Les courts-métrages du 10ème Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, première partie.
24 avril 2025

Mic Drop de Kallol Mukherjee – 4/5
Mic Drop capte, dans une vibe à la Gully Boy, la tension brute entre rêves d’art et survie quotidienne. À travers le parcours passionné de l'artiste FPC Hank, il interroge le poids des responsabilités, la quête de sens et les dilemmes identitaires à l’ère du buzz et de la viralité. Un court métrage percutant, lucide, viscéral — où chaque rime est un combat.
Who Will Bake The Bread de Chandan Singh – 5/5
Who Will Bake The Bread explore, à travers un drame familial subtil, les failles du patriarcat et les contradictions d’une masculinité en crise. Dans un climat phallocrate, un homme bienveillant, jugé "trop doux", assiste à l’émancipation de sa femme, perçue comme une menace. L’inversion des rôles dérange, questionne, bouscule - avec des accents forts de The Great Indian Kitchen et un noir et blanc saisissant comme rappel d’un lourd passé qui persiste.
Age of Learning de Shuvangi Khadka - 3/5
Age of Learning dresse un portrait touchant de femmes népalaises brisées par la vie, qui voient dans l’alphabétisation une revanche tardive mais puissante. Le court-métrage célèbre l’instruction comme vecteur d’émancipation, prouvant qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre. À travers une mise en scène sobre, il éclaire des destins sacrifiés en quête de lumière. Si le propos peut paraître redondant, il n’en reste pas moins empreint d’une lucidité bouleversante.
Anthem For Kashmir de Sandeep Ravindranath - 3,5/5
Avec Anthem for Kashmir, le sort tragique des demi-veuves est abordé en creux, dans un cadre légal absent qui laisse ces femmes sans statut. Neelofar Hamid, déjà poignante dans Half Widow, revient ici avec justesse sur cette thématique, dans un court au ton aussi percutant que frustrant. La tension permanente du Cachemire y est traduite par une musique rock rageuse, contrastant avec le silence final, lourd d’une douleur insondable.
Sultan d'Avinash Kambikar – 4/5
Projeté en présence de son réalisateur, Sultan déploie en noir et blanc et en 4/3 un hommage formel aux classiques indiens des années 1950, évoquant sans détour Guru Dutt ou Dev Anand. La pellicule vieillie, les mélodies d’époque et les fondus appuyés ancrent ce récit fatal d’un homme ostracisé pour sa religion, broyé par les préjugés d’une Inde divisée. Ne demandant que du travail, il finit par céder au désespoir. L’œuvre, profondément humaine, s’achève sur un avertissement poignant contre les ravages de la famine.
April de David Yambem – 2,5/5
Le metteur en scène signe ici un film d’animation délicat où le retour aux sources s’exprime sans le moindre mot, à travers les couleurs et la poésie de ses images. Ce voyage intérieur, entre rupture avec le quotidien et quête d’identité, privilégie le sensible au narratif. Si l’émotion peine à vraiment affleurer, le charme visuel opère doucement. Un film tendre, mais qui aurait gagné à nous cueillir plus profondément.
Shackles of Sky de Ragu Aarav – 4,5/5
Dans Shackles of Sky, Ragu Aarav explore avec pudeur le combat solitaire de Neela, dont les rêves de maternité sont broyés par les insécurités d’un mari qui lui impose l’avortement. À travers ce récit de deuil silencieux, la caméra suit une femme à la fois forte et fragile, magistralement incarnée par une Sandhya Arakere qui évoque sans détour les nuances des grandes Smita Patil et Madhabi Mukherjee. Une grossesse à risques, un amour absent et une lutte poignante pour exister.