-office et ce alors même qu’il entrait en totale contradiction avec la production de l’époque à Tollywood. Le métrage vaudra à Rajamouli deux National Awards - dont celui du Meilleur Film en langue télougoue - ainsi que 5 South Filmfare Awards.
La légende de Baahubali
Réalisateur et scénariste
Sortis en 2015 et 2017
Petite entorse à ce format triangulaire, mais il m’est impossible de dissocier les entités du diptyque Baahubali, qui constituent l’œuvre majeure de la carrière de S.S. Rajamouli. Dans ce récit mêlant éléments épiques, mythologiques et fantastiques, le metteur en scène se lâche et livre une épopée grisante en deux parties, depuis devenue culte. Pour ce projet ambitieux, le réalisateur s’entoure d’un casting dantesque composé notamment de Prabhas, Rana Daggubati, Ramya Krishnan, Sathyaraj ou encore Anushka Shetty. Et le résultat est là : le premier Baahubali fait un carton au box-office, devenant le premier film télougou à engranger plus de 500 crore de roupies de recettes (soit environ 50 millions d’euros). Il s’agit également du premier film indien à être nommé pour les American Saturn Awards, en plus de remporter le National Award du Meilleur Film. Le second volet surpasse pourtant son prédécesseur et demeure, à ce jour, le plus gros succès commercial de l’histoire du cinéma indien, et ce 7 ans après sa sortie. Il remportera également l’American Saturn Award du Meilleur Film Etranger ainsi que 3 National Awards.
RRR
Réalisateur et scénariste
Sorti en 2022
Après le succès de sa dilogie, le projet suivant de S.S. Rajamouli était attendu de pied ferme. Pour ce nouveau film, il retrouve deux acteurs avec lesquels il a précédemment collaboré : NTR Jr et Ram Charan. Poursuivant sur sa lancée de promouvoir un cinéma pan-indien, qui dépasse les frontières des régions indiennes, il s’associe également avec l’éminent Ajay Devgn et la prolifique Alia Bhatt pour ce métrage. Après plus de deux ans de production, RRR sort finalement en Inde en 2022 et constitue un nouveau raz-de-marée dans la carrière de son cinéaste. Car s’il n’égale pas les scores de Baahubali au box-office local, il en surpasse largement l’impact médiatique. Le phénomène Rajamouli est officiellement lancé, et la fièvre RRR fera le tour du monde. Le film fait notamment parler de lui pour sa séquence dansée d’anthologie “Naatu Naatu”, qui lui vaudra le Golden Globe et surtout l’Oscar de la Meilleure Chanson Originale… Une première pour l’Inde ! En plus du prix du Meilleur Film Etranger aux Critics Choice Awards, RRR a glané 6 National Awards, dont celui du Meilleur Film Populaire.
Le mot de la fin.
Jusque-là, le cinéma indien qui obtenait les bonnes grâces de la presse occidentale, c’était le cinéma intimiste et expérimental de Satyajit Ray ou celui d’Anurag Kashyap, irrévérencieux et dénonciateur. De son côté, S.S. Rajamouli est effectivement le premier réalisateur de blockbusters à avoir séduit la critique américaine et européenne. Surtout, par son œuvre, le réalisateur est parvenu à surmonter les clivages langagiers et territoriaux, lançant presque malgré lui le mouvement du cinéma pan-indien. Depuis, il est considéré comme l’un des dignes héritiers de Steven Spielberg, et son prochain film d’aventure avec Mahesh Babu fait partie des œuvres les plus anticipées du pays. A désormais 50 ans, S.S. Rajamouli est incontestablement le nouveau visage du cinéma indien contemporain, et n’a clairement pas fini de nous étonner !