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Les courts-métrages du 10ème Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, deuxième partie.

25 avril 2025
critique courts-métrages Festival des cinémas indiens de Toulouse
A l'occasion de la dixième édition du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, j'ai eu le plaisir de découvrir les 6 premiers courts-métrages diffusés à la salle polyvalente du Chemin de Butte, en compétition pour le prix du jury et le prix du public. Il m'était donc impossible de ne pas vous en faire le retour, voici donc ce que j'en ai pensé…

Ipsa de Pavitra Verma – 2.5/5

Dans les brumes mystiques de l’Himalaya, Ipsa explore la foi, le destin et le libre arbitre à travers le regard d’une femme rejetée pour son infertilité. Pooja Bhamraah, bouleversante, incarne cette héroïne brisée, contrainte de partager son mari avec une autre, plus jeune, plus fertile. Le film interroge la violence spirituelle intériorisée, la manière dont les croyances peuvent servir d’alibi à l’injustice. Si la mise en scène reste sobre, presque trop retenue, elle souligne en creux la brutalité de ce que vit son personnage. Ipsa parle aussi de vengeance divine, des prières aux conséquences imprévues. Mais malgré la pertinence de son propos, le film peine à convaincre pleinement, freiné par une mise en scène qui manque cruellement de vigueur.

Antharvasam de Sisira S. Nath – 2,5/5

Le réalisateur Sisira S. Nath livre ici un court-métrage à la fois viscéral et énigmatique, où la violence subie par une femme se mêle à un rituel libératoire observé par une fillette pétrifiée. Enfermement physique et psychologique, emprise et terreur traversent le récit, sans jamais l'assumer frontalement. Le film propose une mise en scène graphique et dérangeante, mais peine hélas à clarifier son message. La symbolique du rituel, sans clés culturelles explicites, laisse malheureusement le spectateur à distance. On ressent le choc, on devine l’intention, mais la portée reste floue, malgré une réelle intensité formelle.

Raven de Zayed Siddiki – 2/5

Primé dans plusieurs festivals, Raven transpose une nouvelle de Shahidul Zahir dans un bidonville du Bangladesh, où précarité, vieillissement et influence mafieuse s'entrelacent. Le film suit un homme qui refuse de vieillir, confronté à une société qui rejette les corps usés. L’idée d’un combat moral en terrain miné est forte, mais diluée dans un récit confus, qui semble hésiter entre trop de thèmes à aborder. Les enjeux se brouillent et la narration peine à faire émerger une ligne claire. Dommage, car derrière le chaos se dessine timidement une réflexion pertinente sur la dignité dans la misère.

Gagan Gamam de Suruchi Sharma – 1,5/5

Dans un Rajasthan sublimé, Gagan Gamam de Suruchi Sharma suit une jeune femme, campée par l’hypnotique Subrata Parashar, appelée à un destin mystérieux. À l’instar du culte Paheli, ce film court flirte avec le fantastique, mais dans une veine plus mystique et abstraite. La mise en scène soignée peine toutefois à éclaircir une intrigue volontairement nébuleuse. Si l’expérience fascine par moments, elle peut aussi dérouter par son opacité. Un court-métrage à réserver exclusivement aux amateurs de cinéma expérimental.

Guncha de Himanshu Singh – 1/5

Guncha célèbre le pouvoir de la gentillesse, mais sans réelle profondeur. Porté par un casting maladroit, le film peine à convaincre, oscillant entre naïveté et bons sentiments trop appuyés. L’intrigue, quasi inexistante, laisse une impression d’inabouti. Plus proche d’une publicité édifiante que d’un vrai récit de fiction, Guncha déçoit par son manque de subtilité. Un projet bien intentionné, mais trop lisse pour marquer les esprits.

My Comrade de Tathagata Ghosh – 3,5/5

Grand habitué du festival, Tathagata Ghosh revient en force avec ce métrage engagé. Ancré dans le Bengale de l’Ouest en proie au conflit naxalite-maoïste, My Comrade mêle tension politique et désir charnel avec une maîtrise narrative rare. Le lien trouble entre Bikash (joué par Aratrick Bhadra), militant traqué, et Nanda (tenu par Sounak Kundu), villageois fasciné, s’épanouit dans un climat de peur et de trahison, incarnée par une Jhumri (campée par Adrija Majumder) tiraillée entre rage et vulnérabilité. Si la violence est en arrière-plan, ce sont les dilemmes moraux qui prennent le devant. Le résultat est nuancé et solidement construit, porté par un réalisateur en pleine maîtrise de son art.
mots par
Asmae Benmansour-Ammour
« Quand Nivin Pauly a dit mon prénom, je ne m'en souvenais même plus moi-même. »
lui écrire un petit mot ?